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Le 150e anniversaire de l’établissement du Consulat général de France à Québec

Le 150e anniversaire de l’établissement du
Consulat général de France à Québec

par Gilles Durand

 

Le 8 septembre 2009, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) célèbre le 150e anniversaire de l’établissement du Consulat général de France à Québec. Pour rappeler cet événement fondamental dans la relation Québec-France, elle met à l’œuvre un comité formé de neuf de ses membres avec le mandat d’organiser un colloque d’envergure sur l’histoire de ce poste diplomatique. L’activité n’aurait pu voir le jour sans le concours indispensable de plusieurs collaborateurs, tout particulièrement celui de l’Association Québec-France.

De concert avec l’équipe de production de Cap-aux-Diamants, la CFQLMC s’entoure aussi de ses membres, d’acteurs et témoins, d’historiens pour assurer la préparation d’un dossier spécial dans le numéro 99 de la revue http://www.capauxdiamants.org/

 

Le colloque du 8 septembre 2009

Les deux coprésidents Pierre-André Wiltzer et André Dorval à l’ouverture
Crédit : Amélie Breton, photographe

Le colloque du 8 septembre 2009


Plus de 170 participants sont accueillis au Musée de la civilisation du Québec par les deux coprésidents de la CFQLMC, André Dorval et Pierre-André Wiltzer, en compagnie de la Consule générale de France à Québec, Hélène Le Gal. Dès leur entrée, de même qu’à la clôture du colloque, les participants sont à même de réaliser pleinement la contribution incontournable de la CFQLMC à la connaissance et à la diffusion de l’héritage partagé par le Québec et la France : plus de quinze ouvrages, traitant des liens historiques et culturels plus que quadricentenaires entre les deux peuples sont mis en montre; deux nouvelles publications sont aussi lancées pour l’occasion, un numéro spécial (no 99) de la revue Cap-aux-Diamants consacré en partie aux 150 ans du Consulat général de France à Québec de même qu’un répertoire sur support électronique des actes de baptême, mariage et sépulture des membres de la communauté française en sol québécois enregistrés au Consulat.

Dès neuf heures et pour le reste de la journée, douze conférenciers, diplomates, hauts fonctionnaires, historiens, professeurs, représentants engagés de la société civile, journaliste, se succèdent pour témoigner des débuts du Consulat, de ses périodes fastes et des intermèdes plus difficiles qu’il a vécus, de même que du contexte dans lequel ses actions ont été posées.
Voir le programme : http://www.cfqlmc.org/images/stories/feuillet_colloque_09_150.pdf

 

De la fondation de Québec à la visite de la corvette La Capricieuse

De la fondation de Québec en 1608 à la conquête anglaise en 1760, point n’est besoin de consul ou d’ambassadeur : deux peuples, un même gouvernement, une même aventure entre Français de France et Français d’Amérique. Le traité de Paris de 1763 les éloigne l’un de l’autre sans briser totalement le lien qui les relie. Les Québécois doivent attendre des modifications au contexte international – une plus grande liberté commerciale sur les mers et un rapprochement de leur ancienne mère patrie avec l’Angleterre consécutif à la guerre de Crimée – pour une reprise de contacts plus suivis et soutenus. C’est ainsi qu’en 1855, ils accueillent dans l’enthousiasme le plus complet le commandant Paul-Henry Belvèze de la corvette française La Capricieuse. Pourtant, Belvèze n’est chargé alors que d’une mission commerciale. N’importe, les Québécois ne cachent pas leur affection pour leur ancienne mère patrie. Les bases sont maintenant jetées pour des relations plus suivies.

Plus de 100 années de relations prudentes entre la France et le Québec

 

Des publications qui suscitent l'intérêt

Des publications qui suscitent l’intérêt
Crédit : Gilles Durand

Au cours des 100 années qui suivent la mission de la Capricieuse, la France fait régulièrement montre de prudence. Elle doit tenir compte de ses intérêts et de la situation de son ancienne colonie, le Québec, d’abord comme partie de l’empire britannique, puis, à compter de 1867, comme État fédéré rattaché à un État central chapeautant des provinces à majorité anglophone. Pour se conserver les bonnes grâces de son alliée, la Grande-Bretagne, elle choisit des consuls qui connaissent bien les institutions britanniques. Au 20e siècle, les consuls en poste au Québec doivent rester à l’écart des revendications des nationalistes du Québec et de celles provenant des minorités de langue française des autres provinces pour ne pas froisser le gouvernement canadien. Ils doivent éviter des conflits ouverts avec la droite et le clergé canadien-français qui dénoncent les mesures anticléricales de la France républicaine. Ils doivent surveiller leur attitude face à des interlocuteurs qui divergent d’opinion à l’égard d’une France tombée sous le joug allemand.

Durant cette période, les relations du Québec avec la France demeurent modestes. Elles sont surtout de nature économique et culturel. En 1882, le Québec répond en nommant à Paris Hector Fabre comme agent commercial et financier. Au 20e siècle, les échanges universitaires, éducatifs et culturels se développent et se multiplient.

Les années 1960 et la visite de de Gaulle

Au début des années 1960, de nouveaux événements se produisent. Du côté européen, le chef de l’État français, le général de Gaulle, refuse l’entrée de la Grande-Bretagne, trop liée aux États-Unis, dans la Communauté économique européenne. Cherchant des appuis, de Gaulle se tourne tout naturellement vers des États qui possèdent une affinité de langue et de culture avec la France. Le Québec, les « Français du Canada » comme il aime les appeler, est tout désigné. En même temps, le Québec entre dans sa révolution tranquille. D’une province timide dans l’exercice de ses compétences notamment en matière d’éducation – laissées en grande partie aux mains du clergé et des communautés religieuses –, il assume davantage son rôle d’État, soucieux d’améliorer le sort des Québécois tout en protégeant leur langue et leur culture. Dans le but de profiter de l’expertise et de l’expérience acquises par son ancienne mère patrie, il met tout en œuvre pour établir des contacts directs avec celle-ci dans ses champs de compétence, sans avoir à passer par Ottawa. En 1961, il établit la Maison du Québec à Paris qui devient en 1964 la Délégation générale du Québec à Paris.

C’est dans un tel contexte que le général de Gaulle profite de l’exposition universelle de 1967 pour faire une visite au Québec. Pour éviter d’arriver d’abord à Ottawa, il fait le voyage par bateau jusqu’au port de Québec. Il est accueilli triomphalement le long de son parcours sur le chemin du Roy entre Québec et Montréal. Croyant que le Québec accédera un jour ou l’autre à la souveraineté, il lance du balcon de l’hôtel de ville de Montréal le fameux « Vive le Québec libre ».

L’après de Gaulle jusqu’à aujourd’hui

 

André Dorval, Hélène Le Gal, Pierre-André Wiltzer

De g. à d. André Dorval, Hélène Le Gal, Pierre-André Wiltzer
Crédit : Gilles Durand

Le chef de l’État français, le général de Gaulle, ne s’en tient pas qu’aux mots. Des gestes concrets sont posés à la suite de sa visite. Le Consulat de France à Québec est élevé au rang de quasi-ambassade. Il acquiert une fonction politique. Il est doté de services complets de presse, d’information et de coopération. Dégagé de la tutelle de l’ambassade française à Ottawa, il peut communiquer directement avec le Quai d’Orsay et le gouvernement québécois. En 1980, un personnel plus nombreux emménage dans un nouvel édifice pour l’exercice de son mandat élargi, la maison Kent1; tour à tour habitée par Marie-Barbe de Boulongue, veuve du gouverneur Louis d’Ailleboust, la famille Chartier de Lotbinière, Nicolas-Roch de Ramezay et Edward-Auguste, duc de Kent, cette résidence témoigne de l’aventure du peuple québécois en terre d’Amérique. L’élan est donné. La venue au Québec du général entraîne de nombreux accords de coopération, notamment en matière d’éducation et de formation des jeunes et de la main-d’œuvre. Les accords sont signés directement par le gouvernement français et celui du Québec, sans l’intermédiaire d’Ottawa. Des organismes de coopération et d’échanges voient le jour, notamment l’Office franco-québécois pour la jeunesse. D’autres organismes contribueront ultérieurement à la vitalité de ces échanges : les Associations Québec-France et France-Québec, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoires communs, le Conseil franco-québécois de coopération universitaire et son ancêtre, le Centre de coopération interuniversitaire franco-québécoise, etc. Le Québec peut aussi compter sur le support de la France pour établir des liens directs, sans intermédiaire, avec les gouvernements étrangers dans ses domaines de compétence et pour devenir un acteur central de la francophonie.

La présence du Consulat général de France à Québec

 

Les conférenciers reconnaissent les effets bénéfiques pour le Québec de la présence du Consulat général de France : celui-ci est un acteur incontournable de la coopération franco-québécoise. La nouvelle Consule générale en poste depuis août 2009, Hélène Le Gal, assure les participants qu’à l’exemple de ses 34 prédécesseurs, elle continuera d’être à l’écoute du gouvernement du Québec et des Québécois. Tous pourront compter sur son appui de même que sur celui du personnel du Consulat pour se rapprocher de la France et partager ce qu’ils ont en commun avec celle-ci.

 

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Le colloque sur le 150e anniversaire du Consulat général de France à Québec
(1859-2009) a été un franc succès.

Les « Actes du colloque » seront disponibles vers la fin du mois de septembre 2010.

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Voir l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-242/Maison_Kent_à_Québec.html

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