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Bulletin n°20, mars 2007

À la frontière de l’Amérique française : le Centre pour l’étude du pays des Illinois

À la frontière de l’Amérique française :
le Centre pour l’étude du pays des Illinois

Le Centre, sa mission, ses objectifs

 

Centre

Palais de justice de Cahokia, vers 1740
Crédit photo : Pierre Lebeau

Le Centre pour l’étude du pays des Illinois/Center for French Colonial Studies, fondé en 1983, est soutenu par le Département d’histoire du North Central College de Naperville, dans l’État de l’Illinois. Le Centre vise l’atteinte de plusieurs objectifs : être un lieu de rassemblement et faciliter les échanges, entre historiens, anthropologues, archéologues, généalogistes et conservateurs du patrimoine, sur la présence française dans la haute vallée du Mississippi depuis 1673 jusqu’au début du 19e siècle et sur l’empreinte qu’elle y a laissée; stimuler la recherche sur le sujet; diffuser les connaissances sur le Pays des Illinois auprès du grand public et susciter son intérêt pour celui-ci.

Le Centre pour l’étude du pays des Illinois privilégie un certain nombre de moyens pour atteindre ses objectifs. Il maintient à jour un site Web (http://www2.noctrl.edu/academics/departments/history/department_site/cfcs/cfcsenfrancais.html ) en lien avec sa mission. Chaque automne, il organise une assemblée annuelle dans une localité ou un endroit qui témoigne tout particulièrement de cette présence française; la rencontre donne lieu à la présentation d’exposés par des chercheurs provenant des milieux universitaires ou par des personnes, issues du grand public, partageant la même passion. Le Centre assure également la compilation d’ouvrages sur le sujet dont il rend l’information accessible en ligne; il publie des ouvrages constituant le résultat de recherches originales, des documents de première main de même qu’un Journal trimestriel renfermant des études sur la région, des comptes rendus de volumes, des annonces d’activités à venir, de parutions de volumes, etc. Enfin, il établit des liens avec tous ceux, institutions et individus, qui partagent ses préoccupations, en Louisiane, au Québec, en France, etc.

Le Journal, un moyen privilégié de faire avancer les connaissances et de les diffuser

La dernière livraison du Journal (vol. 23, no 1, hiver 2007) ne peut mieux illustrer la mission que se donne le Centre de susciter de nouvelles découvertes et de les diffuser. L’un des trois articles de fond qu’il renferme, History and Legacy of the French Symposium par Jeffrey P. Brain et Margaret Kimball Brown, retrace ses origines. Au point de départ, en 1974, il constitue un regroupement de chercheurs informel présentant les trois caractéristiques suivantes : caractère interdisciplinaire des participants, archéologues de la période historique (par opposition à la période préhistorique), historiens, archivistes, spécialistes de la culture matérielle; intérêt pour la présence française dans le Midwest et en Amérique du Nord au cours du Premier Empire colonial français; périodicité des rencontres, au minimum une par année. À compter de 1980, le regroupement se dissout compte tenu de l’intérêt partagé en partie par des associations bien structurées pour le sujet. Cependant, très tôt, les anciens participants se rendent compte que leurs réunions auraient toujours leur raison d’être, caractérisées par l’interdisciplinarité et centrées plus exclusivement sur ce thème. La réponse ne tarde pas : le Centre pour l’étude du Pays des Illinois est mis sur pied en 1983 en vue de poursuivre le « French Symposium » que des chercheurs regrettaient de plus en plus.

Les deux autres articles se rattachent plus spécifiquement au mandat que le Centre se donne d’aiguillonner la recherche, de pointer de nouvelles voies d’études. L’un des articles, préparé par Arnaud Balvay sous le titre « The Carignan-Salières Regiment in Canada », met en garde contre la tentation passée de trop idéaliser cette armée envoyée par le pouvoir royal pour pacifier les Iroquois. D’un côté, le régiment ne réussit pas vraiment à briser leur force de frappe; de l’autre, sa venue en Nouvelle-France correspond au début d’une ère de prospérité dont les soldats du roi ne peuvent manquer de tirer profit bien involontairement. L’autre article, « A Colony With Slaves : The Detroit River Region French Canadian Settlements, 1730s-1820s » par Guillaume Teasdale, traite des rapports entre Français et autochtones dans la région de Détroit, rapports que les études qualifient, depuis le début des années 1990, de cordiaux, pacifiques, marqués par le sens du compromis, en un mot tout le contraire de la violence. Il nous met en garde. Les recherches les plus récentes laissent place à un certain questionnement quant aux avancées antérieures. Même s’il reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire, l’auteur écrit que les guerres des Français contre les tribus indiennes ont donné lieu à la pratique de l’esclavagisme par les premiers, qui ne sont plus seulement des trafiquants de fourrures, mais aussi des fermiers vivant de leurs exploitations agricoles. Pour l’auteur, les recherches méritent d’être poursuivies dans les témoins de l’histoire épargnés par le temps, mais, ajoutons aussi, à la lumière d’une des conclusions des actes du colloque organisé par la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs — publiés en 2005 par les Presses universitaires de Rennes —. Dans un article intitulé « La Nouvelle-France dans le contexte de l’histoire des Amériques » (Mémoires de Nouvelle-France, p. 155-166), Allan Greer démontre que l’esclavage sur une grande échelle s’explique par les activités économiques pratiquées, par exemple les grandes plantations, et que l’exploitation agricole du sol, à laquelle les immigrants français s’adonnent, ne requiert pas le recours intensif à une main-d’œuvre esclavagiste, sans exclure cependant son utilité dans l’aire domestique.

Gilles Durand

Des occasions de rappeler la contribution toute particulière des Sulpiciens à l’histoire de Montréal et à l’héritage des Québécois

Des occasions de rappeler la contribution toute particulière
des Sulpiciens
à l’histoire de Montréal et à l’héritage des Québécois

Un parcours plus difficile après 1760, mais exceptionnel

L’année 2005 a marqué le 150e anniversaire de la venue d’un navire français, La Capricieuse, au port de Québec depuis la guerre de Sept Ans. Pour commémorer l’événement, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs organise un colloque sur les principaux acteurs et témoins de cette visite, mais aussi sur la période qui la précède et la suit. Les actes du colloque sont publiés en 2006 par les Presses de l’Université Laval sous le titre La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec 1760-1914. Une constatation s’impose. Les communications présentées au colloque et les textes ne peuvent pas ne pas tenir compte de la présence importante des Sulpiciens à Montréal. Il revient à Guy Laperrière de souligner les grandes lignes de leur parcours exceptionnel — dans un article intitulé « Les communautés religieuses françaises au Québec (1792-1914) », p. 307-325 — : seigneurs et administrateurs de l’île de Montréal et de deux autres seigneuries, Deux-Montagnes et Saint-Sulpice; en butte à des difficultés de recrutement dans la communauté mère pour assurer la survie de leurs œuvres à compter de 1760; retour au Québec, à la suite de la Révolution française, pour échapper au serment constitutionnel de 1791, aux mesures relatives au service militaire obligatoire (1889) et à la laïcisation du personnel enseignant des écoles publiques (1886), de même qu’aux décrets faisant suite aux lois anticongréganistes de 1901 et de 1904 interdisant l’enseignement dans les écoles publiques. Le retour sera pour eux l’occasion de poursuivre, sur leur lancée, leur mission d’actions pastorales, d’enseignement (Collège de Montréal fondé en 1767, Grand Séminaire fondé en 1840, Collège André-Grasset en 1927) et de la propagation du goût de la lecture (établissement de bibliothèques).

 

Sulspiciens

Montréal et le Séminaire des Sulpiciens

Crédit photo

Les Sulpiciens constituent à Montréal ce que nous pouvons appeler un « pouvoir français », par leur implication soutenue dans le développement de la ville sur tous les plans. Ils renforcent nos liens avec la France non seulement avec leurs propres ressources internes, mais aussi par le biais de collaborateurs qu’ils savent gagner à leur cause : ce sont eux, par exemple, qui font venir de France les Frères des Écoles chrétiennes et les Frères de Saint-Gabriel. Laissés en possession de leurs biens par les autorités britanniques, les Sulpiciens prêchent la soumission à celles-ci. Ils n’en conservent pas moins un attachement à leur mère patrie, comme, par exemple, lors de la querelle à propos d’un nouveau drapeau, le Carillon-Sacré-Cœur. Le supérieur des Sulpiciens, Charles Lecoq, écrit à Mgr Paul Bruchési en 1903 : « Il y a tout un Canada qui aime la France et qui veut garder son drapeau » (p. 322). L’influence de cette communauté dans la vie montréalaise constitue un sujet de recherche qui est loin d’être épuisé.

Les Sulpiciens célèbrent le 350e anniversaire de leur arrivée

La présente année 2007 marque le 350e anniversaire de l’arrivée de la communauté des Prêtres de Saint-Sulpice à Montréal. Comme nous pouvons nous y attendre, les Sulpiciens tiennent à souligner eux-mêmes l’événement. Pour l’occasion, ils procéderont, le 27 février prochain, au lancement d’un ouvrage publié par la maison FIDES sous le titre Les Sulpiciens de Montréal, une histoire de pouvoir et de discrétion 1657-2007, de même qu’au dévoilement de la programmation des célébrations.

Pour en savoir davantage sur les Sulpiciens de la province canadienne, les personnes intéressées sont invitées à se rendre à l’adresse suivante : http://www.sulpc.org/hist.html .

La première bibliothèque publique francophone importante à Montréal et au Québec

La Bibliothèque nationale du Québec, aujourd’hui Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), souligne également l’anniversaire à sa façon, en tant qu’héritière des bibliothèques publiques ouvertes par les Sulpiciens : Œuvre des bons livres (1844), Cabinet de lecture (1852), Cercle Ville-Marie (1885), finalement Bibliothèque de Saint-Sulpice. Active comme service à la fois pour le grand public et les chercheurs, la Bibliothèque Saint-Sulpice limite son support à ces derniers seulement à compter de 1931. Fermée en 1937, « elle sera acquise par le gouvernement du Québec et rouverte en 1944, toujours sous le nom de Bibliothèque Saint-Sulpice… pour devenir finalement la Bibliothèque nationale du Québec en août 1967 ». Autant les fonds des bibliothèques publiques des Sulpiciens, enrichies par des acquisitions faites auprès de vieilles familles par leur premier bibliothécaire, Aegidius Fauteux, que le dépôt légal et les acquisitions actuelles expliquent la richesse des collections imprimées de BAnQ.

Pour rappeler l’œuvre des Sulpiciens en matière culturelle, BAnQ présentera au Centre d’archives de Montréal une exposition du 19 mars au 15 septembre 2007 sous le titre « La Bibliothèque de « Ces Messieurs». Le livre chez les Sulpiciens en Nouvelle-France » (consulter le site Web de BAnQ à l’adresse suivante http://www.banq.qc.ca/portal/dt/a_propos_banq/communiques/courants ). L’exposition se veut un témoignage de la profondeur et de la diversité des livres que les membres de la communauté parcouraient et mettaient à la disposition de leurs ouailles. Elle mettra en montre une cinquantaine d’ouvrages datant des 16e, 17e et 18e siècles et ayant trait à la théologie et piété, la philosophie, la littérature et linguistique, l’histoire, le droit, la médecine, l’architecture et les métiers.

Gilles Durand

 

 

Crédit photo :
Peinture
Montréal et le Séminaire des Sulpiciens
Vanbuskirk
1877, 19e siècle
Aquarelle et mine de plomb sur papier
22.2 x 32.5 cm
Don de Mr. David Ross McCord
M14380
© Musée McCord

Le Château des ducs de Bretagne s’associe à Pointe-à-Callière pour présenter une exposition commémorant l’implantation française en Amérique du Nord

Le Château des ducs de Bretagne s’associe à Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, pour présenter une exposition commémorant l’implantation française
en Amérique du Nord

Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, encore une fois à l’honneur

Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, est encore une fois à l’honneur. À l’occasion de sa réouverture, le Château des ducs de Bretagne s’est associé au Musée et présente, du 9 mars au 10 juin 2007, l’exposition « France Nouvelle-France, naissance d’un peuple français en Amérique ».

Le Château des ducs de Bretagne

Fermé au public depuis trois ans, le Château des ducs de Bretagne a rouvert ses portes le 9 février dernier. Le château, une forteresse abritant une résidence ducale du 15e siècle, représente beaucoup pour le fait français : monument-phare du patrimoine de Nantes, emblème et témoin de l’histoire de la ville, de la région de Bretagne et, aussi, du premier empire colonial français en Amérique du Nord. Il est classé monument historique. Propriétés de la Ville de Nantes, le château et son site ont fait l’objet de grands travaux destinés à en assurer la renaissance : restauration, restitution d’éléments disparus, création d’un jardin, mise en lumière nocturne ainsi qu’aménagement et réaménagement pour accueillir le musée d’histoire de Nantes et ses 800 objets de collection.

L’exposition « France Nouvelle-France, naissance d’un peuple français en Amérique »

 

Exposition

Champlain qui échange avec les Indiens
Crédit photo : No MIKAN: 2897954 –
Bibliothèque et Archives Canada, no d’acc 1972-26-1457

L’exposition mentionnée ci-dessus présente l’aventure française en Amérique du Nord entre le 16e et le 18e siècle. L’approche retenue passe par le suivi de destins individuels, ceux de quelques personnages qui quittent leurs villes françaises d’origine, en particulier La Rochelle et Nantes, pour un pays habité jusque-là par des communautés amérindiennes. En prenant appui sur ces communautés, ils s’installent sur un vaste territoire depuis l’Acadie et la vallée du Saint-Laurent jusque dans la région des Grands Lacs et en Louisiane. Leurs échanges avec les premiers occupants, marqués par les compromis mais aussi par les guerres, ainsi que leurs apports et leurs enracinements progressifs donnent naissance à un nouveau pays. La présence actuelle de millions de descendants, Français par le nom et le parler, dans un continent largement anglophone, en constitue un trait distinctif.

Cette exposition poursuivra son itinéraire en France jusqu’en mai 2008.

Pour des informations additionnelles, les intéressés sont invités à consulter les sites Web de Pointe-à-Callière http://www.pacmusee.qc.ca/pages/Expositions/Itinerantes/france_nouvelle_france.aspx?lang=FR-CA ou du Château des ducs de Bretagne http://www.chateau-nantes.fr/fr/programmes/expositions/expositions_a_venir/.

Gilles Durand avec la collaboration de Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal

Le 19e Congrès National de Généalogie de Tours rappellera la mémoire commune franco-québécoise

Le 19e Congrès National de Généalogie de Tours
rappellera la mémoire commune franco-québécoise

 

Centre Internationnal de Congrès de Tours

Centre International de Congrès de Tours

Le 19e Congrès National de Généalogie aura lieu à Tours du 18 au 20 mai 2007. Cinquante-six Québécois
participeront à cette activité, qui présente en outre l’intérêt de se tenir dans une ville d’art et d’histoire, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de paysage culturel (http://tours.fr/tourisme/index ).

Les deux organisateurs du congrès, le Centre Généalogique de Touraine et la Fédération Française de Généalogie, ont préparé une programmation riche et variée tant sur le plan des conférenciers que des thèmes traités et des activités prévues.

Une conférence abordera un champ historique en plein essor, la prosoprographie, une discipline qui vise à dépasser l’étude du nom des personnes pour en reconstituer le parcours, c’est-à-dire leur origine, leurs liaisons, etc. ; dans ce cas-ci, la prosoprographie sera appliquée aux possesseurs de livres du 16e au 18e siècle.

Vingt-deux communications et huit ateliers feront le tour de questions auxquelles les généalogistes font face quotidiennement, par exemple la recherche de groupes spécifiques, les sources de première main, la transmission du savoir aux jeunes générations ou bien encore la mémoire commune franco-québécoise. Sur ce dernier point, Marcel Fournier, membre de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, et Robert Larin interviendront par un exposé en rapport avec la Touraine. Le premier livrera les résultats de ses recherches sur les racines des Français implantés au Québec au cours de la Nouvelle-France, le deuxième traitera des Français retournés dans la mère patrie après la guerre de Sept Ans. Marcel Fournier animera aussi un atelier sur un projet qu’il mène actuellement avec une équipe, « Le projet Montcalm », visant à constituer une base de données exhaustive sur les soldats morts en Nouvelle-France au cours de la guerre de Sept Ans.

Pour plus d’information, les intéressés sont invités à consulter le programme du congrès à l’adresse suivante http://tourainegenealogie.org/Congres/ProgrammeConference.pdf .

 

Gilles Durand

Les Franco-Américains rappellent le souvenir de Champlain, à l’approche des fêtes qui commémoreront le 400e anniversaire de la fondation de Québec

Les Franco-Américains rappellent le souvenir de Champlain,
à l’approche des fêtes
qui commémoreront le 400e anniversaire de la fondation de Québec

Le premier Canadien français à être nommé juge

Hugo-Adélard Dubuque (1854-1928), né à Saint-Hugues, Comté de Bagot, fit ses études au Séminaire de Saint-Hyacinthe avant d’émigrer aux États-Unis. Après avoir étudié le droit à Boston, Hugo Dubuque, établi à Fall River, MA, sera nommé, en 1911, juge de la Cour supérieure du Comté de Bristol dans lequel se trouve Fall River. Il fut le premier Canadien français à accéder à un tel poste aux États-Unis.

Commémoration du 300e anniversaire de la fondation de Québec

À l’occasion de l’inauguration de la statue de Champlain à Champlain, N.Y., le 4 juillet 1907, Hugo Adélard Dubuque fut invité à prononcer le discours d’ouverture, dont voici des extraits :

« Confondant dans un même sentiment de loyauté sincère notre amour pour la patrie de Washington et pour celle de Champlain, nous sommes ici pour rendre hommage à l’une des plus grandes figures du Nouveau Monde. Samuel de Champlain appartient à la France qui a salué son berceau, au Canada qui a recueilli ses cendres et à l’Amérique tout entière qui a été témoin de la grandeur de son dévouement, de l’héroïsme de ses exploits, et de la bienfaisante influence de son œuvre humanitaire et civilisatrice à la fois.

Franco

L’arrivée de Champlain à Québec
Crédit : Fonds Henri Beau –
Bibliothèque et Archives Canada, no d’acc 1989-517-15

Doué d’un tempérament idéal, il avait l’habileté de concevoir, le courage d’exécuter et la constance pour maintenir les plus difficiles entreprises.

En effet, n’a-t-il pas exploré et fait connaître en Europe, mieux qu’aucun autre pionnier du Nouveau Monde, la faune et la flore de cet hémisphère?

Et nous ne craignons pas d’affirmer que si, ailleurs, les rôles de soldat, d’explorateur, d’historien, d’administrateur, d’agriculteur, de géographe, de colon, de diplomate et d’apôtre étaient distribués entre plusieurs, Champlain remplit à lui seul ces diverses fonctions avec la même habileté, la même énergie et la même persévérance que s’il ne lui eut été dévolu qu’une seule de ces tâches rebutantes ou difficiles. »

Un discours remarqué

La Presse de Montréal dans son rapport sur cette cérémonie parle de la brillante allocution de l’honorable Hugo Dubuque de Fall River en citant largement son discours :

« Il était dans l’ordre des convenances. . . qu’enfin une autre statue, œuvre d’une postérité reconnaissante, vint perpétuer son souvenir sur les rives du lac magnifique qu’il a découvert, sur le sol de cette municipalité qui eut l’inestimable privilège de porter son nom illustre.

Trois siècles se sont écoulés depuis sa première exploration de l’Amérique septentrionale. De tous ceux qui ont consacré leurs efforts patriotiques à l’expansion de notre race sur ce continent il n’y en a pas un dont le nom et les œuvres rayonnent d’une gloire plus éclatante et plus méritée.

Pour nous son nom évoque toute une épopée, sa vie tout un drame, sa mémoire est toute une inspiration. »

Poétique de la commémoration du 300e anniversaire

Puis, raconte La Presse, William Chapman, présent à cette cérémonie lit lui-même ses propres vers devant le monument Champlain dont en voici deux :

« Et je l’entends qui dit : Vous êtes bien restés
Les dignes rejetons de la France chrétienne…
Il fut un précurseur, un guerrier, un apôtre!
Il fut le bienfaiteur de tout le genre humain »

Claire Quintal
Directrice fondatrice émérite
de l’Institut français de Assumption College, Worcester, MA

Un autre maillon de la chaîne qui relie le Québec à la France – Les 250e Mémoires de la Société généalogique canadienne-française

Un autre maillon de la chaîne qui relie le Québec à la France
Les 250e Mémoires de la Société généalogique
canadienne-française

La Société généalogique canadienne-française a voulu souligner d’une façon particulière la parution du 250e numéro de sa revue Mémoires (vol. 57, n° 4, hiver 2006). Elle rappelle, entre autres, le souvenir de ses collaborateurs et collaboratrices de même que la présence de ressources incontournables, tels la Maison de la Généalogie et le Centre d’archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Nous aimerions attirer l’attention du lecteur sur quelques articles et communiqués relatifs à nos origines Outre-Atlantique.

Le Fichier Origine, une banque informatisée qui s’enrichit continuellement

Dans un article intitulé Fichier Origine, Marcel Fournier fait le point sur les ajouts récents au Fichier : 60 nouveaux actes de baptême retracés en France. Le Fichier est un projet d’un grand intérêt pour nos origines françaises. Conçu sous forme de répertoire informatisé, il a pour fonction de recevoir et garder en mémoire les actes de naissance ou de baptême des émigrants français (sans exclure ceux d’autres origines) découverts régulièrement dans le cadre de recherches faites dans les archives françaises et ailleurs. En l’absence de données sur le pionnier lui-même, le Fichier offre aux chercheurs de l’information tirée d’actes de naissance, mariage ou décès (ou bien encore d’actes notariés) relatifs à sa famille immédiate, père, mère, frères, sœurs. Pour en savoir davantage sur le projet et sur ses collaborateurs, les lecteurs sont invités à se rendre à l’adresse suivante http://www.fichierorigine.com .

Quatre départements et une grande région française en lien avec nos origines

Outre un communiqué rappelant la parution récente d’un ouvrage de Marcel Fournier sur Les Bretons en Amérique française, 1504-2004, deux articles nous introduisent à quatre départements métropolitains d’où originent nos ancêtres, d’un côté celui de la Vendée, de l’autre ceux de la Corrèze, de la Haute-Vienne et de la Creuse. Bertrand Drapeau présente les résultats d’une recherche sur les membres de sa famille qui l’a amené à consulter un mémoire de maîtrise d’histoire, préparé par Isabelle Beaussy, sous le titre Les origines familiales et sociales des émigrants de Fontenay-le-Comte partis au Canada aux XVIIe et XVIIIe siècles. Sur les 58 émigrants partis de Fontenay-le-Comte pour la Nouvelle-France au 17e et au 18e siècle, Isabelle Beaussy a pu retracer des actes notariés et des actes d’état civil pour 33 d’entre eux. Par là, elle contribue à une meilleure connaissance de la famille des migrants et de leur occupation au moment du départ. Dans un texte intitulé Limousins établis au Canada aux XVIIe et XVIIIe siècles, Marcel Fournier, de son côté, fait précéder la présentation d’un répertoire de mariages d’une introduction sur les trois derniers départements mentionnés ci-dessus et, plus particulièrement, sur la ville de Limoges, capitale de la porcelaine, d’où sont partis nos ancêtres. Les résultats de ses recherches revêtent plus d’un intérêt. Sans remettre en cause l’origine urbaine des émigrants en Nouvelle-France, ils montrent, par exemple, que certains de nos ancêtres ont peut-être pu être des paysans, en mal de la vie à la campagne, qui se sont enrôlés dans les troupes de la Marine pour finalement prendre « terre et femme » en Nouvelle-France :

De ce groupe assez restreint [31 pionniers Limougeauds], on constate que 18 d’entre eux sont des militaires, principalement des soldats des troupes de la Marine. Ce phénomène peut nous surprendre. Comme le Limousin était une province assez pauvre et composée d’agriculteurs et d’artisans, il n’est pas étonnant que plusieurs fils de famille aient choisi de s’enrôler dans les troupes françaises pour sortir de leur isolement.

Ils ouvrent aussi la porte à des études plus poussées sur le système de recrutement et d’entraînement précédant l’embarquement pour la défense des colonies, par exemple la formation en milieu insulaire qui permettait sans aucun doute à la Marine de garder un meilleur contrôle sur ses apprentis soldats :

Enrôlés par les sergents-recruteurs, plusieurs Limougeauds se sont engagés pour des périodes de six ans dans les troupes de la Marine puis ont été dirigés vers l’île d’Oléron ou l’île de Ré pour parfaire leur entraînement militaire. Par la suite, ils sont envoyés dans les colonies pour assurer la défense des positions françaises dans les Antilles et au Canada.

Un département français pas comme les autres, la Guyane française

La revue signale un honneur tout particulier que vient de se mériter un historien et généalogiste bien connu, Robert Larin, pour son ouvrage Canadiens en Guyane, 1754-1805; l’auteur s’est mérité le Prix Monsieur et Madame Louis Marin de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer. L’ouvrage présente le grand mérite de nous introduire à un espace de l’État français, qui nous est beaucoup moins familier : le département de la Guyane. Ce département d’outre-mer, correspondant à une région administrative de l’Hexagone, fut le refuge d’une centaine de nos compatriotes qui ont quitté la Nouvelle-France à la suite de la guerre de Sept Ans.

Un détour qui en vaut la peine, Tourouvre au Perche

 

Maillon

Vue d’ensemble de la Maison, de zinc
et de verre, signée par l’architecte
Jacques Ferrier
Crédit : http://perche-quebec.blogspot.com/2006/10/inauguration-de-la-maison-de.html

Dans un article intitulé À la recherche de nos racines, un point de passage obligé. La Maison de l’Émigration française au Canada, à Tourouvre, un auteur français, Michel Ganivet, nous lance une invitation toute spéciale : visiter « un lieu emblématique », situé dans une paroisse du département de l’Orne, Tourouvre, d’où sont partis un certain nombre de nos ancêtres. Les visiteurs peuvent parcourir une exposition faisant revivre les péripéties de leur itinéraire depuis le port d’embarquement jusqu’à leur enracinement dans la vallée du Saint-Laurent. Ils peuvent faire des recherches sur les origines familiales et sociales des émigrants, venus du Perche, en faisant appel à une banque informatisée dont les données proviennent du Programme de recherche en démographie historique (PDRH) de l’Université de Montréal. Ils y apprennent aussi l’existence d’un programme de recherche dans les registres paroissiaux et les actes notariés, conduit par l’Université de Caen, pour découvrir les motivations de départ des émigrants et recréer le contexte économique et social passé de cette région du pays d’en face. Et, une fois à Tourouvre, pourquoi ne pas en profiter pour admirer des paysages d’époque encore visibles aujourd’hui, des maisons ou des églises fréquentées par nos ancêtres qui ont survécu au passage du temps.

Gilles Durand

Mise au point de la rédaction

Mise au point en marge de l’article
« Une population qui disparaît pour réapparaître sur fond de guerre franco-anglaise.
Les Iroquoiens dans la vallée du Saint-Laurent.
Exposition en cours à Pointe-à-Callière,
musée d’archéologie et d’histoire ».

À propos de la dernière phrase du 4e paragraphe de l’article mentionné ci-dessus, l’auteur, Roland Tremblay, de la publication, Les Iroquoiens du Saint-Laurent, peuple du maïs, nous a fait remarquer ceci :

Ce ne sont pas tous les Iroquoiens qui disparaissent, mais bien les Iroquoiens du Saint-Laurent qui se dispersent. Les Iroquoiens du Saint-Laurent ne réapparaissent pas. Il perdent leur identité culturelle propre, et se font adopter chez d’autres groupes iroquoiens, dont les Hurons et les Iroquois (Cinq Nations). Il y a une différence fondamentale, car il faut savoir distinguer les différents groupes de la famille linguistique iroquoienne. Ils ne forment pas une seule nation, mais bien plusieurs.

Nous remercions l’auteur de cette remarque. En conséquence, la 4e phrase devrait se lire comme suit : « en effet, si des membres de la famille linguistique iroquoienne disparaissent après les voyages de Cartier, d’autres réapparaîtront plus tard, mais cette fois, sur fond de guerre franco-anglaise, comme alliés des Anglais en concurrence avec les Français pour la traite des fourrures ».

Pour lire le texte intégral : Bulletin n°19 , novembre 2006

Gilles Durand

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