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Bulletin n°26, septembre 2008

Philatélistes et cartophiles français rappellent le 400ème anniversaire de la fondation de Québec

 Philatélistes et cartophiles français rappellent le
400ème anniversaire de la fondation de Québec

par Alain Ripaux, président de Visualia
 

Un timbre franco-canadien pour le 400ème anniversaire de Québec

 

philatelistes

Le 16 Mai 2008, un nouveau timbre franco-canadien a été émis avec une vente anticipée à Paris au Centre Culturel canadien, à Royan, Nantes et Honfleur. Au Canada, sa valeur est de 52 cents et 0, 85 € en France. Le 19 mai, tous les bureaux de poste de France et du Canada ont proposé au public cette nouvelle pièce de collection et d’affranchissement. Le procédé de fabrication retenue est la taille douce en trois couleurs. Ce nouveau timbre représente l’arrivée de Samuel Champlain à Québec le 3 juillet 1608. Rappelons qu’en 2005, j’avais adressé à Monsieur Jean-Paul Bailly, président de La Poste une demande d’émission philatélique franco-canadienne pour célébrer le 400ème anniversaire de la fondation de Québec. Cette demande avait été soutenue par de nombreuses personnalités françaises et québécoises et en particulier le Délégué général du Québec.

 

En 2004, la France et le Canada ont célébré le 400ème anniversaire du premier établissement français en Amérique du Nord, marquant ainsi quatre siècles de relations qui remontent à l’année 1604, quand l’aristocrate huguenot, Pierre Dugua de Mons (vers 1558-1628) s’installa à l’île Sainte-Croix, dans le Maine. En 2008, le Canada et la France célèbrent le 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec, joyau du patrimoine mondial de l’UNESCO, et fondée, au cours de son troisième voyage en Amérique du Nord, par Champlain (1567-1635). En 1956, dans la série des Célébrités, la poste française avait émis un timbre de 12 F + 3 F vermillon .

 

C’est le 3 juillet 1608 que Samuel Champlain bâtit les fondations de la ville de Québec. Bien que des postes de traite saisonniers existent déjà à Tadoussac et à Port Royal, il s’agit de la première ville habitée en permanence par les Français en Amérique du Nord. La création de cette ville sur le Saint-Laurent constitue une étape capitale de la présence française au Canada. Mais les débuts furent particulièrement difficiles. Samuel Champlain, qui connaissait bien les côtes canadiennes depuis 1603, est l’une des figures de proue de l’aventure française en Amérique du Nord. Né à Brouage en 1567, il réalisa plus de 20 voyages en Nouvelle-France. Après les côtes et l’intérieur des terres, il explora les Grands Lacs puis noua des relations privilégiées avec de nombreuses tribus amérindiennes. Il participa activement au peuplement de la nouvelle colonie, en faisant venir les premières familles de façon permanente, avant de s’éteindre en 1635 à Québec.

 

Vernissage à Royan

 

Dans le cadre des Jardins du Monde de Royan, un vernissage a eu lieu le 16 mai en présence de Madame Jacqueline Ricardon, président d’honneur du Club philatélique de la côte de beauté de Royan, de Messieurs Didier Quentin, député-maire de Royan, Grassa, directeur de La Poste de Poitou-Charentes (ouest) et de Maurice Chasse, président du club philatélique local.

 

Les collectionneurs ont pu acquérir au bureau philatélique de la poste, le nouveau timbre franco-canadien et des souvenirs philatéliques émis à cette occasion et faire apposer sur leur courrier deux oblitérations représentant Champlain et l’Abitation de Québec.

 

Des auteurs étaient présents pour dédicacer leur livres respectifs comme Madame Suzanne Foriscetti « Le fabuleux destin de Champlain », Messieurs Guy Binot « Pierre Dugua de Mons » et Alain Ripaux « Le Québec, une Amérique Française et Images et souvenirs du Poitou-Charentes ». Une intéressante exposition philatélique présentée par le club local était consacrée aux relations franco-canadiennes et aux personnages célèbres de l’histoire du Québec.

 

Des activités organisées par Attoka diffusions et par Visualia

 

Roselyne Boulard, responsable d’Attoka diffusions a présenté une intéressante exposition sur l’artisanat amérindien.

Le samedi 16 mai à 16h30, Alain Ripaux, président de Visualia a prononcé une conférence sur les postes en Nouvelle-France et au Canada.

 

Exposition « 400 ans de présence française en Amérique du Nord »

 

Dans le cadre du bureau de poste de Paris La Boétie – 49, rue de la Boétie – 75009 Paris, l’association Visualia a présenté une nouvelle exposition historique, philatélique, photographique et cartophile, en partenariat avec La Poste, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, le Comité Chomedey de Maisonneuve, Paris-Quadricentenaire de Québec et les Archives départementales de Charente-Maritime. En montre du 23 juin au 12 juillet 2008, cette nouvelle exposition a été consacrée à la Nouvelle-France, au Québec et à l’Acadie. Le catalogue de l’exposition peut être commandé à Alain Ripaux au prix de 8 € (franco).

 

Les grands personnages de la Nouvelle-France

 

A l’occasion du 400ème anniversaire de la fondation de Québec, il faut signaler une nouvelle série de 6 cartes postales illustrées par le peintre Frédéric Mathias présentées dans une belle pochette et représentant : Jacques Cartier, Samuel Champlain, Pierre Dugua de Mons, Frontenac, Mère Marie de l’Incarnation et le marquis de Montcalm.

 

Les amis du Québec peuvent commander directement cette série à Alain Ripaux – 49, rue Belgrand – 75020 Paris.

Courriel : alain.ripaux@laposte.net

 

 

Bon de Commande

 

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série(s) « Les grands personnages de la Nouvelle-France » au prix de 10 € (franco)

« Le catalogue de l’exposition » au prix de 8 € (franco)

Commande et règlement à l’ordre d’Alain Ripaux – 49, rue Belgrand – 75020 Paris

Le 133e congrès national des sociétés historiques et scientifiques : une occasion d’identifier, mettre en contexte et valoriser les lieux de mémoire franco-québécois

Le 133e congrès national des sociétés historiques et scientifiques :
une occasion d’identifier, mettre en contexte et valoriser les lieux de mémoire franco-québécois

par Gilles Durand

 

Le Comité des travaux historiques et scientifiques met en réseau, sur le territoire de l’Hexagone, sociétés savantes, universités, organismes de recherche, d’érudition et de protection du patrimoine. Chaque année, il organise un congrès pour permettre aux chercheurs de faire le point sur leurs travaux en cours et de présenter leurs nouveaux projets. Étant donné le 400e anniversaire de fondation de Québec, il a choisi de tenir l’événement dans cette ville.

Le 133e congrès s’est déroulé du 2 au 6 juin 2008. Placé sous la présidence de Jean Duma (volet scientifique du congrès) et de Laurier Turgeon (comité d’organisation), il a choisi le thème de la construction du monde atlantique, soit les migrations, transferts et échanges de part et d’autre de l’Atlantique. Près de 400 intervenants ont traité, entre autres, des maillons de cette chaîne qui relie la France au Québec et à l’Amérique française, et que l’histoire n’a jamais pu briser . La rencontre fut un franc succès, tant par le nombre de conférenciers que par la participation d’un auditoire nombreux et des plus intéressés.

 

L’histoire : la construction de l’espace atlantique français

Le 400e ne pouvait être mieux choisi pour retracer l’évolution des liens entre la France, le Québec et, plus largement, l’Amérique française. Du côté de

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Présentation du Projet golfe du Saint-Laurent et Centre-Ouest français, Nicolas Landry, Université de Moncton, 4 juin 2008

 

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Présentation du Projet golfe du Saint-Laurent et Centre-Ouest français, Jacques Péret, Université de Poitiers, 4 juin 2008

 

Crédit: Gilles Durand

l’Amérique, les relations débutent au 16e siècle, par l’occupation du littoral atlantique, les « Terres neufves ». Les pêcheurs français de morue viennent y faire sécher leurs prises. Par là, ils contribuent à faciliter la navigation océanique et, par leurs établissements saisonniers de séchage, ils constituent autant d’avant-postes pour la recherche de la mer de l’Ouest, pour la connaissance et la cartographie du continent, pour l’évangélisation des premiers occupants et pour l’établissement d’une population de langue française. Par la suite, les liens avec la mère patrie sont maintenus, les nouveaux arrivés devant y faire appel pour combler des besoins de base en céramiques, terres cuites, grès régionaux, soins de santé, produits pharmaceutiques, etc.

 

En retour, les migrants fournissent à la mère patrie les ressources dont elle a besoin, la morue, les fourrures, des cartes géographiques, des connaissances scientifiques et techniques, des spécimens sur les plantes, la flore, la faune du nouveau continent. Bien souvent, les ports littoraux français sont des portes d’entrée pour les produits coloniaux qui sont distribués à l’intérieur de l’Hexagone par les fleuves et des rivières. Ils permettent par là aux Français, quelles que soient leur condition et leur résidence, de s’approprier le Nouveau Monde et de participer à la construction de l’espace atlantique français.

 

Les échanges entre l’Ancien et le Nouveau Monde constituent un champ de recherche où il y a encore beaucoup à découvrir. Des projets ont été présentés, par exemple l’étude comparée des échanges humains, matériels et culturels entre le Centre-Ouest français et le golfe du Saint-Laurent, menée dans une perspective maritime et littorale, par les laboratoires des universités de Poitiers, La Rochelle et Moncton; un colloque a été tenu à Brouage et à La Rochelle en 2007, un prochain le sera à Shippagan, Nouveau-Brunswick, en 2009. L’avenir s’annonce prometteur.

 

Lancement de deux publications sur les lieux de mémoire : des éclairages complémentaires

 

L’histoire met en contexte les lieux de mémoire et les utilise comme illustration. À leur tour, les travaux sur les lieux de mémoire enrichissent les connaissances historiques par leurs analyses et la mise en réseau de ces lieux. Le 133e congrès ne pouvait être meilleure occasion pour lancer deux publications sur les lieux de mémoire communs à la France, au Québec et, plus largement, à l’Amérique française :

    • Elles ont vu le jour à l’initiative de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. Elles ont été réalisées par des spécialistes du domaine qui ont repris le bâton du pèlerin, faisant état d’« un savoir établi et consacré » et des dernières découvertes, dans un style limpide et accessible et dans une présentation magnifiquement illustrée;
    • Elles livrent des analyses détaillées de repères mémoriels forts, à l’occasion débordant l’angle disciplinaire (site, bien immobilier, bien mobilier, traces documentaires), investis par les Français et les descendants de Champlain, de part et d’autre de l’Atlantique, en Poitou-Charentes – des extensions étant prévues dans d’autres régions de la France –, au Québec, dans les provinces canadiennes et en territoire américain, par exemple la Place-Royale qui devient place du Marché à ses heures, l’île aux Basques, Grand-Pré en Acadie, les plaines d’Abraham et la guerre de Sept Ans;

    • Elles dégagent des lieux de mémoire des thèmes et des catégories pour accroître les possibilités de réseautage de ces lieux – autrement que par le seul territoire –, pour les arrimer sous des angles particuliers, par exemple production et échanges, lieux de pouvoir et de diplomatie, patrimoine matériel, patrimoine immatériel, personnage historique, lieu identitaire, littérature;

    • Elles englobent les différents supports des lieux de mémoire, le patrimoine naturel, le patrimoine bâti, le patrimoine documentaire, par exemple l’organisation contemporaine de l’espace au Québec, les collections manuscrites, imprimées et muséales du Séminaire de Québec;

    • Elles lèvent le voile sur une dimension incontournable des lieux de mémoire, les repères immatériels, intangibles – créneau important de l’Encyclopédie –, au moyen de biographies de personnages qui se sont démarqués au point de constituer autant de symboles identitaires, telles Catherine de Saint-Augustin, Jeanne Mance; par des études sur la toponymie de la rivière Churchill, sur le théâtre tel le Cercle de Molière;

    • Elles mettent en lumière le processus de patrimonialisation, c’est-à-dire les visages multiformes de la mémoire collective qui oublie, rejette dans l’ombre, embellit, et qui, par voie de conséquence, modifie à travers le temps la physionomie de l’héritage patrimonial dont elle s’est portée responsable, par exemple la Place-Royale, les plaines d’Abraham et la guerre de Sept Ans, Dollard des Ormeaux, le réseau des Sociétés Saint-Jean-Baptiste et le Mouvement national des Québécois;

    • Elles mesurent la profondeur de la mémoire collective, qui peut remonter à la découverte du Canada, dater du 19e siècle ou bien encore avoir été créée dans la décennie 1950, par exemple les trappeurs francophones des Plaines et des Rocheuses étatsuniennes au cours du 19e siècle, la nouvelle tradition que constitue le Tintamarre en Acadie remontant au tournant des années 1970-1980;

  • Elles localisent également les lieux de mémoire dans l’espace, leur résonnance au niveau du pays, de la nation, d’une région, d’un groupe en particulier (la mémoire savante), par exemple la représentation de l’identité canadienne chez les diplomates écrivains, ces trappeurs francophones, cités plus haut, des Plaines et des Rocheuses étatsuniennes autour de 1800, le réseau des Sociétés Saint-Jean-Baptiste.

 

Le lecteur est invité à consulter les sites Internet de l’Inventaire et de l’Encyclopédie qui s’enrichissent régulièrement et dont découlent les présentes publications. Il y trouvera de l’information additionnelle sur des caractéristiques qui leurs sont propres, les créneaux sur lesquels ils mettent l’accent, mais toujours un même champ de recherche à approfondir et à valoriser, cet héritage commun, apporté par Champlain, actualisé, développé et enrichi en terre d’Amérique.

Fête des pionniers haut-marnais de l’Amérique du Nord Langres 24 juin- 400ans de Québec

Fête des pionniers haut-marnais de l’Amérique du Nord
Langres 24 juin- 400ans de Québec

par Jean-Paul PIZELLE
Président des Amitiés Nord-Américaines
de Champagne-Ardenne

Profitant de la fête nationale du Québec, l’Association LANGRES-MONTRÉAL-QUÉBEC a organisé une importante manifestation en présence de plus de 200 personnes pour célébrer

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Jean-Paul PIZELLE et Gilbert PILLEUL, conférencier

 

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Mme Françoise BERTHET, Maire-adjointe de Narcy

 

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De g à d : Mme Christine HENRY,
Maire de Rizaucourt-Buchey;
Charles GUENE, Sénateur de la Haute-Marne,
Président de l’Amicale des Maires
de la Haute-Marne; Jean-Paul PIZELLE Président
de l’Association Langres-Montréal, organisatrice
Crédit : Jean-Paul PIZELLE

le 400e anniversaire de Québec. Parmi les invités, une trentaine de maires et adjoints représentant les 72 pionniers de Haute-Marne partis en Amérique du Nord aux 17e et 18e siècles. L’ensemble de la manifestation a bénéficié de l’active présence de monsieur le Sénateur Charles Guené, président de l’Association des maires de Haute-Marne. Une magistrale conférence de Gilbert Pilleul, secrétaire général de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), débuta la soirée dans la salle d’Honneur de l’Hôtel de Ville de Langres. Illustrée de nombreux documents pertinents, la conférence mit en valeur le rôle essentiel joué par Samuel de Champlain dans la fondation de Québec.

À la Ferme Ste-Anne, au pied de la Cité de Jeanne Mance, après un tir nourri d’arquebuses, le président Jean-Paul Pizelle lança la plaquette rassemblant les 72 pionniers et leurs 41 communes. Ce travail, illustré d’une photo de chaque lieu, est une des bases du futur volume Champagne-Ardenne-Alsace-Lorraine de la collection « Ces villes et villages de France, berceau de l’Amérique française ». Puis une série de chants du 17e, notamment amérindiens, retentirent, interprétés par un chœur du groupe Montéclair. Chaque représentant des Communes reçut un parchemin réalisé par une artiste calligraphe attestant la naissance des pionniers dans leurs lieux respectifs. Puis le groupe Dulcilmer exécuta une série de danses d’époque. Enfin, 400 ballons bleus et blancs s’élevèrent dans le ciel. Le message emporté par l’un d’eux fut retrouvé vers Nuremberg (Allemagne). Le repas champêtre animé par un orchestre permit d’attendre les feux de la St-Jean qui éclairèrent la soirée sous un ciel étoilé.

De nombreux maires ont décidé d’encadrer et de présenter leurs parchemins dans leur mairie. Preuve, si besoin était, de la fierté des Haut-Marnais de savoir que de valeureux pionniers ont contribué à construire le Québec et l’Amérique du Nord d’aujourd’hui.

La mémoire au cœur du 134e congrès national des sociétés historiques et scientifiques françaises

La mémoire au cœur du 134e congrès national des
sociétés historiques et scientifiques françaises

par Gilles Durand

Le 134e congrès national des sociétés historiques et scientifiques françaises se tiendra à Bordeaux du 20 au 25 avril 2009. Le comité d’organisation a retenu pour thème « Célèbres ou obscurs, hommes et femmes dans leur territoire et leur histoire ».

En choisissant ce thème, le comité d’organisation ne vise pas la collection de biographies. Il souhaite plutôt un échange sur des cas types, sur les méthodes et l’approche à adopter pour étudier le phénomène de la célébrité et de l’obscurité à travers les âges et quels que soient les territoires considérés.

Le comité d’organisation lance un appel à communications. Il invite les chercheurs de toutes disciplines et de tous milieux, sociétés savantes, universités, organismes de recherche publics, à faire état de leurs travaux et de leurs réflexions, et à confronter leur point de vue, sur les questions suivantes :

    • Les sujets de la célébrité et de l’obscurité, des hommes et des femmes de toute activité, de toute profession, de toute spécialité, de tout territoire;

    • Les moyens pris et à retenir pour enrichir leur mémoire, la valoriser et la maintenir vivante, tels l’autobiographie à vocation domestique et privée, la biographie destinée à être publiée, la prosopographie, la toponymie, les conférences, les monuments, les médailles, les diplômes, les titres, les décorations civiles et militaires, les citations à l’ordre de la Nation, etc. Les sources utiles, les plus utilisées, tels les registres paroissiaux, les registres d’état civil et les minutes notariales, comme d’autres moins mises à profit, tels les bottins d’anciens, les annuaires d’associations et de grandes écoles, les livres anniversaires, etc.;

    • Des facteurs pouvant expliquer la célébrité ou l’obscurité, parmi les membres d’un groupe. De tels facteurs peuvent être liés à la notoriété de l’écrivain; à la renommée de la personne en raison de son courage à toute épreuve même si elle n’a pas obtenu le succès escompté; aux collaborateurs, concepteurs et réalisateurs dont la personne célèbre a su s’entourer;

  • Les perceptions et l’imaginaire de communautés locales, régionales, nationales, d’associations professionnelles ou savantes, de groupements, de familles qui partagent la mémoire d’hommes et de femmes.

Le prochain congrès apportera une contribution à une meilleure connaissance de la mémoire collective, à sa valorisation de même qu’aux mécanismes qui la régissent. La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, un organisme à mission mémorielle, invite les intervenants et les auditeurs intéressés à consulter le site Web du 134e congrès qui renferme toute l’information pertinente : déroulement, inscription, échéanciers, règlement et instructions aux auteurs.

DATE LIMITE D’INSCRIPTION : 15 NOVEMBRE 2008

L’accent des Québécois et celui des Parisiens

L’accent des Québécois et celui des Parisiens1

par Jean-Denis Gendron

 

accent

Deux grandes traditions phonétiques se sont partagé la prononciation du français au cours des XVIIe et XVIIIe siècles : le bel usage et le grand usage. L’une de ces traditions a laissé des traces au Québec, l’autre s’est incarnée ultimement dans la haute société de Paris. Les accents québécois et parisien, on le verra, sont d’abord historiquement imbriqués avant d’être dissociés par la Révolution de 1789. Ce fait représente le trait fondamental de l’histoire de la prononciation du français depuis le début du XVIIe siècle.

 

Ce qui met sur la piste de cette nouvelle vue des choses, ce sont les louanges unanimes des voyageurs sur la rectitude de la prononciation du français au Canada pendant tout le Régime français (1608-1760), opposées aux sévères réserves des voyageurs du XIXe siècle sur le même accent : aux XVIIe et XVIIIe siècles, tous s’entendent pour dire qu’on trouve au Canada une prononciation sans accent. Ainsi du Père de Charlevoix, lorsqu’il écrit en 1720

Les Canadiens, c’est-à-dire les Créoles du Canada, respirent en naissant un air de liberté, qui les rend fort agréables dans le commerce de la vie & nulle part ailleurs on ne parle plus purement notre Langue. On ne remarque même ici aucun Accent.

 

Ou encore le Suédois Pehr Kalm en 1749, à la suite de son séjour à Montréal et à Québec :

Langue française. Tous, ici, tiennent pour assuré que les gens du commun parlent ordinairement au Canada un français plus pur qu’en n’importe quelle Province de France et qu’ils peuvent même, à coup sûr, rivaliser avec Paris. Ce sont les Français nés à Paris, eux-mêmes, qui ont été obligés de le reconnaître.

 

Ou bien, en 1757, le comte de Bougainville, parisien de naissance et d’éducation :

 

Il faut convenir que, malgré ce défaut d’éducation, les Canadiens ont de l’esprit naturellement; ils parlent avec aisance, ils ne sçavent pas écrire, leur accent est aussi bon qu’à Paris, leur diction est remplie de phrases vicieuses empruntées de la langue des sauvages ou des termes de marine, appliqués dans le style ordinaire […]

 

Du début à la fin du Régime français (1608-1760), il n’y a, pour les observateurs français et étrangers, aucune note discordante sur la qualité de l’accent des Canadiens : on ne remarque chez eux aucun accent, et celui-ci est « aussi bon qu’à Paris ».

 

Mais le ton change du tout au tout au XIXe siècle : les voyageurs français et étrangers qui abordent au Canada – c’est-à-dire à Montréal et à Québec – trouvent alors que l’accent canadien fait provincial, populaire, paysan même. Dès 1810, avec l’Anglais John Lambert, le ton est donné :

The Canadians have had the caracter of speaking the purest French : but I question whether they deserve it in the present day. (Cité dans Gaston Dulong, 1966:5)

Les Canadiens, écrit-il, ont eu cette réputation de parler le meilleur français : mais se pose la question de savoir si aujourd’hui [en 1810] ils méritent ce compliment.

  • Théodore Pavie (1829-1830) : « […] leur prononciation épaisse […]. » (Dans M.-F. Caron-Leclerc : 116)2

  • Isidore Lebrun (1833) : « la parole canadienne est traînante […]. » (Ibid. : 100)

  • Charles-H.-P. Gauldrée-Boilleau (1861-1862) : « On traîne sur les voyelles comme si elles étaient marquées d’un accent circonflexe. » (Ibid. : 160)

  • Auguste Foubert (1875) : « La prononciation canadienne est dure et très-accentuée. » (Ibid. : 216)

  • Georges Demanche (1885) : « […] à entendre parler français avec cette accentuation particulière à nos paysans […]. » (Ibid. : 334)

  • Thérèse Bentzon (1889) : « […] un français plus fermement et plus lourdement prononcé qu’il ne l’est chez nous d’habitude […]. » (Ibid. : 448)

À leur oreille, l’accent canadien est jugé d’une qualité nettement inférieure.

 

Et pourtant, il ne s’est écoulé que cinquante ans entre la rupture avec la France en 1760, alors que tout était identique, et le premier témoignage du XIXe siècle (1810), où tout apparaît différent. Cinquante ans, c’est peu à l’échelle des transformations phonétiques, surtout pour une langue sous haute surveillance comme l’est la langue de la haute société de Paris.

 

Il s’est de toute évidence passé quelque chose à Paris, un événement majeur qui a bouleversé la situation phonétique. Cet événement, c’est la grande Révolution de 1789. C’est comme si la prononciation de la haute société de Paris avait à ce moment-là basculé d’un style de prononciation à un autre tout différent. Et qu’il y avait eu auparavant deux styles de prononciation.

 

Placé sur cette piste, on est conduit à examiner les remarques des grammairiens. Qui font état en effet d’un double style de prononciation pratiqué par la haute société de Paris, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. En fait, plus précisément, à partir de Vaugelas (1647), qui déclare, à l’encontre de l’opinion de tous les autres grammairiens, que la bonne prononciation ne se trouve pas chez les avocats du Parlement de Paris, mais « veut que l’on hante la cour ». C’est la naissance et le développement des salons qui changent tout.

 

En effet, à partir du moment (1615) où, pour la haute société, les salons sont devenus un mode de vie sociale où priment le bon goût et la modération, il allait pour ainsi dire de soi que le modèle de prononciation « emphatique et majestueux » du Parlement ne pouvait pas convenir. C’est ce qu’a compris Vaugelas. Il a rendu ce service aux salons de leur définir une doctrine appropriée, en leur conférant sous l’autorité de la cour – suprême habileté – un prestige qui allait, dès lors, s’opposer au prestige des avocats et des magistrats du Parlement.

 

Mais ceux-ci ne vont pas lâcher prise. Et ils ont l’appui des prédicateurs et des gens de théâtre.

 

Il y aura dès lors à Paris deux usages : le bel usage des salons et de la cour, qu’on appellera aussi le style familier de la conversation, où la prononciation, selon le goût des dames, doit rester spontanée, naturelle, exempte du faix de l’effort articulatoire; et le grand usage pratiqué dans le discours public – barreau, chaire, théâtre – où la prononciation est dite soutenue, c’est-à-dire travaillée, cultivée par des exercices articulatoires, de façon à prononcer avec force et précision tous les sons du mot et de la phrase, surtout les consonnes.

 

Les grammairiens vont alors noter avec constance et fidélité les prononciations propres à chacun des deux styles. Et ils feront ainsi jusqu’à la Révolution.

À titre d’exemple, voici ce que les grammairiens français disent touchant la prononciation du mot « froid » :

fret/froid : « on dit dans le discours familier, il fait grand fraid, le fraid [frè] et le chaud. Mais en preschant, en plaidant, en haranguant, en déclamant, je dirois le froid [froè], les froids, les froideurs, Ménage (584) [1672] ; […] froid se prononce en é ouvert dans le discours familier : dans le discours soutenu, il prend le son oè, Buffier 841 [1709], Antonini 53 [1753], Harduin 9 [1757], […] froid se prononce de différentes manières “ même par des personnes lettrées, ” Cherrier 37 [1766].

 

On prononce fraid [frè] dans le discours familier des salons et de la cour; on prononce froid [froè] dans le discours public ou soutenu des avocats, des prédicateurs, des comédiens.

 

On voit bien alors que ce qui est commun à Québec et à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, c’est la prononciation du style familier du bel usage. On disait, de part et d’autre de l’Atlantique : « le pain est su la table » ; « i sont venus avec leux valets »; « donnez-moi mon mouchoé »; « i porte un habit neu »; « il aurait du s’escuser pour s’être ainsi ostiné à ne pas vouloir siner le contrat, ce n’était pas ben adret de sa part », etc. Les remarques des grammairiens sont remplies de ces formes qui donnent sa figure propre au style familier, souvent proche de la prononciation populaire, comme le fait remarquer l’historien de la langue française cultivée, Alexis François.

Mais avec la Révolution de 1789, tout va changer. La grande bourgeoisie prend le pouvoir et, avec elle, triomphe le mode de prononciation du grand usage appris dans les collèges, où l’on enseignait la prononciation dite soutenue. C’est une révolution phonétique qui accompagne la révolution politique. Par ce changement de paradigme phonétique, on peut dire avec Alexis François que la haute société de Paris passe au stade d’une prononciation « cultivée », qui est le fait de gens instruits accordant une attention réfléchie au mode articulatoire et à la plénitude phonétique du mot, où toutes les consonnes sont désormais fermement prononcées. Comme le dit Alexis François3:

« Par toute cette discipline [articulatoire], c’est un idiome particulier qui se maintient dans la prose et dans les vers, de là passe dans la conversation des gens instruits, et accentue l’écart entre la langue populaire et la langue cultivée ».

 

La nouvelle prononciation de la haute société de Paris sera appelée la « prononciation bourgeoise ». Elle l’emportera définitivement sous la Restauration et la monarchie de Juillet, et elle sera qualifiée par les grammairiens de l’époque (Sophie Dupuis et Paul Ackermann) de « dialecte qui doit faire la loi pour la prononciation : il est le plus riche, le plus cultivé et le plus beau ».4

 

Les qualités éclatantes du nouvel accent de Paris nous permettent de mieux comprendre les sévères remarques des voyageurs du XIXe siècle sur l’accent des Canadiens. C’est à l’aune de ce nouvel accent qu’était maintenant jugé leur vieil accent. Le changement de paradigme phonétique avait eu cet effet de réduire la prononciation de l’ancien style du bel usage au rang de prononciation provinciale, ou encore populaire, même paysanne, comme certains voyageurs en font la remarque. Car, comme le dit Alexis François, ce qui était de bon style avant la Révolution sera du plus mauvais style après celle-ci :

« On le leu dira su le soir, fut une phrase exclusivement populaire ».5

La Révolution phonétique avait été profonde, totale, rejetant dans l’ombre tout ce qui, en France (les provinces) et au Canada, s’éloignait de la nouvelle prononciation. C’est la haute société qui avait fait la révolution, en l’occurrence la grande bourgeoisie; c’est elle qui donnait le ton, créant un modèle de prononciation auquel il était désormais difficile de ne pas se conformer.

 

La prononciation québécoise traditionnelle – d’avant la Révolution tranquille – a donc pour socle, pour fondement, les habitudes articulatoires et phonétiques propres au style familier du bel usage. Ce qui a pour effet de l’opposer aux habitudes articulatoires et phonétiques du style soutenu, perpétuées depuis la Révolution de 1789 comme style courant, quotidien, de parole, dans la prononciation bourgeoise de la haute société de Paris.


1 Gendron, Jean-Denis, D’où vient l’accent des Québécois? Et celui des Parisiens? Essai sur l’origine des accents, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2007, XXIII – 287 p. http://www.pulaval.com/catalogue/vient-accent-des-quebecois-celui-des-9086.html

 2 Caron-Leclerc, Marie-France, Les témoignages anciens sur le français du Canada (du XVIIe au XIXe siècle) : édition critique et analyse, thèse de doctorat déposée à l’Université Laval de Québec, 1998, 863 p.

 3 François, Alexis, Histoire de la langue française cultivée des origines à nos jours, Genève, Alexandre Jullien Éditeur, 1959, tome I, 409 p.; tome II, 306 p.

 4 Bruneau, Charles, Histoire de la langue française des origines à nos jours, tome XII, L’époque romantique, Paris, Librairie Armand Colin, 1948, XIX – 593 p.
 5 François, Alexis, Histoire de la langue française des origines à 1900, tome VI, Le XVIIIe siècle, deuxième partie, La langue postclassique, Paris, Librairie Armand Colin, 1932, XVI – 1405 p.

Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs – section France

Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs – section France

par Bernard Émont et Gilbert Pilleul

 

I-Plusieurs actions mémorables pour l’année du 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec

 

L’inauguration du musée de la « Tour de la Chaîne » à La Rochelle

A l’initiative de la Commission et de l’un de ses membres éminents Didier Poton, Doyen de la Faculté des lettres et des Sciences humaines de l’Université de La Rochelle, a été conduit à bonne fin le projet de « Centre d’interprétation : Mémoire de la migration France- Québec », avec le concours du Centre des monuments nationaux. Cette Tour, en grande partie désaffectée, a été convertie en musée des départs vers le Québec et la Nouvelle-France, sur trois étages (dont le dernier suspendu pour pallier des défaillances de construction), et avec une savante utilisation iconographique de la partie haute de chaque étage, pour présenter les migrations des populations, l’imaginaire qui les portait, les âges et conditions sociales des individus qui les composaient, ainsi que les péripéties du voyage : un projet pilote du point de vue muséographique qui a été inauguré en grande pompe les 7 et 8 mai derniers en présence d’éminents représentants du Canada et de la France, notamment, pour le premier, la Gouverneure générale du Canada, madame Michaëlle Jean, le ministre de la Santé et des Services sociaux, monsieur Philippe Couillard (du Gouvernement du Québec) et pour la seconde, la ministre de la Culture et de la Communication, madame Christine Albanel, et la présidente de la Région Poitou-Charentes, madame Ségolène Royal.

Cette inauguration s’est faite devant un grand concours de peuple (certains parlent de 100 000 personnes), mobilisé en outre par deux autres évènements : le départ d’une cinquantaine de voiliers pour rallier Québec, -avec dans plusieurs tonnelets symboliques d’une région viticole, des messages à destination des « cousins » d’outre-Atlantique-, ainsi que le transport à Québec, pour y être exposée, d’une reproduction géante du livre des Voyages de Champlain.

 

Le lancement de lEncyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française


Le projet de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française a été présenté dans un des salons de l’Assemblée nationale, au Palais Bourbon, le 18 avril 2008.

 

Cette manifestation s’est tenue en ce lieu prestigieux grâce à l’appui de M. Pierre Lasbordes, député de l’Essonne, président du groupe d’amitié parlementaire France Québec ainsi qu’au concours très efficace apporté pour sa réalisation par le secrétaire administratif du groupe, M. Jean Gérald Renard.

 

Elle a bénéficié du soutien de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs dans ses composantes française et québécoise ainsi que de celui de la Société héritage de Champlain.

Présidée par M. Lasbordes, en présence de S.E. l’ambassadeur du Canada, M. Marc Lortie et de M. Wilfrid Licari, Délégué général du Québec, elle a réuni plus de cent cinquante personnes.

 

Après que Marcel Masse, président de la société héritage de Champlain, eût fait l’historique du projet dû à son initiative, et souligné les raisons de celle-ci, Laurier Turgeon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine à l’Université Laval, directeur de l’Encyclopédie, et Yves Bergeron, codirecteur, directeur des Études supérieures en muséologie à l’Université du Québec à Montréal, firent connaître l’état des travaux en cours et le programme des années à venir.

 

L’Encyclopédie, rappelèrent-ils, a pour objet grâce à la participation des meilleurs spécialistes sur la question, de présenter le patrimoine, matériel et immatériel, des Francophones des différentes régions du continent nord-américain. En plus de faire œuvre d’un savoir établi et consacré, elle se propose d’être un lieu de réflexion et d’exploration sur la manière dont se constitue le patrimoine. Le choix a été fait d’une encyclopédie électronique en ligne. Ainsi les articles qui la constituent (une cinquantaine à ce jour, quelque cinq cents en phase finale) sont illustrés à l’aide de documents iconographiques, sonores et audiovisuels et pourront être améliorés grâce aux échanges entre le comité de rédaction, les auteurs et les lecteurs.

 

À titre d’illustration, à partir de la base de données située à l’Université Laval, le site de l’Encyclopédie fut affiché sur grand écran, avec quelques-uns des articles déjà réalisés.

 

En conclusion de la réunion, Pierre-André Wiltzer, coprésident de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, et Philippe Joutard, membre de celle-ci ainsi que du conseil scientifique de l’Encyclopédie, dirent leur satisfaction de voir bien engagé un projet de cette ampleur. Un projet nécessaire qui, soulignèrent-ils, est dans la droite ligne de l’objectif que s’étaient fixé les gouvernements français et québécois lors de la création de la Commission : renforcer entre Français et Québécois leurs liens exceptionnels ancrés dans une histoire commune, mais, dont a remarqué Philippe Joutard, ils conservent souvent une mémoire quelque peu différente.

 

Tous les intervenants ont relevé particulièrement l’aspect novateur de la démarche choisie qui doit permettre autour du patrimoine de l’Amérique française de créer une communauté dynamique de chercheurs, d’usagers, de lecteurs, et de contribuer ainsi à ce que mieux informé l’on se comprenne mieux.

 

La présentation du projet s’est achevée de façon très chaleureuse autour d’un «verre de l’amitié».

 

L’Hommage à Québec en Sorbonne, le 23 juin dernier : compte rendu et remerciements.

 

C’est plus de 200 personnes qui ont accepté, le 23 juin 2008, de troquer le soleil radieux, pour les caissons dorés et les fresques du grand salon d’honneur de la Sorbonne, en hommage à Québec, à l’occasion du 400ème anniversaire de la fondation de Québec par Champlain. Témoignage incontestable, quoi qu’en dise, du potentiel de mobilisation que suscite cette « France du Nord », œuvre de tant de pionniers, dont le premier fut Champlain, et où s’écrivirent des pages parmi les meilleures de la France ancienne.

 

En lever du rideau, quelque 160 élèves de plusieurs écoles de Paris devaient nous replonger, à travers chansons et ballades, aux sources d’un imaginaire commun, où la bravoure des jeunes tambours voisine avec la fantaisie des marquis Carabi, où les rêves amoureux se mêlent aux vols d’oiseaux (alouette, colombe, rossignol…), au cœur de jardins aux lauriers fleuris, ou sous la chênaie des « claire fontaine ». Tout cela habilement marié à des airs plus contemporains, extraits des œuvres de Gilles Vigneault, de Félix Leclerc ou de Robert Charlebois.

 

Un premier débat lancé par Gilbert Pilleul devait permettre à Yannick Resch, professeur de littérature québécoise à Aix-en-Provence et à Claudine Bertrand, écrivaine et Directrice de la revue Arcades, de souligner le rôle de pionnière joué par la femme dans l’histoire du Québec.

 

Ensuite, Gilbert Pilleul demanda à Albert Jacquard et à Hubert Reeves, d’aborder le thème : « Quel avenir pour nos enfants ? » L’accord fut immédiat pour dire que ce n’est pas la planète qui est malade mais qu’il appartient aux hommes de prendre conscience que l’avenir de leurs enfants dépend de leur prise de conscience aujourd’hui de la nécessité de modifier radicalement leur rapport à l’environnement.

 

Plus intemporel, en fin d’après-midi, fut l’hommage à l’écriture de langue française, à l’occasion de la remise du prix Léopold Sédar Senghor de poésie à Fernand Ouellette, puis celui de l’association Gaston Miron, remis à Marie-Claure Bancquart, et le prix Gérald Leblanc à Serge Patrice Thibodeau. Prix remis par Sylvestre Clancier, président de la Nouvelle Pléiade.

 

Après un cocktail, l’assistance se retrouva dans le grand salon d’honneur pour entendre un concert de musique française avec le chœur « Figure Humaine » dirigé par Denis Rouger, accompagné au piano par Sara Beucler ; concert alimenté d’extraits de Ravel, Duparc, Debussy, et entrecoupé de lectures de poèmes du Québec à partir d’une sélection d’une vingtaine d’auteurs, sélection faite avec le concours de Bernard Emont.

Au total, comme l’ont noté maints spectateurs, une journée équilibrée, à l’image d’un pays où le futur, voire le futurisme, côtoie souvent les souvenirs, où le pragmatisme se mêle au rêve et les projets de l’ère technologique à la persistance d’une culture fortement attachée à ses racines.

 

La Commission tient à remercier ses partenaires pour cette journée : l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’Ordre des Palmes Académiques et la Délégation Générale du Québec sans oublier l’Université de Paris-IV Sorbonne.

 

II- L’action de la Commission s’est en outre manifestée, plus indirectement, par le soutien qu’elle a accordé à plusieurs initiatives comme le cours consacré, à la MSH de Paris, pendant tout un semestre, avec l’intervention de multiples spécialistes, à l’introduction à l’Amérique française, le Colloque du GRECA en Sorbonne (Groupe de recherche sur les écrits canadiens anciens) consacré cette année aux « Mythes fondateurs de l’Amérique française », aux XVIIème, XVIIIème et même XXème siècles, à l’exposition de l’association Visualia (filiale de La Poste) portant sur la Nouvelle-France et l’émission de timbres pour commémorer sa naissance, et la reconstitution à Fort Barraux d’une partie du Régiment de Carignan-Sallières, venu en 1663 au secours de la Nouvelle-France, avec le concours des régions qui avaient œuvré à sa formation : Savoie, Piémont, Suisse lausanienne, Alsace, etc.

 

III- Parmi les manifestations soutenues par la Commission sont encore à venir les Rencontres de Blois, où le Québec sera l’invité d’honneur du Salon du livre (et l’objet de plusieurs tables rondes en marge de celui-ci) les 11,12 et 13 octobre prochains ; la fête de la Nouvelle-France de Condé en Brie (3-4 octobre) ; et en marge du lancement des livres de « Villes et villages de France, berceau de l’Amérique française », le colloque « La mémoire au regard de l’Histoire » et les fêtes de la Nouvelle-France, à Aix-en-Provence, les 24 et 25 octobre.

 

Le français du Québec : un arbre de haute futaie

Le français du Québec : un arbre de haute futaie

par Marie-Éva de Villers
Directrice et chercheuse agrégée
Direction de la qualité de la communication
HEC Montréal

 

Le français du Québec, c’est une histoire d’amour et de vie échelonnée sur quatre siècles, l’histoire de francophones dont la fidélité à leur langue, la ténacité à toute épreuve, la détermination sont remarquables.

 

Un grand chêne rouge d’Amérique

 

Il s’agit d’un arbre de haute futaie, pour ainsi dire. Abandonné à lui-même dans les forêts de la Nouvelle-France conquise, il atteint néanmoins des dimensions considérables et survit malgré les vents contraires et les intempéries.

arbre

Cet arbre, c’est le français du Québec.

 

    • Voyez ses racines qui creusent le sol à la recherche de l’humidité et des substances nécessaires à sa croissance, des racines qui servent aussi à le fixer solidement dans le sol, à l’enraciner littéralement.

    • Voyez ce tronc vigoureux au fût très long qui monte vers la cime.

  • Voyez ses branches maîtresses qui se séparent en rameaux, puis en ramilles et se couvrent d’un feuillage foisonnant.

 

Les racines

 

Les racines, ce sont ces mots venus de France; des mots perdus pour la plupart des francophones, mais toujours vivants au Québec, préservés ici malgré le passage des siècles. Citons à titre d’exemples les mots achalandage, avant-midi, bec au sens de « baiser », bleuet, brunante, creux au sens de « profond », croche au sens de « crochu » ou de « malhonnête », fardoche, débarbouillette, écornifler au sens de « épier », frasil, maringouin, mitaine, outarde, piger au sens de « prendre » ou traversier. Ce sont des québécismes issus du fonds français.

 

Le tronc commun immense

 

Le tronc représente l’ensemble des mots que nous partageons avec les autres francophones de la planète, ce tronc commun immense de la langue française.

 

Les néologismes

 

L’une des branches maîtresses regroupe des mots que nous avons créés :

    • afin de nommer des réalités qui nous sont propres (ex. : acériculture, acériculteur, acéricultrice, bleuetière, pourvoirie),

    • afin de nommer de nouvelles réalités (ex. : aluminerie, cégep, cégépien et cégépienne, courriel, motoneige, polyvalente, téléavertisseur).

  • Ce sont aussi des mots auxquels nous avons attribué de nouveaux sens pour nommer une nouvelle réalité ou pour éviter un emprunt à l’anglais (ex. : babillard au sens de « tableau d’affichage », décrochage (scolaire), dépanneur, huard au sens de « dollar »). Tous ces mots sont des québécismes de création.

 

Les emprunts à d’autres langues

 

L’un des rameaux regroupe les mots que nous avons empruntés principalement à l’anglais, mais aussi aux langues amérindiennes et inuites ainsi qu’à d’autres langues : ce sont les québécismes d’emprunt.

  • Les emprunts à l’anglais appartiennent principalement aux domaines politique, juridique, économique et sportif, (ex. : les noms aréna, caucus, chiropraticien, coroner, débenture et mohawk).

  • Les emprunts aux diverses langues amérindiennes sont principalement des noms de peuples amérindiens (ex. : abénaquis; algonquin, attikamek; huron). Ce sont aussi des mots qui désignent principalement des espèces de la faune ou de la flore du territoire (par exemple, achigan, atoca, carcajou, caribou, maskinongé).

 

Des mots demeurés vivants au Québec

 

Un certain nombre de mots venus de France sont aujourd’hui oubliés par la plupart des francophones, mais ils demeurent vivants au Québec et en Amérique française.

Achalandage

 

En 2004, le nom achalandage porte la mention vx pour vieux dans le Petit Robert et la marque Vieilli dans le Petit Larousse. Au Québec, ce nom appartient à l’usage courant et n’est aucunement perçu comme un archaïsme ni comme un mot de registre familier. L’achalandage, c’était selon Littré dans son Dictionnaire de la langue française (1863-1872) : « L’ensemble des chalands ». Qu’est-ce qu’un chaland? C’est un acheteur, toujours selon Littré qui donne comme exemple : « Ce marchand a beaucoup de chalands, de bons chalands. »

Au Québec, le terme achalandage désigne fréquemment l’ensemble des usagers des transports en commun (métro, autobus, train de banlieue). Dans le secteur du transport, il nomme aussi les voyageurs aériens, ceux qui circulent dans les aéroports, les automobilistes qui empruntent le réseau routier. La clientèle désignée par le nom achalandage consomme surtout des biens culturels (musées, festivals d’été, festivals de films, cinéma, théâtre, télévision, librairies), mais aussi des établissements commerciaux (pharmacies, supermarchés, banques, antiquaires) ainsi qu’Internet. Le terme désigne également des utilisateurs de services publics (établissements hospitaliers, salles d’urgence, cabinets médicaux, organismes gouvernementaux, bibliothèques, piscines publiques).

 

Creux

« Je placerai mon affût assez creux dans les joncs, que tu passeras à côté, sans même t’en douter. »
Germaine Guèvremont, Marie-Didace

Dans l’usage courant français d’aujourd’hui, le mot creux signifie « dont l’intérieur est vide » et au figuré, « vide de sens ». Dans le vocabulaire de la marine, le nom désigne toujours la profondeur entre deux lames, mesurée de la crête à la base selon le Trésor de la langue française. Ainsi les navigateurs pourront dire : « une mer d’un mètre de creux ». La locution figurée dans le creux de la vague – qui appartient toujours à la langue courante au sens de « dépression, profonde incertitude » – témoigne de cette acception : « Nous sommes tous nés dans un creux de vague : qui sait l’horizon vrai? qui sait la terre? » (Sainte-Beuve, Volupté, 1834).

 

Lorsque les futurs habitants de la Nouvelle-France quittent leur pays d’origine, le mot creux a la signification de « profond » comme le lexicographe Antoine Furetière en fait état dans son Dictionnaire universel (1690). Il donne à l’adjectif le sens de « cavé en profondeur » et en illustre l’emploi à l’aide de l’exemple suivant : « Plus les rivières sont creuses, plus elles sont navigables. » Près de deux siècles plus tard, Émile Littré consigne encore le sens de « profond » dans son Dictionnaire de la langue française qui paraît de 1863 à 1867, mais cette acception disparaît des dictionnaires français au cours du XXe siècle.

 

Il n’en est pas ainsi au Québec où la langue de la mer conserve son emprise : outre les acceptions du français standard, le mot creux comporte toujours celle de « profond » et les Québécois ne se privent pas de donner à ce mot employé comme un adjectif ou un adverbe sa signification originale.

 

Croche

– Votre garçon? En êtes-vous bien sûr?

– Un exilé qui nous est revenu de Montréal avec des idées croches.

– Le mouton noir de la famille! JACQUES FERRON, Les Grands Soleils

 

L’adjectif croche a été courant en français du XVIe siècle au XIXe siècle. On le retrouve en effet sous la plume de Rabelais : « On a dit ongles croches »; l’auteur donne à l’adjectif le sens de « crochu, recourbé ». Émile Littré répertorie encore l’adjectif dans son Dictionnaire de la langue française au sens propre : « Courbé en crochet. Jambes croches. Genou croche » ainsi qu’au sens figuré : « Avoir la main croche, être d’un naturel rapace ». Cet emploi français ancien s’est maintenu au Québec et demeure courant.

 

Au sens propre, l’adjectif a la signification de « qui n’est pas droit », ainsi que l’employaient Rabelais et Montaigne, mais ce sont les emplois figurés qui demeurent les plus fréquents, emploi à titre d’adjectif au sens de « tordu, tortueux » (ex. : des idées croches) ou emploi à titre d’adverbe au sens de « de travers » (ex. : des chiffres cités tout croche). Le mot est parfois employé comme un nom au sens de « méandre » comme dans la rivière fait un croche.

 

Fardoche

Moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches

Moi je fonce à vive allure et entêté d’avenir

La tête en bas comme un bison dans son destin

GASTON MIRON, L’Homme rapaillé

Jeunes arbres dans une forêt de haute futaie ou broussailles dans un terrain défriché, les fardoches – dites aussi fredoches ou ferdoches – peuvent être également des fagots, des amas de petites branches aux îles de la Madeleine. Ce nom est originaire de la Saintonge, ancienne province française correspondant au sud du département actuel de la Charente-Maritime. On en a trouvé des attestations dans bon nombre de documents de la Nouvelle-France. Un acte de vente du Greffe de Me Becquet daté de 1672 décrit un « terrain partie en terres labourables et partie en bois et fredoches ». Dans un texte anonyme intitulé Mémoires sur le Canada 1749-1760, il est question d’un fort « des deux côtés enfermé par de grosses souches et des fredoches qui pouvaient aisément favoriser l’approche de l’ennemi ». Le nom fardoches, ce dialectalisme de la Charente transposé très tôt en Nouvelle-France, s’emploie aujourd’hui dans la langue familière de toute l’Amérique francophone.

 

Maringouin

 

– Il doit bien y avoir quelques moustiques sur ces terrains humides…

– Oh, nous retirons un revenu appréciable de l’élevage intensif du maringouin!

PIERRE MORENCY, Lumière des oiseaux

La ville de Québec vient à peine d’être fondée que Marc Lescarbot publie son Histoire de la Nouvelle-France (1609) où l’on relève le nom maringouin. À la fin du régime français, l’Académie française fait paraître la 4e édition de son Dictionnaire; le nom maringouin s’y trouve répertorié, défini et illustré ainsi : « Sorte de moucheron qui ressemble au cousin, & qui est fort commun dans l’Amérique. Dans ce pays-là on est fort incommodé des maringouins. » Deux siècles et demi plus tard, cet exemple proposé par l’Académie demeure d’actualité pour les francophones d’Amérique. En 1867, Littré juge le nom toujours courant et lui donne le sens propre de « Nom vulgaire de diverses espèces de cousins […] » ainsi qu’un sens figuré illustré par une citation de Beaumarchais extraite du Barbier de Séville où le nom figure dans une énumération piquante des parasites qui importunent les gens de lettres : « tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs et tout ce qui s’attache à la peau des malheureux gens de lettres. » Aujourd’hui le nom est jugé régional. Dans le Dictionnaire historique de la langue française publiée chez Robert, Alain Rey précise que le nom maringouin n’est resté usuel qu’aux Antilles et au Canada.

 

Les Québécois ne peuvent faire l’économie du mot maringouin pour parler de ces insectes piqueurs qui infestent nos bois et nos campagnes; en effet, le terme cousin est inconnu ici en ce sens et celui de moustique, trop imprécis. Il en est ainsi de plusieurs mots de la faune et de la flore qui désignent des réalités qui nous sont propres.

 

Conclusion

 

Les québécismes – ces mots qui nous appartiennent spécifiquement – témoignent à la fois d’une fidélité aux formes françaises des débuts de la Nouvelle-France; d’une vitalité et d’un dynamisme étonnants par la conception de néologismes, de nouveaux mots pour nommer les nouvelles réalités plutôt que par le recours aux mots de langues étrangères; d’une réticence certaine à emprunter des mots directement à l’anglais, sauf dans les cas où le contexte politique, juridique, économique le requiert expressément.

 

Ce bel arbre du français du Québec, qui fait preuve d’un si grand entêtement, qui étend de toutes parts ses racines profondes et ses rameaux innombrables, c’est à nous qu’il revient de l’entretenir soigneusement, de l’élaguer, si besoin est, d’en assurer la croissance et la préservation, de le faire découvrir à nos enfants, aux enfants de nos enfants afin que tous en aient la pleine maîtrise et qu’ils puissent concourir à leur tour à sa pérennité.

La Francophonie, le dialogue des cultures et la mémoire.

La Francophonie, le dialogue des cultures et la mémoire.

Mise en contexte

L’adoption en octobre 2005, par l’Unesco, de la Convention sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles [entrée en vigueur le 18 mars 2007 – voir http://portal.unesco.org/la/convention.asp?KO=31038&language=F#1 , a consacré une mobilisation internationale en faveur d’un traitement spécifique des biens et services culturels dans le cadre d’une économie de plus en plus mondialisée.

 

Succès diplomatique pour la Francophonie et ses membres, notamment la France et le Québec, ce temps fort marque aussi une réussite éclatante pour les défenseurs de la culture et du droit des États d’adopter et de mettre en œuvre des politiques culturelles.

 

On retiendra surtout de cette Convention internationale qu’elle contribuera à protéger les biens et services culturels des règles de libéralisation des marchés, parce que ces biens et services jouissent d’une double nature en étant aussi porteurs d’identité et véhicules d’un imaginaire propre.

 

Il est significatif à cet égard que l’un des principaux points de litige dans l’avènement d’un consensus international, par ailleurs remarquable au point d’arrivée, ait été l’articulation entre la Convention et les règles commerciales.

 

Ce qui est moins connu cependant, c’est que, parmi les arguments au soutien de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles, figurait également la protection des traditions et de la mémoire. En effet, les industries culturelles véhiculent les fruits d’une création contemporaine comme elles véhiculent également des traditions.

 

Sans confondre le champ de la Convention sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles avec celui d’une autre convention de l’Unesco portant sur le patrimoine immatériel, il demeure que la création et la transmission d’un imaginaire et de composantes identitaires reposent largement sur les industries culturelles, donc sur les biens et services culturels.

Dans l’article intitulé « La Francophonie et le dialogue des cultures : de l’exception culturelle à la française à la Convention de l’UNESCO [», l’auteur, Aurélien Yannic, décrit la genèse de ce grand succès diplomatique pour la Francophonie qu’est la Convention sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles.

La rédaction

 

La France honore deux membres de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

La France honore deux membres de la
Commission franco-québécoise
sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

 

par Gilles Durand

 

À l’occasion du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, la France a exprimé sa fraternité avec le Québec en honorant deux membres de la

Lelievre
Francine Lelièvre
lacoursiere
Jacques Lacoursière
Photo : Rémy Boily

CFQLMC, la directrice générale de Pointe-à-Callière, Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, Francine Lelièvre, et l’historien Jacques Lacoursière. Sur décision du Président de la République, Nicolas Sarkozy, ils ont reçu, le 13 juillet 2008, l’insigne de chevalier de l’Ordre national du mérite des mains du général d’armée Jean-Pierre Kelche, grand chancelier de la Légion d’honneur, au Salon rouge de l’Assemblée nationale du Québec.

 

L’Ordre national du mérite, un des deux ordres nationaux les plus éminents avec la Légion d’honneur, a été fondé en 1963 par le Président de la République d’alors, Charles de Gaulle, pour faire reconnaître par la nation française ceux qui en ont bien mérité par les services rendus, et qui ont contribué de la manière la plus éclatante à son rayonnement. Dans le cadre des activités commémorant la contribution de la France au développement de Québec et de l’Amérique du Nord, l’occasion ne pouvait être mieux choisie de récompenser, dans un lieu hautement symbolique de l’histoire du Québec, deux personnalités québécoises qui, par leur détermination, leur efficacité, leur sens de l’intérêt commun et l’excellence de leurs activités respectives, ont tissé des relations encore plus étroites entre deux continents qui partagent un même héritage depuis plus de quatre siècles.

 

Pour de l’information sur le parcours et les réalisations de la récipiendaire et du récipiendaire, consulter, pour Francine Lelièvre, le site de l’Ordre national du Québec qu’elle s’est vue décerner en 2002, de même que celui de Pointe-à-Callière; pour Jacques Lacoursière, voir le site des Prix du Québec dont il fut honoré en 2007 (Prix Gérard-Morisset).

 

Pour la couleur, la forme et le message que l’insigne de chevalier de l’Ordre national du mérite entend livrer, visiter le site.

 

Treize autres personnalités furent également à l’honneur le 13 juillet 2008. L’ensemble de l’information, accompagnée de photographies des décorés, se retrouve sur le site du Consulat général de France à Québec.

Le Québec invité d’honneur au Salon du livre de Blois

Le Québec invité d’honneur au Salon du livre de Blois

par Gilles Durand

 

Chaque année se tient dans la ville de Blois un important événement, les Rendez-vous de l’histoire. Les prochains Rendez-vous, du 9 au 12 octobre 2008, comprennent un grand

quebec blois

nombre d’activités, des conférences, des colloques, des présentations de films, des expositions, et, au cœur de la manifestation, un salon du livre, etc. Plus de 25 000 personnes sont attendues pour rencontrer des spécialistes de l’histoire à différents titres : éditeurs, professeurs, chercheurs, écrivains.

Cette année, dans le cadre des fêtes du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, le Salon met à l’honneur le Québec, ses éditeurs et ses écrivains. Présidé par Pierre Nora, le père du concept de lieu de mémoire, il était tout naturel qu’il fasse appel à la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) pour l’élaboration de sa programmation.

Du vendredi 10 octobre au dimanche 12 octobre, plusieurs spécialistes québécois, membres de la Commission , feront revivre, dans le cadre de conférences et de tables rondes, différents aspects de la grande aventure française au temps de la Nouvelle-France : les motivations de ceux qui ont quitté les rives de l’Hexagone, leurs points d’ancrage et leur essaimage sur le continent nord-américain, le rôle des femmes, les échanges multiformes avec les communautés autochtones, les traces matérielles et immatérielles des 17e et 18e siècles dans le paysage et dans l’imaginaire des Québécois et des Français d’aujourd’hui.

 

Le grand public et les visiteurs auront également l’occasion de rencontrer, dans les kiosques, des éditeurs québécois qui présenteront les nouveautés de la rentrée littéraire. La Commission sera elle-même présente pour faire mieux connaître deux de ses réalisations :

    • un site Web renouvelé, permettant à l’internaute non seulement d’en apprendre sur l’héritage que Québécois et Français partagent, mais aussi de voir et d’entendre des documents audiovisuels;

  • un bulletin électronique d’information, Mémoires vives, diffusé quatre fois l’an, qui donne l’heure juste sur les lieux de mémoire de même que sur les actions de mise en valeur qui se multiplient de jour en jour de chaque côté de l’Atlantique.

 

Le Salon du livre de Blois, un moyen de découvrir la mémoire franco-québécoise, peut-être de la redécouvrir, d’en déceler les failles, de l’enrichir, de valoriser tout ce qui en fait partie. Consultez le programme du Salon.

 

Pour en savoir plus sur les Rendez-vous de l’histoire.

L’ordonnance de Villers-Cotterêts (Août 1539)

L’ordonnance de Villers-Cotterêts
(Août 1539)

par Françoise Hildesheimer
Conservateur en chef à la Section Ancienne
Archives nationales de France

 

La France a connu plusieurs mouvements de réformation du royaume jalonnés par les ordonnances de 1254, 1303, 1356, 1413, 1439, 1539 (Villers-Cotterêts), 1561 (Orléans), 1566 (Moulins), 1579 (Blois) qui traitent essentiellement de la réforme de la justice, premier attribut de la puissance du roi. L’idée que la justice constitue la fin véritable de l’autorité souveraine, donc le fondement de l’autorité royale, avait en effet pour conséquence directe une gestion essentiellement judiciaire de l’État : les agents du roi furent d’abord les juges qui ont également des fonctions de « police » (d’administration), le premier réseau administratif est judiciaire, et l’action administrative s’opère par le canal de procédures judiciaires; les grandes ordonnances dites de réformation sont donc naturellement consacrées à l’exercice de la justice.

 

L’« ordonnance générale sur le fait de la justice, police et finances » a été prise par François Ier en août 1539 à Villers-Cotterêts (dans l’actuel département de l’Aisne) « pour aucunement pourvoir au bien de notre justice, abréviation des procès, et soulagement de nos sujets ». Ses 192 articles ont été rédigés par Guillaume Poyet, chancelier de France de 1538 à 1542 (ce qui fait qu’elle est parfois connue sous le nom de Guilelmine). Ordonnance de réformation de la justice, elle contient des dispositions relatives à la compétence des tribunaux (avec visée de restriction de la juridiction des cours ecclésiastiques), à la procédure civile et pénale (renforcement du caractère secret de la procédure inquisitoire notamment), aux formalités judiciaires… C’est par ce biais qu’elle touche indirectement au droit des personnes, un domaine dans lequel la législation royale ne s’aventure guère directement, en laissant le terrain aux coutumes et à la législation canonique; ce très progressif investissement du droit privé par la loi du roi est à mettre en relation avec le développement contemporain d’une conception « absolutiste » de l’État qui se fait à travers la définition contemporaine, par Jean Bodin, de la souveraineté indivisible dévolue au roi.

 

L’ordonnance de Villers-Cotterêts est essentiellement connue par ses articles 50 et 51 qui posent les fondements du futur service public de l’état civil en prescrivant aux curés la tenue de registres de baptême et de sépulture (« Art. 51. – Aussi sera fait registres, en forme de preuve, des baptêmes, qui contiendront le temps et l’heure de le nativité, et par l’extrait dudict registre, se pourra prouver le temps de majorité ou minorité, et sera pleine foy à ceste fin.  Art. 52. – Et afin qu’il n’y ait faute auxdits registres, il est ordonné qu’ils seront signés d’un notaire, avec celui desdicts chapitres et couvents, et avec le curé ou vicaire général respectivement, et chacun en son regard, qui seront tenus de ce faire, sur peine des dommages et intérêts des parties, et de grosses amendes envers nous. »), et, davantage encore, par ses articles 110 et 111 interdisant l’usage du latin comme langue judiciaire et juridique et prescrivant que « tous arretz ensemble toutes autres procédeures, soyent de noz cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, soyent de registres, enquestes, contractz, commissions, sentences, testamens et autres quelzconques actes et exploictz de justice, ou qui en dépendent, soyent prononcez, enregistrez et délivrez aux parties en langage maternel françois, et non autrement. »

 

La portée de cet article particulièrement concis mérite d’être cernée avec précision. Il s’inscrit dans une suite de décisions royales visant à remplacer le latin par les langues vulgaires pour la rédaction des coutumes et des actes de justice (ordonnances de Montils-lès-Tours de 1454, de Moulins en 1490…). Précisons bien qu’il ne s’agissait en rien de préfigurer la politique à venir de la Révolution et d’imposer le français à l’ensemble du royaume en en extirpant les langues nationales, puisque cette disposition ne concernait que la langue du droit et de l’État sans aucune incidence sur les pratiques linguistiques d’ordre privé pour lesquelles la diversité a prévalu jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

 

En ce qui concerne l’état civil, il faudra attendre l’ordonnance de Blois en 1579 pour que l’enregistrement des naissances, mariages et décès soit prescrit de manière générale, conformément aux dispositions contemporaines du Concile de Trente.

 

On connaît deux expéditions originales de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (Archives départementales de l’Isère, B 3189 et Archives départementales des Bouches-du-Rhône, B 8315) ; elle fut enregistrée par le parlement de Paris le 6 septembre 1539 (Archives nationales, X1A 8613, fol. 182 v°-198). On en trouvera l’édition scientifique dans : Académie des Sciences morales et politiques. Ordonnances des Rois de France. Règne de François Ier, tome IX, 3e partie, mai-août 1539, Paris, Éditions du CNRS, 1983, p. 650-628. Une publication sur parchemin est accessible dans la base Archim des Archives nationales.

On en trouvera aussi le texte sur ce site.

ordonnance

Voir aussi : L’Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, un jalon important dans la constitution de l’état des personnes (naissance, mariage, décès) et …ancêtre de la Loi 101!

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