Hommage à Adrienne Duvivier, pionnière de Ville-Marie,
rendu par le village de Corbeny
par Frédéric POIDEVIN
Président de l’Association Marquette-Jolliet
Administrateur de la CFQ-LMC, section française.
Un peu d’histoire de Corbeny
Corbeny est une bourgade de huit cents habitants environ située à mi-chemin entre Laon et Reims, soit une distance d’environ 25 kilomètres. Elle fait partie de l’actuel département de l’Aisne et de l’actuelle région Picardie.
Corbeny est célèbre pour son prieuré Saint-Marcoul fondé au Xe siècle par Charles le Simple qui avait des propriétés royales dans le secteur. Les reliques de saint-Marcoul étaient le sujet de vénération et attiraient en pèlerinage les populations voisines. L’usage voulait que les rois de France se rendent à l’issue de leur sacre auprès des reliques de ce saint, et touchent les écrouelles. Louis XIV fut le dernier roi à remplir ce geste important qui était de guérir par l’apposition de ses mains sur les porteurs d’écrouelles.
Quelques éléments d’information sur la vie d’Adrienne Duvivier
de gauche à droite, Frédéric Poidevin, président
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Lors des festivités organisées le 21 mai 2009 à Corbeny, dans l’Aisne en Picardie, par l’Association LXXI Corbunei et Saint-Marcoul, un hommage a été rendu à Gérard Prétrot, président de Aisne-Québec et administrateur de la CFQ-LMC, section française, pour son action visant à rétablir Adrienne Duvivier dans son village natal. Monsieur Philippe Deboudt, maire de Corbeny, au cours de l’inauguration de la nouvelle plaque de la rue « Adrienne Duvivier (1626-1706), cofondatrice de la ville de Montréal », a présenté une courte biographie de celle-ci :
« Lorsque Adrienne DUVIVIER naît à Corbeny en 1626, la région se relève lentement des affrontements meurtriers et destructeurs des guerres de religion.
Le 8 novembre 1610, le roi Louis XIII a renouvelé « aux manans et habitans du dit bourg de Corbeny dit Saint-Marcoul » exemption et affranchissement de toutes tailles, subsides et impositions quelconques, de même qu’il a interdit aux gens de guerre « de loger et fourrager » à Corbeny (sauvegardes datées de 1615, 1624, 1630). L’abbaye de Saint-Marcoul reste un « lieu de dévotion pour la neuvaine de nos roys lors de leur sacre ».
Tout ceci n’empêche pas le bourg d’être envahi le 5 mai 1642 par le Comte d’Estrées, l’abbaye d’être pillée. Ces nouveaux ravages avaient été précédés par la peste qui toucha la région de 1635 à 1637.
Adrienne, fille d’Antoine Duvivier et de Catherine Journet, voit le jour en 1626 à Corbeny où elle est baptisée. Pas de traces d’elle avant son mariage, à Paris ou à La Rochelle, en 1646. Elle épouse en premières noces Augustin Hébert dit « Jolicoeur ». C’est comme soldat qu’Hébert s’intègre au petit groupe d’artisans et de soldats recruté par Paul de Chomedey de Maisonneuve. Ce dernier s’est donné pour mission de fonder une colonie en Nouvelle-France consacrée à la Vierge Marie.
Une fille, Jeanne, naît à Paris, tous trois s’embarquent à La Rochelle pour la Nouvelle-France et gagnent Ville Marie.
En 1648, Augustin Hébert reçoit un lot aux abords de la nouvelle ville et de son fort construit dès 1646. Il est à la fois soldat, maître maçon, marchand, traiteur de fourrures et fermier. Sans cesse il faut défendre la ville naissante des attaques iroquoises et c’est au cours de l’une d’elles qu’Augustin meurt à l’âge de trente ans sous les coups des Iroquois. Sa mort est signalée dans Les Relations des Jésuites en 1653.
Adrienne se retrouve seule, veuve, avec trois enfants (Jeanne, Hébert Léger et Ignace), un premier enfant, Paul, Paule ou Pauline, né sur le sol américain en 1649 et mort la même année, avait eu pour parrain Paul de Chomedey et pour marraine Jeanne Mance, native de Langres et fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal.
Difficile pour une femme de rester seule, d’élever des enfants, de cultiver des terres et de les défendre contre la menace permanente des Iroquois : Adrienne se remarie le 19 novembre 1654 avec Robert le Cavelier, dit Deslauriers, armurier originaire de Cherbourg.
Deslauriers meurt à Montréal le 25 juillet 1699, Adrienne lui survit jusqu’en 1706. Elle décède à Montréal où elle est inhumée, le 20 juillet 1706, à l’âge de 80 ans.
Les noms d’Augustin Hébert et d’Adrienne Duvivier peuvent encore se lire sur une des plaques du socle de l’obélisque érigé le 18 mai 1893 par « la Société Historique de Montréal », en commémoration de la date de la première messe célébrée à l’arrivée des pionniers fondateurs de Montréal, menés par Paul de Chomedey de Maisonneuve. »
Pour faire revivre la mémoire d’Adrienne Duvivier
La commune a le projet d’aménager « le Vivier » pour établir une aire de repos, et de faire revivre un peu de Nouvelle-France en plantant des érables et en installant un panneau explicatif sur Adrienne Duvivier.
Par ailleurs, une stèle célébrant les cinq cents ans du passage de Jeanne d’Arc en juillet 1429, a été offerte par Notre-Dame de Montréal : cette stèle est installée sur la façade de la mairie de Corbeny.
Ainsi, Corbeny mérite le titre de lieu de mémoire commun franco-québécois.