Colloque commémoratif de la Première Guerre mondiale
Mobilisations, tensions, refus en 1914-1918,
le Québec dans la guerre
Résumés des communications
Discours Ouverture
Gilbert PILLEUL, coprésident de la CFQLMC- France
Mesdames, Messieurs, chers intervenants et cher public,
Permettez-moi d’exprimer d’abord des remerciements envers :
Monsieur Philippe Navelot, Directeur de la DMPA (Direction de la mémoire, du patrimoine et des Archives du ministère de la Défense) et à son précieux collaborateur, Laurent Veyssière, qui ont eu l’initiative de cette journée d’étude sur le Québec et la première Guerre mondiale à l’occasion du centenaire de ce conflit, qui en ont suivi la préparation et sont allés en chercher les moyens.
Merci également à Michel Robitaille, Délégué général du Québec qui nous fait l’honneur et le plaisir d’être parmi nous aujourd’hui. Sa présence est un encouragement pour notre Commission dans la mesure où elle exprime l’intérêt porté par le Québec à l’approfondissement de la connaissance de notre histoire commune et par voie de conséquence à l’entretien du lien historique qui s’est toujours maintenu entre la France et le Québec.
Merci encore à l’université Paris 1-Sorbonne, partenaire de ce projet, représentée ici par Nicolas Offentstadt, qui interviendra au cours de la matinée.
Merci à tous les membres de la section française de la CFQLMC, Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, qui ont assuré la préparation de cette journée d’étude. Je ne peux les nommer tous mais ils forment une belle équipe sur laquelle, je sais pouvoir compter.
Notre commission est bilatérale. Elle a donc aussi une section au Québec. De ce fait, tous nos travaux se font en étroite collaboration ce qui donne à notre Commission l’efficacité qu’on lui connaît et justifie sa raison d’être. Denis Racine préside la section québécoise. Il est parmi nous aujourd’hui et prendra la parole à la fin de notre journée.
Merci au public venu entendre et débattre les intervenants au cours de cette journée d’étude qui porte sur un sujet peu étudié du moins en France et qui, pourtant soulève de nombreuses questions d’un grand intérêt dans l’histoire de la relation franco-québécoise mais aussi, au plan universel, sur l’attitude des peuples face à la guerre.
Avant d’aborder ces questions, je tiens à rendre hommage à Jacques Le Goff, grand historien qui vient de nous quitter. Son oeuvre est immense mais ce qui importe de rappeler ici, c’est le terme de « globalité »qu’il employait pour parler de la méthode historique. Car précisément, nos travaux auront à aborder tous les aspects des questions soulevées par le Québec dans la première Guerre mondiale.
Le Québec dans la première Guerre mondiale pose en particulier, le problème de l’engagement des Québécois dans la guerre soit au temps du volontariat soit au temps de la conscription, c’est-à-dire de l’enrôlement obligatoire.
Un peuple ne fait jamais la guerre, seul ou en alliance avec d’autres peuples, que pour défendre ses intérêts propres. Si les Québécois ont accepté de soutenir l’effort de guerre des Alliés par la fabrication au Québec de munitions et par l’envoi de denrées alimentaires, ils ont été beaucoup plus réticents à l’idée de laisser partir les forces vives du pays, les hommes en état de faire la guerre pour les envoyer combattre en Europe.
Toutefois, il serait faux d’affirmer que les Québécois sont restés indifférents au destin de l’Europe et en particulier à l’avenir de la France. Un régiment de francophones dirigé par des officiers francophones fut créé dès le début de la guerre avec des volontaires. Ce 22ème Royal régiment mena avec succès de durs combats, en particulier en Flandre et sur la Somme et fut honoré de nombreuses décorations pour son action glorieuse.
Mais en 1917, au moment où fut imposée la conscription, l’incompréhension fut profonde. Pourquoi dégarnir au Québec, les ateliers de fabrication d’armes et de munitions pour les Alliées ? Compromettre la livraison de denrées alimentaires pour la Grande-Bretagne en réduisant le nombre d’actifs au Québec? Durant tout ce conflit, les Québécois eurent comme souci premier, celui de l’avenir de leur pays et plus largement celui du Canada. Héritiers de ceux qui avaient accepté la Confédération, ils s’étonnèrent du comportement de certains Canadiens anglophones prêts à confondre l’avenir du Canada avec celui de la Grande-Bretagne.
En 1917, la guerre était devenue totale et le conflit se prolongeant posait de plus en plus de problèmes : ravitaillement des populations, livraison des matériels de guerre, mutineries, pertes en hommes sur le front toujours plus élevées. Pourquoi imposer la conscription alors qu’il est désormais évident que le vainqueur ne sera pas celui qui aura aligné le plus d’hommes sur le front mais celui qui aura pu « tenir » le plus longtemps, disposant de la plus grande capacité de production en matériels et en munitions. La guerre n’était plus seulement militaire mais était devenue industrielle et économique.