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Bulletin n°26, septembre 2008

Bulletin n°26, septembre 2008

 

Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

 

1. Dossier thématique

 

2. Grands dossiers de la Commission

 

3. Québec 2008, Histoire et Mémoire communes

 

4. Expositions, colloques, conférences et activités publiques

 

5. Commémoration, généalogie et toponymie

 

6. Suggestions de lectures

 

7. Prix et distinctions

 

8. La langue française, premier lieu de mémoire commun

Un nouveau site Web pour la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

Un nouveau site Web pour la Commission franco-québécoise
sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

 

par Gilles Durand et Madeleine Côté

Le site Web de la Commission fait peau neuve pour vous en offrir davantage. Il adopte une esthétique plus moderne et une allure plus dynamique. Vous êtes convié à une visite pour vous familiariser avec ses nouveautés.

Vous y découvrirez une page d’accueil réaménagée afin de faciliter le repérage des contenus et la navigation. Vous serez régulièrement tenus à jour des nouveautés dans la section Quoi de neuf? qui fait le pont entre le quotidien des lieux de mémoire et le bulletin électronique trimestriel Mémoires vives, transmis gratuitement, à partir d’une liste d’envoi, à tous les intéressés.

Vous pourrez prendre connaissance des collaborateurs de la CFQLMC (Bottin des membres, Répertoire de personnes-ressources, Comités), autant de spécialistes et de fins connaisseurs de leur domaine de recherche et d’activités, qui pourront à l’occasion épauler une de vos initiatives reliées à la mémoire.

Vous serez redirigés vers le site de nombreux partenaires (Sites d’intérêt) qui poursuivent un mandat connexe à celui de la CFQLMC, sur lesquels vous trouverez peut-être des ressources susceptibles de faire avancer un projet qui vous tient à cœur.

Vous aurez à portée de la main des ressources documentaires et archivistiques à jour (Documentation, Archives) pour enrichir et maintenir vivante la mémoire de la communauté au sein de laquelle vous œuvrez.

Visitez notre nouveau site Web et faites-nous part de vos commentaires, cela nous permettra de l’améliorer en fonction de vos intérêts.

Profitez également de l’occasion pour référer ce site à un ami en lui faisant parvenir une carte postale de notre module de Cartes postales virtuelles.

Transmettez-nous l’adresse de courriel de vos amis qui pourraient être intéressés à recevoir notre bulletin, diffusé gratuitement sur le Web.

Bonne visite!

L’Équipe de rédaction

Calendrier des événements organisés en France et au Québec pour célébrer le 400e anniversaire de fondation de Québec

Calendrier des événements organisés en France et au Québec
Pour célébrer le 400e anniversaire de la fondation de Québec

 

Avec la rentrée des classes et le retour des étudiants dans les universités, on ne s’étonnera pas que le calendrier des événements reliés au 400eanniversaire ait une couleur plus académique et universitaire, l’aspect festif ayant dominé les activités estivales. Un certain nombre d’événements lancés dès le début de l’année 2008 se poursuivent : c’est le cas de plusieurs expositions dans les musées tant au Québec qu’en France. Au Québec, plusieurs grands événements vont également marquer l’automne 2008 avec en particulier la visite officielle du président de la République française dans le cadre du sommet de la francophonie.

 

SEPTEMBRE 2008

 

Dévoilement d’une fresque murale dédiée au 400e anniversaire de la fondation de Québec

Septembre (dates à confirmer) – Lyon

Régions Rhônes-Alpes

http://www.capitale.gouv.qc.ca/realisations/les-fresques/fresque-la-cite-ideale-de-quebec.html

Sensibilisation à l’histoire du Québec dans les écoles primaires françaises

Septembre 2008 – écoles des régions participantes

Association France-Québec

www.francequebec.fr

Commémoration d’une place nommée Louis Franquet , ingénieur du Roi (1697-1768) suivie d’une conférence sur l’histoire du Québec

13-14 septembre 2008- Condé-sur-L’Escaut

Association Cambrésis-Hainaut-Québec

www.chquebec.fr

Pèlerinages des familles souches dans le Vieux-Québec

Du 2 septembre au 28 novembre 2008

Visite de cinq lieux de mémoire religieux du Vieux-Québec

Fédération des familles souches du Québec

Église catholique de Québec paroisse Notre-Dame de Québec

49e Congrès eucharistique international de Québec

www.ffsq.qc.ca

*Production du Théâtre du Trident : – Marie de l’Incarnation ou la déraison d’amour

16 septembre au 11 octobre 2008, Grand Théâtre de Québec

Société du 400e

www.monquebec2008.com

Exposition Peurs Bleues au Muée Ramezay (se termine le 19 octobre 2008)

Musée du Château Ramezay

Co-production avec La Corderie Royale de Rochefort

 

Exposition France-Nouvelle France, la naissance d’un peuple français en Amérique (se termine le 12 octobre 20080

Musée de Pointe-à-Callière

 

 

Exposition François premier évêque de Québec ( se termine le 22 mars 2009)

Musée de l’Amérique française

Champlain retracé, une œuvre en trois dimensions (se termine le 31 décembre 2008)

Centre d’interprétation de la Place Royale

 

 

OCTOBRE 2008

 

Les rendez-vous de l’Histoire de Blois : Le Québec, invité d’honneur à Blois dans le cadre du 400e

9-19 octobre 2008- Blois

Les Rendez-vous de l’Histoire de Blois

Avec la collaboration de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

 

Journées inaugurales des restaurations de tableaux de la chapelle Saint-Michel dédiée à Marie-Guyard, à l’occasion de l’anniversaire de naissance de Marie Guyard (28 octobre 1599) ; conférences sur les secrets et symboles de la peinture au XVIIe siècle.

24-25 octobre 2008- chapelle Saint-Michel à Tours

Association Touraine-Canada

Association Marie Guyard

 

Lancement de la collection de 12 livrets répertoriant « ces villes et villages de France, berceau de L’Amérique française » réalisés par les bénévoles des Associations régionales de France-Québec en partenariat avec la Commission franco-québécoise des lieux de mémoire

Séminaire sur le thème La mémoire au regard de l’Histoire

Concert baroque « La musique au temps de Champlain»

Exposition sur des documents d’archives d’époque de la Nouvelle-France

23-24-25 octobre 2008- Aix-en-Provence

Association Terres-de-Provence-Québec

Association France-Québec

Commission franco-québécoise des lieux de mémoire en commun

 

 

Sommet de la francophonie 18-19 octobre 2008

Inauguration du Centre de la francophonie des Amériques

 

61e Congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française

23-25 octobre 2008 – Québec

Institut d’histoire de L’Amérique française

Département d’histoire – CELAT, Université Laval

www. com.org/ihaf/

 

 

Congrès du 65e anniversaire de la Société généalogique canadienne-française sous le thème : De Champlain à Montcalm : Mémoire de la Nouvelle-France

23-25 octobre 2008 – Montréal

Société généalogique canadienne française

www.sgcf.com

SURVEILLEZ LES MISES À JOUR DE CE CALENDRIER

Un nouveau guide à caractère culturel : Vues du Québec

Un nouveau guide à caractère culturel : Vues du Québec

 

par Gilles Durand

Les Publications Québec français viennent de lancer un nouvel ouvrage, Vues du Québec. Un guide culturel. Comme le surtitre « Un guide culturel », l’indique, l’ouvrage veut faire connaître davantage la dimension culturelle du Québec. Le contenu est organisé de façon à présenter la culture québécoise actuelle et à la situer à la fois dans l’espace, capitale, métropole et régions, et dans le contexte politique et social du Québec dans son ensemble.

Le guide, abondamment illustré, a été préparé sous la direction d’Aurélien Boivin, Chantale Gingras et Steve Laflamme. Il comprend 54 études regroupées en trois parties, rédigées par une cinquantaine de collaborateurs, tous spécialistes et connaisseurs du sujet dont ils traitent, au total 267 pages.

La première partie, titrée « Portraits de société », laisse découvrir, par le biais de 14 études, le Québec dans son ensemble, plus particulièrement :

    • Son évolution générale depuis la Nouvelle-France, faite de quête, conquête et finalement de reconquête

    • Ses habitants, des descendants de Champlain, mais aussi des membres des Premières Nations, des nouveaux arrivants avec leur propre culture et leur vision des choses, bref une société beaucoup moins « tricotée serré » que nous sommes portés à l’imaginer;

    • Son système politique et scolaire, entre autres l’inscription à l’école française et l’enseignement du français;

  • La vision que les Québécois ont du français, une vision teintée d’une certaine fierté, mais aussi, pour d’autres, d’idées héritées du passé.

La seconde partie, le cœur de l’ouvrage, titrée « Parcours culturel », est consacrée à la culture du Québec d’aujourd’hui. Vingt-deux chapitres l’abordent à partir de ses principales manifestations : la peinture, l’architecture, le roman, l’essai, le théâtre, la poésie, la chanson, le conte, la bande dessinée, la littérature de jeunesse, le cinéma, et, des éléments parfois oubliés, le sport, la gastronomie et la mode. De l’ensemble de ces études, le lecteur ne peut manquer de dégager certaines constatations :

    • Les écrivains et les artistes font preuve d’engagement envers la culture française, son véhicule d’expression, la langue, de même qu’envers le patrimoine. Ils concilient la défense de la cause nationale avec un désir d’autonomie face à la mère patrie, la France;

  • Ils font preuve d’attachement à de nouvelles réalités et valeurs, à la société telle qu’elle se présente avec ses beautés et ses laideurs, à l’idéologie individualiste – non sans exclure cependant leur regroupement en réseau et des démarches collectives ––, de même qu’à des causes, l’environnement, dont la mobilisation prend une envergure internationale.

La troisième partie, titrée « Tour du Québec », développe deux thèmes de la première étude de la seconde partie : d’un côté la concentration des industries culturelles et des grands médias dans la métropole, de l’autre la diversité et la qualité des produits culturels et artistiques en région. Par le biais de 18 chapitres, un pour chacune des régions du Québec, elle présente les réalités régionales, certaines bien connues des touristes, d’autres perceptibles seulement au visiteur qui sait prendre le temps et prêter une oreille et un œil attentifs. Le lecteur fera des découvertes, à l’occasion surprenantes :

    • Les marques laissées par l’histoire sur « les côtes », tel le régime seigneurial, une vieille église paroissiale, un moulin, un manoir;

    • La géographie de la région, son arrière-pays, les principaux pôles de l’économie, pêche, forêt, tourisme, activités de loisirs;

    • Des artistes qui savent montrer leur savoir-faire ou chanter leur coin de pays, romancier, peintre, sculpteur, poète, etc. Et parmi eux, les gens qui habitent la région depuis toujours, présentant des traits culturels et sociaux particuliers dont l’éloignement des grands centres s’est fait le protecteur;

    • Des équipements culturels, musées à l’occasion porte-étendards de la muséologie moderne, salles de spectacle, sociétés d’histoire, centres d’exposition;

  • Des événements qui ponctuent les saisons et des manifestations culturelles, carnavals, festivals de musique, spectacles, constituant à l’occasion une invitation à renouer avec l’histoire de la Nouvelle-France.

Le présent guide s’adresse autant aux spécialistes de la littérature qu’au grand public, aux lecteurs québécois qu’aux lecteurs étrangers. L’ouvrage est bien présenté et de lecture agréable. Il est conçu – et c’est là une caractéristique importante – autant comme compagnon d’un voyage à travers le Québec que comme guide en bibliothèque. Comme compagnon de voyage, il possède le mérite de laisser découvrir des aspects plus cachés des richesses régionales, celles qui apparaissent moins souvent dans les publications sur le marché, et qui demandent, pour se laisser découvrir, que le voyageur soit plus qu’un consommateur pressé d’activités à caractère commercial. Comme guide en bibliothèque, la présente publication suggère des ouvrages additionnels à parcourir au lecteur qui veut approfondir les manifestations artistiques brossées à grands traits dans le guide.

Pour commander, utilisez le bon de commande ci-joint.

Le 28e Congrès international des sciences généalogique et héraldique : des pistes pour de nouvelles découvertes

Le 28e Congrès international
des sciences généalogique et héraldique :

des pistes pour de nouvelles découvertes*

 

par Gilles Durand

 

Le 28e Congrès international des sciences généalogique et héraldique s’est déroulé du 23 au 27 juin 2008 sur le thème de la rencontre entre l’Ancien et le Nouveau Monde : quête ou conquête. Tout avait été prévu par la Fédération québécoise des sociétés de généalogie et par la Société de généalogie de Québec, cette dernière maîtresse d’œuvre de la rencontre, pour faire de l’événement un succès. Le Comité organisateur du 28e congrès mérite les félicitations de tous les participants.

La conférence d’ouverture donne le coup d’envoi en traitant des nouvelles appartenances

Le président des comités scientifiques du 28e congrès, Jacques Mathieu, présente le nouveau contexte dont devront tenir compte les congressistes en participant aux conférences et aux exposés en atelier. Les appartenances actuelles ne sont plus celles d’autrefois. Le groupe social prend le pas sur la nation. La lignée se substitue à la terre ancestrale; le fondateur de la lignée a préséance sur le héros. La primauté est accordée à l’individu et à son droit de savoir, de connaître ses ancêtres, fussent-ils esclaves, prisonniers, réfugiés, enfants abandonnés, métis, membres d’une communauté en situation minoritaire. D’où, en contrepartie, la nécessité de baliser ce droit face aux développements technologiques, aux recherches en génétique et aux analyses d’ADN.

Un bilan de recherches en histoire et en généalogie

Au nombre des nombreuses et enrichissantes présentations, mentionnons l’exposé sur le projet de 12 livres consacrés aux grandes régions de France et à leur patrimoine, d’où sont partis des pionniers qui se sont démarqués en Nouvelle-France. Chaque guide, coiffé du titre général Ces villes et villages de France, …berceau de l’Amérique française suivi du nom de la région, décrit, cartes géographiques à l’appui, des localités et des communes, situées non loin de la mer, en bordure d’un grand fleuve, etc. qui ont conservé un lien étroit avec l’Amérique française, en raison d’un personnage illustre qui y a habité et des traces qu’il a laissées dans le paysage. Conçu en fonction d’un territoire précis, le guide permet à tous ceux désireux de connaître leurs origines, d’emprunter des itinéraires culturels et touristiques. Déjà, le premier de ces guides, faisant connaître la région Provence-Alpes-Côte d’Azur– Languedoc-Roussillon, est terminé, et la collection sera lancée officiellement à Aix-en-Provence en octobre 2008.

L’héraldique comme discipline à découvrir ou à redécouvrir pour ce qu’elle est

Individus, associations de nature privée, États ont très tôt reconnu l’importance des symboles héraldiques comme éléments de cohésion dans une famille comme dans une communauté. Au temps de la Nouvelle-France, la royauté française ne manquait pas de récompenser et de s’attirer l’appui des grandes familles; le premier archiviste du Québec, Pierre-Georges Roy, a produit d’ailleurs un inventaire de tels faveurs accordées, intitulé Lettres de noblesse, généalogies, érections de comtés et baronnies insinuées par le Conseil souverain de la Nouvelle-France.

Plus près de nous, dans le cas du Canada, l’autorité héraldique passe après 1760 du souverain français au pouvoir royal britannique qui, en 1988, délègue son autorité au gouverneur général. Ce dernier s’en remet alors à un bureau, l’Autorité héraldique du Canada, dont un des principaux fonctionnaires est le Héraut d’armes. Il revient au Héraut de concéder officiellement des armoiries, de reconnaître les emblèmes qui lui sont présentés et de tenir registre, le Registre public des armoiries, drapeaux et insignes du Canada.

Quant au Québec, ses symboles, drapeau, emblèmes, armoiries, reflétant les différents régimes politiques que son territoire a connus depuis la Nouvelle-France jusqu’à aujourd’hui, sont régis par la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec de même que par règlement d’application.

De nouvelles bases de données pour identifier les ancêtres

Pour combler les besoins des chercheurs en généalogie, le 28e congrès a permis de faire des annonces fort prometteuses. Les répertoires informatisés déjà accessibles sur Internet s’enrichissent continuellement de nouvelles données; de nouveaux outils sont créés. Mentionnons, entre autres, la base BMS 2000 (baptêmes, mariages et sépultures), projet coopératif de mise en commun de données généalogiques de 23 sociétés de généalogie du Québec; la base couvre le Québec et ses environs du 17e au 20e siècle et compte plus de sept millions de fiches BMS. De même, le Fichier Origine qui fête cette année son 10e anniversaire; deux fois par année, sont ajoutés des noms d’émigrants français et étrangers, établis au Québec des origines à 1865, dont l’acte de naissance ou de baptême ou l’équivalent est retracé dans leurs pays d’origine — le répertoire renferme 5 005 entrées à l’heure actuelle. D’autres bases verront le jour dans un avenir plus ou moins rapproché. L’une, prévue pour 2009, fera sortir de l’ombre les quelque 7 100 soldats des troupes françaises venues combattre en Amérique entre 1755 et 1760; pour chaque militaire, elle permettra, en regard de son nom, de suivre son parcours personnel depuis son engagement en France jusqu’à son décès.

En terminant, rappelons l’intérêt de la présentation de L’inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France. La base de données vise à mettre en ligne, tant pour la France que l’Amérique du Nord, l’ensemble des traces matérielles et mémorielles associées à l’expérience coloniale française — bâtiments, sites archéologiques, monuments, plaques, etc. La base couvre à l’heure actuelle la région Poitou-Charentes et les provinces canadiennes, mais des démarches ont été entreprises pour l’étendre à d’autres régions françaises et aux États-Unis

Conclusion

Les nouvelles connaissances continuellement mises à jour par la généalogie, l’héraldique et les sciences humaines et sociales, les avancées de la technologie et des sciences de la santé apparaissent donner à la recherche généalogique une ampleur qu’elle n’aurait jamais pu atteindre laissée à ses propres moyens. Dans un tel contexte, deux questions ne pouvaient pas ne pas être débattues lors du congrès : la raison d’être et l’avenir des sociétés de généalogie de même que le droit de la personne au respect de sa vie privée. À la première question, les participants à un atelier n’ont pas hésité à reconnaître le rôle indispensable du milieu associatif pour la formation et l’information de ses membres, pour l’organisation de rencontres d’échanges, pour la préparation d’une revue de qualité qui assure une certaine permanence aux informations transmises verbalement, de même que pour la préparation de bases de données. La deuxième question s’est révélée plus complexe, inquiétante éthiquement face à toutes ces banques de données dont les développements de la technologie donnent naissance en nombre croissant. Le droit de savoir doit être concilié avec le respect de la vie privée : les balises doivent être établies en se laissant guider par le fait que tout individu est un être humain à part entière et qu’il doit être considéré à partir de « ce qu’il est » plutôt qu’à partir de « ce qu’il a ».

*N.B. Le présent texte est constitué d’extraits d’un bilan plus complet qui vient de paraître dans la revue québécoise L’Ancêtre de la Société de généalogie de Québec, no 284, vol. 35, automne 2008, p. 17-24,et à paraître sous peu dans la revue française Votre généalogie.

Ces villes et villages de France, berceau de l’Amérique française

Ces villes et villages de France, berceau de l’Amérique française

 

villes villages france

En partenariat avec la CFQLMC et France-Québec, Terres de Provence-Québec organise deux journées d’Histoire et Mémoire à l’Université de Provence (à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, MMSH), ponctuées par une Soirée de Gala le samedi 25 octobre, auxquelles sont conviés tous ceux qui œuvrent à faire connaître le Québec d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que le public du Pays d’Aix et de la Région, afin que tous partagent cet anniversaire exceptionnel avec leurs cousins d’Outre Atlantique.

Ces villes et villages de France, berceau de l’Amérique française : programme du lancement mis à jour (format PDF)

 

La Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants : deux nouvelles contributions aux lieux de mémoire franco-québécois, des choix pertinents

La Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants : deux nouvelles
contributions aux lieux de mémoire franco-québécois,
des choix pertinents

 

par Gilles Durand

 

revue cap

La Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants peut être fière de la contribution qu’elle a apportée avec ses deux dernières parutions soignées et abondamment illustrées, l’une consacrée aux lieux de mémoire (no 93), l’autre aux 400 ans d’histoire politique du Québec. À son invitation, plusieurs auteurs chevronnés de différents milieux, institutions, universités, bibliothèques, archives, musées, patrimoine, ont pris la plume pour célébrer à leur manière le 400e anniversaire de la fondation de Québec.

 

Pour demeurer vivante, la mémoire d’un peuple a besoin de repères. Grâce aux inventaires, le lecteur visite les vestiges archéologiques des édifices qui ont logé une des principales institutions de la Nouvelle-France, les châteaux Saint-Louis (no 93, p. 15-20). Il peut apprécier davantage l’hôtel du Parlement et les bâtiments qui l’entourent, le patrimoine bâti de la haute-ville entourée de remparts, celui de la basse-ville avec sa place du marché. Il peut apprivoiser le « génie du lieu » (no 93, p. 25-43), l’adaptation de ses habitants aux impératifs de la géographie, de la défense et de la disponibilité des ressources naturelles pour l’organisation de l’espace et l’habitat. Le lecteur ainsi se familiarise davantage avec des lieux de mémoire à caractère identitaire fort, en saisit le sens et peut scruter le processus, parfois échelonné sur plusieurs années, qui a conduit à leur création.

 

Le lecteur peut peut-être redécouvrir un projet en cours qui déjà présente plus d’un intérêt, celui des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec. Remémorant des activités liées à leur vie monastique et à l’exercice de leur profession auprès des malades, les religieuses témoignent, à travers leur couvent, leur hôpital, leur mobilier et leurs objets muséologiques, de leur implication soutenue dans le soulagement de la maladie à l’intérieur des murs de la ville (no 93, p. 21-24).

 

De même, le parc Montmorency, créé d’abord sous le nom de parc Frontenac et inauguré à l’occasion du 3e centenaire de Québec en 1908, renferme des repères, plaques, croix et monument, qui reflètent nos origines : Louis Hébert et la première concession de terre, l’ancien palais épiscopal qui fut aussi le siège de l’Assemblée législative, le cimetière des premières familles pionnières (no 93, p. 45-48). Sur les plaines d’Abraham, la création du parc des Champs-de-Bataille, issue du besoin de se souvenir des combattants de 1759 et de 1760, se signale par un long processus de négociations, par des ententes avec des parties enracinées depuis les tout premiers débuts de la Nouvelle-France et par des repères mémoriels (no 93, p. 49-51).

 

À l’été 2008, la promenade Samuel-De Champlain, nouveau boulevard au cœur d’un parc linéaire de 2,5 kilomètres, est inaugurée. L’aménagement, redevable à une initiative de la Commission de la capitale nationale du Québec, fait appel à la toponymie et à l’odonymie pour rappeler la présence des Amérindiens sur les berges du Saint-Laurent, l’entreprise missionnaire des Jésuites à Sillery et l’importance du fleuve dans la construction de l’empire français en Amérique du Nord (no 93, p. 52-55).

 

Outre les biens mobiliers et immobiliers, les œuvres d’art font partie des chaînons reliant le Québec à la France. La décoration de l’hôtel du Parlement l’illustre bien sur le plan religieux : sur la façade sept statues de bronze sur 26 représentant des religieux, sur les boiseries intérieures blasons et armoiries portant trace de congrégations religieuses, de prélats ou de membres du clergé, tableau au plafond de la salle de l’Assemblée et vitrail dans la salle des drapeaux au pied de la tour sur lesquels la croix est bien présente, crucifix au-dessus du trône de l’orateur. L’ensemble constitue un bel alliage de la représentation du développement du Québec ancien, incluant un rappel éloquent du lien entre la réalité religieuse et la réalité politique pendant une longue partie de notre histoire (no 94, p. 61-64).

 

Le lecteur s’enrichit aussi à décrypter d’autres messages, entre autres ceux du patrimoine immatériel. Le moment de retrouvaille de la France et de son ancienne colonie, vécu lors des célébrations, en 1934, du 400e anniversaire de l’arrivée de Jacques Cartier, a donné lieu à l’expression d’une identité ambigüe, caractérisée par un attachement à la France et par un loyalisme envers l’empire britannique (no 94, p. 28-30). De même, l’expression langagière, la « vieille capitale », a longtemps perpétué le souvenir du temps où Québec était la capitale d’un empire mis sur pied à compter du 17e siècle (no 94, p. 20-22). De son côté, l’Assemblée nationale a reconstitué, édité, enregistré et déposé sur son site Internet, des débats qui témoignent, à travers les préoccupations de ses membres face au devenir de la société québécoise, d’un attachement profond à l’héritage français (no 94, p. 52-60).

 

Cette brève présentation des deux derniers numéros de Cap-aux-Diamants, qui ouvrent à l’occasion la porte à un parcours imaginaire, n’entend pas épuiser l’intérêt des études qu’ils renferment. Nos lieux de mémoire, l’emplacement de la capitale, l’histoire politique du Québec, la vision de nos dirigeants sur le rôle de l’État remémorent autant de sujets à apprivoiser davantage.

 

Visitez le site Web de la Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants

 

Contes et légendes du Québec et de l’Amérique française : deux publications

Contes et légendes du Québec et de l’Amérique française :
deux publications

 
par Gilles Durand

 

Deux publications, parues récemment en 2008, permettent d’apprivoiser davantage l’univers des contes et des légendes du Québec et de l’Amérique française, une littérature orale d’origine française, d’abord transmise de bouche à oreille et riche de repères de mémoire communs aux Québécois et aux Français.

 

Légendes de l’Amérique française

Le premier ouvrage, titré Légendes de l’Amérique française, une plaquette qui a pour auteur Jean-Claude Dupont (Sainte-Foy, Québec, Éditions J.-C. Dupont, 66 pages), met en valeur 25 légendes, accompagnées d’illustrations suggestives, recueillies aux quatre coins de l’Amérique française. La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs a apporté son support à la publication de ce recueil. Celui-ci reprend le contenu d’une exposition déjà présentée et valorise par là une portion de notre patrimoine immatériel abondant, mais encore peu étudié. Les légendes recueillies partagent plusieurs caractéristiques en commun : l’emprunt à la mythologie, le culte du héros, le recours à des forces physiques et spirituelles. Par exemple, la chasse-galerie peut emprunter, comme véhicule de déplacement des voyageurs dans le firmament, le tronc d’arbre (Île-du-Prince-Édouard), le canot et, au 20e siècle, le train, l’avion ou l’autobus sans toit (Massachusetts), mais toujours la fête est au rendez-vous et le moyen de transport sous l’emprise du sorcier. Par contre, les légendes diffèrent aussi en fonction de leur contexte historique et géographique. Elles sont autant diverses et variées que les groupes qui les construisent, portant par là la marque de particularités économiques et sociologiques.

En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, c’est l’époque du grand dérangement : une église abandonnée se prête au pillage, une population en marche vers une nouvelle terre d’accueil trouve miraculeusement de quoi se sustenter. Au Québec, la construction d’un pont pour enjamber une rivière, la recherche de bois de chauffage peut engendrer plus d’un conflit que le diable tente de solutionner. Au Manitoba, ce sont les grandes plaines qui facilitent la chevauchée du «°cheval blanc°». En Saskatchewan, les horizons sans fin des territoires de chasse provoquent l’isolement du trappeur et parfois une séparation définitive de sa fiancée. En Colombie-britannique, des navires d’un autre continent accostent sur la Côte du Pacifique, le marin français a parfois à faire face et à vaincre l’étranger. Du côté américain, dans le Michigan, dans le Vermont, c’est l’attrait des chantiers forestiers, l’occasion pour les Canadiens de faire des démonstrations de force.

 

« Le conte et la légende au Québec » dans Québec français, no 150, été 2008

Le deuxième ouvrage, le dernier numéro (150, été 2008) de la revue Québec français dirigée par Aurélien Boivin, a été consacré en partie au développement du thème du conte et de la légende au Québec. La coordonnatrice du dossier, Chantale Gingras, a su s’est entourer de collaboratrices et collaborateurs passionnés par leur métier, pour livrer des études dont l’ensemble forme une information abondante, riche et diversifiée sur le sujet. Carole Saulnier brosse l’historique des Archives de folklore et d’ethnologie de l’Université Laval, leur naissance sous l’impulsion de Luc Lacourcière, leur expansion à l’époque de la Révolution tranquille, leur contenu (contes, légendes, chansons, musique, entrevues sur les métiers, les costumes, etc.), les défis actuels occasionnés par le passage du support analogique au support numérique, leur clientèle qui ne se tarit jamais. Bertrand Bergeron présente les légendes au Saguenay – Lac-Saint-Jean, leurs particularités par rapport à d’autres régions, par exemple l’absence des diables constructeurs de ponts. Il aborde leur évolution dans le temps, les légendes abandonnant leur allure traditionnelle pour revêtir un caractère urbain, témoignant par là des nouvelles peurs et angoisses des collectivités qui les portent (présence de l’étranger, etc.). Geneviève Ouellet revient sur le lien entre le légendaire et la géographie, celle de la Côte-du-Sud port-jolienne, les légendes prenant racine en symbiose avec le fleuve, par exemple le phare du Pilier de Pierre mettant à l’épreuve l’endurance du gardien, la Coureuse des grèves à la recherche des marins qui viennent faire escale, ou bien encore la tempête balayant avec furie l’anse, où des riverains se sont réfugiés, avec ses conséquences désastreuses. Arleen Thibault et Chantale Gingras introduisent dans l’univers de la conteuse et du conteur, autant de calibre professionnel qu’amateur (ou qui se considère tel) : leurs sources d’inspiration, mémoires des anciens du village, bibliothèques, archives de folklore, corpus des contes et légendes du monde entier, réactions du public, mais aussi et beaucoup la part qui relève de leur créativité personnelle. De leur côté, Petronella van Dijk et Christian-Marie Pons traitent de la diffusion du conte et de la légende à travers ses lieux d’expression (festivals, soirées, cercles, etc.) et par le biais du monde de l’édition capable de concilier le support traditionnel avec la nouvelle technologie. Enfin, d’autres auteurs apportent leur contribution en traitant de l’imaginaire algonquien (Rémi Savard), de la relation conte-narrativité (Jennyfer Collin), du phénomène des contes urbains (leur mise en scène – Yvan Bienvenue) et de la production des maisons d’édition (Isabelle Péladeau).

Qu’est-ce qui fait chanter le Québec ?

Qu’est-ce qui fait chanter le Québec ?*

 

par André Gaulin

 

Un peu comme les Italiens, les Québécois aiment chanter. Laissez-les quelques heures ensemble et vous aurez une chorale ! Ce goût du chant, ils le tiennent beaucoup de la tradition orale qui a marqué leur histoire. Les Québécois sont nés de mères qui chantaient, comme Fabiola, mère de Félix Leclerc, qui nous le rappelle dans sa chanson «les Soirs d’hiver» où sa «mère chantait ° Pour chasser le diable qui rôdait». Avec sa famille enclose dans la maison, il chante aussi le père, comme le Samuel de Maria Chapdelaine, quand la poudrerie qui souffle l’empêche d’amener les siens à la messe de minuit. Ainsi que le rappelait Louis Hémon, leurs ancêtres avaient apporté de France leurs chansons, une manière de garder quelque chose de la patrie quittée, comme une chaleur au cœur. Dans les folklores connus de mémoire, c’était Saint-Malo ou La Rochelle, beaux ports de mer, ou Fougères et la Bretagne, ou Avignon et son pont, ou Bordeaux encore attaqué par les Anglais. Ces textes témoignaient des us et coutumes dont celui de la bonne chère, «pâté si grand» de Rouen, soupe à l’oignon de Charenton, vie dure des cantonniers de Louviers, passage en sabots par la Lorraine et ce détour obligé, pour vider la bouteille, par Paris où «y a-t-une brune plus belle que l’amour» ! Quand le poète Octave Crémazie, exilé à Paris, écrit au lettré Henri-Raymond Casgrain, il suppose que le coureur des bois de chez lui chante pour oublier qu’il est si seul qu’il veut entendre sa voix. Le Gilles Vigneault des «Gens de mon pays» s’en souviendra quand il décrit ses compatriotes comme gens de parole qui parlent pour s’entendre, avant de parler pour parler !

 

Chanter, le cœur dans la mémoire.

 

C’est tout dire de cette fidélité des Québécois à la mémoire profonde des provinces «françoyses» et de leurs capitales ou quais d’embarquement. Beaucoup d’anciens d’hier, dans les campagnes des régions québécoises et même les villes, étaient des anthologies vivantes du répertoire ancien : il suffisait de leur fournir «le petit boire» pour que le récital s’allonge. Avec l’ajout d’un violon, instrument national, les pieds entamaient la gigue et dansaient le cotillon. Puis tantôt, à voix nue, dans la relâche de l’essoufflement, une grand-mère réunirait toutes les générations de la soirée qui écouteraient le moyen âge et la complainte du Roy Renaud de guerre venant, «tenant ses tripes dans ses mains»! C’est tout ce patrimoine chanté qui résiste à l’oubli dont témoignent les Archives de folklore de l’université Laval où quelque 1500 enquêteurs ont fait don de leurs fonds. Toute cette mémoire marquera diversement des chansonniers à venir qui en garderont la rythmique, laquelle influencera aussi l’intonation du langage et même la poésie.

 

Ainsi donc, longtemps le folklore et la chanson québécoise ont fait route ensemble, pratiquement jusque vers 1930 quand arrive la première chansonnière Mary Travers, dite la «Bolduc». Bien sûr, le 19e siècle a vu naître des chansons populaires, souvent sur timbres musicaux, dont les deux plus célèbres sont «Un Canadien errant» (sur timbre émouvant) et «Ô Canada», sur musique originale, ancien hymne national du Québec abandonné depuis. Ces chansons du peuple, souvent anonymes, sont marquées par l’histoire patriotique, chantant ses heurs et ses malheurs, dont la défaite de 1759 et l’écrasement des Patriotes par les troupes anglaises. «Ô Carillon», sur un poème de Crémazie et la musique de Sabatier, longtemps chanté, célèbre avec nostalgie cette victoire de Montcalm, en 1758, à Ticonteroga. Il n’en reste pas moins que le Traité de Paris, qui cède la Nouvelle-France à l’Angleterre, rend les nouveaux maîtres ombrageux de sorte qu’aucune liaison française par bateau ne se fera avant 1855, quand la Capricieuse mouille dans le Saint-Laurent. Les Québécois se trouvent ainsi privés, sinon par les voyages, de l’influence des caveaux et des cafés-concerts. Entre temps, le clergé a pris un pouvoir social excessif après l’échec des Patriotes (1837-1838), certains membres expurgeant même des chansons folkloriques, c’est tout dire. De sorte que, quand «la Bolduc» advient, après 1930, avec ses chansons populaires aux textes peu poétiques et assonancés mais par ailleurs chantés et turlutés avec gouaillerie, la cote de la chanson est quasi nulle. Les gens du domaine littéraire, en quête de modernité, la juge archaïque alors que le clergé, dominant largement toute la critique littéraire, conspue la chansonnette française, jugée frivole ou immorale ! C’est alors qu’apparaît Félix Leclerc qui, sans le vouloir, va changer la donne.

 

Félix Leclerc, chantre du printemps.

 

En ce sens, on peut considérer Félix Leclerc comme le père de la chanson québécoise. C’est lui qui fait voir le jour à la chanson à texte, une chanson littéraire d’inspiration poétique sur musique originale, qui respecte la «tropation», cette concordance heureuse des notes et des mots. Cela se fait presque malgré lui, pourrait-on dire pour celui qui se veut avant tout dramaturge. Au début, Leclerc fait quatre chansons, de trois ans en trois ans, à partir de 1934 jusqu’en 1943 ! Puis, davantage. C’est en particulier pour permettre un changement des décors qu’il écrit quelques chansons pour sa pièce à succès Le p’tit bonheur jouée à l’automne 1948. Jusque-là, homme de radio et d’écriture, Leclerc a produit plusieurs livres dont la populaire trilogie Adagio, Allegro et Andante (1943-44). Et quand Félix part pour la France à la fin de 1950 avec Jacques Canetti qui l’entraîne, mis sur la piste par Jacques Normand, son répertoire comprend tout juste 32 chansons dont plusieurs de celles qui enchanteront les Français d’après-guerre : «Bozo», «le Bal», «Francis», «Moi, mes souliers», «le Train du nord», et «le P’tit Bonheur», cette chanson fétiche. N’oublions pas non plus «l’Hymne au printemps», «Présence», deux chansons qui misent sur cette saison salutaire dans l’optique de Félix. D’ailleurs, notons que «l’Hymne au printemps», d’abord paysanne avec «les crapauds (qui) chantent la liberté», acquerra une portée politique. De même, la chanson «le roi heureux» traduit très justement ce Félix, rat des champs, qui nous parle de lui en évoquant ce roi venu défroquer de la monarchie en Amérique et retrouvant sa nue propriété. Avec ces chansons, — il n’en écrit aucune en 1952,–Leclerc tient l’affiche 14 mois aux Trois Baudets et signe un contrat de cinq ans avec Polydor. Il s’engage même à écrire huit chansons l’an, ce qu’il n’a fait qu’en 1946 et ne refera qu’une autre fois en 1969 ! Mais dès 1951, son premier album lui mérite le Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros.

 

Comme beaucoup de Québécois avant lui, Félix découvre en France le pluralisme idéologique et le plaisir de parler autant que de manger. L’accueil qui lui est fait pour son naturel, son côté homme des bois qui siffle volontiers, s’amenant sur scène avec sa seule guitare, le console des critiques misanthropes de son Québec qui attendent le génie littéraire à venir, si possible un romancier ! Notons surtout que son succès en France consacre le genre de la chanson, qui se détache ainsi du folklore séculaire, ou de la chansonnette fleur bleue, pour rejoindre un nouvel art déjà illustré par Trenet et que Leclerc, Brassens, Brel, Ferré et d’autres vont illustrer superbement, un peu comme Montaigne fondait jadis le genre de l’essai.

 

Pour le Québec, l’événement est important : d’ailleurs, lors d’un bref retour de Leclerc, la ville de Montréal accorde au poète une importante réception à l’Hôtel de ville. La chanson à texte vient au monde à laquelle contribuent Lionel Daunais, Oscar Thiffault, Raymond Lévesque, Jacques Normand, Robert L’Herbier et Fernand Robidoux, Pierre Pétel, — pour ne nommer que ceux-là — et plus que tout autre, Félix Leclerc. Le barde québécois qui croyait aller quelques semaines en France y retourne de plus en plus pour des tours de chants. Pendant la décennie cinquante, il va ajouter une trentaine de chansons à son répertoire, chansons marquées par la critique morale et sociale («Comme Abraham», «Attends-moi ti-gars»), par l’amour des humbles («Prière bohémienne» qui charmera Devos, «Litanie du petit homme»), par l’humour («Tirelou», «l’Héritage»), par le pays rural et le patriotisme («la Drave», «Tu te lèveras tôt»), par la nature et les bêtes («Blues pour Pinky», «le Petit Ours», «le Loup») et parfois par l’amour comme en témoigne «Ce matin-là», chanson écrite en Suisse où il avait voulu vivre.

 

La quarantaine de chansons que Leclerc ajoute à son carquois de textes pendant la décennie soixante, période fort riche pour son art, nous font voir un Leclerc traversé par une crise amoureuse qui lui fait prendre nouvelle compagne et secoue ses anciennes certitudes de Québécois-né-catholique. En même temps que lui, le Québec connaît sa «révolution tranquille» qui le sort de la grande paroisse provinciale autant au plan politique que moral ! Cela donne chez Leclerc des chansons plus philosophiques et plus libertaires comme «Dieu qui dort», «Bon voyage dans la lune», «Grand-papa pan pan pan», des chansons mélodiquement belles, comme «les Algues» ou «Y a des amours», ou tout simplement des chansons de l’ordinaire des jours et des saisons («Sur la corde à linge», «Passage de l’outarde»), marquées par le métier qu’il pratique de sa belle voix et qu’une orchestration habille désormais somptueusement. On perçoit aussi chez le poète faiseur de chansons l’influence tzigane qui fait la trame de sa musique et de sa vision du monde («La vie, l’amour, la mort», «Tzigane»). Ceux qui ont essayé de chanter du Leclerc savent la grande difficulté qu’il y a à interpréter ses chansons selon la rythmique qui est la sienne, découvrant ainsi le grand art dont est marqué son talent.

 

Faisant carrière depuis vingt cinq ans en France et vivant grâce aux droits d’auteur qu’il y reçoit, Félix Leclerc y fait pour ainsi dire ses adieux en décembre 1975 avec son spectacle «Merci la France» au Théâtre Montparnasse. La quarantaine de chansons de la décennie 1970, ses dernières, – car chanter en public lui est toujours un effort – sont influencées davantage par l’actualité politique et sociale de son pays. Ce Félix que les Français connaissent moins a pris parti pour l’indépendance du Québec. Comme le manifeste bien sa chanson-ressort «l’Alouette en colère», il n’a pas accepté que des soldats de l’armée canadienne qui occupe le Québec en octobre 1970 lui demandent ses papiers pour entrer dans l’île d’Orléans où il vit. C’est le coup de fouet d’une deuxième naissance ! Ses trois derniers microsillons (1972, 1975 et 1978), où il reste le poète à la vision aiguë («Comme une bête»), comprennent des chansons comme «l’Encan», «le Chant d’un patriote» mais aussi cette magnifique chanson cathédrale et hommage à la France, «le Tour de l’Île». Certains éditorialistes ne reconnaîtront pas en ce Leclerc le poète d’hier faute d’avoir écouté une chanson aussi universelle et pourtant tellement enracinée comme «l’Ancêtre», chanson anthropologique qui rejoint la poésie d’un Gaston Miron. Ce Leclerc, ancêtre, a fait école ; les «boîtes à chansons» se sont multipliées ; ce sont des dizaines de poètes sonorisés que chaque décennie voit naître après 1960 comme autant de professeurs de poésie ! Plusieurs d’entre elles et eux auront même droit à un «Félix», un Prix créé pour la chanson par l’ADISQ en 1979 et décerné annuellement dans l’aura du grand poète.

Clémence DesRochers, chantre de l’été.

 

Mise à part la Bolduc, les femmes des origines de la chanson québécoise sont surtout interprètes, s’imposant comme auteures surtout après 1970. Toutefois, Clémence DesRochers fait exception en formant avec d’autres le groupe des «Bozos» (1958). Cette association de chansonniers à partir de la boîte à chanson Chez Bozo regroupe deux anciens comme Raymond Lévesque et Jacques Blanchet ainsi que de jeunes talents qui vont s’imposer comme Jean-Pierre Ferland, Claude Léveillée, Hervé Brousseau et Clémence DesRochers. Tous ces jeunes vont marquer la décennie qui va suivre auxquels s’ajoutent Claude Dubois, Claude Gauthier, Pierre Calvé, Pierre Létourneau, Tex Lecor, Jean-Paul Filion, entre plusieurs autres, et bien sûr, Gilles Vigneault. C’est toute une fraternité de poètes chantants ! Au fil des années et après avoir travaillé en collectif pour monter des spectacles, Clémence DesRochers va faire carrière solo. Elle fait alterner monologues tragi-comiques et des chansons émouvantes que ses contemporains seront longs à vraiment découvrir.

 

La chanson de Clémence DesRochers rejoint le monde intimiste du micro-espace. La chansonnière chante de manière privilégiée l’univers du cercle familial dans un décor précis. «La chaloupe Verchères» illustre à merveille ces atmosphères ovifères, la remontée mythique de la rivière Saint-François estrienne, image enfantine de la force gargantuesque du père-rameur, écho sonore de la mère chanteuse, vie engagée contre le courant, vers un lieu où l’herbe est plus verte, l’eau plus claire, quasi mythique. Éclate en cette chanson la blessure du soleil, «l’été brûlant», le souvenir d’avoir frôlé le bonheur, la démultiplication des années d’enfance, «les étés fous» («L’été brûlant, les étés fous»), évocation de l’enfance au soleil reprise autrement dans «le doux vent d’été», ou dans «le lac en septembre». Ne reste plus dès lors, dans l’univers de la chansonnière, qu’une saison: l’été. Chaque retour de cette saison participe à l’enfance, à l’espace scellé de la mémoire, à l’extase de la vie donnée à profusion: «On a eu un bien bel été» rechantera «les mûres mûres», l’ancienne harmonie fragile, le passage éphémère des oiseaux.

 

La structure de l’espace et du temps de l’univers clémentien s’en trouve influencée. L’hiver glace le cœur, fatigue, sépare, assoit comme dans «Ça sent l’printemps», rue Dorchester. L’été, au contraire, reprend possession du jardin, regarde «pousser les fleurs» dans l’ancienne terre désertée : «Si tu veux attendre avec moi ° Que les oiseaux reviennent ° Si tu veux souffrir ces semaines ° De silence et de froid» («Cet été, je ferai un jardin»). L’hiver ainsi vécu, comme un orphelinage, prive le cœur de l’amour, totalement retrouvé en été, celui qui fait que «La ville est redevenue plus belle ° Les jours sont chauds, les soirs plus longs» («Quelques jours encor»).

 

Cette peur du changement de temporalité, de l’espace diurne au nocturne, de la chaleur utérine du jardin à l’ailleurs, de l’espace enclos à l’aventure, fait peur à l’enfant qui va cesser de vivre l’éternité de l’innocence. La chansonnière le sent bien qui prête à la mère, dans une sorte de vision inversée, ces paroles: «Partez mes enfants, partez! ° Malgré le vide qui me désarme °(…) Trop de souvenirs nous enchaînent! ° Je n’aime pas briser mes liens» («Où sont les enfants?»). Le micro-espace estrien de Clémence pourrait bien ressembler, autrement, au monde immobile de Gilles Vigneault, lui, un monde figé dans l’hiver historique, elle, dans l’instantané de l’enfance: «J’ entends les cloches à Saint-Benoît ° Un bateau flotte sur l’eau claire ° Entourée d’arbres centenaires ° Voici ma vieille maison en bois ° Mes parents passaient par ici °Avec leur cheval Capitaine ° Quand ils couraient la prétentaine ° De Rock For est à Saint-Elie» («C’est toujours la même chanson»).

 

La longue complicité de Clémence DesRochers avec son public se traduit alors par une question: « Veux-tu encore de ce jardin plutôt étroit ° De ce domaine où je t’amène °C’est toujours le même poème ° Que tu reçois» («C’est toujours la même chanson»). La question pro forma reste sans réponse puisqu’il y a connivence entre une femme qui se chante et un public longtemps restreint. Ce public fidèle connaît, comme son monde à lui, papa Miller («Full day of mélancolie»), maman Miller, qui était si belle («Vous étiez si belle»), les demoiselles Céleste et «la Vie d’factrie», les «Deux vieilles» qui rient «L’été, quand il fait beau soleil» et qui — n’est-ce pas l’été? — vont avoir moins peur de la mort. Le père et poète Alfred DesRochers reste un peu leur père. Le lien qui le lie à sa fille, son plus beau poème, lie ce public devenu «bons amis» à «L’homme de [sa] vie». Tous retrouveront le monde en-allé des «chansons anciennes et lentes» qu’il chante à la brunante. Ce partage des mêmes chansons, celles de Clémence, celles de la tradition orale, les poèmes du père à la Rose en-allée, («Avec les mots d’Alfred, une chanson pour Rose ° Ma mère mon amie et parfois mon enfant») les souderont tous dans le même micro-espace et la même macro-mémoire. Macro-mémoire si, et c’est peut-être là une lumière jetée sur ce qui rattache une chansonnière et un public, dans la mesure où la maison de l’Estrie reste une typologie de la maison «vieille», «Entourée d’arbres centenaires», près de laquelle tournent les «chevaux de labour» («Full day of mélancolie») qui rappellent aussi «Celui-là de jadis dans les labours de fond ° Qui avait l’oreille dressée à se saisir réel» ( «Dans les lointains», Gaston Miron).

 

Un titre comme «Enquête», une chanson bien connue des fans, signale une remontée vers l’univers des signes et des repères. On ne sait plus trop bien si la quête du sens concerne la vie estrienne de la chansonnière — «le vieux chien Bijou», le jeu de cachette dans le foin, la «vieille poupée écossaise» — ou la vie traditionnelle québécoise tout simplement. Cet aller-retour de l’auteure se termine sur une métamorphose de celle-ci en personnage quasi séculaire: «Comment allez-vous depuis mon départ ° J’ai changé vos noms en images° Vous êtes partis j’y reviens encor ° Ne me demandez plus mon âge» («Enquête»)

 

L’a-t-on noté d’ailleurs, la version musicale de J.-M. Cloutier pour cette chanson est introduite par le timbre de la comptine «J’ai un beau château», marquant ainsi la précarité d’un univers menacé d’abolition. Est-ce pour cela que Clémence DesRochers, dans son disque Chansons des retrouvailles, affirmera «C’est toujours la même chanson que je chante…», qu’elle entendra «toujours les mêmes voix», hantée par «la même maison». Ces retrouvailles d’une chanson de l’après référendum (celui de 1980) sont aussi celles du micro-espace, le retour au refuge. Là encore, l’indication musicale de Marc Larochelle est significative: le couplet «Je t’en ai parlé tant de fois» de la chanson reprend le phrasé sonore de «Sur les quais du vieux Paris» et la présence de l’accordéon-musette qui suit ne fait que renforcer le rattachement de la chansonnière à la tradition culturelle française, en ce sens où nous sommes de langue française, tenant feu et lieu en Amérique.

 

Dans la poétique de Clémence DesRochers, reçue surtout comme monologuiste comique, ce micro-espace familial symbolique trouve sa fin tragique dans sa puissante chanson du «Géant», renouvelée avec l’interprétation émouvante de Renée Claude. C’est la brisure complète du monde familial, «le vendredi de ce temps-là», avec la mort de la mère, en 1964. C’est le temps qui reprend ses droits, obture le paradis ancien, avance comme une marée impérieuse et implacable. À cet égard, il faut souligner la modernité troublante du refrain, («Le géant») qui, dans sa prose allongée, marque bien musicalement l’envahissement du «Jardin d’antan» (poème très significatif de Nelligan) de l’enfance clémentienne. Implacablement, oui, dans cet univers, montent le temps et les versets de ce refrain du «géant» noyé par la marée : «Et pendant ce temps ° Y avait un géant ° Qui marchait lentement vers nous ° On ne s’en doutait pas du tout ° On n’entendait pas son pas ° Sournois ° Comme le vent noircit le bois ° Sans qu’on le voit ° Et pendant ce temps ° Y avait un géant».

Ce point d’orgue sur la poétique de Clémence DesRochers — on aurait pu tout aussi bien prendre celle de Claude Léveillée — illustre assez, d’une part, la quête de la première chanson «canadienne-française» encore rattachée, malgré le «Désormais» de Paul Sauvé et le «il faut que ça change» des libéraux, aux rives (et mirages) du passé que Robert Élie ou Anne Hébert ont appelés les «songes». Mais, par ailleurs, cette poésie sonorisée est aussi offerte aux destinataires comme la «solitude rompue» dont parle la poète Anne Hébert. Poésie présentée comme le partage de la parole et le fondement de nouveaux liens. Qui se font en chantant, c’est ça la beauté de la chose !

Gilles Vigneault, chantre de l’hiver.

 

Étrange troubadour que Gilles Vigneault, né sur la basse-côte nord où la route ne se rend pas, étudiant à Rimouski puis à Québec où il enseigne un peu et chante, et qui sera le maître de poésie de plusieurs générations de Québécois. C’est comme si en s’amenant chanter le pays de Natashquan, il venait rappeler aux urbains et aux régions domestiquées, qu’en retard sur le progrès, il est en avance ! Le premier, il sort des Boîtes à chansons et de leur vie utérine et affronte un grand public à la Comédie canadienne de Montréal. Le péril y est double, de singulier à pluriel, de poète instruit chantant pour des urbains colonisés et menacés d’assimilation. Un long monologue intitulé «les Menteries», selon une tradition ancienne, en dit assez long sur la symbiose qui s’opère entre lui et son public qui n’en revient pas de le voir giguer comme un fi-follet et qui crie bravo quand il évoque la possibilité de «faire pousser des oranges dans le jardin de ma tante Emma» ! Ces spectateurs de la Révolution tranquille donnent à ses mots et à ses chansons une portée outrepassant la poésie et applaudissent les personnages gargantuesques de «Jos Montferrand», «John Débardeur», «Jean-du-Sud», «Jos Hébert» et «Jack Monoloy». Vigneault apparaît comme celui qui vient rappeler à Montréal «monnayé et en maudit» (Le cassé de Jacques Renaud), le pays de ses origines, son ancien mordant, ses grands espaces fous. Reçu comme un rassembleur, il est en fait une sorte de poète médiéval qui chante un paradis perdu, le «temps rond» («Les hirondelles»). C’est pour chanter cela qu’il a quitté son Natashquan : «J ai fait cinq cents milles ° Par les airs et par les eaux ° Pour vous dire que le monde ° A commencé par une sorte de tam ti delam» («Tam ti delam»).

 

On l’accueille d’emblée, on l’acclame, il passe la rampe, il est reçu dans les milieux les plus humbles pour sa poésie. À la ville, il redit les origines; à la campagne, la permanence. Il chante «Fer et titane» à une petite nation jadis frileuse qui se découvre une économie, mais il n’est pas sûr que l’on perçoive alors sa critique qu’il fait du progrès sauvage en cours : «Pas le temps de sauver les sapins ° Les tracteurs vont passer demain ° Des animaux vont périr ° On n’a plus le temps de s’attendrir ° L’avion le train l’auto ° Les collèges les hôpitaux ° Et de nouvelles maisons ° Le progrès seul a raison ° À la place d’un village ° Une ville et sa banlieue ° Dix religions vingt langages ° Les petits vieux silencieux ° Puis regarde-moi bien dans les yeux ° Tout ce monde à rendre heureux». En fin pédagogue, Vigneault invite aussi les gens à chanter, «Qu’il est difficile d’aimer», «Gens du pays»…, le récital devenant pro-actif.

 

«La danse à Saint-Dilon» soulève l’enthousiasme, on en redemande toujours en voyant ce grand escogriffe qui gigue avec des airs de mouette. Ce public de la Révolution tranquille n’a pas noté non plus dans cette chanson endiablée la peine de Thérèse qui «s’ennuie de Jean-Louis, son amour et son ami», ni celle de Charlie qui «s’est fait mettre en pacage ° Par moins fin mais plus beau que lui». Et quand le poète chante son pays, c’est d’abord et avant tout son village, ce «Natashquan» que Gilbert Bécaud va mettre en musique, ce lieu presque moyenâgeux où le vent s’appelle Fanfan, la neige, Marie-Ange, le soleil, Gaillard, la pluie, Dameline («Le temps qu’il fait sur mon pays»). À un monde nouveau qui ferraille, trime, change et se libère, Gilles Vigneault affirme la pérennité des choses et leur constante évanescence. Ainsi, sa chanson «C’est le temps» d’écouter la marée, les oiseaux «Tant qu’il reste de l’air dans l’air ° Tant qu’il reste de l’eau dans l’eau» ne prendra vraiment son sens pour le destinataire que lorsque l’écologie sera devenue une préoccupation (ou une mode).

 

En fait, Gilles Vigneault, il faut le dire, sait tromper son monde. Il n’est pas sûr que l’on perçoive l’homme hanté par le passage de la vie sous l’allure de ce gai luron. D’ailleurs, le violon de Gaston Rochon, indissociable de sa première manière, fait souvent oublier la mélancolie de beaucoup de ses chansons. «Tout l’monde est malheureux» se chante sur un rythme enthousiaste. Et les chansons des spectacles font alterner la rêverie des chansons à couplets seulement («Quand vous mourrez de nos amours», «Ballade de l’été», «Petite gloire pauvre fortune») et la rêverie des chansons à refrains («L’air du voyageur», «Les corbeaux»). Aussi, n’est-il pas étonnant que le poète dans sa chanson si simple mais très profonde, «Les gens de mon pays», avoue: «Je vous entends rêver». La version musicale de Pierre di Pasquale (Au doux milieu de nous, le Gilles Vigneault de Fabienne Thibault) a su rendre la prise en charge collective de cette chanson qui va des «Douces voix attendries ° Des amours de village» à la débâcle d’un pays redevenu lieu de liberté, évoquée par la rentrée de l’orgue dans la dernière strophe. Cette chanson, d’ailleurs, constitue une véritable poétique, hommage aux siens : «II n’est coin de la terre ° Où je ne vous entende ° II n’est coin de ma vie ° À l’abri de vos bruits». Mais notons-le aussi, ces bruits sont essentiellement ruraux et maritimes (4e couplet).

 

Dans un monde qui change et vite, l’univers de Vigneault reste «Le voyage immobile» (titre de photographies de Birgit sur Natashquan) qui l’emporte sur tout, celui d’un recoin de pays où «Quatre maisons font un village», dans «un siècle sans âge» («Le temps qu’il fait sur mon pays»). Reçu comme un poète du pays québécois, Vigneault l’est avant tout du sien, Natashquan, dans la coïncidence du nôtre. Il est avant toutes choses le poète des vieux mots («Avec les vieux mots»), l’amant du langage qui tente de dire l’angoisse de l’homme. Avec les «Coffres d’automne» et «L’homme», le poète humaniste parle surtout et essentiellement de la fuite du temps, le thème le plus fréquenté de la poésie lyrique et qui le fait rester seul. Il cherche dans le vaste horizon «Un lac, un arbre, une maison ° Pour [lui] rappeler les visages ° Du temps des anciennes saisons» («Petite gloire pauvre fortune»). Sa chanson, avec sa musique évocatrice du vent qui tremble, — et il faut saluer Gaston Rochon qui l’a si bien rendu comme un poète de l’espace — rejoint ses contemporains qui finiront malgré tout par l’oublier, l’air de rien, dans leur mémoire intermittente. Pendant toute la décennie qui suit le référendum de 1980, c’est la France, dure à conquérir mais fidèle, qui le recevra comme un poète sonorisé majeur.

 

Vigneault lui-même l’avoue: citadin malgré lui, il a trouvé dans la ville son illusion d’optique. Sa «Complainte» de 1968 reste, parmi de si nombreuses, l’une des belles chansons qui l’expriment tout entier: «À vous parler de mon village ° J’avais vu la ville à l’envers ° Une île à tort et à travers ° A plus de ports et plus de plages ° Et l’eau et l’air ° Et le partage des nuages». C’est l’homme qui «En voulant tromper (sa) fatigue ° L’ennui, la peur, la nuit, le froid» a «chaussé d’un pied maladroit ° Le soulier vivant de la gigue», celui-là, philosophe et grand seigneur, qui déplore la victoire de l’or, de l’argent, du plomb faisant «toujours les mêmes trous ° Dans les hommes longs à recoudre» et qui s’en remet, dans le mythe, «Entre le serpent et la pomme», à ceux qu’il a tenté de nommer: «Mes yeux fermés ° Reconnaîtront naître des Hommes».

 

Pour plus d’information

 

*Tiré de Vues du Québec, un guide culturel, sous la direction d’Aurélien Boivin, Chantale Gingras et Steve Laflamme, Québec, Les Publications Québec français, 2008, p. 133-138

Un nouveau dictionnaire du français : Le français vu du Québec

Un nouveau dictionnaire du français : Le français vu du Québec

par Hélène Cajolet-Laganière
Professeure, codirectrice du projet
Université de Sherbrooke

 

Un groupe de recherche multiuniversitaire et multidisciplinaire, centré à l’Université de Sherbrooke, travaille présentement à la préparation d’un dictionnaire général du français qui réponde aux besoins de communication des francophones du Québec et du Canada, c’est-à-dire qui prenne en compte le contexte référentiel québécois et nord-américain, tout en assurant les liens avec le reste de la francophonie.

 

L’essentiel des travaux du groupe de recherche consiste à décrire le français contemporain d’usage public, représentatif de l’activité sociale, culturelle, économique, politique et scientifique au Québec, incluant le vocabulaire que nous partageons avec l’ensemble de la francophonie.

 

Pourquoi ce nouveau dictionnaire?

 

Parce que les dictionnaires usuels disponibles actuellement au Québec sont conçus et élaborés en France. Ces ouvrages rendent compte de réalités sociales, historiques, géographiques, administratives et culturelles avant tout françaises et européennes et accueillent avec parcimonie les spécificités linguistiques et culturelles d’ici et du reste de la francophonie, en les marquant comme des régionalismes (de Suisse, de Belgique, du Québec, d’Afrique, des Antilles, etc.).

 

Or le Québec a un environnement naturel (une faune et une flore) nord-américain particulier, des institutions politiques, sociales, culturelles, scolaires, qui diffèrent de celles de l’Europe; il possède également une expertise reconnue dans des domaines diversifiés (acériculture, aluminerie, avionnerie, hydroélectricité, etc.). Aussi, des milliers de mots, de sens et d’expressions traduisent ces spécificités, mais sont absents des dictionnaires; il en va de même pour les citations des textes de nos meilleurs écrivains et journalistes reconnus, pour nos sigles et acronymes, nos gentilés, nos proverbes et locutions, etc. Il nous revient donc de procéder à une description du français vu d’ici, en établissant des ponts avec toute la francophonie, et de contribuer ainsi à la modernité et à l’enrichissement du français.

 

La langue au quotidien : lexique et norme

 

L’objectif du projet consiste à décrire le français standard en usage au Québec dans un contexte canadien et nord-américain et à le mettre à la disposition du grand public.

  • Les Québécois attendent d’un dictionnaire général qu’il les informe sur le bon usage. Ils veulent connaître, d’une part, les emplois « acceptés », et d’autre part, les emplois « critiqués », de même que les emplois qui peuvent varier selon la situation de communication. Ils souhaitent également que les mots et les emplois caractéristiques du Québec, et ceux caractéristiques de la France, soient clairement identifiés. Cette description des spécificités linguistiques québécoises et nord-américaines, en lien avec les usages en France, est primordiale pour la modernisation du français et l’enrichissement de toute la francophonie.

  • L’ouvrage est particulièrement important pour le personnel enseignant, à qui l’on demande de placer la culture au centre de son enseignement et de juger de la qualité de la langue des élèves selon un standard d’ici, auquel il n’a pas accès. Les enseignants et les élèves y trouveront des descriptions et des citations correspondant à ce qu’ils lisent dans les œuvres littéraires, dans les journaux et les revues, dans les textes techniques et scientifiques, etc., tout en étant à même de faire le lien avec le français utilisé par les autres francophones.

  • Cet outil est également essentiel pour tous les nouveaux arrivants, qui ne trouvent nulle part ailleurs, du moins en un lieu concentré et facile d’accès, les éléments qui définissent la référence culturelle de leur terre d’accueil. En fournissant ce soutien à la sensibilisation et à l’apprentissage du français ayant cours au Québec, en France et dans la francophonie, ce dictionnaire devient un puissant facteur d’intégration.

  • Cette description de la langue d’ici est aussi urgente dans l’optique des outils informatiques modernes. Au regard des logiciels de correction orthographique et de reconnaissance vocale, un nombre important de mots, de gentilés, de féminins de titre ou de fonction, de sigles ou d’acronymes, etc., ne sont pas pris en compte actuellement par les dictionnaires-machines intégrés dans les traitements de texte. Ils soulignent donc en rouge, comme s’il s’agissait d’une erreur, des mots tout à fait standard au Québec et au Canada. Cela engendre de la confusion chez l’utilisateur de ces outils.

 

Un ancrage nord-américain

 

Le Dictionnaire de la langue française, Le français vu du Québec, décrit avec précision les réalités propres à l’Amérique. Il rend compte de notre ancrage nord-américain; il offre une description du monde à laquelle les Québécois et les Nord-Américains peuvent s’identifier. Nous appartenons sans réserve à la francophonie, mais nous sommes intrinsèquement ancrés en Amérique du Nord et souhaitons une cohabitation des points de vue européen et nord-américain dans un dictionnaire usuel du français. L’ouvrage reflète la réalité nord-américaine dans tous les domaines.

 

Une prise en compte de la variation géographique

 

Ce Dictionnaire de la langue française se distingue des autres dictionnaires, tant québécois que français, dans la manière de traiter les emplois caractéristiques de la France et du Québec pour rendre compte de la variation géographique du français dans le contexte québécois et nord-américain. L’ouvrage cerne le tronc commun du français et identifie, dans la mesure du possible, à la fois les emplois qui caractérisent l’usage québécois du français et ceux qui caractérisent son usage en France. Les spécificités du Québec et de la France sont indiquées par des marques et indicateurs géographiques qui permettent de faire le pont entre les usages respectifs. La marque UQ indique un emploi caractéristique de l’usage du français au Québec; la marque UF, quant à elle, indique un emploi caractéristique de l’usage du français en France. Dire d’un emploi qu’il est caractéristique d’un usage n’implique pas nécessairement qu’il lui soit exclusif. Un mot peut continuer à être perçu comme caractéristique de l’usage européen même si un certain nombre de Québécois commencent à l’utiliser, et vice versa.

 

Un apport culturel primordial

 

Par les mots, les sens et les exemples qu’il contient, le dictionnaire reflète le monde dans lequel vit une nation. Si les Français et les Québécois partagent la même langue, ils n’utilisent pas toujours les mêmes mots et ils donnent à certains mots des sens différents. Des milliers de mots et de sens font état de notre manière d’être, de penser et de vivre, des mots et des sens dont nous avons besoin dans le cadre de notre vie sociale, politique, économique, culturelle, sportive, etc.; il importe de les décrire adéquatement. Ces spécificités se rencontrent dans tous les domaines de la vie courante et professionnelle : nos institutions politiques, juridiques, économiques et administratives; notre faune, notre flore et notre environnement; nos spécificités sportives; nos spécificités dans le domaine de l’éducation; nos spécificités médicales; la féminisation des titres de fonction, etc. L’ouvrage fait en outre une place de choix pour nos auteurs littéraires, nos journaux, revues et magazines; nos gentilés (dénomination des habitants par rapport au lieu où ils habitent), nos sigles et acronymes; nos proverbes, dictons et locutions. Enfin, quelque 80 articles thématiques signés par des spécialistes reconnus décrivent nos réalités linguistiques, culturelles, sociales et géographiques.

 

Un outil pédagogique incomparable

 

Le Dictionnaire de la langue française, Le français vu du Québec, se prête bien sûr aux utilisations conventionnelles : vérification de l’orthographe, du sens des mots, recherche de synonymes et d’antonymes, de particularismes, etc. Il est aussi un guide en matière de bon usage ou d’usage légitime accepté et reconnu de la francophonie d’Amérique, en fournissant des précisions quant aux contraintes régissant certains emplois : registres de langue, connotations particulières, emplois critiqués ou recommandés, etc. Il est enfin, grâce notamment à son système de renvois, un instrument privilégié pour l’apprentissage et l’enrichissement du lexique ainsi que de la culture d’expression française, tant québécoise que francophone. L’ouvrage présente clairement l’ensemble des propositions des rectifications orthographiques, de même que les autres variantes et les pluriels de tous les mots et fait le pont avec l’enseignement de la grammaire nouvelle.

 

L’équipe

 

Le Dictionnaire de la langue française, Le français vu du Québec, est le fruit d’un travail multiuniversitaire et multidisciplinaire, sous la direction éditoriale d’Hélène Cajolet-Laganière et de Pierre Martel, et sous la direction informatique de Chantal-Édith Masson. Mener à terme un tel projet nécessite un travail d’équipe constant et des collaborations dans différents domaines de la linguistique et de l’informatique. Il importe en premier lieu de souligner le travail intensif de l’équipe de recherche : quelque 30 professionnels et professionnelles de recherche et professeurs de l’Université de Sherbrooke et de l’Université Laval. Le travail également de plusieurs professeurs et chercheurs de l’Université du Québec à Montréal et à Trois-Rivières, des universités de Montréal, de Moncton, d’Ottawa, et de Mc Gill, ainsi que tous les membres du comité scientifique chapeautant le projet. Il faut également mentionner l’aide inestimable du Trésor de la langue française de Nancy, de l’Office québécois de la langue française (OQLF), du Conseil supérieur de la langue française (CSLF), de l’Union des écrivains du Québec (UNEQ), etc. Le projet a été financé par le gouvernement du Québec, l’Université de Sherbrooke, notamment la Faculté des lettres et sciences humaines, la Fondation de l’Université de Sherbrooke et le Conseil régional de développement de l’Estrie.

 

La version préliminaire du dictionnaire en ligne comprend :

    • Plus de 60 000 mots traités.

    • Plus de 20 000 articles complets.

    • Quelque 20 000 articles (en révision), présentant néanmoins la vedette, les variantes orthographiques, les informations lexicogrammaticales, la prononciation, l’étymologie, de même qu’un tableau des formes.

    • Quelque 5000 tableaux de conjugaison.

    • Plus de 60 articles thématiques.

    • Une petite grammaire du verbe.

    • Un lexique d’acadianismes.

    • Quelques milliers de sigles, d’acronymes et d’abréviations.

    • Quelques milliers de gentilés et de toponymes.

    • Quelques centaines de proverbes, locutions latines, dérivés de noms propres.

    • Une série de fonctionnalités très conviviales, permettant d’exploiter l’ensemble des contenus de l’ouvrage.

  • Cette version préliminaire en ligne sera enrichie au fur et à mesure de la révision des articles et sera complétée en 2009.

 

Pour la lecture des articles, nous renvoyons le lecteur au site : http://franqus.usherbrooke.ca/.

Voyage en France sur les traces du Régiment de Carignan-Salières en mai-juin 2009

Voyage en France sur les traces du
Régiment de Carignan-Salières en mai-juin 2009

 

par Gilles Durand

La Société généalogique canadienne-française parraine un voyage de 16 jours dans l’est de la France, en mai-juin 2009, sur les traces du Régiment de Carignan-Salières. Le voyage inclut la participation au 20e congrès national de généalogie qui se tient à Paris. L’itinéraire débute dans cette ville pour se poursuivre sur la trace des soldats par Dijon, Annecy, Grenoble, Briançon, Turin. Il se termine à Nice.

L’accompagnateur est l’historien et généalogiste Marcel Fournier.

Date limite d’inscription : 1er décembre 2008

Consulter le site Web de la Société généalogique canadienne-française.

Les communautés franco-américaines offrent en cadeau à la Ville de Québec un monument témoignant de leur fidélité à leur racine

Les communautés franco-américaines offrent en cadeau
à la Ville de Québec
un monument témoignant de leur fidélité à leur racine

 

par Gilles Durand
 

Le 2 juillet 2008, le premier ministre du Québec, Jean Charest, et le maire de la Ville de Québec, Régis Labeaume, ont présidé la cérémonie de dévoilement

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Monique Gagnon-Tremblay, ministre, David Fetter, consul général, Patrick Leahy, sénateur, Jim Douglas, gouverneur, Jean Charest, premier ministre, Claire Quintal, au nom des Franco-Américains
Crédit : Délégation du Québec à Boston

 

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Jean Charest, premier ministre et Claire Quintal
Crédit : Délégation du Québec à Boston

 

d’un monument offert à Québec en cadeau par les communautés franco-américaines de la Nouvelle-Angleterre, à l’occasion du 400e anniversaire de fondation de la ville.

Installé au Parc de la Jetée, le monument rehausse les attraits des abords de la nouvelle promenade Samuel-De Champlain. Il se veut un hommage des Franco-Américains partis de Québec pour aller travailler dans les usines de la Nouvelle-Angleterre, une preuve de leur souvenir constant à leur patrie d’origine et une marque de cette grande amitié toujours partagée avec leurs concitoyens d’outre-frontière. Le monument porte le nom de chacun des États de la Nouvelle-Angleterre de même que celui des principales villes où se sont enracinés les descendants de Champlain à force d’un dur labeur.

La représentante émérite des communautés francophones de la Nouvelle-Angleterre, Claire Quintal, a prononcé l’allocution précédant le dévoilement. Tout en souhaitant que le Québec « ne nous oubliera pas, qu’il se souviendra, longtemps encore, de ceux qui sont partis la mort dans l’âme afin d’assurer l’avenir des leurs », elle a tenu à rappeler, par ce geste pérenne et symbolique, l’attachement indéfectible des Franco-Américains envers le Québec :

Nos aïeux, en quittant le Québec, n’ont pas eu à se défricher une terre, ils ont plutôt eu à abattre des préjugés. Tout en essayant de s’établir sur un sol étranger, ils ont tout de même fait un énorme effort pour survivre comme Canadiens de souche française, en restant fidèles à la langue de leurs ancêtres et à leur religion aussi. C’est ainsi que la Nouvelle-Angleterre a connu des Petits Canadas agglomérés autour d’un clocher d’église et d’une école paroissiale bilingue dans la plupart des villes nommées sur ce monument. Nous, leurs descendants, avons cherché à suivre dans leurs traces, nous avons eu à coeur de leur rendre hommage en offrant ce monument à leur ville-mère qui est aussi la nôtre.

Lors de la cérémonie, deux autres monuments, donnés l’un par les États-Unis, l’autre par l’État du Vermont, ont été dévoilés. De nombreuses personnalités tant des États-Unis que du Québec ont assisté à cet événement qui a contribué au renforcement de la fierté identitaire tout en célébrant l’une des plus grandes amitiés au monde. Le lecteur trouvera de l’information textuelle et visuelle supplémentaire sur la cérémonie et l’allocution de Claire Quintal en consultant le site du ministère des Relations internationales du Québec.

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