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Un guide pour découvrir les traces de la Nouvelle-France

Un guide pour découvrir les traces de la Nouvelle-France

 

par Gilles Durand
gilles_du@hotmail.com
Sherbrooke (Québec)

 

Présentation générale

Dans un langage facile à lire, précis et concis, Sébastien Brodeur-Girard, assisté de Claudie Vanasse, propose aux visiteurs québécois et étrangers un guide, Parcours de la Nouvelle-France : l’histoire du Québec en visites, pour retracer et découvrir les éléments les plus représentatifs du patrimoine matériel et, à l’occasion, immatériel du Québec. La période retenue est celle de la Nouvelle-France, des premières découvertes à la conquête par les Britanniques. Les biens patrimoniaux sont présentés par localité et les localités par région d’appartenance, le circuit de visite pouvant être de niveau régional ou local. L’auteur fait montre d’une connaissance approfondie de la période et du territoire, sans compter son habileté à faire ressortir les éléments essentiels et à éviter les détails superflus dans un ouvrage général de ce type.

http://librairie.cyberpresse.ca/livres/parcours-nouvelle-france-1081.html

 

Parcours de la Nouvelle-FranceUn guide bien articulé

Le guide se subdivise en deux grandes parties. La première, l’Introduction, présente une chronologie et une vue d’ensemble du contexte général du Québec au 17e siècle et dans la première moitié du 18e siècle : les premiers occupants, les Amérindiens, avec qui les Français entrent en contact; la population avec ses arrivées, ses départs et ceux qui s’enracinent; l’administration coloniale et sa structure bicéphale, le gouverneur et l’intendant; le découpage du territoire en seigneuries et en paroisses; les activités économiques dont la principale, la traite des fourrures; la vie religieuse et ceux qui en ont la charge, les communautés et le clergé séculier; enfin les pratiques architecturales. La deuxième partie, le « Parcours » qui constitue l’essentiel de la publication, se décompose en sept sous-chapitres, un pour chacune des régions du Québec retenues. Chacun contient des données sur la région elle-même, sur les localités qui la composent et, pour chacune de celles-ci, sur les biens patrimoniaux les plus riches datant de la période étudiée. Le parcours d’ensemble prend origine dans la capitale, longe la rive nord du fleuve, traverse en Gaspésie, se dirige vers l’ouest par la Côte-du-Sud et la rive sud, pour atteindre la métropole et finalement retourner au point de départ, Québec, par le chemin du Roy. La publication se termine par des « Suggestions de lectures » et un « Index des localités citées ».

 

Les catégories de biens patrimoniaux retenus pour chaque localité

L’auteur procède par localité et débute en donnant d’abord le nombre d’habitants au moment de la conquête. Rien de mieux, par exemple, pour distinguer à l’époque un lieu de passage comme Rivière-du-Loup (50 habitants, p. 93), un lieu de présence saisonnière où l’on fait sécher la morue comme Gaspé (109 habitants, p. 97) ou un lieu d’enracinement comme Beauport, où les cultivateurs sont nombreux et l’agriculture prospère (882 habitants, p. 58). Une fois les données de population établies, l’auteur dévoile les éléments qui se démarquent dans le paysage ou bien encore qui l’expliquent : un site archéologique, une église, un presbytère, un manoir seigneurial, une résidence familiale, un moulin à farine, un établissement industriel, un chemin, une rue ou une avenue, un monument rappelant la mémoire d’un personnage qui marque encore l’imaginaire, un événement comme la guerre de Sept Ans, etc., sans oublier le musée et le centre d’exposition et d’interprétation pour ceux qui veulent approfondir leur découverte.

 

Les informations fournies sur les biens patrimoniaux

Pour chacun des biens patrimoniaux retenus, l’auteur fournit les données essentielles pour les retracer et les apprécier à leur pleine valeur : nom et numéro de rue, téléphone, bref historique, tout en évitant l’écueil de submerger le lecteur. Les descriptions tiennent compte des modifications subies par un bien patrimonial en raison d’événements survenus comme un incendie, une guerre, celle de la conquête, ou bien une décision de la communauté qui le supporte afin de l’adapter à ses besoins. Les descriptions sont souvent accompagnées de magnifiques illustrations qui en facilitent la compréhension et préparent la visite.

 

Un patrimoine en mouvement et de nature immatérielle

Deux points forts à signaler. L’auteur ne manque pas de signaler les modifications que le bien connaît au cours de la période retenue. Le visiteur doit prendre garde : malgré toutes les apparences, le bâtiment qu’il voit, a peut-être perdu ses caractères originaux en tout ou en partie dans le passé. De même, l’auteur sait intégrer avec habileté des biographies d’individus et des éléments du patrimoine immatériel, comme les légendes, au patrimoine matériel. Par là, il aide à recréer le contexte et l’atmosphère de l’époque. Démontrer que le patrimoine est en mouvement, donner une place beaucoup plus grande au patrimoine immatériel, c’est aussi ce à quoi s’applique l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, un projet en construction, accessible en ligne, lancé par la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. Pour cette raison, l’Encyclopédie aurait eu avantage à trouver place parmi les Suggestions de lectures du guide.

http://www.ameriquefrancaise.org/fr

 

Quelques suggestions pour une prochaine édition

L’auteur connaît à fond la période de la Nouvelle-France. Toutefois, comme les connaissances se développent à un rythme très rapide, cela ne devrait pas lui enlever ses qualités que de signaler deux passages qui auraient avantage à être mis à jour ou nuancés. À la page 57, sous la rubrique Le Lieu historique national du Canada Cartier-Brébeuf, les plus récentes recherches de Jacques Mathieu sur l’annedda démontrent que la tisane riche en vitamine C qui a guéri l’équipage de Cartier, n’a pas été préparée à partir du thuya, mais à partir du sapin baumier. De même, compte tenu des recherches actuelles, l’affirmation de l’auteur, à savoir que le mystère demeure entier quant à la plaque du chien d’or apposée sur l’édifice du bureau de poste de Québec (p. 42), pourrait être nuancée – voir entre autres la biographie de Nicolas Jacquin dit Philibert préparée par Jean-Claude Dupont dans le Dictionnaire biographique du Canada accessible en ligne.

http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=3069

http://www.biographi.ca/fr/bio/jacquin_nicolas_3F.html

 

Une cartographie plus détaillée

La cartographie pour l’ensemble du Québec, pour chacune de ses régions de même que pour la capitale et la métropole pourrait très avantageusement être complétée pour le plus grand bénéfice du lecteur. Pour chacun des biens patrimoniaux présentés, l’auteur donne l’adresse dans la localité et le numéro de téléphone. L’information est suffisante une fois rendu dans la localité, mais comment s’y rendre. Pour les villes de Québec et de Montréal, l’auteur donne le tracé des rues des secteurs patrimoniaux, sans indiquer toujours le nom de la rue. Les cartes régionales en début de chaque sous-chapitre ou région auraient avantage à comprendre l’emplacement de chaque localité mentionnée dans le guide. Les cartes des villes quant à elles pourraient toujours donner le nom de la rue en regard de son tracé. Sans trop alourdir le guide, une telle façon de faire épargnerait au visiteur d’avoir toujours à portée de la main des cartes de l’ensemble du Québec et de ses régions. Elle présente d’autant plus d’importance que le guide est publié dans un format facilement transportable et consultable, un atout qui vient s’ajouter à la qualité de son contenu.

 

Des index par thèmes et par catégories de biens

Le guide se démarque non seulement comme compagnon de voyage, mais aussi comme introduction à l’histoire du Québec. L’Index des localités citées aurait cependant avantage à être accompagné d’un index par thèmes ou sujets et aussi d’un index par catégories de biens patrimoniaux, par exemple les églises, les manoirs seigneuriaux, les moulins à farine, etc. Le premier index souhaité apparaît de beaucoup comme le plus important, car en liant entre eux les événements, il aiderait à leur compréhension et à celle de l’histoire du Québec. Prenons à titre d’exemple la rubrique Le Parc des braves et la bataille de Sainte-Foy (p. 184). Après cette bataille du 28 avril 1760, Lévis entreprend le siège de Québec, espérant des renforts de France qui n’arrivent pas. Un peu plus loin (p. 102), le guide souligne, sous la rubrique La bataille de la Ristigouche, le refuge dans la baie des Chaleurs de trois des six navires de l’amiral français de La Giraudais et leur sabordage pour éviter qu’ils ne tombent aux mains des Britanniques. Comme autre exemple, prenons le cas de la dispersion des Acadiens : certains se réfugient dans un village de fortune appelé Petite-Rochelle (p. 103), d’autres à Nicolet (p. 112), d’autres encore à L’Assomption (p. 169). Mais comment le savoir avant d’avoir fait la lecture du guide?

 

Une publication indispensable

Dans son forme actuelle, Le Parcours de la Nouvelle-France constitue un outil à se procurer pour planifier des vacances enrichissantes au Québec. Il constitue le compagnon idéal et indispensable de ceux qui envisagent une partie de leur périple sur le territoire du Québec.

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