Activités de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)
et de ses partenaires en France, à la fin de l’année du 400e anniversaire
par Bernard Émont
CFQLMC, France
Tours et les fêtes du 400e anniversaire
Le quadricentenaire de la ville de Québec a été marqué à Tours par deux tendances fortes : une implication de la Ville et la participation unie des associations concernées (Touraine-Canada, Touraine-Québec, le Centre généalogique de Touraine, etc.). Les actions ont été conduites autour d’événements-phares :
Un Colloque sur les pionniers de Touraine en Nouvelle-France a été organisé le 26 avril 2008 auquel ont participé 150 personnes. Parmi les principaux pionniers « ressuscités » (sur près de 200 inventoriés) : Isaac de Razilly, Nicolas Denys, Charles de Menou d’Aulnay, le gouverneur d’Argenson, l’intendant du Chesneau, les administrateurs Simon Denys (et sa nombreuse, courageuse et prolifique famille), Denis Riverin, Louis Rouer de Villeray, Thomas-Jacques Taschereau. Sans oublier René Gauthier de Varennes, officier du régiment de Carignan, quatre Filles du Roi et une dizaine d’artisans de la « recrue » de 1653.
À l’issue du colloque a eu lieu le lancement officiel d’une souscription organisée par la Fondation du Patrimoine, le Crédit agricole et Touraine-Canada (www.fondation-patrimoine.com) pour réaménager et assainir l’intérieur de la Chapelle Saint-Michel, lieu de mémoire de Marie Guyard de l’Incarnation dont la vie aux multiples facettes, incontournable pour l’histoire de l’Amérique francophone, a donné lieu à quatre communications au colloque. Auparavant, une série de conférences culturelles avait préparé le public avec des exposés sur les plus notables pionniers et pionnières.
Dans le cadre de « TOURS SUR LOIRE » (7-8 juin 2008, sur les quais), ont eu lieu une série d’activités ludiques, canadiennes et québécoises, avec la journaliste Denyse Perreault et ses contes et légendes de l’Atlantique aux Rocheuses : démonstration de patchwork, danses et produits québécois ; spectacle « Les cailloux du Saint-Laurent » avec Christine Authier et sa troupe qui a honoré pionnières et pionniers en chansons. Toute l’année, Touraine-Québec a organisé des spectacles, mettant notamment en vedette Hélène Maurice, les tambours de Nouvelle-France, et d’autres artistes connus, tandis que Touraine-Canada a proposé des concerts et une initiation pédagogique à la musique médiévale et à celle contemporaine de Marie de l’Incarnation.
Les Journées européennes du patrimoine des samedi 20 et dimanche 21 septembre 2008 ont mis un accent tout spécial sur le 400e de Québec et sur le thème « Marie Guyard, Tours et le Canada ». Des visites, organisées par l’Office du tourisme et la Direction du patrimoine, demeureront.
Les 23-24 octobre 2008, pour l’anniversaire de naissance de Marie Guyard de l’Incarnation (28 octobre 1599) se sont tenues les Journées inaugurales de la première tranche des restaurations des tableaux de notre lieu de mémoire commun franco-canadien et franco-québécois (chapelle Saint-Michel) en présence des partenaires institutionnels, des élus et des représentants des autorités canadiennes et québécoises (voir photos).
Légendes des photos
De gauche à droite :Lydie Leblanc, doreuse sur bois (restauration des cadres)Patrick Bourdy, vice-président chargé de la culture, Conseil général d’Indre-et-LoireFrançoise Deroy- Pineau, présidente de Touraine- CanadaLe tableau Adoration du Sacré-Cœur avec représentation de Marie de l’Incarnation (Auteur français inconnu du XVIIIe siècle, restauration 2008 (DRAC, Conseil régional 37,Touraine-Canada, Ursulines de l’Union canadienne)Gilles Durand, rédacteur en chef du Bulletin Mémoires vives de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communsFaddoul Khallouf, restaurateur de tableauxColette Girard, adjointe au maire, chargée des affaires culturelles, conseillère régionale |
Ce tableau représente une religieuse ursuline. À sa droite, personnification de l’Europe (petite fille). À sa gauche, personnification du Canada (Améridien imaginaire). Dans le lointain, la mer, une embarcation. Dessous, une inscription, ajoutée au XIXe siècle. Ce tableau donne lieu à un débat de spécialistes : Angèle de Merici n’est jamais allée en Amérique, elle n’a jamais porté le costume de religieuse et son nom a été ajouté postérieurement. Ne s’agirait-il pas de Marie de l’Incarnation qui avait été oubliée au XVIIIe et surtout au XIXe siècle, au moment du rajout de l’inscription ? |
Un Colloque à Châlons-en-Champagne, les 24 et 25 octobre 2008 :
L’intendance, aux sources de l’administration locale.
L’association châlonnaise des Amis de Jean Talon dont la mission est de promouvoir le nom et l’œuvre du premier intendant de la Nouvelle-France et d’organiser des liens d’amitié entre Châlons, le Québec et le Canada, a souhaité s’associer à l’année du 400e anniversaire, en organisant les 24 et 25 octobre 2008 plusieurs manifestations, auxquelles la ville de Châlons-en-Champagne s’est associée, ainsi que l’ambassadeur du Canada, Marc Lortie, et son épouse, qui les ont honorées de leur présence.
Le colloque « L’intendance, aux sources de l’administration locale », organisé les 24 et 25 octobre 2008 au lycée Pierre Bayen, situé au cœur de la ville de Châlons-en-Champagne, a offert aux élus territoriaux, historiens et administrateurs l’occasion d’un portrait croisé entre la France et le Québec dans ses aspects historiques et contemporains dont l’intendance du premier intendant de la Nouvelle-France devait servir de fil d’Ariane.
Pour rappeler le point de départ commun tant en France qu’en Nouvelle-France, les Amis de Jean Talon avaient choisi comme premier atelier « L’intendance, un mode d’administration territoriale ». Il était présidé par Bruno Bourg-Broc, entouré de plusieurs invités comme Jean-François Pernot, maître de conférences au Collège de France (qui évoqua l’origine de l’institution à travers l’exemple – Champagne oblige –- de la généralité de Châlons) et Eric Leroy, professeur agrégé d’histoire (qui pour sa part retraça l’évolution de ce mode d’administration, en dressant le portrait du célèbre intendant Charles-Alexandre de Calonne). Raymonde Litalien, conservateur honoraire des Archives du Canada, évoqua la situation de la colonie de l’époque de Champlain, à la veille de la création de l’intendance en 1663, tandis que John A Dickinson, professeur à l’Université de Montréal, montra comment les intendants avaient, en Nouvelle-France, contribué à la modernisation de l’État.
Le deuxième atelier « L’intendance aux sources de la gouvernance territoriale » était consacré à l’évolution au Québec et en France, depuis lors, à partir de structures communes. Animé par Hervé Chabaud, journaliste et éditorialiste au journal l’Union, appuyé de Michel Biard, professeur d’histoire du monde moderne et de la Révolution française à l’Université de Rouen (pour la transition des intendants aux préfets) et Guy Chiasson, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec en Outaouais (pour l’introduction au gouvernement local du Québec), il fut couronné par une table ronde à laquelle participaient des élus locaux comme Jacques Chagnon, vice-président de l’Assemblée nationale du Québec, Alain Lambert, président du Conseil général de l’Orne, et Jean-Paul Bachy, président du Conseil régional de Champagne-Ardenne- ainsi que des universitaires – Anne Mévellec, professeur à l’École des hautes études politiques de l’Université d’Ottawa, et Jean-Claude Némery, professeur de droit public à l’Université de Reims Champagne-Ardenne– et plusieurs administrateurs (Roger Scott-Douglas, Bertrand Landrieu et Paul-Henri Watine). À partir de leurs expériences respectives, ils ont analysé la problématique de la gouvernance locale, s’interrogeant sur la pertinence des échelons territoriaux, sur leur devenir, sur la nécessité de la réforme et de la simplification de l’organisation territoriale, sur les modalités des liens entre les institutions et la population, apportant ainsi leur pierre au débat sur la gouvernance territoriale, sujet de première actualité tant au Québec qu’en France.
Le troisième atelier animé par Louis Duvernois, sénateur représentant les Français établis hors de France, a été consacré à l’œuvre que nous ont laissé les intendants. Sous le thème commun de l’intendant bâtisseur, Jacques Mathieu, professeur à l’Université Laval à Québec, a dressé le portrait de Jean Talon, bâtisseur de pays tandis qu’Isabelle Balsamo, conservatrice générale du patrimoine, notamment à travers l’exemple de Rouillé d’Orfeuil, dernier intendant de la généralité de Champagne, a évoqué l’importance de l’architecture et de l’urbanisme dans la fonction de l’intendant de Champagne au XVIIIe siècle.
Du thème de l’intendant bâtisseur, on passait aisément aux lieux de l’intendance qui constituaient le thème du quatrième atelier. La ville de Québec, à l’occasion de son 400e anniversaire, a redécouvert les vestiges du Palais de l’intendant, comme l’a rappelé Réginald Auger, directeur du Centre d’études sur la langue, les arts et les traditions populaires (CELAT) de l’Université de Laval. L’hôtel de l’intendance de Châlons, voulu par Rouillé d’Orfeuil, fit, quant à lui, l’objet d’une présentation et d’une visite par son restaurateur, Pierre-Antoine Gattier, Architecte en chef des monuments historiques.
Une exposition sur Jean Talon et l’inauguration de la place de Québec
En marge du colloque, la ville de Châlons a présenté du 22 au 31 octobre 2008, dans le péristyle de l’hôtel de ville, une exposition qui retrace la vie et l’œuvre de Jean Talon, ce châlonnais pionnier du nouveau monde (exposition conçue à l’initiative des Amis de Jean Talon qui réédite celle créée en 2004 pour marquer la création du portail numérique par les Archives nationales du Canada et les Archives de France www.archivescandafrance.org). Et le vendredi 24 octobre 2008, à la mi-journée, Robert Trudel, premier conseiller à la Délégation du Québec devait présider avec Bruno Bourg-Broc, maire de Châlons-en-Champagne, en présence de Marc Lortie, ambassadeur du Canada, de Jacques Chagnon, vice-président de l’Assemblée nationale du Québec, d’Alain Lambert, président de l’Association nationale France-Canada, à l’inauguration de la place de Québec. Un symbole pour la ville qui s’est ainsi associée à l’initiative lancée par le comité du 400e pour baptiser un lieu célébrant l’intensité des liens entre la ville et la capitale de la Belle Province. La place –ce n’est pas un hasard–, s’adosse à la maison natale de Jean Talon et est dotée d’un square pourvu en la circonstance d’un éclairage bleu et blanc, aux couleurs de la ville. C’est au son des « tambours de la Nouvelle-France » et sous un ciel sans nuages que les autorités ont dévoilé la plaque, et libéré les centaines de ballons aux couleurs de Châlons et du 400e.
Le 20 novembre dernier, la section française de la Commission a franchi un pas de plus dans sa structuration, en installant son Conseil scientifique, qui vise à concentrer son effort sur quatre secteurs particuliers – Archives, Animation de la recherche, Généalogie et Musées–, qui font chacun l’objet du travail de comités spécialisés, dont la présidence a été confiée à de grands spécialistes des domaines concernés : à savoir, respectivement, Geneviève Étienne, Philippe Joutard , Mireille Pailleux et Dominique Ferriot.