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Bulletin n°29, décembre 2009

Les Entretiens Pierre-Bédard 8e colloque organisé par la Société du patrimoine politique du Québec (SPPQ)

Les Entretiens Pierre-Bédard
8e colloque organisé par la Société du patrimoine politique du Québec (SPPQ)

Québec, 16 et 17 septembre 2010

Appel de communications

 

Hector Fabre et les relations France-Québec, 1882-1960

 

 

Journaliste et fondateur du journal L’Événement, Hector Fabre s’est également illustré dans sa carrière de sénateur et de diplomate. Nommé en 1882 au poste d’agent général de la Province de Québec à Paris par le premier ministre Chapleau, Hector Fabre devient le premier représentant diplomatique canadien installé dans l’Hexagone. Soucieux de développer les échanges économiques et culturels, Fabre œuvre jusqu’à sa mort au renforcement des liens entre les dirigeants et les intellectuels de part et d’autre de l’Atlantique.

 

Affiche colloque SPPQ - Hector Fabre et les relations France-Canada français-Québec 1882-1960

Un siècle après la mort du diplomate, survenue à Paris le 2 septembre 1910, le 8e colloque des Entretiens Pierre-Bédard, qui aura lieu à Québec les 17 et 18 septembre prochains, entend aborder le thème des relations culturelles entre le Québec, le Canada et la France avant la création de la Délégation du Québec à Paris en 1961.

La première partie du colloque analysera l’action d’Hector Fabre au Québec puis en France, en particulier en sa qualité de représentant du Québec et du Canada.
 
La deuxième partie étudiera les passerelles culturelles qui ont été jetées entre les deux sociétés après la mort d’Hector Fabre en 1910 et durant le demi-siècle qui a suivi. Nous analyserons ainsi la nature des relations qui se sont développées, notamment à travers certaines initiatives, comme la création en 1926 de la Maison des étudiants canadiens.
 

Plus particulièrement, nous chercherons à étudier les influences littéraires, culturelles et religieuses, le monde de l’édition et des arts et les affinités idéologiques qui ont participé d’un renforcement des relations entre la France, le Québec et le Canada.
Nous privilégierons également les nouvelles recherches et interprétations portant sur les ponts qui ont pu être créés en marge des relations diplomatiques officielles.

Les chercheurs peuvent soumettre leurs CV et propositions de communication, comportant un titre
et un court résumé, avant le vendredi 15 janvier 2010, à l’adresse suivante :
ColloqueHectorFabre@gmail.com

 

Le comité scientifique du colloque est composé de
Marc Beaudoin (Fédération des sociétés d’histoire du Québec), Robert Comeau (SPPQ et UQAM), Gérard Fabre (CNRS), Jean Lamarre (CMR de Kingston), Samy Mesli (U. de Montréal et U. Sherbrooke) et Ivan Carel (U. Concordia)

 

 

crédit : Société du patrimoine politique du Québec (SPPQ)

La France honore Marcel Masse du titre de commandeur de l’Ordre des palmes académiques

La France honore Marcel Masse, fondateur
de la Commission franco-québécoise
sur les lieux de mémoire communs

 

par Gilles Durand

 

Une haute distinction de la République française

Macel Masse - décoration

Crédit : Georges Poirier

Le 13 octobre 2009, Marcel Masse, le fondateur de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), a reçu le titre de Commandeur, la plus haute distinction de l’Ordre français des palmes académiques. Il a été promu à ce titre par la République française sur proposition du ministre de l’Éducation nationale de France et par décret du Premier Ministre François Fillon. C’est Pierre Nora, membre de l’Académie française, grand historien et père des lieux de mémoire, qui lui a remis les insignes de Commandeur. L’Ordre a été institué en 1808 par Napoléon 1er pour honorer des personnalités qui ont contribué d’une façon marquée à l’avancement de la langue et de la culture françaises en France et dans le monde.

Un honneur bien mérité pour le fondateur de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs

Marcel Masse mérite ces hautes reconnaissance et distinction à plus d’un titre : comme citoyen engagé, éducateur, ministre québécois et canadien, président d’organismes d’État, haut représentant du Québec en France, coprésident de la CFQLMC. Dans tous les gestes que le récipiendaire pose depuis le début de sa carrière et dans toutes les responsabilités qu’il assume, une même constante se dégage : le rappel et la mise en valeur de ce qui fait la richesse et la spécificité du Québec, la langue et la culture françaises. Parmi toutes les initiatives qu’il a lancées, deux projets, qui lui sont redevables pour le dynamisme dont ils font toujours montre, en témoignent éloquemment : l’inventaire des traces matérielles témoignant de la relation franco-québécoise tant au Québec qu’en France et l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française
Voir aussi :
http://www.assnat.qc.ca/FRA/membres/notices/m-n/MASSM.htm;
Christian Rioux, « Marcel Masse honoré à Paris », Le Devoir, 14 octobre 2009
;
Ci-dessous, un communiqué préparé par André Gaulin, président de la Section du Québec pour l’Association des membres de l’Ordre des palmes académiques (AMOPA).

 

 

La France honore Marcel Masse

 

André Gaulin
Président de la Section du Québec pour
l’Association des membres de l’Ordre des Palmes Académiques (AMOPA).

 

C’est sur proposition du Ministre de l’Éducation nationale de France et par décret du Premier Ministre François Fillon que la République française a promu M. Marcel Masse au titre de Commandeur dans l’Ordre des Palmes Académiques pour services rendus à la culture française.

Dans sa lettre l’informant de cette nomination, l’Ambassadeur de France au Canada, M. François Delattre, rappelle qu’en décernant cette très haute distinction à Marcel Masse le gouvernement français a tenu, lui écrit-il, à «vous honorer pour votre action sur la valorisation du patrimoine français au Québec. Vous avez en effet consacré une partie importante de votre temps à faire connaître ce que le Québec d’aujourd’hui doit à son passé français».

Les Palmes Académiques instituées par Napoléon 1er pour honorer les membres de l’Université remontent à 1808. Avec le temps, les modalités de leur attribution ont été étendues à des personnes non enseignantes de la République ayant rendu des services éminents à l’éducation. Les Palmes Académiques sont également accordées à des personnalités étrangères qui ont apporté une contribution exceptionnelle à l’enrichissement du patrimoine culturel et à l’expansion de la culture française dans le monde.

La cérémonie de remise des insignes de l’Ordre des Palmes Académiques à M. Marcel Masse aura lieu en octobre prochain, à Paris, aux Archives nationales de France. Elle sera présidée par M. Pierre Nora, membre de l’Académie française, grand historien des lieux de mémoire.
Septembre 2009

Présentation du récipiendaire. Monsieur Marcel Masse

Présentation du récipiendaire. Monsieur Marcel Masse

 

par Pierre Nora de l’Académie Française

 

Présentation des insignes

Crédit : Georges Poirier

Cher Marcel Masse, que vous m’ayez demandé, à moi, de vous remettre les insignes de Commandeur dans l’Ordre des Palmes Académiques est un grand honneur, et une marque d’amitié à laquelle je suis très sensible – Que cette cérémonie tout amicale se déroule ici, aux Archives nationales, dans le salon ovale du palais de Soubise, la charge pour moi d’un sens plus fort, car c’est là que m’a été remise, il y a sept ans, mon épée d’académicien.

La première chose à vous dire, et qui pourrait être la seule, est que cette distinction, décernée, à titre exceptionnel, à des étrangers qui ont particulièrement contribué au rayonnement de la culture française, vous revenait de droit et qu’elle aurait dû vous être remise depuis longtemps. Car depuis que, à trente ans, en 1966, vous vous êtes retrouvé ministre de l’Éducation – le plus jeune des ministres du Québec –, vous n’avez cessé, dans toutes les hautes fonctions politiques que vous avez exercées, tant au Québec qu’à la Chambre des communes du Canada, de vous faire l’avocat, le défenseur, le promoteur de la langue et de la culture françaises, un de ces « passeurs d’océan » que nos amis Geneviève et Philippe Joutard célèbrent si bien dans leur livre sur La Francophilie en Amérique.

Vous avez eu la responsabilité du suivi des sommets de la Francophonie. Vous avez été président du Conseil de la langue française du Québec, délégué du Québec en France. Quand, au niveau fédéral, vous avez été ministre de la Défense, vous avez bataillé pour imposer le français. Et j’allais oublier de rappeler que ministre délégué à l’accueil des chefs d’État en 1967, c’est vous qui avez accueilli le général de Gaulle et assisté à la fameuse exclamation « Vive le Québec libre! ». Cette Défense et illustration de la langue française, pour reprendre le titre du livre de Joachim du Bellay, c’est presque le fil rouge de votre carrière, si riche; sans parler de la « Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs » ni de l’« Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française », vos deux grandes créations personnelles auxquelles, bien entendu, je vais arriver.

 

Marcel Masse remercié

Crédit : Gilbert Pilleul

Mais auparavant, je voudrais vous dire le souvenir si chaleureux, si généreux, que je conserve de l’accueil que vous m’avez réservé à Québec, il y a une douzaine d’années, quand vous avez organisé le premier séminaire sur le projet des « lieux de mémoire » et quand j’y suis revenu pour recevoir le doctorat honoris causa de l’Université Laval, dont je suis si fier. Vous m’avez initié au Québec, fait rencontrer, avec mon ami le professeur Bogumil Koss, des historiens avec lesquels je suis resté en rapport, comme Jacques Mathieu. Et surtout, surtout, vous m’avez entraîné, avec Jacques Revel, dans une virée inoubliable pour aller voir au Cap Tourmente le fameux envol des oies, qui étaient toutes au rendez-vous, avec retour commenté par le Chemin du Roi.

Il y a chez vous un enthousiasme permanent, une chaleur communicative, un pouvoir d’entraînement qui ont dû faire merveille pour les causes que vous avez défendues, à commencer par celle qui motive votre distinction et qui nous rapproche l’un de l’autre : la cause de l’histoire et de la mémoire.

Vous êtes, à votre manière, un « homme-mémoire », attaché à sauver ce que Philippe Joutard – encore lui – appelle un « héritage ambigu ». Vous remontez le courant d’oubli, vous exhumez en archéologue les couches successives de la mémoire française en Amérique. Vous vous attachez à la ressusciter, à en inventorier les marques et les traces.

C’est pourquoi votre projet le plus ambitieux – en attendant un autre, encore plus ambitieux, dont vous m’avez parlé, sur les mots clés de la démocratie – est bien la mise en œuvre de cette « Encyclopédie du Patrimoine culturel de l’Amérique française » que vous avez lancée en 2008, comme président-fondateur de la société « Héritage de Champlain », dont on a célébré l’année dernière le 400e anniversaire de la fondation de Québec.

 

L’entreprise consiste à suivre, à partir du présent, le parcours des biens patrimoniaux de toute nature et leur mise en valeur dans le temps; l’adaptation progressive des éléments français aux milieux autochtone, britannique, américain ; leur acculturation, en quelque sorte, sans négliger les apports québécois ou canadiens à la France, comme, par exemple, cet arbre emblème offert par le Québec au château de Versailles après la tempête de 1999. Plus de cinq cents articles de deux à huit pages (cinq cents à deux mille mots) rédigés par des spécialistes des deux continents et complétés par un ensemble de documents textuels, sonores, visuels, audiovisuels, dans un montage attrayant. Le tout – c’est là l’originalité – diffusé sur un site web bilingue, avec une section interactive spécialement conçue pour un public jeune. Et même accompagné de projets originaux, comme un concours de la chanson française proposé aux élèves de la fin du secondaire. Les sujets sont d’une extraordinaire variété, touchant tous les aspects de la vie sociale, tous les acteurs de l’histoire, tous les domaines du savoir : architecture, économie, ethnologie, muséographie, tourisme. Autant de foyers de mémoire dans une mise générale en réseau.

L’entreprise est d’envergure. Pour la réaliser, vous avez su trouver des capitaux, l’essentiel venant du Patrimoine canadien. Vous avez su aussi trouver l’équipe de collaborateurs, avec pour directeur le professeur Laurier Turgeon et M. Martin Fournier comme coordinateur. Et le succès est au rendez-vous, puisqu’au printemps prochain deux cents articles seront en ligne et que déjà cinquante mille personnes ont consulté le site. L’affaire est bien partie.

Mais ce qui motive plus précisément encore la distinction qui vous est aujourd’hui remise et qui nous a donné l’occasion de nous rencontrer, c’est cette commission bi-nationale des lieux de mémoire communs qu’en décembre 1996 vous avez créée quand vous étiez délégué général du Québec en France, et que vous avez présidée pendant près de dix ans, conjointement avec M. Henri Réthoré, ancien consul général de France au Québec, que je salue ici bien amicalement – commission aujourd’hui présidée par MM. André Dorval et Pierre-André Wiltzer.

Le « Monsieur lieu de mémoire » ici, chacun le sait sans doute, c’est moi. Et nous n’avons pas tout à fait la même idée de cette notion. Mais il faut bien reconnaître que la plasticité même de la notion, qui a fait son succès, permet les interprétations et les adaptations les plus diverses, puisqu’en France même, et par la voix de Jack Lang, alors ministre, c’est la défense de la piscine Molitor et du Fouquet’s convoité par un Japonais ou un Arabe qui a popularisé l’expression – va donc pour les lieux de mémoire franco-québécois, qui sont, en fait, les lieux d’une histoire commune, les repères culturels qui, depuis quatre cents ans, subsistent au niveau local, régional, national, d’une histoire imbriquée.

Il faut dire que le Québec était véritablement prédisposé à voir naître une initiative de cet ordre : un pays saturé de mémoire historique, jusqu’aux plaques automobiles et leurs inscriptions « je me souviens » ; un « pays-mémoire » dont la France a été, précisément, la cellule souche. Mais il fallait un Marcel Masse pour se livrer à ce travail d’animateur, ou plutôt de réanimateur, qui a su, des deux côtés de l’Atlantique, regrouper plus d’une cinquantaine de membres, mettre sur pied des comités thématiques selon les sujets : musées, commémorations, toponymie, généalogie ; un immense travail d’exhumation et de résurrection des traces et des liens, oubliés et inattendus, que la Vieille et la Nouvelle France ont tissés entre elles.

C’est ainsi que la commission a su organiser tous les ans, tantôt à La Rochelle, tantôt à Québec, des colloques à thèmes spécialisés et en assurer la publication ; constituer un portail informatique sur les musées de l’Amérique française ; animer un réseau d’archives et d’archivistes ; poursuivre une vaste enquête toponymique.

Je pourrais continuer longtemps à disserter sur les mérites de Marcel Masse et de son œuvre. Je crois en avoir dit assez pour justifier l’octroi des Palmes académiques dont je vais maintenant vous remettre les insignes de Commandeur.

 

Archives nationales de France
Chambre et salon ovale du Prince
Hôtel de Soubise
Paris

Mardi, 13 octobre 2009

Exposition Une encyclopédie vivante du peuple – Les almanachs québécois : l’influence des almanachs français sur la production québécoise

Exposition Une encyclopédie vivante du peuple –
Les almanachs québécois
:
l’influence des almanachs français sur la production québécoise

 

par Gilles Durand

 

L'almanach du peuple

Crédit : Open Library libre de droit

L’exposition

 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) présente depuis le 18 septembre 2009 une exposition intitulée « Une encyclopédie vivante du peuple – Les almanachs québécois ». Les pièces qui la composent, textes, photos, gravures, etc., provenant en grande partie des collections de BAnQ, sont en montre dans l’édifice de la Grande Bibliothèque jusqu’au 28 mars 2010.

Une conférence pour mettre en contexte l’exposition

En complément à l’exposition, Hans-Jürgen Lüsebrink, commissaire de celle-ci, prononce, le 18 septembre 2009, une conférence sur les origines, l’évolution et l’originalité de ce média. Professeur à l’Université de Sarrebruck (Allemagne), le conférencier est un spécialiste de l’histoire culturelle. Il a bénéficié d’une bourse de BAnQ pour faire des recherches dans la collection des almanachs de l’institution.

Un peu d’histoire du média

L’almanach québécois, une publication annuelle, se compose de quatre parties : le calendrier, les éphémérides de l’année écoulée, l’annuaire des institutions de la province et du Canada, enfin des informations variées, conseils de santé, remèdes, recettes, textes littéraires, etc. Les almanachs sont très recherchés par les familles québécoises; presque chacune peut s’enorgueillir d’en posséder un. Ils atteignent leur apogée dans les années 1920. Par la suite, ils sont progressivement détrônés par les nouveaux medias, journaux, magazines, radio, etc., mais sans jamais disparaître toutefois. À preuve, l’Almanach du peuple 2009 publié par la Librairie René Martin.

Des témoins d’un héritage encore vivant partagé par les Québécois et les Français

Tout au long de leur existence, les almanachs témoignent de la relation Québec-France et valorisent l’héritage partagé par les deux peuples. Fleury Mesplet, un Français qui apprend le métier d’imprimeur à Lyon, lance le premier almanach à Montréal en 1777. De son côté, l’un des rédacteurs des almanachs, Sylva Clapin, pour un moment libraire-éditeur à Paris (1880-1889), se laisse inspirer par l’Almanach Hachette, cette « petite encyclopédie populaire de la vie pratique » qui a pour devise « Je pèse un poids égal sous un moindre volume [l’almanach réunit le contenu de plusieurs types d’ouvrages] ». Clapin joue un rôle important dans la préparation de l’Almanach du peuple. Il utilise ce véhicule pour diffuser des textes à caractère littéraire et historique de même que pour valoriser l’histoire, la langue et la culture que Québécois et Français ont en commun. Si, d’une façon générale, les almanachs font preuve d’attachement au passé, ils savent aussi s’ouvrir à la modernité et diffuser la technologie et les idées nouvelles auprès de leur lectorat. Nous y trouvons des réponses à plusieurs des défis qui se posent à compter du début des années 1960, tels la priorité à accorder au français, son usage dans le monde des affaires, la menace que constitue pour notre identité l’Amérique anglophone, etc.

 

Pour en savoir davantage

Les personnes intéressées à aller plus loin ne manquent pas d’information pour satisfaire leur curiosité : la conférence donnée le 18 septembre 2009 accessible en baladodiffusion ; un ouvrage préparé sous sa direction intitulé Les lectures du peuple en Europe et dans les Amériques du 17e au 20e siècle ; un article du Devoir « Le livre du peuple » par Stéphane Baillargeon ; enfin la collection elle-même des almanachs de BAnQ ouverte à tous et qui permettra sûrement de faire des découvertes inattendues. Le professeur Lüsebrink projette également, dans un avenir rapproché, la publication d’une étude sur le sujet aux Presses de l’Université Laval.

Exposition « Les éditeurs québécois et l’effort de guerre, 1940-1948 » :le rôle de suppléance joué par les éditeurs québécois auprès des auteurs français

Exposition « Les éditeurs québécois et l’effort de guerre, 1940-1948 » :
le rôle de suppléance joué par les éditeurs québécois auprès des auteurs français

 

par Gilles Durand

 

 

Les éditeurs québécois et l'effort de guerre

Crédit : Bibliothèque et Archives
nationales du Québec

L’exposition

Du 22 septembre 2009 au 28 mars 2010, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) présente une exposition d’envergure sur le rôle des éditeurs québécois lors de la Deuxième Guerre et au cours des années qui ont suivi immédiatement. Plus de 200 artéfacts sont en montre à la Grande Bibliothèque, publications, photos, documents d’archives et témoignages sonores tirés en grande partie des collections de BAnQ. L’exposition témoigne de la place de premier plan et peu connue occupée par les maisons d’édition québécoises dans la diffusion du livre québécois et français au cours des années 1940-1948. Ce faisant, elle aide à retracer la genèse de la Révolution tranquille et permet de mieux connaître les maillons de la chaîne qui relie le Québec à la France.

Le monde de l’édition au cours de la Deuxième Guerre mondiale

La Deuxième Guerre mondiale amène l’occupation de la France par l’Allemagne nazie. Les éditeurs français voient leur capacité de production limitée et sont empêchés d’exporter. La lutte contre le fascisme en Europe s’accompagne d’un relâchement de la censure au Québec – jusque vers 1948; le Québec s’ouvre à la nouveauté. Les éditeurs québécois prennent la relève des éditeurs français. De nouvelles maisons d’édition sont fondées, de nouvelles collections voient le jour. Les éditeurs québécois font paraître les grandes œuvres produites dans l’Hexagone. Au Québec, ils stimulent et sollicitent les jeunes auteurs. Par là, ils ouvrent leurs compatriotes aux nouveaux courants de pensée et aux nouvelles littératures québécoise et française.

Le catalogue de l’exposition et son commissaire

L’exposition est accompagnée d’un catalogue, Les éditeurs québécois et l’effort de guerre, 1940-1948 – en vente entre autres à la Boutique de la Grande Bibliothèque –, préparé par celui qui en est le commissaire, Jacques Michon. Professeur à l’Université de Sherbrooke et spécialiste de l’histoire du livre et de l’édition littéraire, Jacques Michon a à son crédit plusieurs ouvrages, dont les deux tomes de l’Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle (Montréal, Fides, 1999- ) dans la préparation desquels il a joué le rôle de directeur.

Des activités publiques en marge de l’exposition

BAnQ offre des visites commentées et des conférences sur le sujet pendant la période où l’exposition est en montre. Voir aussi un article de Daniel Lemay paru dans La Presse du 18 septembre 2009

Québec 1759 : la victoire de la marine britannique

Québec 1759 : la victoire de la marine britannique

par Fabrice Mosseray
Agent de communication
Division des communications et des services de bibliothèque
Statistique Canada

 

La bataille des plaines d’Abraham, négligeable en comparaison avec les grandes batailles qui ont fait rage en Europe au cours de la guerre de Sept Ans (1756-1763), continue pourtant de soulever les passions et d’engendrer nombre d’interprétations. Cette bataille, qui n’a duré qu’une vingtaine de minutes, a marqué l’imagination par le fait que les deux commandants sont morts des suites de leurs blessures et qu’elle précède les capitulations de Québec et de la Nouvelle-France. Au moyen de raccourcis, certains considèrent que seule cette victoire britannique a donné naissance au Canada alors que d’autres, en revanche, sont prêts à croire qu’une victoire française à Québec aurait suffi à sauver la Nouvelle-France.

 

En septembre 1759, les Britanniques, tenus en échec depuis juin par les Français et les Canadiens, commencent à croire qu’il leur faudra reprendre le siège de Québec l’an prochain. Le major-général Wolfe fait piètre figure et son leadership ne vaut guère mieux : le bombardement de Québec et les atrocités envers la population civile n’ont donné aucun résultat. À bord des navires de transport ancrés en sécurité au sud de l’île d’Orléans, les troupes souffrent de la dysenterie en raison des conditions de vie qui règnent à bord. Le vice-amiral Saunders est inquiet puisque ses navires devront quitter le Saint-Laurent au plus tard à la mi-octobre en raison de la mauvaise saison. De leur côté, Français et Canadiens sont à bout de force. Leurs ressources s’épuisant, ils sont conscients que même s’ils parviennent à refouler les Anglais, ils ne seront pas en mesure de repousser une prochaine invasion. À l’instar de la France, la colonie espère qu’une victoire décisive en Europe renversera le sort des armes. Elle ignore toutefois que l’armée française a été battue en août dernier à Minden, en Allemagne.

 

La toute puissante Royal Navy

 

La puissante Royal Navy a balayé la marine française des océans et assure ainsi la suprématie navale à la Grande-Bretagne. Pierre angulaire de la victoire anglaise au Canada, elle maintient un blocus efficace, fournit une force d’appui feu et assure le ravitaillement des troupes. Le siège de Québec permet à la Royal Navy d’écrire une page dans l’histoire navale. Flanqué d’excellents seconds tels que les contre-amiraux Holmes et Durrell, le vice-amiral Saunders ne perd pas un seul navire en dépit des bancs de sable, des hauts-fonds, des forts courants et des vents. Le fond du fleuve n’a plus de secret pour l’assiégeant : armés d’un plomb de sonde et installés à l’avant de leur navire, les matelots se sont échinés des jours entiers à aider leurs officiers à garder leurs cartes à jour. Ravitailler et armer plus de 39 000 marins et soldats répartis sur 150 navires n’est pas non plus une mince affaire. La Royal Navy se distingue en matière d’opérations amphibies. Les opérations de débarquement exigeant une étroite collaboration entre la Marine et l’Armée, le transbordement de soldats, de pièces d’artillerie et d’équipement s’effectue néanmoins sous le signe de l’efficacité et de la compétence. La marine anglaise dispose de près de 130 chaloupes à fond plat, longues de 30 à 36 pieds, mues à la rame par une vingtaine de matelots et capables d’emporter de 50 à 70 soldats ou une pièce d’artillerie. Les débarquements effectués à l’île d’Orléans, à Lévis, à Montmorency et en amont de Québec permettent à la Royal Navy de peaufiner ses méthodes, lesquelles lui seront fort utiles le siècle suivant lors des guerres contre la France révolutionnaire et napoléonienne. En attendant, Wolfe semble incapable d’utiliser à bon escient la mobilité de la flotte de Saunders pour déployer ses troupes.

 

L’anse aux foulons

 

L'anse aux foulons

L’Anse au Foulon
Crédit : Statistique Canada

Le malheureux Wolfe voit finalement l’un de ses plans accepté par ses généraux : il s’agit de débarquer des troupes en amont de Québec, ce qui permettra de couper les lignes de ravitaillement entre la capitale de la Nouvelle-France et Montréal. Si ses généraux sont d’avis de débarquer bien en amont de Québec, à Pointe-aux-Trembles, Wolfe choisit néanmoins l’anse aux Foulons, à trois kilomètres à l’ouest de la capitale. Cette entreprise est risquée parce que les troupes seront menacées par les régiments adverses cantonnés à Cap-Rouge, à Québec et à Beauport et ce, sans compter tous ceux de Montréal qui pourraient être dépêchés en renfort. Les Français et les Canadiens seraient en mesure d’attaquer de tous les côtés les Britanniques adossés à la falaise. Wolfe s’en tient à son plan et les matelots y acheminent ainsi ses 4 800 soldats durant la nuit du 12 septembre. Une quinzaine de navires de guerre et de transport ainsi qu’une trentaine de barges participent à l’opération. La Royal Navy mène également une opération de diversion devant Beauport. Des officiers de valeur qui laisseront leur nom dans l’histoire, tels John Jervis, futur amiral, et le colonel Guy Carleton, futur gouverneur général du Canada, contribuent au succès de ce débarquement. Les soldats de Wolfe escaladent la falaise et se déploient sur les plaines d’Abraham après avoir berné et maîtrisé les sentinelles. Une batterie ouvre néanmoins le feu sur les navires anglais, mais tombe rapidement aux mains de l’envahisseur.

 

13 septembre : Wolfe ne prend pas Québec

Apprenant que Wolfe marche sur Québec, le lieutenant-général Montcalm hésite entre garder ses forces dans Québec et affronter l’ennemi. Le temps joue en sa faveur – les navires anglais doivent bientôt se retirer – et il dispose d’assez de miliciens et d’Amérindiens pour harceler les Britanniques sans les attaquer de front. Il craint cependant pour ses lignes de ravitaillement – Québec est au bord de la famine – et il redoute que l’ennemi ne se retranche. Ayant quitté Beauport d’où il a observé les mouvements des navires anglais, Montcalm décide d’attaquer avec les troupes qu’il a sous la main. Si Wolfe a mal choisi le lieu de débarquement, Montcalm commet l’erreur de ne pas attendre les renforts qui lui permettraient d’attaquer à deux contre un les Britanniques. En ce matin du 13 septembre, disposant d’un même nombre de combattants que Wolfe, Montcalm lance en ordre de bataille ses régiments constitués de troupes régulières et de miliciens et ce, même si ces derniers ne sont pas familiers avec le concept de batailles rangées. Des miliciens et des Amérindiens réussissent tout de même à prendre position sur les flancs, dans les bois, afin d’y harceler les Britanniques. L’attaque frontale menée par l’armée franco-canadienne est mal coordonnée et le tir manque de précision. Wolfe a ordonné à ses soldats de mettre deux balles dans le canon de leur fusil et de laisser s’approcher l’ennemi. Le tir anglais, appuyé par deux canons, est dévastateur. À la vue des miliciens couchés – en fait en train de recharger leur fusil – et privés d’un bon nombre d’officiers tués ou blessés, les soldats français refluent. Leur retraite est couverte par les Canadiens et les Amérindiens qui harcèlent les Britanniques depuis les bois. Au cours de cet engagement qui n’a duré qu’une vingtaine de minutes, Wolfe a été blessé à deux reprises puis une troisième fois mortellement. En tentant de rallier ses troupes en déroute, Montcalm est mortellement atteint à son tour. Si le général français n’a pas saisi l’occasion de balayer les Britanniques des Plaines, ces derniers ratent celle d’écraser les Français lors de leur déroute vers Beauport. Les Français laissent dans la bataille 600 morts et blessés dont une quarantaine d’officiers. En plus de 58 morts, les Britanniques déplorent 658 blessés dont le brigadier-général Monckton et le colonel Guy Carleton. Maintenant commandés par le brigadier-général Townshend, les Britanniques sont maîtres des Plaines, certes, mais pas de Québec! Ils redoutent maintenant une prochaine attaque et ce, sur un terrain qui ne joue pas en leur faveur.

 

La déroute française

La victoire de Wolfe est remportée non par l’intelligence de son plan mais plutôt par la chance puisque les Français choisissent de se retirer et de ne pas contre-attaquer. Si la bataille des Plaines amplifie le désespoir de la population de Québec, elle réduit presque à néant le moral des troupes. Cette défaite ne justifie pourtant pas une telle débâcle puisque l’armée franco-canadienne est encore assez nombreuse pour attaquer. Alors que Montcalm meurt au petit matin du 14 septembre, le gouverneur de la colonie, Vaudreuil, tente à Beauport de donner un semblant d’ordre à son armée en déroute. Ses officiers démoralisés, il décide de se retirer vers Montréal d’où justement arrive le chevalier de Lévis avec du ravitaillement. Ce dernier reçoit le commandement des forces militaires de la colonie et entend reprendre le combat le plus rapidement possible! C’est sans compter l’ordre de capitulation donné par de Ramezay, le gouverneur de Québec. Mal disposé pour entreprendre un siège et s’attendant à être attaqué par un ennemi supérieur en nombre, le brigadier-général Townshend reçoit à sa grande surprise un message de capitulation. Québec ouvre ses portes le 18 septembre, soit cinq jours après la bataille des Plaines. Au lendemain de ce siège de 87 jours, la flotte de l’amiral Saunders descend alors, en octobre, le Saint-Laurent et ce, en toute fierté. Certaines de ses frégates rallient l’Angleterre et les colonies américaines pour annoncer la prise de Québec, le cœur de la Nouvelle-France, une nouvelle qui sera accueillie avec soulagement par le gouvernement britannique. De l’Inde au Saint-Laurent en passant par les Caraïbes, la Royal Navy domine incontestablement les mers. Alors qu’une garnison britannique s’installe dans la ville de Québec en ruines, Lévis prépare depuis Montréal une contre-attaque prévue pour l’été prochain. Disposant encore de 7 000 hommes et d’une petite flotte corsaire, il est d’avis que la partie n’est pas encore finie! Il ignore toutefois que ce qui reste de la Marine française a été taillé en pièces. En effet, en novembre, la marine royale subit l’une des pires défaites au large de la Bretagne, lors de la bataille des Cardinaux. La Nouvelle-France est perdue.

Célébrations pour souligner le 350e anniversaire de l’arrivée des religieuses à Montréal, lancement d’un album de la congrégation et exposition Soins et compassion au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal

Célébrations pour souligner le 350e anniversaire de l’arrivée des religieuses à Montréal, lancement d’un album de la congrégation et exposition Soins et compassion au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal

par Gilles Durand

 

Couvent des religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal

Crédit : Répertoire du
patrimoine culturel du
Québec, Ministère de la
Culture, des
Communications et de la
Condition féminine,
Sophie Thibault, 2005

Un double anniversaire

 

L’année 2009 marque un double anniversaire pour les religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, l’un à La Flèche, l’autre à Montréal. À La Flèche, Jérôme Le Royer de la Dauversière, le cofondateur de la communauté, les Filles hospitalières de Saint-Joseph, décède il y a 350 ans, le 6 novembre 1659 – Marie de la Ferre étant la cofondatrice de cet institut mis sur pied en 1630. À Montréal, les trois premières soeurs de la communauté arrivent le 20 octobre 1659. Elles font la traversée en compagnie des passagers du Saint-André. Débarquées à Québec le 8 septembre, elles remontent le fleuve pour établir une branche de leur institut et prendre charge de l’Hôtel-Dieu fondé par Jeanne Mance. Cette missionnaire laïque est aussi la cofondatrice de Montréal avec Paul de Chomedey de Maisonneuve en 1642.

 

 

Un maillon de la chaîne qui relie le Québec à la France

Les religieuses Hospitalières de Montréal constituent toujours un maillon essentiel de la chaîne qui relie le Québec à la France. Elles restent fidèles à la règle de la communauté mère de La Flèche, la prière, et à sa mission, le soin des indigents et des malades. Tout comme dans la mère patrie, elles réalisent ce mandat dans un hôtel-Dieu durant plus de trois siècles. Elles déploient leurs activités au rythme de l’entrée de nouvelles recrues, du support apporté par le milieu et de l’évolution des sciences de la santé qu’elles communiquent à de jeunes infirmières. En cette année 2009, l’occasion est belle pour les religieuses de nous entretenir de leur grande aventure de ce côté-ci de l’Atlantique1.

 

Des traces matérielles pour remonter le cours de l’histoire

 

L'Hôtel-Dieu actuel photographié vers 1865

L’Hôtel-Dieu actuel photographié vers 1865
Crédit : Wikipédia : l’encyclopédie libre

 

Salle commune, Hôtel-Dieu, Montréal, 1911

Salle commune, Hôtel-Dieu, Montréal, 1911
Crédit : Wikipédia : l’encyclopédie libre

 

Pour rappeler leur œuvre, les religieuses Hospitalières de Saint-Joseph peuvent compter sur des traces matérielles incontournables :

  • L’Hôtel-Dieu au coeur de Montréal. Les religieuses ont assuré le rayonnement de cet hôpital depuis le premier établissement sur la rue Saint-Paul jusqu’au complexe actuel sur l’avenue des Pins, doté de pavillons pour répondre à la spécialisation des services et aux besoins d’une population grandissante – le fait que l’Hôtel-Dieu compte parmi les principaux points d’intérêt de la ville, ne peut constituer meilleur témoignage concret de la réussite de la communauté;
  • Le Musée des Hospitalières attenant à l’Hôtel-Dieu. Inauguré en 1992, le musée ouvre toutes grandes les portes de l’histoire des Hospitalières, à la fois collaboratrices des médecins, soignantes, apothicaires, administratrices et maîtresses de maison. Il met en montre des objets de la vie quotidienne, telles des faïences de France du 17e siècle, de la vaisselle, des instruments médicaux qui matérialisent les interventions auprès des malades depuis plus de trois siècles, etc. À l’heure actuelle, il présente une exposition racontant la poursuite de l’œuvre de Jeanne Mance auprès de la population montréalaise.

 

Un nouvel album2 pour souligner les gestes de quelques religieuses de la communauté

 

Soeur Nicole Bussières, rhsj, membre du comité de l'album du 350e

Description : Soeur Nicole Bussières, rhsj, membre
du comité de l’album du 350e
Crédit : Gilles Durand

Le 20 octobre 2009, les religieuses ont souligné le 350e anniversaire de leur arrivée à Ville-Marie en lançant un album commémoratif. La publication se veut un rappel de l’œuvre de la communauté, source de fierté et d’émulation pour les membres d’abord, mais aussi pour le grand public en général. Elle renferme 37 biographies de soeurs, y compris celles de leur fondateur et fondatrice, qui se sont démarquées par leur générosité et leur courage au soin des pauvres et des malades. Bien évidemment, pour ne s’en tenir qu’à ce seul chapitre, toutes les religieuses auraient eu droit de citer dans l’ouvrage. Cependant, comme il fallait bien tenir compte des ressources disponibles, l’album retient surtout celles qui ont fondé et pris charge de nouvelles maisons à l’extérieur du Québec, dans des provinces canadiennes, aux États-Unis, en Amérique du Sud et aux Antilles. La lecture de l’ouvrage, accompagnée d’une visite au Musée, vous dira pourquoi sœur Charlotte Gallard peut écrire en 1713 à la supérieure de La Flèche : « Je suis à présent seule de française; mon grand âge de 64 ans demanderait qu’on me laissât sans emploi pour ne plus penser qu’à mourir, […], ce qui fait ma consolation c’est de laisser une florissante communauté toutes canadiennes d’un vrai mérite et de la plus solide vertu…3 » Elle permettra de mieux connaître le rayonnement de la communauté et fort probablement de découvrir de nouvelles pages de l’histoire des religieuses Hospitalières dont la présence à Montréal ne peut être dissociée de sa renommée.

 

Crédit : Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Sophie Thibault, 2005
  1. Dans les années 1960, l’État québécois prend en charge le secteur de la santé et des services sociaux. Depuis 1996, l’Hôtel-Dieu de Montréal est un des trois hôpitaux du Centre hospitalier de l’Université de Montréal. Aujourd’hui, les RHSJ restent fidèles à leur mission tout en s’adaptant au nouveau contexte : elles oeuvrent auprès des malades, de leurs proches, des femmes victimes de violence, en éducation et en pastorale.
  2. Femmes de foi et de service dans la liberté des enfants de Dieu / réalisé par une équipe des RHSJ en collaboration avec Promotion MG, Michel Guillot, p.d.g. et ImaginÈre Publicité Infographie, Joanne Roy, 2009, 72 p.
  3. Dépliant de l’exposition Soins et compassion : 350e anniversaire de l’arrivée des Hospitalières de Saint-Joseph à Montréal, Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal

Champlain, Samuel de, À la rencontre des Algonquins et des Hurons, 1612-1619/Texte en français moderne établi, annoté et présenté par Éric Thierry, Collection V, Québec, Septentrion, 2009

Champlain, Samuel de, À la rencontre des Algonquins
et des Hurons, 1612-1619

Texte en français moderne établi,
annoté et présenté par Éric Thierry,
Collection V, Québec, Septentrion, 2009

 

Présentation de l’éditeur Septentrion par Gilles Herman

 

Les mémoires de Champlain

 

A la rencontre des Algonquins et des Hurons 1612-1619

Crédit : Septentrion

Avec les récits de ses expéditions menées de 1613 à 1618, Samuel de Champlain nous livre ici, en français moderne grâce à Éric Thierry, le premier grand témoignage européen sur les Algonquins et les Hurons.

Il raconte sa remontée de la rivière des Outaouais, en 1613, à la recherche de l’Anglais Henry Hudson et de la « mer du Nord » qui devait permettre aux Français d’atteindre la Chine en contournant le continent nord-américain. À cette occasion, il évoque sa traversée du pays algonquin jusqu’au lac des Allumettes et sa confrontation avec le redoutable chef Tessouat.

 

Champlain relate ensuite comment, en 1615, il a été obligé d’accompagner les Hurons à travers l’Ontario et l’État de New York pour combattre les Iroquois et de quelle façon ses alliés s’y sont pris pour le forcer à passer l’hiver en Huronie, au bord de la baie Georgienne.

 

Il a alors eu le temps d’observer leurs « moeurs et façons de vivre », en particulier leur liberté sexuelle, leurs soins aux malades et leurs pratiques funéraires.

 

Champlain ne fut pas seulement l’intrépide découvreur de l’Ontario. Il fut aussi un remarquable diplomate au milieu des Algonquins et des Hurons.

Notes biographiques sur le responsable de l’ouvrage, Éric Thierry

Né en 1964, Éric Thierry enseigne l’histoire et la géographie dans un lycée de Picardie. Docteur de l’Université de Paris-Sorbonne, il est l’auteur d’une biographie de Marc Lescarbot (Paris, Honoré Champion, 2001), qui a été couronnée par l’Académie française, et de/ La France de Henri IV en Amérique du Nord /(Paris, Honoré Champion, 2008). Il a publié en 2008, dans la collection V, un premier tome des œuvres de Champlain en français moderne (/Les Fondations de l’Acadie et de Québec/). Suivront en 2011 et en 2012 une édition des/ Voyages de 1632 /et une autre du /Bref Discours /et/ Des Sauvages/.

 

Pour en savoir davantage

NDLR Consultez le site Web de Septentrion. Vous pourrez feuilleter l’ouvrage et écouter une entrevue de 4 minutes, en date du 17 novembre 2009, avec le responsable de la publication, Éric Thierry. Celui-ci nous entretient, entre autres, d’un des mythes fondateurs de la Nouvelle-France, la découverte d’un passage par le Nord-Ouest pour atteindre la Chine, de même que des contraintes liées à l’alliance franco-amérindienne.

Rappel de la contribution des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph 1659 – 2009

Rappel de la contribution
des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph
1659 – 2009

 

 

par Sœur Nicole Bussières, r.h.s.j.
Maison mère

 

L’Hôtel-Dieu de Montréal vers 1865

L’Hôtel-Dieu de Montréal vers 1865
Crédit : Wikipédia, L’encyclopédie libre

Le 20 octobre 1659

 

Ville-Marie est en liesse. Les trente familles de la petite bourgade accourent à l’arrivée de la chaloupe, afin de voir « les Filles de Saint-Joseph qui étaient venues de 1300 lieues pour les consoler et servir les malades » relate sœur Marie Morin dans les Annales de la communauté.

 

Reçues par Paul de Chomedey de Maisonneuve, gouverneur, les trois Hospitalières : Judith Moreau de Brésoles, Catherine Macé et Marie Maillet, sont conduites à la maison de mademoiselle Mance. Une vie toute donnée au service des pauvres malades commence pour les héroïques Françaises dans le modeste Hôtel-Dieu. Marie Morin, née à Québec, les rejoint en 1662. En 1671, elles deviennent cloîtrées.

 

Qui sont-elles?

 

JUDITH MOREAU DE BRÉSOLES

 

Née à Blois en 1620, elle fuit la maison de son père pour entrer chez les Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de La Flèche en 1645, où elle exerce son talent d’apothicaire.

 

Jérôme Le Royer la choisit comme fondatrice de la communauté de Ville-Marie. Elle est nommée supérieure par Mgr Henri Arnauld, évêque d’Angers.

 

Hospitalière et pharmacienne, elle soigne Français et Indiens qui se présentent à l’Hôtel-Dieu, administré par Jeanne Mance depuis sa fondation en 1642.

 

Dans un petit jardin, elle cultive des plantes médicinales. On avait une telle confiance en elle que les Indiens la surnommaient « le soleil qui luit ».

 

Son désir de vivre pour Dieu seul et sa charité pour les pauvres marquent sa vie d’Hospitalière. Elle meurt à Ville-Marie en 1687, après 28 ans de service dans des conditions que nous avons peine à imaginer.

 

CATHERINE MACÉ

 

Née à Nantes vers 1618, elle entre chez les Hospitalières de La Flèche en 1643. Elle est la 10e candidate à joindre la communauté fondée par Jérôme Le Royer et Marie de la Ferre. Une vie cachée en Dieu est l’attrait de son âme.

 

En 1658, Jeanne Mance, de passage à l’Hôtel-Dieu de La Flèche, lui dit: « Bon courage… vous viendré en Canada ». Cette parole se concrétise lorsque Jérôme Le Royer la choisit pour faire partie des Hospitalières fondatrices à Ville-Marie.

 

Assistante, elle se dévoue comme dépensière et cuisinière, sans oublier le service des repas et les veilles chez les malades. Elle s’occupe aussi de la basse-cour.

 

Elle succédera à soeur de Brésoles comme supérieure de la communauté. Dans la nuit du 24 février 1695, elle voit brûler l’Hôtel-Dieu et le monastère. Elle sera la dernière des fondatrices à mourir, en septembre 1698, épuisée, après 39 ans d’héroïque dévouement à l’Hôtel-Dieu.

 

MARIE MAILLET

 

Née à Saumur vers 1610, elle vit dans l’aisance matérielle. Elle entre chez les Hospitalières de La Flèche à l’âge de 36 ans, où elle est reçue par Marie de la Ferre, supérieure. Elle y soigne les malades et assume la charge de dépositaire (économe).

 

C’est à ce titre qu’elle est nommée pour la fondation en Nouvelle-France. Elle s’acquitte de sa tâche d’économe avec dévouement et compétence, malgré une santé fragile, s’inquiétant pour la survie de la communauté. Rien ne lui paraît pénible dans le soin des malades. Elle avait une grande dévotion à saint Joseph et à l’ange gardien.

 

Emportée par une pneumonie, en novembre 1677 à 67 ans, elle est la première des fondatrices à mourir à Ville-Marie.

 

Aujourd’hui, les Hospitalières œuvrent auprès des malades, des personnes âgées, de personnes qui accompagnent un membre de leur famille hospitalisé, de femmes victimes de violence familiale, en pastorale hospitalière, sociale et paroissiale, en éducation : vie chrétienne, éveil vocationnel, difficulté d’apprentissage, en accompagnement spirituel.

 

Elles invitent des personnes laïques à s’associer à leur famille spirituelle en vivant du charisme du fondateur dans le quotidien de leur vie baptismale.

www.rhsj.org/

 

Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal

 

Le Musée a inauguré, le 6 mai 2009, l’exposition temporaire « Soins et compassion » qui commémore le 350e anniversaire de l’arrivée des trois premières Hospitalières de Saint-Joseph, à Ville-Marie, en 1659. Soins du corps et soins de l’âme, telle est la mission de ces femmes de foi, de compassion et d’audace.

www.museedeshospitalieres.qc.ca

 

 

Mort du Vénérable Jérôme Le Royer de La Dauversière

 

Le 6 novembre 1659, mourait à La Flèche, en France, Jérôme Le Royer de La Dauversière, receveur d’impôts. Marié à Jeanne de Baugé et père de cinq enfants, il est le fondateur avec Marie de la Ferre des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, à la Flèche, en 1636, pour le service des pauvres malades de l’Hôtel-Dieu. Cette communauté naissante s’inscrit dans le renouveau spirituel et apostolique suscité par la réforme catholique en France au 17e siècle. Le 6 juillet 2007 fut promulgué à Rome le décret reconnaissant les vertus héroïques de Jérôme Le Royer et le pape Benoît XVI le déclarait Vénérable.

 

Des célébrations se déroulent dans les lieux où œuvre la congrégation : France, Canada, États-Unis, Pérou, République Dominicaine et Mexique.

Le 350e anniversaire de la naissance de Michel Sarrazin : apposition d’une plaque souvenir sur l’Hôtel-Dieu de Québec (Centre hospitalier universitaire de Québec)

Le 350e anniversaire de la naissance de Michel Sarrazin : apposition d’une plaque souvenir sur l’Hôtel-Dieu de Québec (Centre hospitalier universitaire de Québec)

 

par Gilles Durand

 

Le dévoilement d’une plaque commémorative


Michel Sarrazin - Plaque commémorative

Crédit : CCNQ, Anne-Marie Gauthier

Le souvenir d’un des premiers chirurgiens, médecins et naturalistes de la Nouvelle-France, Michel Sarrazin, est déjà rappelé par l’appellation de la maison portant son nom, la Maison Michel-Sarrazin. Celle-ci est un centre hospitalier dédié depuis 1985 à l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de cancer. À l’occasion du 350e anniversaire de la naissance de Michel Sarrazin, la Ville de Québec et la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ) se sont associées, le 29 septembre 2009, pour dévoiler une plaque commémorative, rappelant son souvenir. La plaque est installée sur l’Hôtel-Dieu de Québec, une des institutions composantes du Centre hospitalier universitaire de Québec – l’Hôtel-Dieu de Québec est fondée en 1639 par la communauté des Augustines, qui ont également mis sur pied l’Hôpital-Général de Québec pour les malades et autres personnes sans ressources.

 

 

Michel Sarrazin - Catalogue

Crédit : Catalogue des Éditions
Septentrion

Un témoignage fort de la relation franco-québécoise

La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), dont le rôle consiste à rappeler et à maintenir vivants nos liens de toute nature avec notre mère patrie, la France, tient à souligner toute l’importance du geste posé, car Michel Sarrazin est un témoigne fort de la relation franco-québécoise comme chirurgien, médecin et naturaliste.

Les années de formation

Au cours de sa vie, Michel Sarrazin est un trait d’union continuel entre le Québec et la France. Né à Nuits-sous-Beaune en Bourgogne en 1659, il reste attaché à sa patrie d’origine, y retournant à deux reprises, en 1694 et en 1709, la première fois pour poursuivre des études en médecine au terme desquelles il obtient un doctorat dans cette discipline à Reims. En effet, Michel Sarrazin arrive à Québec en 1685 comme chirurgien de la marine, une profession à l’époque moins exigeante que celle de médecin, qui se ramène à l’art de manier le scalpel pour des chirurgies externes rudimentaires. Il profite aussi de son séjour là-bas pour fréquenter le Jardin royal des plantes et pour nouer des relations avec les savants de l’Académie des sciences. Les liens qu’il établit avec eux se maintiendront à son retour au Québec.

La pratique d’une discipline scientifique et d’une profession

À son retour au Québec, il poursuit l’exercice de sa profession de chirurgien et met en application la formation acquise en médecine en faisant preuve d’une grande compétence. Les interventions chirurgicales qu’il pratique sur des personnes atteintes du cancer en sauvent plus d’une. Michel Sarrazin ne limite pas ses intérêts à la lutte conte la maladie. Sans doute influencé par la tradition qui relie médecine et botanique, il s’intéresse à l’étude des plantes et des animaux. Il observe soigneusement la nature qui l’entoure, analyse les espèces et consigne minutieusement ses observations dans des notes qu’il achemine aux savants de l’Académie des sciences, accompagnées de spécimens d’herbier. Michel Sarrazin contribue aussi au développement du Jardin du roi à Paris – l’actuel Muséum national d’histoire naturelle –, en y acheminant des plantes vivantes.

Une place considérable comme médecin et comme homme de science à une époque où les connaissances commencent à se développer

Michel Sarrazin peut être considéré à la fois comme un homme de sciences et un professionnel de la santé à l’égal de plusieurs de ses contemporains tant canadiens que français. La CFQLMC reconnaît avec la Ville de Québec et la CCNQ qu’il s’agit d’un hommage bien mérité pour sa contribution à l’avancement de la science, quelque modeste qu’elle soit, et au recul de la frontière de la maladie.

Un prix spécial pour l’aménagement de la promenade Samuel-De Champlain

Rappelons que la CCNQ vient aussi de se démarquer par l’obtention, le 25 septembre 2009, d’un prix spécial de l’Institut urbain du Canada pour l’aménagement de la promenade Samuel-De Champlain. Cette distinction appartient à un autre domaine, l’amélioration de l’environnement, mais elle n’en rejoint pas moins la mémoire franco-québécoise, celle du fondateur de la Nouvelle-France.

Hommage à Adrienne Duvivier, pionnière de Ville-Marie, rendu par le village de Corbeny

Hommage à Adrienne Duvivier, pionnière de Ville-Marie,
rendu par le village de Corbeny

par Frédéric POIDEVIN
Président de l’Association Marquette-Jolliet
Administrateur de la CFQ-LMC, section française.

 

Un peu d’histoire de Corbeny

Corbeny est une bourgade de huit cents habitants environ située à mi-chemin entre Laon et Reims, soit une distance d’environ 25 kilomètres. Elle fait partie de l’actuel département de l’Aisne et de l’actuelle région Picardie.

Corbeny est célèbre pour son prieuré Saint-Marcoul fondé au Xe siècle par Charles le Simple qui avait des propriétés royales dans le secteur. Les reliques de saint-Marcoul étaient le sujet de vénération et attiraient en pèlerinage les populations voisines. L’usage voulait que les rois de France se rendent à l’issue de leur sacre auprès des reliques de ce saint, et touchent les écrouelles. Louis XIV fut le dernier roi à remplir ce geste important qui était de guérir par l’apposition de ses mains sur les porteurs d’écrouelles.

 

Quelques éléments d’information sur la vie d’Adrienne Duvivier

 

Hommage Adrienne Duvivier

de gauche à droite, Frédéric Poidevin, président
de Marquette-Jolliet, Noël Genteur, conseiller général de
Craonne et président de la communauté de communes
du chemin des dames, Antoine Lefèvre, maire de Laon
et sénateur de l’Aisne, monsieur Bersano président
de l’association de Corbeny, Monsieur Deboudt,
maire de Corbeny, et l’équipe municipale

Lors des festivités organisées le 21 mai 2009 à Corbeny, dans l’Aisne en Picardie, par l’Association LXXI Corbunei et Saint-Marcoul, un hommage a été rendu à Gérard Prétrot, président de Aisne-Québec et administrateur de la CFQ-LMC, section française, pour son action visant à rétablir Adrienne Duvivier dans son village natal. Monsieur Philippe Deboudt, maire de Corbeny, au cours de l’inauguration de la nouvelle plaque de la rue « Adrienne Duvivier (1626-1706), cofondatrice de la ville de Montréal », a présenté une courte biographie de celle-ci :

« Lorsque Adrienne DUVIVIER naît à Corbeny en 1626, la région se relève lentement des affrontements meurtriers et destructeurs des guerres de religion.

 

Le 8 novembre 1610, le roi Louis XIII a renouvelé « aux manans et habitans du dit bourg de Corbeny dit Saint-Marcoul » exemption et affranchissement de toutes tailles, subsides et impositions quelconques, de même qu’il a interdit aux gens de guerre « de loger et fourrager » à Corbeny (sauvegardes datées de 1615, 1624, 1630). L’abbaye de Saint-Marcoul reste un « lieu de dévotion pour la neuvaine de nos roys lors de leur sacre ».

 

Tout ceci n’empêche pas le bourg d’être envahi le 5 mai 1642 par le Comte d’Estrées, l’abbaye d’être pillée. Ces nouveaux ravages avaient été précédés par la peste qui toucha la région de 1635 à 1637.

Adrienne, fille d’Antoine Duvivier et de Catherine Journet, voit le jour en 1626 à Corbeny où elle est baptisée. Pas de traces d’elle avant son mariage, à Paris ou à La Rochelle, en 1646. Elle épouse en premières noces Augustin Hébert dit « Jolicoeur ». C’est comme soldat qu’Hébert s’intègre au petit groupe d’artisans et de soldats recruté par Paul de Chomedey de Maisonneuve. Ce dernier s’est donné pour mission de fonder une colonie en Nouvelle-France consacrée à la Vierge Marie.

 

Une fille, Jeanne, naît à Paris, tous trois s’embarquent à La Rochelle pour la Nouvelle-France et gagnent Ville Marie.

En 1648, Augustin Hébert reçoit un lot aux abords de la nouvelle ville et de son fort construit dès 1646. Il est à la fois soldat, maître maçon, marchand, traiteur de fourrures et fermier. Sans cesse il faut défendre la ville naissante des attaques iroquoises et c’est au cours de l’une d’elles qu’Augustin meurt à l’âge de trente ans sous les coups des Iroquois. Sa mort est signalée dans Les Relations des Jésuites en 1653.

 

Adrienne se retrouve seule, veuve, avec trois enfants (Jeanne, Hébert Léger et Ignace), un premier enfant, Paul, Paule ou Pauline, né sur le sol américain en 1649 et mort la même année, avait eu pour parrain Paul de Chomedey et pour marraine Jeanne Mance, native de Langres et fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

 

Difficile pour une femme de rester seule, d’élever des enfants, de cultiver des terres et de les défendre contre la menace permanente des Iroquois : Adrienne se remarie le 19 novembre 1654 avec Robert le Cavelier, dit Deslauriers, armurier originaire de Cherbourg.

Deslauriers meurt à Montréal le 25 juillet 1699, Adrienne lui survit jusqu’en 1706. Elle décède à Montréal où elle est inhumée, le 20 juillet 1706, à l’âge de 80 ans.

 

Les noms d’Augustin Hébert et d’Adrienne Duvivier peuvent encore se lire sur une des plaques du socle de l’obélisque érigé le 18 mai 1893 par « la Société Historique de Montréal », en commémoration de la date de la première messe célébrée à l’arrivée des pionniers fondateurs de Montréal, menés par Paul de Chomedey de Maisonneuve. »

 

Pour faire revivre la mémoire d’Adrienne Duvivier

La commune a le projet d’aménager « le Vivier » pour établir une aire de repos, et de faire revivre un peu de Nouvelle-France en plantant des érables et en installant un panneau explicatif sur Adrienne Duvivier.

 

Par ailleurs, une stèle célébrant les cinq cents ans du passage de Jeanne d’Arc en juillet 1429, a été offerte par Notre-Dame de Montréal : cette stèle est installée sur la façade de la mairie de Corbeny.

 

Ainsi, Corbeny mérite le titre de lieu de mémoire commun franco-québécois.

La Société généalogique canadienne-française souligne le 350e anniversaire de l’arrivée à Montréal des passagers du navire Saint-André

La Société généalogique canadienne-française
souligne le 350e anniversaire
de l’arrivée à Montréal des passagers du navire Saint-André

 

par Gilles Durand

 

Pourquoi un colloque sur l’événement?

L’arrivée des 117 passagers du Saint-André à Ville-Marie, à la fin de septembre 1659, est un événement important dans l’histoire de Montréal – le Saint-André jette l’ancre devant Québec le 7 septembre 1659. Font partie du groupe des recrues, au nombre de 58, qui constituent autant de souches des grandes familles d’aujourd’hui, les familles Cardinal, Charbonneau, Courtemanche, Cuillerier, Goguet, Mathieu et Truteau pour en mentionner quelques-unes. Sont aussi du nombre Jeanne Mance, célibataire laïque imbue d’un idéal missionnaire et de service auprès des plus démunis, de même que les trois premières religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, venues prendre charge de l’hôpital que Jeanne Mance avait mis sur pied quelques années plus tôt. C’est pour rappeler le souvenir de la venue de cette importante recrue en sol montréalais que la Société généalogique canadienne-française organise un colloque le 22 novembre 2009 à Montréal.

 

Une activité plus que réussie

L’activité est un réel succès. Environ 175 personnes y participent. Cinq conférenciers prennent la parole et la rédactrice en chef de la revue Mémoires de la Société généalogique procède au lancement d’un ouvrage.

 

Les conférences du matin : l’embarquement et la traversée

Le premier à prendre la parole en avant-midi est Gervais CARPIN, coordonnateur et animateur scientifique du Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions de l’Université Laval. C’est à lui que revient la responsabilité de dresser le tableau du contexte au point de départ. À la fin des années 1650, La Rochelle, un des principaux ports d’embarquement sur la côte Atlantique, est sortie depuis peu de temps des guerres de religion qui ont provoqué la mort de quelque 15 000 Rochelais protestants durant le siège. Dans l’Hexagone, les opportunités d’emploi ne comblent pas tous les souhaits des gens de métier et des hommes à tout faire en général. La traversée sur un navire en partance pour la Nouvelle-France apparaît une solution pour certains.

 

Comme il faut s’y attendre, une fois l’embarquement fait, c’est le temps de « passer la mer ». Gilles BACHAND, président de la Société d’histoire et de généalogie des Quatre Lieux (Saint-Césaire, l’Ange-Gardien, Saint-Paul d’Abbotsford, Rougemont), raconte la traversée qui dure près de deux mois. Les conditions sont à la fois pénibles et périlleuses : vie sur un espace restreint, promiscuité, présence d’animaux qui fourniront la viande au cours du voyage, tempêtes toujours possibles, scorbut et autres maladies infectieuses à un point tel que certains y trouvent la mort.

 

Une nouvelle publication

Hélène LAMARCHE, rédactrice en chef de la revue Mémoires de la Société de généalogie, prend la relève en fin d’avant-midi. Elle procède au lancement d’une nouvelle édition partielle, mais révisée de l’ouvrage du père Archange Godbout, Les passagers du Saint-André : la recrue de 1659, déjà paru en 19641. Les présentations contextuelles de la publication, faite par Archange Godbout, Édouard-Zotique Massicotte et Roland-J. Auger, ne sont pas retouchées, par contre la partie dictionnaire est mise à jour pour tenir compte des avancées et des nouvelles découvertes de la recherche généalogique. La bibliographie est également enrichie des dernières publications. L’ouvrage lancé constitue désormais le deuxième numéro de la nouvelle collection des Cahiers généalogiques et est disponible à la Société.

 

Société généalogique canadienne-française : Les passagers du Saint-André

Crédit : Société
généalogique
canadienne-française

Les conférences en après-midi : portrait et installation des passagers du Saint-André

En après-midi, c’est l’arrivée à Ville-Marie des passagers du Saint-André à la suite de la remontée du Saint-Laurent, un voyage de plus d’une dizaine de jours. Josée MONGEAU, chargée de cours en histoire à l’Université de Sherbrooke, prend d’abord la parole pour saluer plusieurs descendants des passagers du Saint-André présents à la rencontre. Par la suite, elle présente les membres de cette recrue : des hommes de métier et des hommes à tout faire engagés pour trois ou cinq ans, des soldats, des filles à marier qui veulent quitter leur état d’orpheline sans dot, des religieux et des religieuses, des familles volontaires apparentées. Tous ont en commun le désir ferme de tenter l’aventure et la foi catholique à laquelle ils adhèrent – du moins officiellement, les protestants étant interdits de s’installer en Nouvelle-France.

 

L’organisation du colloque ne pouvait pas ne pas laisser la parole aux religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Jeanne Mance et trois soeurs de cette communauté – les trois premières – étant au nombre des nouveaux arrivés. C’est à sœur Thérèse PAYER, une des fondatrices du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et directrice du Centre Jeanne-Mance, qu’il revient de faire revivre l’oeuvre de celles qui ont jeté les bases d’une institution qui demeure encore aujourd’hui un élément incontournable du paysage montréalais et une composante indispensable du réseau de la santé et des services sociaux, l’Hôtel-Dieu de Montréal. Dès leur arrivée, les trois premières Hospitalières se mettent à l’œuvre, les services qu’elles offrent constituant un prolongement de leur dévouement auprès des malades atteints de la peste lors de la traversée.

 

C’est en présentant la petite agglomération que forme Ville-Marie qu’André LACHANCE, professeur d’histoire retraité de l’Université de Sherbrooke, clôture le colloque. Montréal constitue à l’époque un village d’à peine quelque deux cents habitants répartis dans 20 à 30 familles, à l’intérieur duquel ont été édifiées une quarantaine de constructions en bois, certaines en pierre mal adaptées au climat. Les conditions de vie qui y règnent, mettent à l’épreuve la détermination des nouveaux venus : un été bref et chaud auquel fait suite un hiver long et froid, des neiges abondantes en hiver, en été des moustiques à en être dévoré comme l’écrit le père Le Jeune, sans compter les attaques imprévisibles des Iroquois qui parviennent à tuer six hommes de la recrue de 1659 et les grandes misères liées aux travaux de défrichement. N’empêche, si les recrues sont angoissées et un peu dépassées au point de départ devant cette terre nouvelle qui ne se laisse apprivoiser qu’avec beaucoup de courage et au prix de forts labeurs, ils réussissent à faire de Ville-Marie une ville où il fait bon vivre.

 

  1. Les passagers du Saint-André : la recrue de 1659/P. Archange Godbout…;préface de Roland-J. Auger…, Montréal, [s.n.], 1964, 163 p.

 

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