Colloque commémoratif de la Première Guerre mondiale
Mobilisations, tensions, refus en 1914-1918,
le Québec dans la guerre
Résumés des communications
Mémoires
Mourad DJEBABLA-BRUN, professeur adjoint au Collège militaire du Canada (Kingston),
« Le 11 novembre au Canada. Un enjeu de mémoire »
Le rapport du Québec, et plus spécifiquement des Canadiens français à la Grande Guerre ne fut pas chose aisée. Conflit lointain, soumission impériale, pression de la majorité anglophone, défense de sa langue en Ontario, volonté de demeurer sur sa terre, épisode de la conscription, ce sont autant d’éléments qui sont venus troubler le rapport du Canadien français à la Première Guerre mondiale : c’est ce que nous en dit l’histoire. Bien entendu, ces éléments ont marqué la communauté canadienne-française du Québec qui a pu se les approprier afin de rendre compte de son expérience du conflit mondial. Mais c’est alors faire fi de la contribution canadienne-française à l’effort de guerre canadien en hommes, en munitions, en denrées, et en argent. Néanmoins, « je me souviens » se complète fort bien avec « j’oublie » pour définir une expérience qu’une communauté veut se donner du passé afin de s’y individualiser et de s’y retrouver. Cette attitude est d’autant plus farouche que la mémoire des disparus de 14-18 a très vite été récupérée par un projet national canadien globalisant et niveleur de différences. Dans le cas d’une mort reconnue comme ayant été bénéfique à la préservation d’idéaux ou d’une Dans le cas d’une mort reconnue comme ayant été bénéfique à la préservation d’idéaux ou d’une collectivité, c’est autour du discours du « mort pour » que se construisent un modèle et un idéal national. C’est dans cette optique que, de 1919 à nos jours, la cérémonie du 11 novembre au Canada fut un laboratoire mémoriel. Le Canada s’attela en effet dès l’après-guerre à « construire » de toute pièce, par le biais de la cérémonie commémorative du 11 novembre, une mémoire « canadienne » de la Grande Guerre.