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Bulletin n°23, décembre 2007

Sur le chemin du Roy avec Continuité, Le magazine du patrimoine au Québec

Sur le chemin du Roy avec Continuité,
Le magazine du patrimoine au Québec

 

par Gilles Durand

Le Conseil des monuments et sites du Québec (CMSQ) a lancé à l’automne 2007 le 114e numéro de sa revue Continuité, Le magazine du patrimoine au Québec, un périodique abondamment illustré, consacré à la connaissance et à la mise en valeur de l’héritage des Québécois.

 

Un dossier consacré au chemin du Roy

La livraison du troisième trimestre aborde le dossier d’une des composantes les plus importantes du patrimoine viaire du Québec, le chemin du Roy. Bien qu’il nous soit familier, tout particulièrement depuis la visite du général de Gaulle à l’été 1967, il n’est pas rare que des personnes s’interrogent sur le pourquoi de sa dénomination plus de trois fois centenaire. En parcourant la revue, le lecteur apprendra que cette désignation tient au fait que les obligations des propriétaires riverains de participer à la construction et à l’entretien de même que de donner le terrain nécessaire relevaient d’une exigence du roi plutôt que du seigneur.

 

Les différents visages du chemin du Roy et les enjeux du futur

 

Continuité

Résidences à Château-Richer, le long du chemin
du Roy, plus tard renommé « avenue Royale »
Crédit : Wikipédia, l’encyclopédie libre

La revue nous révèle bien autre chose sur cette voie reliant Québec, Trois-Rivières et Montréal, terminée en 1737. Plusieurs auteurs de disciplines et d’expériences différentes apportent une contribution : Alain Roy, historien, Christian Morissonneau, géographe, historien et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Jérôme Vermette, agent de développement culturel au Centre local de développement (CLD) de Portneuf, Gérard Beaudet, urbaniste et directeur de l’Institut d’urbanisme de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal, et Valérie Gaudreau, journaliste. À tour de rôle, ils se relaient pour nous faire voir les acquis : le parcours réel – qui ne correspond pas nécessairement au parcours imaginé – bien souvent la portion congrue; le patrimoine domestique, religieux et industriel qui le borde, c’est-à-dire les anciennes résidences, les églises et les chapelles, les moulins à farine, etc.; le rôle joué dans le maintien de traditions encore vivantes, comme la possibilité d’achat en bordure de la route de produits de la ferme de ceux qui les cultivent, sans passer par des intermédiaires. C’est aussi l’occasion pour ces défenseurs du patrimoine de signaler les dangers que font courir, à ce qui reste du chemin du Roy, l’urbanisation et l’augmentation du trafic automobile, « chemin faisant et défaisant » comme l’écrit l’urbaniste Gérard Beaudet. Enfin, ils se font avec raison les promoteurs de projets de mise en valeur, tels des centres d’interprétation de l’histoire de cette route, la plus longue à être construite en Amérique du Nord en cette première moitié du 18e siècle, qui connut ses heures de gloire, mais aussi ses difficultés liées à l’arrivée, au 19e siècle, de la navigation à vapeur et du chemin de fer.

Faire connaître, prendre position

Outre le dossier du chemin du Roy, la revue renferme aussi quelques études sur des sujets divers, comme la restauration de la Tour Jacques-Cartier de l’Hôtel du Parlement de Québec, les valeurs véhiculées par l’escalier extérieur des résidences, etc. Elle se termine par les « Avis et prises de position » du CMSQ, une rubrique qui, malgré sa place, n’est pas moins à lire et à relire au besoin : la raison d’être de l’organisme parrain est, en effet, la prise de position sur les moyens les mieux adaptés à la conservation et à la mise en valeur des composantes essentielles de notre patrimoine.

Quelle est la place du Conseil des monuments et des sites du Québec face à la Commission des biens culturels créée dans la foulée de la Loi sur les biens culturels de 1972?

Au début du 20e siècle, les Québécois prennent de plus en plus conscience de la valeur et de l’intérêt de leur patrimoine. Le nombre grandissant de touristes, parcourant les routes du Québec à la recherche de quelque chose de différent de ce qu’ils connaissent chez eux, n’est pas étranger à cet éveil. Le gouvernement du Québec décide d’intervenir en 1922 : il adopte une législation et met sur pied la Commission des monuments historiques de la Province de Québec chargée d’inventorier et d’assurer la préservation des monuments et des objets d’art ayant un intérêt patrimonial. Au début des années 1950, la Commission voit son champ d’intervention élargi, englobant désormais des paysages, des sites présentant un intérêt scientifique, artistique ou historique, etc. À compter de 1972, la Commission perd le volet « exécutif » de son mandat qui passe aux mains du ministère des Affaires culturelles créé en 1961; désormais, elle joue un rôle conseil face à ce dernier, aujourd’hui connu sous le nom de ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.

Un organisme de défense, une revue

C’est au cours de ces années que le milieu s’organise. Jusqu’alors le patrimoine avait été beaucoup la tâche de l’État, sinon directement, du moins par le biais d’un organisme qu’il avait créé et qui lui était directement rattaché, la Commission des monuments historiques de la Province de Québec – le Conseil exécutif se réservant le pouvoir de décision –. En 1975, un organisme à but non lucratif est créé, le Conseil des monuments et sites du Québec, pour défendre la cause du patrimoine auprès des intervenants. Le CMSQ se veut un organisme rassembleur, toujours prêt à appuyer et à épauler les forces vives préoccupées de l’héritage à transmettre à la postérité. Après sept ans d’une présence active sur le terrain, en 1982, il se donne deux moyens additionnels d’assurer sa visibilité, une revue, Continuité, et une maison d’édition, les Éditions Continuité : par là, il est mieux en mesure de faire connaître ses « Avis et prises de position » et d’assurer la défense de biens patrimoniaux mis en danger par l’indifférence de la population.

Visitez le site du Conseil des monuments et sites du Québec (CMSQ)

Contribution des Mémoires de la Société généalogique canadienne-française au 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec

Contribution des Mémoires de la
Société généalogique canadienne-française
au 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec

 

par Gilles Durand

 

Un cahier complet consacré au 400e anniversaire

La Société généalogique canadienne-française (SGCF) inscrit le 253e cahier de ses Mémoires (vol. 58, no 3), dans la tradition de commémoration qui l’a guidée depuis sa création. Le moment est bien choisi. Le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec par Champlain sera bientôt à nos portes. Un événement deux fois d’envergure : il constitue à la fois les débuts de la capitale nationale et d’une présence française permanente sur le continent nord-américain. Compte tenu de l’importance de l’événement, la SGCF fait appel à ses membres, historiens et généalogistes, et à des collaborateurs externes. La revue est consacrée à faire le point sur l’acquis et sur ce qui reste à découvrir sur Champlain et sur ceux qui ont collaboré à son œuvre. Elle se termine par une compilation de la production historique sur le sujet disponible à la bibliothèque de la Maison de la généalogie.

 

 

Il reste encore des questions sans réponse à propos de Champlain

Comme spécialiste du Régime français, ayant consacré toute une carrière à l’étude et à l’analyse des sources de première main sur la Nouvelle-France, Marcel Trudel ouvre le débat. Tout en reconnaissant l’absence occasionnelle de documents originaux, il met en garde contre les mythes et les idées préconçues. Champlain avait-il en vue la fondation d’une colonie agricole ou plutôt d’une colonie commerciale et industrielle, axée sur l’exploitation des pêcheries, des fourrures et des mines; les écrits du fondateur de Québec donnent à penser qu’il avait en vue autre chose que la mise en place d’un établissement agricole et la pratique des activités missionnaires. Dans le cas de la fondation de Trois-Rivières, mériterait-il plus que la portion congrue, lui qui en a donné le mandat à celui qui est considéré comme le fondateur, Laviolette, un officier dont on n’a jamais connu le prénom, et qui lui a fourni les ressources pour ce faire. Dans le cas de la ville de Québec, Champlain n’occuperait-il pas une place trop grande en regard de celui qui en fut le supérieur, qui procéda lui-même à Paris à l’engagement de ses compagnons et qui lui fournit les ressources matérielles et financières, Pierre Dugua de Mons. N’a-t-on pas attribué trop rapidement à son épouse, Hélène Boulé, un rôle, celui d’évangéliser et d’instruire les Amérindiens, sans se questionner sur le fait qu’elle n’habita que quatre ans en Nouvelle-France, de 1620 à 1624, sur son degré de connaissance de la langue amérindienne et sur le fait qu’une fois de retour en France, elle ne semble pas avoir manifesté d’intérêt pour l’évangélisation et l’instruction des Amérindiens. Champlain est-il mu par des motifs humanitaires lorsqu’il tente – mais en vain, empêché qu’il fut par les Kirke en 1629 – d’emmener en France trois petites Amérindiennes ou veut-il plutôt suivre une coutume de courtisans d’en faire présent au roi. Comment expliquer encore que, dans son testament, Champlain ne laisse rien à Hélène Boulé, ne la mentionnant même pas. Voilà un ensemble de questions auxquelles les historiens n’ont pas encore répondu, sans compter les autres qui se posent, mais auxquelles il n’apparaît pas y avoir de réponse. C’est le cas du lieu d’inhumation de Champlain. L’incendie de l’église paroissiale de Québec en 1640, et des travaux subséquents dans le sous-sol de la basilique amenèrent fort probablement le regroupement de ses ossements avec ceux d’autres personnages dans un coffre de bois. « La boîte est encore visible aujourd’hui, mais comment identifier parmi ces ossements ceux de Champlain », écrit l’historien Marcel Trudel (p. 197).

 

 

Un cofondateur remis à l’honneur, Pierre Dugua de Mons

L’historien Marcel Trudel attire l’attention sur le peu de mention que Champlain fait, dans ses écrits et sur ses cartes, du nom de celui qui fut son protecteur et son pourvoyeur, Pierre Dugua de Mons. Bien à tort selon lui. Le jugement qu’il porte trouve écho chez l’historien Gaston Deschênes. À l’été 2007, la Ville de Québec rend un hommage particulier au protecteur de Champlain, Pierre Dugua de Mons. La plaque apposée sur le monument porte la mention « hommage », mais le discours officiel des élus municipaux le présente comme cofondateur. Des commémorations en France vont plus loin, le qualifiant de fondateur. L’historien Deschênes ne refuse pas le titre de cofondateur à de Mons, mais il ne veut rien enlever au rôle de Champlain, au minimum comme cofondateur aussi : « Les investisseurs [tel Pierre Dugua de Mons] se remplacent plus facilement que le talent [celui de Champlain] » écrit-il (p. 200). Le généalogiste Michel Barbeau accepte aussi le rôle de cofondateur attribué à de Mons. Il reconnaît cependant que des facteurs ont pu jouer dans le passé contre de Mons : le protestantisme auquel il adhérait et le fait qu’il n’ait pas laissé d’écrits sur ses réalisations.

 

 

Les deux côtés de la« peinture d’histoire »

 

Champlain

L’arrivée de Champlain à Québec,
Fonds Henri Beau
Crédit : Bibliothèque et Archives Canada, no d’acc 1989-517-15

Historienne de l’art, Hélène Lamarche traite de la nécessité de questionner un type de sources particulier, la peinture d’histoire. L’arrivée prochaine du 400e anniversaire se prête bien au choix d’un tableau abondamment utilisé, du moins appelé à le devenir, celui d’Henri Beau préparé à l’origine vers 1902, présentant l’arrivée de Champlain. Répondant à une commande du gouvernement du Québec, l’artiste peint une œuvre donnant à penser que l’arrivée de Champlain en 1608 constitue un événement donnant le coup d’envoi d’un mouvement colonisateur : un navire, accosté au port de Québec, sur lequel nous pouvons voir Champlain, des membres d’équipage, des missionnaires, une femme tenant un enfant dans ses bras, etc. Mais comment expliquer que le navire de Champlain, le Don-de-Dieu, ne dépasse pas dans les faits Tadoussac, que le trajet se fasse en barques sur le reste du parcours et que le fondateur ne semble accompagné à son départ de Honfleur que d’engagés, sans femmes, ni enfants. Beau voulait-il peindre plutôt l’arrivée de Champlain en 1633. Comme l’écrit l’auteure, « L’histoire, tout comme la généalogie, se nourrit de faits, mais cela n’empêche pas de rêver un peu… » (p. 259).

 

 

Les sources originales permettent de faire des découvertes

Par bonheur, les sources d’époque ne manquent pas. Elles ont été utilisées et ont stimulé une production historique remarquable, il faut le reconnaître. Par contre, tous leurs secrets n’ont pas été épuisés. Pour permettre un meilleur cadrage des travaux futurs, Marcel Fournier dresse d’abord la chronologie des voyages et des traversées de Champlain. Il se consacre par la suite, avec la collaboration du généalogiste Jean-Paul Macouin, à localiser, avec relativement de précision pour l’époque, les lieux de résidence de Champlain dans le vieux Paris : pour ce, il analyse soigneusement les contrats du Minutier central des notaires de Paris auxquels Champlain est partie. Exploitant toujours cette même source, Jean-Paul Macouin retrace, de son côté, pour le plus grand bénéfice des lecteurs de la revue, les contrats de 18 des 27 compagnons de Champlain qui ont fait la traversée avec lui – les engagements ont tous été faits par Pierre Dugua de Mons –. Ni Champlain, ni Pierre Dugua de Mons – qui n’est jamais venu à Québec de toute façon –, ni aucun des premiers hivernants n’ayant laissé de descendants, la généalogiste Denise Gravel prend, quant à elle, la responsabilité de faire le lien avec l’enracinement des Français en Amérique du Nord. Elle nous présente une liste des familles pionnières, débutant en 1617 avec Louis Hébert et Marie Rollet pour se terminer en 1636. Le lecteur y trouvera une information de base qui tient compte des recherches les plus récentes en généalogie.

Le présent numéro constitue un apport significatif à la mémoire du 400e anniversaire de la fondation de Québec. C’est un ouvrage à garder à portée de la main pour les célébrations et les festivités qui s’annoncent.

Bulletin n°23, décembre 2007

 

Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

 

1. Vie associative et des partenaires

2. Grands dossiers de la Commission

3. En marche vers le 400e anniversaire de la ville de Québec

4. Expositions, colloques, conférences et activités publiques

 

5. Archéologie et patrimoine

6. Archives

7. Commémoration, généalogie et toponymie

8. Histoire

9. Jeunesse

10. Suggestions de lecture

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