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4e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine à l’Institut du patrimoine de l’UQAM, 25-26 septembre 2008

4e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine
à l’Institut du patrimoine de l’UQAM, 25-26 septembre 2008

 

par Gilles Durand

 

L’organisation et la tenue de la rencontre

 

4e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine  - Mot de bienvenueDepuis 2005, une rencontre internationale annuelle des jeunes chercheurs en patrimoine (doctorants, docteurs, postdoctorants) est tenue en alternance au Québec et en France. Cette année, la rencontre a eu lieu les 25 et 26 septembre, à l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal sous le thème « Patrimoine et sacralisation, Patrimonialisation du sacré (http://www.patrimoine.uqam.ca/spip.php?article192) » . Comme son titre l’indique, l’événement a porté sur les processus de patrimonialisation du sacré, celui-ci devant être entendu au sens de patrimoine religieux, mais aussi à celui de patrimoine laïc ayant acquis une dimension spirituelle.

 

La rencontre a été organisée par l’Institut du patrimoine de l’UQAM et trois chercheurs, Étienne Berthold, Mathieu Dormaels et Josée Laplace, qui sont rattachés à cette université et qui ont su faire preuve de dévouement et d’efficacité. Elle a été rendue possible grâce à la participation : du côté québécois, de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain de l’UQAM, la Chaire Fernand-Dumont sur la culture de l’Institut national de la recherche scientifique – Urbanisation, culture et société, et du Centre interuniversitaire d’études sur les arts, les lettres et les traditions; du côté français, de l’Équipe d’accueil « Histoire et critique des arts en France» de l’Université de Rennes 2 – Haute-Bretagne.

 

La rencontre a été présidée par Luc Noppen, directeur de l’Institut du patrimoine et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, et Pierre Lucier, titulaire de la Chaire Fernand-Dumont sur la culture. Vingt-six intervenants des arts et des lettres, des sciences humaines et sociales, rattachés à des universités québécoises, canadiennes, françaises et européennes, ont présenté des études de cas faisant l’objet de leurs recherches en cours. Tirés de contextes nord-américains et européens, les cas portaient tout particulièrement sur des églises, des artefacts religieux, des sites sacrés, des traditions spirituelles de même que les représentations générées par ceux-ci. Ils avaient été retenus pour leur valeur seconde, culturelle et identitaire, sans toutefois perdre de vue leur fonction cultuelle d’origine.

 

Des découvertes enrichissantes

4e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine  - Mot de la fin

La rencontre s’est révélée un franc succès. Les intervenants, tous passionnés pour leur domaine d’études, ont partagé avec l’auditoire les fruits de leurs découvertes; leurs présentations ont été vivement appréciées. Parmi les sujets abordés, retenons :

  • L’apport des premiers détenteurs des biens sacrés – curés, confréries – en même temps dépositaires des usages auxquels ils ont servi ou servent encore, des rituels et des traditions qui les ont imprégnés. Ils constituent des partenaires féconds pour mieux faire connaître et saisir la valeur de tels biens, pour recréer les activités qui y ont été poursuivies – dans le cas de bâtiments –, pour les remettre au besoin dans leur état initial et pour les présenter au grand public;
  • La contribution incontournable des spécialistes-chercheurs et des érudits locaux, etc. Tout en ravivant un passé oublié, sinon occulté, et en le ramenant à la mémoire collective, ils mettent à jour des connaissances nouvelles sur les biens patrimoniaux, leur « esprit », leur contexte de création;
  • La place des artistes et de l’art contemporain dans des édifices religieux qui conservent leur finalité d’origine. Par exemple, au début du 17e siècle, des présentations de tableaux profanes ont eu lieu dans des églises paroissiales. Des artistes sont intervenus dans des églises et des cathédrales pour recréer, comme témoignages du passé, des décorations dont les traces avaient été effacées, pour réaliser des adaptations conformes aux goûts du jour et aux pratiques liturgiques changeantes des croyants, mais aussi pour y introduire des œuvres d’art. Dans le premier cas, la marge de créativité est restreinte, par contre dans le deuxième, la situation est bien différente – vitraux de Chagall dans la cathédrale de Reims;
  • La valeur ajoutée que le patrimoine immatériel – rituels, traditions spirituelles, etc. – transmet au patrimoine matériel;
  • Le rôle indispensable des communautés locales dans le processus de patrimonialisation des biens religieux. Celles qui savent se mobiliser à l’intérieur d’associations militantes, peuvent faire beaucoup pour empêcher la destruction d’un bâtiment ou tout au moins pour en faire conserver les éléments les plus significatifs qui témoignent de leur finalité originelle – le clocher d’une église par exemple –;
  • Le soutien – financier ou autre – que peuvent apporter des intervenants majeurs comme les pouvoirs politiques locaux et nationaux pour donner le coup d’envoi à un projet de mise en patrimoine, ou bien encore pour assurer un juste équilibre entre préoccupations touristiques et culturelles. En même temps, le danger existe aussi que la valeur symbolique première d’un bien soit détournée au profit d’une justification qui lui est étrangère.

 

La publication des actes de la 3e rencontre de 2007

La 4e rencontre internationale ne pouvait mieux convenir pour lancer la publication des actes de la précédente rencontre de l’année 2007, sous le titre Patrimoines : fabrique, usages et réemplois1. L’ouvrage met l’accent sur l’interprétation, la valorisation et la réutilisation d’un patrimoine de nature diversifiée, à des fins résidentielles, culturelles et touristiques. Parmi les 17 études de cas présentées, deux ont trait à des quartiers de Montréal, une à une ville mono-industrielle des Cantons-de-l’Est, enfin une dernière au message transmis par la sonorité des bâtiments religieux.

 

Parmi les idées avancées dans cette publication, mentionnons :

  • L’appropriation du message que porte un bien et sa prise en charge par le milieu sont très influencées par la vision qu’il en conserve. La valorisation d’un bien est d’autant moins mobilisatrice que la communauté qui le porte en conserve une appréciation mitigée – c’est le cas des citoyens de Thetford Mines qui n’oublient pas facilement les conditions auxquelles les travailleurs de l’amiante ont été soumis dans le passé;
  • La mise en patrimoine doit viser à animer de façon continue la vie quotidienne plutôt que de créer une architecture de théâtre destinée à des spectateurs occasionnels;
  • La mémoire franco-québécoise a joué un rôle de premier plan dans le processus de patrimonialisation de certains espaces urbains, tel le quartier historique du Vieux-Montréal, circonscrit par les limites des anciennes fortifications. La préservation de son caractère historique français constitue un témoignage de ce « vouloir d’une architecture française (http://www.patrimoine.uqam.ca/spip.php?article180) » , et un atout touristique.

 

Un bilan des plus positifs et prometteur

La 4e Rencontre internationale de jeunes chercheurs en patrimoine a présenté des expériences qui peuvent servir à la fois de modèles à suivre ou d’enseignements sur les écueils à éviter. Les praticiens de la mise en patrimoine trouveront des motifs supplémentaires de faire preuve de ténacité et de redoubler d’ardeur dans les projets qu’ils mettent de l’avant. Les échanges ont aussi démontré tout le bénéfice que chercheurs québécois et français peuvent retirer d’une collaboration étroite. Souhaitons que les actes de cette rencontre paraissent rapidement.

 

1. Capucine Lemaître et Benjamin Sabatier, dir. Coll. Cahiers de l’Institut du patrimoine, no 6, Québec, Éditions Multimondes, 2008, 296 p.
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