Marcel Moussette et Monique C. Cormier reçoivent
la plus haute distinction du gouvernement du Québec
dans des disciplines qu’ils mettent à contribution
pour enrichir la mémoire franco-québécoise
par Gilles Durand
La cérémonie du 3 novembre 2009
Le 3 novembre 2009, dans le cadre d’une cérémonie à la salle du Conseil législatif à l’Assemblée nationale du Québec, Marcel Moussette et Monique C. Cormier ont reçu la plus haute distinction du gouvernement du Québec dans leur domaine respectif, soit l’archéologie historique et la terminologie et lexicographie.
Marcel Moussette
Crédit : Gouvernement
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Marcel Moussette se voit récompensé du prix Gérard-Morisset pour la qualité exceptionnelle de ses réalisations en patrimoine. Intéressé au Régime français, il a consacré sa carrière à la recherche des vestiges matériels enfouis dans le sol, qui témoignent de la présence française en sol québécois et de son adaptation aux conditions prévalant de ce côté-ci de l’Atlantique. Le lauréat 2009 œuvre depuis 1968 non seulement à inventorier et à dater les sites et objets archéologiques mis au jour – site du Palais de l’intendant, installation de colons à l’Île aux Oies près de Montmagny, chauffage domestique, épingles, ciseaux, dés à coudre, etc. –, mais aussi à les interpréter. Dans ses travaux, il tient compte de l’environnement naturel et du contexte culturel et fait appel aux documents écrits et aux conclusions des chercheurs en sciences humaines et de d’autres disciplines dites « dures ».
Le récipiendaire du prix Gérard-Morisset s’implique non seulement dans le développement des connaissances en archéologie, mais aussi dans leur diffusion. Il conserve son statut de professeur à l’Université Laval et continue de former des étudiants et étudiantes à la recherche sur le terrain. Il a également à son crédit de nombreuses publications dont la plus récente parue en 2009 s’intitule Prendre la mesure des ombres : archéologie du Rocher de la Chapelle, Île aux Oies (Québec). Par sa production, Marcel Moussette dévoile des côtés jusque-là inconnus de l’aventure française en terre d’Amérique et ouvre de nouvelles pages de l’histoire commune aux Français et aux Québécois.
Monique C. Cormier
Crédit : Gouvernement
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Monique C. Cormier est honorée du prix Georges-Émile-Lapalme pour son parcours exceptionnel qui contribue à la promotion et au rayonnement de la langue française dans la société québécoise. Comme terminologue et lexicographe, la récipiendaire s’implique à fond dans le rehaussement de la qualité du français dans le Québec d’aujoud’hui, tout en demeurant préoccupée par les fondements et l’évolution de notre langue par rapport à celle utilisée par les Français. En 2008, elle organise la journée des dictionnaires, des témoins du français tel qu’il se parle et s’écrit de même que des outils que nous utilisons tous les jours sans toujours en bien connaître le contenu et le contexte de production. Au cours de cette journée, des conférenciers québécois et français se succèdent pour démontrer ce que le français du Québec et celui de France ont en commun et en quoi ils se distinguent. L’ensemble des interventions donnent l’occasion aux participants d’en apprendre davantage sur les modifications apportées à une langue européenne semée en terre d’Amérique, sur les démarches donnant aux québécismes droit de citer dans les dictionnaires français – le Robert et le Larousse –, sur le rôle de l’Académie française, sur l’état actuel du français québécois, etc. Une publication accompagne l’événement, préparée sous la codirection de la lauréate et titrée Les dictionnaires de la langue française au Québec de la Nouvelle-France à aujourd’hui. Le titre de l’introduction « Fidélité et autonomie » qu’elle signe, résume bien le thème central développé au cours de la journée. Il annonce les tensions et les divisions que les efforts d’adaptation de notre langue ont suscitées et dont la suite de la publication témoigne.
Le cheminement de la lauréate, c’est toute une carrière consacrée à l’enseignement à l’Université de Montréal, à la formation d’étudiants et d’étudiantes à poursuivre son oeuvre de même qu’à la préparation de publications. Ces nombreuses responsabilités ne l’empêchent cependant pas de prendre position sur les mesures destinées à assurer le qualité du français lorsque l’occasion se présente. Elle ne manque pas non plus de rappeler ce que Québécois et Français ont en commun dans un domaine qui se situe au cœur de notre identité, la langue française, et qui constitue un des repères d’une histoire imbriquée.