La Commission de toponymie du Québec fête avec fierté
100 ans d’engagement
pour enrichir le visage français du Québec à travers sa nomenclature géographique
Source : Site Web de la Commission de toponymie du Québec
Jamais personne n’a nommé dans sa langue tant de terres ni tant d’eaux!
Ces mots, c’est Félix-Antoine Savard qui les a écrits pour parler de l’immensité du territoire que nos ancêtres ont parcouru, défriché et habité – ce territoire qu’ils ont nommé dans leur langue, le français, le plus fabuleux de nos héritages. […].
La naissance de l’autorité toponymique québécoise
La toponymie fait partie des patrimoines nationaux. Les Nations Unies l’ont reconnu à plusieurs reprises lors de leurs conférences sur la normalisation des noms géographiques qu’elles tiennent tous les cinq ans depuis 1967, et auxquelles le Québec participe avec la délégation canadienne. Parmi les moyens que les Nations Unies recommandent pour préserver et mettre en valeur les patrimoines toponymiques, on trouve au premier rang l’établissement d’une autorité toponymique nationale chargée de gérer les noms de lieux.
Au Québec, c’est en 1912 qu’une telle autorité autonome et compétente a vu le jour : la Commission géographique de la province de Québec, devenue la Commission de géographie en 1920, puis la Commission de toponymie en 1977, lors de l’adoption de la Charte de la langue française. Si l’établissement de la Commission géographique répondait au vœu du premier Congrès de la langue française au Canada tenu en 1912, et à la nécessité de nommer les lieux géographiques de l’immense territoire d’Ungava qui s’ajouta cette année-là à celui du Québec d’alors, l’élargissement des pouvoirs de la Commission, en 1977, vint souligner la volonté d’assurer la préservation, le développement et la visibilité du visage français du Québec à travers sa nomenclature géographique. […]
La continuité de la mission
Malgré des dizaines d’inventaires toponymiques réalisés dans les régions du Québec en interrogeant les populations locales et quelque 233 000 noms de lieux officiels, incluant les noms de voies de communication, le Québec d’aujourd’hui regorge de lieux dépourvus de noms et de toponymes non encore inventoriés qui peuplent les souvenirs fragiles de nos aînés. La mission de la Commission de toponymie est continue. D’une part, elle accompagne l’occupation du territoire, qui s’intensifie de façon impressionnante dans le Nord-du-Québec. D’autre part, la continuité de la mission s’explique par le besoin de vérifier si les noms de lieux officiels sont bien ceux qui sont en usage parmi les populations locales, car nous souhaitons obtenir la meilleure correspondance possible entre la nomenclature en usage et celle qui est officielle.
La mission de la Commission permet de sauver de l’oubli chaque année des toponymes anciens, rares ou qui attestent d’un mode de vie disparu. Plusieurs générations ont forgé et transmis des myriades de toponymes que nous utilisons de nos jours, et beaucoup d’autres après nous continueront, à l’écoute de l’esprit des lieux, l’œuvre de faire parler la terre et les eaux, sans jamais épuiser les ressources de notre langue commune, car, comme le chante si justement Michel Rivard :
Elle a les mots qu’il faut
Pour nommer le pays
[…]
C’est la langue de mon cœur
Et le cœur de ma vie.
Pour en apprendre davantage
Consulter l’ouvrage Parlers et paysages du Québec : randonnée à travers les mots d’ici publié en 2012 par les Publications du Québec. Visiter également l’exposition Le nom de lieu, signature du temps et de l’espace, présentée au Musée de la civilisation de Québec jusqu’au 14 avril 2013.
Source :
« Mot de la présidente » [Louise Marchand, avocate] dans MARCHAND, Louise, « Mot de la présidente » dans Parlers et paysages du Québec, Québec, Publications du Québec, 2012, p. [VII]-IX.