Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)
célèbre 2008
en mettant en valeur la cartographie du continent nord-américain
par Gilles Durand
À l’approche du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec par Champlain en 1608, les gouvernements et les organismes et institutions publiques et privés se sont mis à l’œuvre pour programmer des activités de commémoration et de célébration. Progressivement, ils ont porté leur regard au-delà de la capitale pour prendre en compte la présence française sur l’ensemble du continent nord-américain. La planification a dépassé le rappel du simple souvenir de l’arrivée de Champlain en 1608 pour raviver la mémoire des faits et gestes de tous ces Français, commerçants de fourrures, missionnaires, navigateurs, militaires, explorateurs, voyageurs, qui ont poussé toujours plus loin leurs explorations sur un continent aux limites restées longtemps inatteignables.
Une approche nord-américaine
Gardienne d’une large portion de la mémoire franco-québécoise, BAnQ présente, dans la dernière livraison (no 73, automne 2007) de ses Chroniques, À rayons ouverts, la partie de sa programmation 2008 axée sur la cartographie du continent nord-américain. Trois grands éléments sont retenus : un site Internet consacré aux cartes et plans de beaucoup enrichi, une publication de prestige et une exposition.
Un espace virtuel spécial pour les cartes et plans
Reflet de la richesse des ressources cartographiques de BAnQ et du grand nombre de lieux de conservation et de diffusion, le site qui leur est consacré sur le portail de BAnQ, comprend une page d’orientation vers cinq grandes sections. La première est constituée de la Description des collections qui s’enrichissent régulièrement des versements faits par les ministères et organismes gouvernementaux en vertu de la Loi sur les archives, des exemplaires remis par les éditeurs conformément au dépôt légal, et des entrées par voie de donation. Les collections cartographiques constituent un ensemble impressionnant réparti dans onze édifices différents : 55 000 documents composant la collection patrimoniale du Centre de conservation (rue Hoyt) et comprenant des cartes de la Nouvelle-France, des plans d’assurance-incendie et des cartes topographiques révélant le Québec d’hier et d’aujourd’hui, accessibles au moyen du catalogue Iris; 190 000 cartes et plans conservés dans un réseau de neuf centres d’archives, dont ceux de la capitale et de la métropole, produits depuis le 17e siècle, livrant de l’information depuis le niveau du lot, de la seigneurie et du canton jusqu’à l’ensemble du territoire national, accessibles au moyen du guide Pistard (très prochainement le guide sera en mesure de livrer de l’information au niveau de la pièce); 3 000 cartes géographiques récentes disponibles à la Grande Bibliothèque, faisant partie de la Collection universelle de prêt et de référence.
Des ressources électroniques à portée du doigt
Parmi les trois autres sections consacrées aux Ressources électroniques de BAnQ, aux Ressources électroniques externes et aux services et aux exigences liés à la Reproduction, la deuxième mérite que nous nous y arrêtions. Elle présente les ressources cartographiques de BAnQ mises à la disposition du grand public et des chercheurs sous forme électronique. Elle revêt un intérêt particulier en raison de trois nouvelles collections thématiques récemment rendues accessibles sur Internet : quelques milliers de plans d’assurance-incendie de villes et villages du Québec (1876-1957); des cartes topographiques, plus de 300, représentant le territoire québécois dans la première moitié du 20e siècle; dernier ensemble à souligner tout particulièrement à l’approche de 2008, la collection America, quelques centaines de cartes géographiques de l’Amérique du Nord, réalisées ou publiées avant 1800, destinées à accompagner la publication et l’exposition.
Une publication de prestige
La dernière section est consacrée aux Publications, en fait une seule, la publication de prestige lancée en novembre 2007. Portant le titre La mesure d’un continent : atlas historique de l’Amérique du Nord, 1492-1814, elle est destinée à accompagner l’exposition Ils ont cartographié le continent qui sera en montre à la Grande Bibliothèque du 19 février au 14 septembre 2008. Pour présenter l’ouvrage, fruit d’une collaboration de BAnQ avec une maison d’édition, les éditions du Septentrion, et de la participation de la Bibliothèque nationale de France (BnF), la revue Chroniques laisse tantôt la parole, tantôt la plume aux trois auteurs : Denis Vaugeois, historien, éditeur, auteur de nombreuses publications destinées autant au monde scolaire qu’au grand public; Raymonde Litalien, déjà auteur d’un ouvrage qui a acquis ses lettres de noblesse, Les explorateurs de l’Amérique du Nord, 1492-1795; Jean-François Palomino pour qui les ressources cartographiques de BAnQ n’ont plus de secret.
La mesure d’un continent se démarque des ouvrages antérieurs par l’ancienneté, le grand nombre et la variété des pièces présentées. Il renferme 200 cartes et gravures anciennes provenant de témoins oculaires, commerçants de fourrures, missionnaires, etc., et de cartographes de cabinet – qui ont dessiné à partir de rapports déjà préparés sans jamais traverser l’océan –. Il reconnaît davantage l’importance de la contribution au tracé et à la dénomination du territoire par ceux qui se sont gagné la réputation de « ne jamais perdre leur étoile », les Amérindiens. L’ouvrage inscrit également la cartographie du continent dans un nouveau cadre spatial et temporel : il dépasse les frontières de la Nouvelle-France d’avant 1760 pour prendre en compte les explorations menées par les Anglais à partir de la baie d’Hudson et par les Américains sur leur territoire qu’une vente de Napoléon avait presque doublé; le fil conducteur, maintenant axé sur la découverte d’un passage vers l’Asie à travers le continent, repousse la chronologie jusqu’en 1814, année où les explorateurs atteignent le Pacifique.
La cartographie du continent et bien plus
Les célébrations du 400e comprennent également une exposition qui sera en montre à compter du 19 février 2008 comme nous l’avons mentionné précédemment. Toutefois, la programmation de BAnQ ne se limite pas à la cartographie d’un continent sur lequel les Français ont laissé des marques de leur présence. D’autres expositions et activités sont prévues. Soulignons, par exemple, dans un autre domaine une contribution majeure : le dévoilement du prototype du portail Internet qui donnera accès à des millions de pages des journaux et revues francophones du 19e et du début du 20e siècle. Le portail est une réalisation de BAnQ pour le nouveau Réseau francophone des bibliothèques nationales numériques. L’événement aura lieu en octobre 2008 lors de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage.
Pour des informations additionnelles, les lecteurs sont invités à se rendre sur le portail de BAnQ et à consulter plus particulièrement la 73e «chronique» de BAnQ (la revue devrait être disponible sous peu sur Internet).