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Le projet « Mississippi » Jacques Marquette, Louis Jolliet, un Laonnois, un Québécois : deux explorateurs partis à la découverte du Mississippi en 1673

Le projet « Mississippi »

Jacques Marquette, Louis Jolliet, un Laonnois, un Québécois :
deux explorateurs partis à la découverte du Mississippi en 1673

Par Bénédicte Doyen,
Ingénieur Culturel chez Evoli, Chef du projet « Mississippi »
benedictedoyen@free.fr
06 87 19 31 59

 

Portrait de Jacques Marquette

Portrait de Jacques Marquette tiré
de l’ouvrage d’Alfred Hamy, Au Mississipi,
la première exploration (1673), Paris,
Honoré Champion, 1903

L’Association Marquette-Jolliet est née en 2001 de la volonté de faire sortir de l’oubli l’épopée extraordinaire au cours de laquelle les Français se sont établis en Amérique du Nord. Jacques Marquette et Louis Jolliet ont été des acteurs importants de cette histoire, leur voyage de 1673 apportant la preuve de la relation hydrographique du bassin du Saint-Laurent traversant la Nouvelle-France avec le bassin du Mississippi. Nos explorateurs, pionniers, avaient dans leurs bagages cet élément essentiel d’identification : la langue française, langue vivante partagée avec tous les francophones.

 

Les noms de Marquette et Jolliet ont donc été choisis pour mieux faire connaître leur exploit et développer les liens qui unissent la ville de Laon qui a vu naître Marquette, le département de l’Aisne, la région Picardie et l’Amérique septentrionale.

 

En France, l’activité de l’association s’est concentrée depuis sa création sur les actions en faveur de la francophonie : projet autour d’une « Maison de l’Amérique française », Rencontres bisannuelles de la francophonie, théâtre chez l’habitant, conférences… Parallèlement, de nombreuses expositions sur les découvreurs français de l’Amérique du Nord ont été créées et diffusées par les bénévoles de l’association, mettant en valeur l’exploration du Père Marquette et de Louis Jolliet, mais aussi les explorateurs français de l’Amérique, les anciennes techniques cartographiques ou encore les récits de ces voyageurs des XVIIe et XVIIIe siècles.

 

Laon et l’Amérique :

 

En 2000, avec les Amis de Laon et du Laonnois, sous le haut patronage de la Commission Franco-Québécoise sur les lieux de mémoire communs, la Ville de Laon commémore cet exploit du second millénaire et devient le premier lieu de mémoire franco-québécois.

 

En 2005, la stèle du Père Jacques Marquette quitte la partie ouest de la ville où elle avait été installée en 1937 pour un square proche du centre de la cité médiévale. L’Association Marquette-Jolliet en collaboration avec la Ville de Laon, inaugure une nouvelle plaque sur le Père Jacques Marquette en présence de  Martine Dionne, attachée culturelle à la Délégation Générale du Québec, Antoine Lefèvre, maire de Laon et Françoise Macadré, présidente de l’Association Marquette-Jolliet.

 

En 2003-2004, une exposition avait traversé l’Atlantique pour être présentée au Québec. Aujourd’hui, l’Association Marquette-Jolliet souhaite reprendre le périple outre-Atlantique de l’exposition en lui donnant une dimension nouvelle et ambitieuse.

 

L’aventure de Marquette et Jolliet :

 

Jacques Marquette (1637-1675) est né à Laon. Ce jeune Jésuite, parti en 1666 évangéliser les Indiens de Nouvelle-France, est choisi pour servir d’interprète à une expédition d’exploration commandée par Louis Jolliet, hydrographe et commerçant en fourrures, originaire de Québec. En 1672, Louis Jolliet est, en effet, chargé par le Gouverneur de Nouvelle-France de découvrir un grand fleuve coulant, pensait-on, loin vers l’ouest des Grands Lacs, vers le Pacifique…

 

Dans son récit, le Père Marquette décrit avec beaucoup de précision les contrées traversées, et nous fait partager son étonnement et son admiration pour les hommes, les animaux et les plantes rencontrés ou découverts. Au gré d’extraits de ce texte sont évoqués des scènes de la vie quotidienne des Indiens ainsi que la faune et la flore qui ont particulièrement attiré l’attention des explorateurs, mais aussi les difficultés et périls de ce voyage : intempéries, portage répété des canots, comme en témoigne l’extrait présenté par Francis Pigeon, 1

 

Départ de Jacques Marquette en 1666, de La Rochelle pour Québec

Départ de Jacques Marquette en 1666, de La Rochelle pour Québec, papier collé, Françoise Macadré

 

 

Le projet 

 

Une exposition itinérante : le contenu des expositions existantes sera repris et complété pour former une seule grande exposition itinérante, autour de thématiques attractives comme l’aventure, les grands explorateurs, la découverte du Nouveau Monde, l’ « Amérique française »… des solutions modernes de scénographie et des outils ludiques et grand public  feront de cette exposition une attraction majeure du projet, présentée à la fois en France et en Amérique du Nord.

 

L’exposition suivra autant que possible le chemin du Père Marquette depuis le Québec, en passant par les grands lacs et jusqu’au Mississippi.

  • Des bornes interactives : trois bornes extérieures, alimentées par des panneaux solaires, apporteront des informations complémentaires sur Marquette et les explorateurs français de l’Amérique et permettront de poser des questions directement à l’Association Marquette et aux organismes touristiques picards.
  • Un programme artistique ambitieux : au fil de l’exposition, des artistes français et américains seront appelés à créer des œuvres pérennes ou éphémères in situ. L’idée est de créer du lien, des échanges interculturels véhiculés par la valorisation d’une « mémoire commune » et la perspective de projets communs futurs.
  • Les jeunes publics : dans un autre registre, les jeunes publics sont une cible privilégiée des projets à dominante culturelle car ils permettent de sensibiliser les adultes de demain, mais aussi l’ensemble de leurs familles. Nous avons donc prévu la fabrication d’une malle pédagogique bilingue, en deux exemplaires, pour la France et pour le Québec et les Etats-Unis. Cette malle abordera de manière ludique, au travers de jeux, d’expérimentations, de phases de travail collectif et de documents pour le maître et la classe, les thèmes de l’exploration, des découvreurs français, de la géographie ou encore de l’histoire de « l’Amérique française ».
  • Grand reportage et communication : un reporter photographe effectuera, au cours des 18 mois prévisionnels du projet, trois séjours d’un mois en Amérique du Nord sur les traces de Marquette et de l’exposition itinérante qui lui est consacrée.

 

L’objectif est de mobiliser le public, les collectivités et les mécènes autour de l’opération et de les sensibiliser au périple du Père Marquette et au-delà, à la place des explorateurs dans la création et le développement de l’  « Amérique française ».

 

Les déclinaisons de ce travail seront variées, avec notamment  la mise en ligne régulière de nouvelles photos (tous les jours en période de reportage), la rédaction d’un journal de voyage en ligne (de type blog) et, peut-être, la publication d’un article dans une revue à grand tirage.

  • Une exposition photographique tirée de ce reportage, sera présentée sur les façades de la ville de Laon pour illustrer la mise en œuvre du projet et le périple de l’exposition et du reporter en Amérique du Nord.

 

Le projet et toutes les actions feront l’objet d’un plan de communication approfondi qui valorisera évidemment les partenaires et les financeurs publics et privés du projet : lettres d’information dématérialisée, retransmissions, insertions presse, réceptions, valorisation des apports par l’apposition de logos et par toute autre forme de communication admise dans le cadre légal du mécénat

  • Echanges : un des objectifs du projet Mississippi est de rapprocher les communautés de part et d’autre de l’océan atlantique. Marquette et Jolliet, au travers de leur expédition, ont abordé des thèmes aussi variés que la découverte de l’autre, la géographie, la faune, la flore, mais ont aussi été les initiateurs d’échanges culturels et de routes économiques …

 

Nous souhaitons favoriser les échanges thématiques entre élus et techniciens de France et de l’Amérique du Nord et avons prévu des rencontres et des échanges autour de thèmes comme le développement économique lié aux voies d’eau, la mise en tourisme des fleuves ou rivières en lien avec leur arrière-pays, l’entretien d’une identité culturelle liée au fleuve ou à la rivière… Les partenaires pressentis sont nombreux : en Amérique, la zone des grands lacs, le Mississippi bien sûr mais aussi des voies d’eau à échelle plus « humaine », comme le « Illinois and Michigan canal » utilisé aujourd’hui pour la plaisance ; en France, la Somme et le Grand Projet Vallée de Somme, la Sambre déjà réunie autour de nombreux projets européens ambitieux …

 

Nous recherchons activement les financements nécessaires pour pouvoir commencer le projet début 2011, afin que l’exposition puisse entamer son périple dès septembre 2011.

 

Dans ce cadre, nous avons mobilisé les financeurs publics, mais leur apport ne pourra financer la totalité du projet et nous nous tournons également vers les financeurs privés, notamment au travers du mécénat. Les fondations et entreprises intéressées par notre projet peuvent joindre, pour plus d’informations, Frédéric Poidevin, président de l’Association Marquette-Jolliet au 06 86 95 77 12 ou contact@marquette-jolliet.org ou Bénédicte Doyen, chef de projet, au 06 32 54 16 84 ou benedicte.evoli@laposte.net.

 

Principes généraux du mécénat

 

En terminant, rappelons les quelques principes généraux du mécénat. Pour de nombreux fleurons du patrimoine français, le mécénat constitue une solution alternative ou complémentaire. Pour les mécènes, ce système constitue un don qui valorise l’image institutionnelle de l’entreprise.

 

La loi ne donne pas de définition précise du mécénat ; un arrêté du 6 janvier 1989 précise qu’il s’agit d’un soutien matériel apporté sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général, s’étendant aux champs de la culture, de la solidarité et de l’environnement.

 

Le mécénat constitue un don qui valorise l’image institutionnelle de l’entreprise. Celle-ci n’attend aucune contrepartie mais l’association peut valoriser son mécène, notamment en le citant sur ses supports de communication.

 

En France, la « loi Aillagon » de 2003 permet d’avantager par des mesures fiscales avantageuses les initiatives privées ; cette loi s’applique à toutes les causes d’intérêt général, notamment éducatives, scientifiques, sociales, humanitaires, sportives, familiales et culturelles. Les versements entraînent une réduction d’impôt égale à 60 % de la somme versée (dans la limite de 5 pour mille du chiffre d’affaires HT).

 

1 Les Relations des Jésuites

par Francis Pigeon, bibliothécaire

Les Relations des Jésuites sont des documents annuels volumineux que la Mission canadienne de la Société de Jésus envoie à la maison-mère à Paris entre 1632 et 1672. Réunis par des missionnaires sur le terrain et révisés par leur supérieur à Québec, ces documents sont imprimés en France par Sébastien Cramoisy. Ces documents retracent méthodiquement avec force détails pittoresques l’histoire de la colonie depuis ses débuts et mettent en vedette les efforts d’évangélisation des Indiens par les prêtres. Ils comptent parmi les plus importants documents historiques de la Nouvelle-France. Source ethnographique et documentaire sans égale, les Relations des Jésuites sont dévorées par de nombreux lecteurs du XVIIIe siècle, tout comme les œuvres de Cartier et Champlain : c’est une littérature de voyage passionnante.

L’édition est interrompue en 1672 pour des raisons politiques. C’est une édition complémentaire des Relations des Jésuites imprimée en 1861 qui nous procure le journal du Père Marquette écrit en 1673.

« Nous voyla donc sur cette riviere si renommée dont iay taché d’en remarquer attentivement toutes les singularités ; la riviere de Missisipi tire son origine de divers lacs qui sont dans le pays des peuples du nord ; elle est estroitte a sa décharge de Miskous. Son courant qui porte du costé du sud est lent et paisible. A la droitte on voist une grande chaisne de montagnes fort hautes et a la gauche de belles terres ; elle est coupée d’isles en divers endroictz. En sondant nous avons trouvés dix brasses d’eau, sa largeur est fort inegale, elle a quelquefois trois quartz de lieües, et quelquefois elle se rétressit jusqua trois arpens (récit de Marquette, 16 juin 1673)

« Ils sont divisés en plusieures bourgades dont quelques-unes sont assés éloignées de celle dont nous parlons qui s’appelle Peoüarea, c’est ce qui met de la difference en leir langue, laquelle

universallement tient de l’allegonquin de sorte que nous nous entendions facilement les uns les autres. Leur naturel est doux et traitable, nous l’avons experimenté dans la reception qu’il nous ont faitte. Ils ont plusieurs femmes dont ils sont extremement jaloux, ils les veillent avec un grand soin et ils leur couppent le nez ou les oreilles quand elles ne sont pas sages, j’en ay veu plusieures qui portoient les marques de leurs désordres. Ils ont le corps bien fait, ils sont lestes et fort adroits a tirer de l’arc et de la flèche. » (récit de Marquette sur les Illinois). Les extraits sont tirés de Yves-Marie LUCOT, Le Père Marquette à la découverte du Mississippi, Coll. Hors Barrière, Ed. Zulma, 1992.

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