Les origines familiales d’Étienne Brûlé, interprète
et explorateur de la Nouvelle-France
Par Marcel Fournier, Jean-Paul Macouin et Marie Gagné
Pour le Fichier Origine, 11 août 2012
Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG)
Étienne Brûlé à l’embouchure de la rivière Humber, F. S. ChallenerCollection d’oeuvres d’art du gouvernement de l’Ontario, Archives publiques de l’Ontario, 619849 |
Étienne Brûlé arrive en Nouvelle-France avec Samuel de Champlain en juillet 1608. En 1610, il demande la permission d’aller habiter le pays des Hurons. Brûlé passera huit ans chez les Amérindiens pour apprendre les langues et vivre selon leurs mœurs. De retour à Québec en 1618, il est accueilli par Champlain qui est heureux de compter un « truchement » pour la nouvelle colonie. Étienne Brûlé est de retour au pays des Hurons la même année où il explore plusieurs territoires dont la baie Georgienne, les lacs Supérieur et Érié tout en faisant le commerce des fourrures pour les Français. En 1628, Étienne Brûlé passe au service des frères Kirke qui ont chassé les Français et qui gouvernent Québec jusqu’en 1632. Au cours de ces années où les Anglais administrent la colonie, Brûlé préfère retourner dans le Pays-d’en-Haut où il est assassiné par les Hurons en 1633.
Étienne Brûlé n’est pas mentionné dans les archives civiles de la Nouvelle-France entre 1608 et 1633. La plupart des informations le concernant proviennent des écrits de Champlain et des jésuites. D’origine française, il serait né vers 1592 à Champigny-sur-Marne, près de Paris. En 2010, des recherches ont été entreprises en France dans le cadre du Fichier Origine afin de découvrir les origines familiales d’Étienne Brûlé. Les résultats préliminaires des recherches permettent d’en connaître davantage sur un personnage qui a marqué l’histoire de la Nouvelle-France.
Les registres paroissiaux de Champigny-sur-Marne, dans le département du Val-de-Marne, débutent en 1552, mais ils comportent d’importantes lacunes pour la période de 1589 à 1601 et pour quelques mois en 1626 et en 1627. Malgré ces déficiences, plusieurs actes concernant la famille Brûlé ont été retracés dans les archives paroissiales. C’est le cas des parents d’Étienne Brûlé, Sprire Brûlé et Marguerite Guérin, qui se sont mariés à l’église Saint-Saturnin le 24 janvier 1574.
Acte de mariage de Spire Brûlé et Marguerite Guérin,
|
De cette union, sont nés trois enfants baptisés à Champigny-sur-Marne : Loïc, le 24 octobre 1574 ; Antoinette, le 23 janvier 1577 ; et Roch, le 16 août 1581, marié à Marie Trenet en 1602, décédé à Champigny-sur-Marne le 13 septembre 1652. Le quatrième enfant, Étienne, serait né en 1592.
Étienne Brûlé, engagé de Champlain, puis explorateur et interprète en Nouvelle-France, séjourne en France à deux reprises. Le 18 février 1623, il est parrain d’Étienne Coiffier, fils de Jacques Coiffier et de Suzanne Faudein, à Champigny-sur-Marne puis, avant de repartir pour le Canada, il nomme son frère Roch comme procureur général de ses biens.
Son deuxième séjour en France s’étend de l’automne 1626 au printemps 1628 selon différents actes enregistrés chez les notaires du Châtelet à Paris.
Premier acte de Champigny-sur-Marne dans lequel apparaît le nom d’Étienne Brûlé comme parrain lors du baptême d’Étienne Coiffier le 18 février 1623.Le Sabmedy dix huit ieme Jor de febvrier mil Six cent vingt troys a esté Baptisé Estienne
|
Étienne Brûlé était de retour en France le 26 janvier 1627 puisqu’il fut nommé ce jour-là parrain de Marguerite Bruneau à Champigny-sur-Marne. Dans cet acte, il est qualifié de marchand. Le 8 avril 1628, dans un acte passé chez le notaire Guy Remond de Paris, il est fait mention d’un gage fait par André Ferru, marchand pelletier à Paris, à Étienne Brûlé, truchement pour le roi en Nouvelle-France, à la suite d’une livraison de pelleteries d’une valeur de 1600 livres. Une note au bas de l’acte du 8 avril 1628 fait référence à une procuration du 9 avril 1628 passée devant le notaire Jean Chapellain de Paris par Étienne Brûlé à François Macqueron, secrétaire de la chambre du roi, pour représenter ses intérêts en France en remplacement de son frère Roch Brûlé. Il est probablement retourné en Nouvelle-France après ces tractations d’avril 1628.
Le 24 juillet 1635, un accord passé entre Alizon Coiffier, veuve d’Étienne Brûlé, et Roch Brûlé, frère d’Étienne, nous apprend qu’Étienne Brûlé était marié. D’autre part, lors de son séjour à Paris, pendant l’hiver 1627-1628, Étienne Brûlé avait prêté de l’argent à plusieurs personnes de Champigny-sur-Marne.
Les actes des notaires parisiens font mention d’une information précieuse sur la vie d’Étienne Brûlé. Ils confirment qu’il est marié à Alizon Coiffier et que cette dernière est veuve en 1635. Des recherches dans les registres de Champigny-sur-Marne, dont certaines périodes sont lacunaires, n’ont pas permis de trouver le mariage d’Étienne Brûlé et d’Alizon Coiffier qui dut avoir lieu entre la fin de l’année 1626 et le début de 1628. Par contre, les registres de Champigny-sur-Marne mentionnent à la date du 14 octobre 1587 le baptême d’Alizon Coiffier, fille de Jean Coiffier et d’Alison Godart. Quant à la filiation d’Étienne Brûlé avec ses parents, elle est prouvée par le baptême de son frère Roch Brûlé, ce dernier étant mentionné comme le frère d’Étienne Brûlé dans l’acte notarié du 9 avril 1628 et dans l’accord du 24 juillet 1635.
Grâce à ces récentes découvertes dans les archives françaises, on peut maintenant certifier qu’Étienne Brûlé a été marié en France et qu’il y a séjourné à deux reprises : en 1622-1623 et entre 1626 et 1628, des informations jusqu’à ce jour inédites dans l’histoire de ce personnage important de l’histoire de la Nouvelle-France le prouvent.
Il reste toutefois d’autres recherches à entreprendre pour trouver d’autres éléments de la vie du pionnier Étienne Brûlé, tels que son engagement à Dugas de Mons en 1608, la procuration qu’il a faite à son frère Roch en 1623, son contrat de mariage avec Alizon Coiffier entre 1626 et 1628, les titres de propriétés et la vente de ses maisons de Paris et de Champigny, ainsi que l’inventaire après décès fait par sa femme et son remariage possible après 1633. Enfin, comme son frère Roch Brûlé a eu sept enfants avec Marie Trenet entre 1604 et 1617, il serait extraordinaire de trouver une descendance jusqu’à nos jours.
Source : Marcel Fournier