La revue Cap-aux-Diamants consacre un dossier spécial
au traité de Paris de 1763 dans son numéro 115 de l’automne 2013
Par Gilles Durand
Huit historiens mettent en commun leur expertise
À l’occasion du 250e anniversaire du traité de Paris, la revue Cap-aux-Diamants de l’automne 2013 y consacre un numéro spécial. Pour souligner la portée de cette entente entre la France, l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal, mettant fin à sept années de guerre entre les puissances et transférant la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne, huit historiens mettent en commun leur expertise. C’est l’occasion pour eux de rappeler la genèse, le contenu et les conséquences de ce traité pour l’avenir du continent nord-américain et d’y faire découvrir des aspects oubliés, sinon méconnus.
Les tenants et aboutissants du traité
Denis Vaugeois prend la plume le premier pour rappeler qu’en 1713, par le traité d’Utrecht, la France abandonne le pourtour de la baie d’Hudson, Terre-Neuve et l’Acadie à la Grande-Bretagne. Le traité de 1763 en constitue le prolongement, confirmant la cession et remettant également aux Britanniques l’île du Cap-Breton. Il porte aussi les germes de l’expansion des futurs États-Unis jusqu’au Pacifique. La clause 7 remet en effet aux Treize Colonies tout le territoire à l’est du Mississippi jusqu’à la rivière d’Iberville, laissant à la France les deux rives du Mississippi depuis l’embouchure de cette rivière jusqu’au golfe du Mexique et ainsi la ville de La Nouvelle-Orléans. Hélène Quimper rappelle le processus qui conduit à la signature du traité en insistant sur la dimension économique qui prévaut dans l’entente finale, la Nouvelle-France étant considérée comme un fardeau plutôt que comme une source de profit pour la France. Michel De Waele insiste sur la dimension mondiale du traité de paix : Paris préfère les concessions en Amérique du Nord plutôt que sur le continent européen, Londres, entre autres, tient compte des doléances des planteurs britanniques et laisse aller les îles à sucre de la Martinique et de la Guadeloupe. Sophie Imbeault revient quant à elle sur le processus long et complexe du remboursement de la monnaie de papier en circulation dans la colonie par suite du manque de numéraire. Elle ne peut que conclure par ces mots de mère d’Youville en 1770 : « Vous savez tout ce que le Roi de France nous a fait perdre ». Prennent la relève trois auteurs, Laurent Turcot et Jacinthe De Montigny d’un côté, Edmond Dziembowski de l’autre, pour transmettre la vision des colonies qui avait respectivement cours en Angleterre et en France à la veille de la signature du traité : les journalistes britanniques insistent sur l’importance d’acquérir la Nouvelle-France, les Français se rangeant au contraire dans le camp de Voltaire. Enfin il revient à Jean-Pierre Sawaya de conclure par un examen du traité dans une perspective amérindienne. Les Amérindiens se partagent en deux camps : d’un côté, les domiciliés demeurés fidèles au conquérant britannique, soucieux de préserver les acquis découlant des promesses faites par celui-ci au moment de la Conquête; de l’autre, les insurgés de la région des Grands Lacs et de l’Ohio qui prennent les armes à la suite du traité contre le nouveau conquérant, mais bien en vain.
Des points sur lesquels porter attention en faisant la lecture de Cap-aux-Diamants
Les deux métropoles, Paris et Londres, se ressentant des coûts énormes reliés à la guerre de Sept Ans, désirent y mettre fin le plus rapidement possible. Les intérêts économiques occupent une grande place. La France préfère les pêcheries du golfe et les îles à sucre à sa colonie de la Nouvelle-France. L’Angleterre y voit un moyen de se débarrasser d’une rivale au nord et de désenclaver ses Treize Colonies enfermées entre l’Atlantique et les Appalaches. Ce faisant, Paris sème les germes de l’indépendance des Treize Colonies reconnue par le traité de Paris de 1783, de même que de l’expansion des futurs États-Unis vers le Pacifique. En effet, ceux-ci réclameront comme leur dû la partie du Mississippi dont ils avaient été exclus en 1763, mais ils se verront offrir plus par Napoléon en 1803, soit toute la portion ouest du Mississippi jusqu’au Pacifique. Côté amérindien, il n’y a pas unanimité. Les domiciliés, c’est-à-dire ceux établis dans des villages à proximité des agglomérations françaises, prennent les armes contre les Amérindiens insurgés de la région des Grands Lacs et de l’Ohio. La collaboration des premiers avec les Britanniques n’est pas étrangère à l’arrêt des hostilités et à la conclusion d’une entente en 1766.
Vous trouverez des développements sur ces questions dans le numéro 115 de la revue Cap-aux-Diamants en vente dans les librairies du Québec.