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Allocution de Denis Racine, coprésident Section Québec de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, Québec, 1er août 2020

COMMÉMORATION DU 80E ANNIVERSAIRE DE
L’APPEL AUX CANADIENS-FRANÇAIS DU GÉNÉRAL DE GAULLE
DU 1ER AOÛT 1940.

ALLOCUTION DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION

Je vous souhaite la bienvenue à cette commémoration du 80e anniversaire de l’Appel du général Charles de Gaulle aux Canadiens français qui eut lieu le 1er août 1940.

Nous sommes en contexte des mesures de santé publique concernant la Covid-19. Je vous invite à respecter les règles de distanciation et du port du masque.

La Commission a réuni autour d’elle treize organismes partenaires pour organiser cette commémoration et y participer.

Permettez-moi de vous les présenter et de les remercier :

  • Gouvernement du Québec – Ministère des Relations internationales et de la Francophonie : M. Éric Marquis, sous-ministre adjoint, affaires bilatérales;
  • Consulat général de France à Québec : M. Thierry Morel, attaché de coopération;
  • Société historique de Québec : M. Alex Tremblay-Lamarche, président;
  • Réseau Québec-France : M. André-P. Robert, président;
  • Société française de Québec : M. Yves Saliba, président;
  • Faculté des Lettres et des Sciences humaines, Université Laval : M. Guillaume Pinson, doyen;
  • Fondation Lionel-Groulx : Mme Myriam Darcy, directrice générale;
  • Rendez-vous d’histoire de Québec : Mme Catherine Ferland, présidente;
  • Cercle québécois des affaires internationales : M. Philippe Quesnel, président;
  • Le Souvenir Français : M. Jean-Robert Zonda, délégué général;
  • Association des Anciens combattants et soldats français de Québec : M. Patrice Perdriat, président;
  • Association québécoise des Anciens de l’ENA (AQUAENA) : M. Richard Perron, président;
  • Société d’histoire de Saint-Augustin-de-Desmaures : M. Bertrand Juneau, président.

Je vous convie à un voyage dans le temps.

Nous sommes en juin 1940. Que se passe-t-il ?

La France, tout comme l’Angleterre et le Canada, est en guerre contre l’Allemagne nazie depuis septembre 1939.

Après avoir scellé le sort de la Pologne à l’Est et la Drôle de guerre sur le front ouest, les armées d’Hitler envahissent la Hollande, la Belgique et la France en mai-juin.

Et en six semaines, ils écrasent la France qui avait vaincu l’Allemagne en 1918.

L’impensable s’est produit.

Le maréchal Pétain, héros de Verdun, capitule, demande l’armistice et bientôt s’engagera sur la voie de la collaboration.

Face à ce désastre, un homme se lève et dit non.

Nous sommes le 18 juin 1940 et sur les ondes de la BBC, à Londres, le général Charles de Gaulle lance un appel à la résistance et à la poursuite du combat.

Ce qui lui vaudra une accusation de haute trahison et une condamnation à mort par contumace.

Qui est ce général de Gaulle ?

C’est un colonel fraîchement promu général de brigade à titre temporaire.

C’est d’abord un stratège. Sa doctrine est à contre-courant avec celle de l’état-major de l’armée française. Alors que l’on prône une stratégie défensive, notamment avec la Ligne Maginot, de Gaulle propose l’offensive avec une guerre de mouvement appuyée par des moyens mécaniques, chars, avions et canons. Déjà nous voyons poindre le rebelle. Ses théories ont été reprises avec le succès que l’on sait par l’adversaire, l’armée allemande. Quant à lui, il procurera un des rares succès de l’armée française lors de la Campagne de France.

Ce 18 juin 1940, il est bien seul.

Il a cependant deux atouts : l’appui du premier ministre anglais, Winston Churchill et une volonté forte, tenace, doublée d’une audace peu commune.

De Gaulle est un personnage profondément habité par l’Histoire en général et celle de France en particulier.

Il sait que de l’autre côté de l’Atlantique, il y a un peuple qui descend de la dizaine de milliers de français qui y sont venus s’établir au 17e et 18e siècle.

Il a lu sur ce peuple. Il connaît leur vaillance au combat lors de la Première Guerre mondiale.

Et le 1er août 1940, il lance à Londres, un appel aux Canadiens français, répercuté au Canada par Radio-Canada, afin qu’ils viennent au secours de la France.

Le lendemain, plusieurs journaux signalent cet appel et ainsi, font connaître le général de Gaulle et sa France Libre.

Rapidement, plus de 80 comités de la France Libre se forment et envoient hommes, argent et fournitures pour appuyer le combat du général.

Parmi eux, une personnalité se démarque : Marthe Caillaud-Simard. Il s’agit d’une française qui vit à Québec avec son époux, le docteur André Simard.

Pendant toute la guerre, elle se dévouera à cette grande cause. Son mérite sera reconnu par le général de Gaulle qui l’invitera à se joindre à l’Assemblée consultative provisoire qui siège à Alger à partir de 1943, puis à Paris, après la libération de cette ville, le 25 août 1944. De ce fait, Marthe Simard deviendra la première franco-québécoise et la première femme député des institutions parlementaires françaises.

Et le 6 juin 1944, les Canadiens français sont au rendez-vous. Le Régiment de la Chaudière débarque à Juno Beach.

De Gaulle n’a pas oublié.

Alors que Paris n’est pas encore libéré et que le Régiment de la Chaudière se bat à Caen et dans la poche de Falaise, il se rend en Amérique du Nord en juillet 1944.

Il désire rencontrer en personne ces Canadiens français si chers à son cœur. Il se rend à Québec et à Montréal.

Il quitte le pouvoir en 1946 et les relations franco-québécoises, alors peu développées, reprennent leur train-train avec quelques visites protocolaires : le président Vincent Auriol en 1951, les présidents du Conseil, René Mayer en 1951, Pierre Mendès-France en 1954 et Guy Mollet en 1957.

De Gaulle est à nouveau aux affaires en 1958 et fonde la Ve République.

Il a de la mémoire. Rapidement, il revient au Québec en 1960 avec quelques projets en tête. Ceux-ci se concrétisent notamment en 1961, avec l’ouverture de la Délégation générale du Québec en France et en 1965, par les premiers accords de coopération dans le domaine de l’éducation.

Et puis, c’est son grand voyage de juillet 1967 où il affirme à Montréal : « Ce soir et tout au long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération » et conclut par un Vive le Québec libre qui fera le tour du monde.

On connaît bien la suite. De multiples accords interviennent et notamment la création de l’Office franco-québécois pour la jeunesse.

De Gaulle n’a pas modernisé le Québec; la Révolution tranquille s’en est chargée.

Par contre, il a donné une fierté à notre peuple. Un Grand de l’Histoire vient nous dire que nous ne sommes pas des porteurs d’eau ou des Nègres blancs d’Amérique, mais, pour paraphraser René Lévesque, quelque chose comme un grand peuple.

Il a donné au Québec une impulsion. Il l’a accompagné sur la scène internationale où nous étions peu présents.

Il n’est pas inutile de rappeler qu’à cette époque, les autorités fédérales présentaient le Canada comme une nation essentiellement anglophone et nombreux ont été les immigrants des années 1950 à découvrir une réalité francophone en ce pays qu’ils ne soupçonnaient même pas.

Aujourd’hui, il n’y a pas un domaine de l’activité humaine sur la scène internationale où le Québec et les Québécois ne sont pas présents.

Nous sommes huit millions sur une population mondiale de huit milliards. Un millième de la population mondiale.

Ce peuple du Québec a ou a eu des représentants qui s’illustrent notamment comme secrétaire général adjoint des Nations Unies, Haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, ou comme commandant des Forces militaires dans les missions de paix. Les sports, la culture, les sciences, les affaires, partout les Québécois sont aujourd’hui actifs et présents.

Voilà l’héritage du général de Gaulle.

Merci mon général.

Je me souviens.

Vive la France !

Vive le Québec !

Vive de Gaulle !

DENIS RACINE

1er août 2020.

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