Exposition Une encyclopédie vivante du peuple –
Les almanachs québécois :
l’influence des almanachs français sur la production québécoise
par Gilles Durand
Crédit : Open Library libre de droit |
L’exposition
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) présente depuis le 18 septembre 2009 une exposition intitulée « Une encyclopédie vivante du peuple – Les almanachs québécois ». Les pièces qui la composent, textes, photos, gravures, etc., provenant en grande partie des collections de BAnQ, sont en montre dans l’édifice de la Grande Bibliothèque jusqu’au 28 mars 2010.
Une conférence pour mettre en contexte l’exposition
En complément à l’exposition, Hans-Jürgen Lüsebrink, commissaire de celle-ci, prononce, le 18 septembre 2009, une conférence sur les origines, l’évolution et l’originalité de ce média. Professeur à l’Université de Sarrebruck (Allemagne), le conférencier est un spécialiste de l’histoire culturelle. Il a bénéficié d’une bourse de BAnQ pour faire des recherches dans la collection des almanachs de l’institution.
Un peu d’histoire du média
L’almanach québécois, une publication annuelle, se compose de quatre parties : le calendrier, les éphémérides de l’année écoulée, l’annuaire des institutions de la province et du Canada, enfin des informations variées, conseils de santé, remèdes, recettes, textes littéraires, etc. Les almanachs sont très recherchés par les familles québécoises; presque chacune peut s’enorgueillir d’en posséder un. Ils atteignent leur apogée dans les années 1920. Par la suite, ils sont progressivement détrônés par les nouveaux medias, journaux, magazines, radio, etc., mais sans jamais disparaître toutefois. À preuve, l’Almanach du peuple 2009 publié par la Librairie René Martin.
Des témoins d’un héritage encore vivant partagé par les Québécois et les Français
Tout au long de leur existence, les almanachs témoignent de la relation Québec-France et valorisent l’héritage partagé par les deux peuples. Fleury Mesplet, un Français qui apprend le métier d’imprimeur à Lyon, lance le premier almanach à Montréal en 1777. De son côté, l’un des rédacteurs des almanachs, Sylva Clapin, pour un moment libraire-éditeur à Paris (1880-1889), se laisse inspirer par l’Almanach Hachette, cette « petite encyclopédie populaire de la vie pratique » qui a pour devise « Je pèse un poids égal sous un moindre volume [l’almanach réunit le contenu de plusieurs types d’ouvrages] ». Clapin joue un rôle important dans la préparation de l’Almanach du peuple. Il utilise ce véhicule pour diffuser des textes à caractère littéraire et historique de même que pour valoriser l’histoire, la langue et la culture que Québécois et Français ont en commun. Si, d’une façon générale, les almanachs font preuve d’attachement au passé, ils savent aussi s’ouvrir à la modernité et diffuser la technologie et les idées nouvelles auprès de leur lectorat. Nous y trouvons des réponses à plusieurs des défis qui se posent à compter du début des années 1960, tels la priorité à accorder au français, son usage dans le monde des affaires, la menace que constitue pour notre identité l’Amérique anglophone, etc.
Pour en savoir davantage
Les personnes intéressées à aller plus loin ne manquent pas d’information pour satisfaire leur curiosité : la conférence donnée le 18 septembre 2009 accessible en baladodiffusion ; un ouvrage préparé sous sa direction intitulé Les lectures du peuple en Europe et dans les Amériques du 17e au 20e siècle ; un article du Devoir « Le livre du peuple » par Stéphane Baillargeon ; enfin la collection elle-même des almanachs de BAnQ ouverte à tous et qui permettra sûrement de faire des découvertes inattendues. Le professeur Lüsebrink projette également, dans un avenir rapproché, la publication d’une étude sur le sujet aux Presses de l’Université Laval.