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Bulletin n°33, décembre 2011

Loi sur le patrimoine culturel …un projet devenu réalité : Bref état de situation en date de novembre 2011

Loi sur le patrimoine culturel
…un projet devenu réalité

Bref état de situation
en date de novembre 2011

 

par Michel Dufresne

 

Rue Saint-Denis dans l’arrondissement du Vieux-Québec

Rue Saint-Denis dans l’arrondissement
du Vieux-Québec

Crédit : Michel Dufresne

En mai dernier, nous vous tenions informés de l’état d’avancement du projet de Loi sur le patrimoine culturel, qui en était alors rendu à l’étape de l’adoption de son principe. Allait débuter, au même moment, l’étude article par article du même projet ; rappelons qu’un peu plus de 200 mémoires avaient été reçus par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine à l’occasion d’une première consultation portant sur le livre vert Un regard neuf sur le patrimoine culturel (2008), tandis que la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale s’en voyait déposer plus d’une cinquantaine additionnels lors de la consultation générale et des audiences publiques qu’elle avait été chargée de tenir (début 2011).

L’étude détaillée du projet de loi par cette même Commission, terminée le 29 septembre dernier, aura ainsi permis d’ajuster ou de bonifier, selon le cas, 47 des 265 articles initiaux. L’adoption et la sanction de la loi ont eu lieu le 19 octobre 2011, alors que son entrée en vigueur deviendra officielle un an exactement après cette date. Dans notre dernier communiqué, nous revenions sur les motivations premières et les objectifs poursuivis par cette démarche de révision en profondeur de la Loi sur les biens culturels, qui continuera d’ailleurs de s’appliquer d’ici l’entrée en vigueur de la nouvelle législation : souci, pour l’essentiel, de rajeunir et d’élargir la portée des moyens d’intervention mis à la disposition des administrations publiques québécoises, le gouvernement provincial au premier chef, mais également les municipalités et les communautés autochtones.

Les principales mesures envisagées dans le projet de loi n’ayant pas été substantiellement affectées par les récents débats et travaux de la Commission de la culture et de l’éducation, nous nous contenterons d’en résumer une fois de plus les principaux aspects qui intéressent notre commission (CFQLMC) et sur lesquels nous avions du reste insisté dans le mémoire déposé par cette dernière auprès du Ministère, en 2008. Ainsi, outre le patrimoine immatériel et les paysages culturels patrimoniaux auxquels la nouvelle loi accorde une importance significative, c’est la notion de valorisation du patrimoine qui prend un sens nouveau à travers des mesures de “désignation” (par la Ministre) et “d’identification” (par les municipalités et les communautés autochtones) de lieux, d’événements, de personnages et d’objets ou réalités immatériels, permettant de conférer de la sorte aux uns ou aux autres un “sceau de qualité” en quelque sorte.

On comprendra que ces mesures de valorisation, fort attendues par nombre d’organismes et d’intervenants culturels, pourraient s’avérer de grande utilité dans le cas des “lieux de mémoire” auxquels s’intéressent notre commission et ses proches partenaires. Les outils que le Ministère entend développer pour faciliter la mise en oeuvre de la nouvelle loi ainsi que la formation de son propre personnel et l’information des divers publics concernés nous en diront davantage, le cas échéant, sur l’importance du virage entrepris à cet égard et l’intérêt que lui accorderont, à leur échelon respectif, les autres administrations appelées à intervenir en matière de patrimoine culturel sur le territoire québécois.

Éditer la Nouvelle-France Ouvrage paru aux Presses de l’Université Laval au 2e trimestre 2011

Éditer la Nouvelle-France

Ouvrage paru aux Presses de l’Université Laval

au 2e trimestre 2011

 

Éditer la Nouvelle-France

McGill-Queen’s University Press

 

par Gilles Durand

Éditer la Nouvelle-France renferme dix textes regroupés en deux grandes parties : comment lire un écrit de la Nouvelle-France et comment l’éditer ou le rééditer. Dix collaborateurs, versés dans la littérature française, les études anciennes et l’histoire de l’art, sous la direction de Andreas Motsch et de Grégoire Holtz, professeurs au Département de français de l’Université de Toronto, lèvent le voile sur leurs propres expériences dans le choix et l’édition d’écrits de la Nouvelle-France à valeur littéraire et historique. Pour être plus précis, neuf projets ont trait à l’écrit et un intéresse à la fois l’écrit et l’histoire de l’art étant donné l’importance de l’image. L’idée de cette publication prend naissance en 2008 lors d’un colloque tenu à l’Université de Toronto; l’ouvrage, paru en 2011, est basé en partie sur les communications présentées.

Pour éveiller l’intérêt à l’ensemble de l’ouvrage, nous commentons deux des dix expériences décrites dans la publication.

 

 

Le cas de la relation de voyage de Claude Le Beau

 

Le choix du texte

Le dixième chapitre, préparé par Andréanne Vallée, est consacré à la préparation de l’édition des Avantures du sieur Claude Lebeau – plutôt une réédition, la publication originale, dont par malheur le manuscrit est perdu, ayant paru en 1738. L’éditrice retient ce texte parce qu’il présente de l’intérêt à plusieurs points de vue, demeurant entre autres le seul journal connu de la plume des fils de famille envoyés en Nouvelle-France par ordre du roi.

Pour son projet, l’éditrice doit tenir compte d’un ensemble de facteurs. La relation de Le Beau paraît quelque dix ans après sa venue à Québec en 1729-1730. Elle participe du roman pour certains passages et est jugée sévèrement par la critique à l’époque : larges emprunts aux devanciers, déformations, exagérations et inexactitudes quant à des lieux visités, des personnages, des événements et des dates. C’est le cas, par exemple, du récit de la traversée de l’Atlantique à bord du vaisseau l’Éléphant, de la remontée du Saint-Laurent et du naufrage du navire au large du cap Brûlé en aval de Québec en 1729. C’est aussi celui d’événements relatifs à la guerre contre les Outagamis ou Renards, ses principaux acteurs et ses conséquences financières, un conflit dont Le Beau entretient le lecteur sans en être témoin. Par contre le récit de voyage a aussi ses bons côtés. Il renferme une foule de données enrichissantes sur les comportements des animaux, les moeurs des Canadiens, les habitudes et les croyances des Amérindiens.

 

L’analyse et l’interprétation

Une première question se pose pour l’éditrice, Andréanne Vallée. Décider d’abord du type d’édition : soit un ouvrage destiné à la communauté scientifique accompagné de commentaires complémentaires, regroupés sous forme d’ensemble dans l’introduction ou bien encore répartis dans des notes infrapaginales distribuées à travers l’ouvrage; soit une publication « grand public » réduisant au minimun les notes. Elle retient la première approche avec la pensée qu’un ouvrage allégé ne peut que bénéficier d’une étude antérieure plus fouillée.

Reste aussi à départager la fiction de la réalité et à rétablir les faits. L’éditrice fait appel à plusieurs ressources. D’abord à l’étude et à l’analyse du récit lui-même qui renferme, pour dater, des indices de différentes natures, par exemple ceux relatifs à la période de l’année : temps des récoltes, neige recouvrant le sol, déplacements à l’aide de raquettes. Ensuite aux ressources imprimées, dictionnaires biographiques, dictionnaires des 17e et 18e siècles, relations marquantes comme celles de Hennepin et du baron de Lahontan, cartes et recueils de cartes géographiques. Enfin, et non aux moindres, les documents originaux, listes de détenus et de passagers, dossiers et placets de prisonniers déportés en Nouvelle-France, témoignages d’acteurs et témoins comme celui de commandant du vaisseau l’Éléphant, le lieutenant Louis-Philippe de Rigaud de Vaudreuil, lors de son naufrage en 1729, autant d’informations qui peuvent être retrouvées dans les fonds d’archives d’Ancien Régime, archives de la Bastille, archives de l’Assistance publique et des hôpitaux de Paris, etc. En bout de piste, l’opération se révèle même riche en découvertes : inscription de Lebeau dans le Registre d’entrées des mendiants à la prison de Bicêtre, lettres et textes écrits par celui-ci dans les journaux d’époque, son certificat de décès.

Le travail est déjà mené à bon terme, car l’éditrice a pu présenter sa publication, Avantures du sieur Claude Le Beau, avocat en parlement. Voyage curieux et nouveau parmi les Sauvages de l’Amérique septentrionale, au Salon du livre de Montréal en novembre 2011.

 

 

L’édition de la Nouvelle-France en images

L’auteur du sixième chapitre, François-Marc Gagnon, présente quant à lui une expérience originale vécue dans le cadre de l’édition de deux documents préparés vers 1675, le Codex canadensis (le cas de l’ornithologie est retenu par l’auteur) et l’Histoire naturelle des Indes occidentales. Placé en présence de similitudes et de légères différences de contenu dans ces deux documents, il doit d’abord décider de la paternité des travaux, un auteur, Louis Nicolas, ou deux auteurs différents.

L’éditeur se laisse d’abord guider par des renvois qui suggèrent un lien entre le Codex et l’Histoire naturelle et qui dévoilent des corrélations donnant à penser à un auteur unique, Louis Nicolas. Pour pousser plus loin la démonstration, François-Marc Gagnon nous ramène à la période au cours de laquelle Louis Nicolas écrit son histoire et dessine les oiseaux qu’il observe. Au 17e siècle, c’est le dessin qui compte, non la couleur. Le dessin vise à donner une idée générale de l’animal, à évoquer ses caractéristiques plutôt que d’en reproduire exactement la forme et la couleur, tel qu’il se présente dans la réalité. Nulle surprise que la concordance ne puisse être établie complètement entre l’image et le texte de l’Histoire naturelle Dans ce cas-ci, la personne intéressée à l’ornithologie est invitée à approfondir ses connaissances par la lecture de l’Histoire naturelle.

Le projet de François-Marc Gagnon est maintenant complété et la publication vient tout juste d’être lancée aux Presses des universités McGill-Queen’s sous le titre Le Codex canadensis et les écrits de Louis Nicolas. Édité avec une introduction par François-Marc Gagnon, texte établi en français moderne par Réal Ouellet et traduit en anglais par Nancy Senior, Presses des universités McGill-Queen’s, 2011, 550 p.

 

 

Un ouvrage à lire et à relire

Éditer la Nouvelle-France se signale par plus d’un intérêt. C’est d’abord le partage d’un savoir fondé sur l’expérience acquise par des spécialistes de l’édition des textes de la Nouvelle-France. C’est aussi un excellent rappel de la richesse du contenu de ces écrits pour enrichir la mémoire franco-québécoise sur le contexte et sur l’aventure partagée elle-même des Français et des Canadiens aux 17e et 18e siècles.

La coopération franco-québécoise : Hier, aujourd’hui, demain

La coopération franco-québécoise
Hier, aujourd’hui, demain

 

Par Adrien Leroux, coordinateur de la section française de la CFQLMC
Gilbert Pilleul, Secrétaire général de la section française de la CFQLMC

A l’occasion de la commémoration du  50ème  anniversaire de la création à Paris de la Délégation générale du Québec, la section française de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs a tenu le 4 octobre 2011, au Centre de Conférences du Ministère des Affaires étrangères et européennes à Paris, un colloque intitulé :

 

La coopération franco-québécoise, hier, aujourd’hui, demain

Le colloque s’est déroulé en trois séquences traitant de manière chronologique, de l’histoire de cette coopération, de son présent et de ses perspectives d’avenir. Malgré la densité du programme, les délais et plages horaires ont été scrupuleusement respectés notamment  grâce à l’attention de la modératrice du colloque, Michèle Marcadier. Signalons que la préparation et la tenue de ce colloque ont été rendues possibles grâce à l’implication d’une équipe de bénévoles de la commission. Par ailleurs, la projection de documents et de photos pendant toute la durée du colloque, a été préparée et assurée par notre coordinateur Adrien Leroux.

Durant cette journée, différents intervenants se sont succédé pour engager et approfondir, avec le public venu en nombre, une analyse sur la coopération entre la France et le Québec. Coopération qui par la diversité de ses champs d’application, allant du social au culturel en passant par l’économie ou encore le scientifique, demande des engagements de tous les acteurs : responsables politiques, chefs d’entreprise, acteurs de la société civile.

 

Les deux co-présidents de la CFQLMC : Pierre-André Wiltzer et André Droval

Les deux co-présidents de la CFQLMC :
André Dorval et Pierre-André Wiltzer

Les participants ont d’une manière générale apprécié la qualité des débats qui, au-delà d’un discours convenu, se sont caractérisés par un « parler vrai », ce qui a permis,  après en avoir dit les mérites, de relever les faiblesses de cette coopération dont il importe d’assurer l’avenir.  

Pierre-André Wiltzer, co-président de la CFQLMC, a prononcé l’ouverture des travaux du colloque puis Jacques Godrain, Président de la Fondation Charles De Gaulle, et Monique Gagnon-Tremblay, Ministre des Relations internationales et Ministre responsable de la Francophonie au Québec ont pris la parole pour souligner l’importance de la coopération franco-québécoise.

 

La coopération franco-québécoise, hier

La riche histoire et le caractère unique de cette coopération, la volonté politique partagée dès l’origine des partenaires ont été  relevés et salués à maintes reprises, notamment dans la première séquence. Frédéric Bastien et Jacques Portes ont analysé, avec la pertinence du regard de l’historien, 50 ans de coopération. De son côté, Maurice Vaïsse a fait une brillante synthèse sur le thème : « De Gaulle et le Québec » tandis que Gérard Bouchard s’est interrogé sur la relation entre Français et Québécois.  La séquence du matin s’est terminée par la  table-ronde : “Regards et témoignages sur l’histoire de la coopération franco-québécoise des origines à nos jours” qui a, sous la conduite de Gilbert Pilleul, donné la parole à des acteurs qui ont dans le passé, joué un rôle direct dans cette coopération : Bernard Dorin, Pierre Maillard, Marcel Masse et Henri Rethoré. Table-ronde qui a accueilli également Paul Gérin-Lajoie, arrivé inopinément à Paris. Signataire en 1965 de la première entente sur l’éducation, il a lu un texte qui a rappelé les enjeux dès l’origine de cette coopération, rappelant le droit du Québec à agir à l’international dans ses domaines de compétence.

 

La coopération franco-québécoise, aujourd’hui

ColloqueChristian Rioux n’a pas hésité, reprenant en partie les questions soulevées par Gérard Bouchard, à s’interroger sur la pérennité et la survie de cette coopération, au constat que les deux partenaires ont tendance à s’éloigner petit à petit et que le contexte qui a permis, dans les années 1960, leurs « retrouvailles » avait changé. On peut même dire qu’un désintérêt partagé est plus ou moins visible : engagement moins évident chez les politiques, baisse de la motivation chez les jeunes. Il faudrait y ajouter les lourdeurs de fonctionnement des institutions de la Francophonie pour expliquer ces évolutions dont les causes et les conséquences ont alimenté la plupart des débats.

La situation des relations franco-québécoises n’est néanmoins pas figée dans le déclin. Comme Gil Remillard a pu l’expliquer au cours de son intervention, il existe toujours un terreau qui peut se révéler fertile si la volonté suit.

La première table-ronde de l’après-midi sous la conduite de Robert Trudel :« Dans la société civile : le rôle des jeunes, la place des associations et de l’OFQJ », a incarné cette situation complexe entre la réalité d’une coopération qui se veut toujours aussi dynamique et un contexte d’action moins propice. Des acteurs de cette coopération actuelle, Frédéric Lefret, secrétaire général en France de l’OFQJ, Marie-Agnès Castillon, présidente de France-Québec, Christian Robitaille, directeur général de Québec-France et Georges Poirier, rédacteur en chef de la revue France-Québec-Magazine ont  pu échanger, sur les difficultés que rencontrent ceux qui, dans la société civile, font vivre la coopération aujourd’hui. Ils ont néanmoins affirmé leur volonté de continuer leurs actions, de les faire évoluer chacun dans son domaine de compétence, avec la mise en place de projets innovants plus en phase avec les nécessités de notre temps. Encore faut-il que ces efforts et le rôle des associations soient pleinement reconnus et mieux soutenus. Il est ainsi ressorti des discussions que la coopération franco-québécoise possède encore et malgré tout, de forts atouts. Des structures d’importance et dynamiques sont en place à l’image de l’OFQJ (140 000 jeunes ont traversé l’Atlantique en 40 ans par le biais de cet organisme). Cette coopération est prégnante dans la société civile et s’incarne notamment dans les 6 000 membres et les projets menés par les associations Québec-France et France-Québec. Il existe toujours un intérêt certain et de qualité pour cette relation, comme on peut le voir avec les actions menées par la CFQLMC.

La coopération franco-québécoise, demain ?

La coopération franco-québécoise n’a pas aujourd’hui perdu de sa pertinence et les difficultés qui ont pu être évoquées au cours de cette journée ne font qu’accentuer la nécessité de réfléchir à replacer son rôle et sa place dans le contexte mondial actuel. Louise Beaudoin, Lise Bissonnette, Jean-Pierre Chevènement et Marc Gontard ont ainsi pu échanger au sujet de l’avenir de cette coopération franco-québécoise au cours de la troisième table-ronde animée par Didier Poton.  Il est manifestement apparu que la coopération franco-québécoise, au-delà des difficultés qu’elle rencontre, doit aujourd’hui et demain affronter certains enjeux importants. L’affirmation et la redéfinition des modalités de fonctionnement des institutions de la Francophonie sur l’échiquier mondial en sont un; la nécessité de soutenir la concurrence de plus en plus forte des pays émergents en est un autre, sans oublier l’obligation d’adapter nos structures universitaires aux besoins d’une meilleure collaboration tant dans le domaine de la recherche que dans celui de l’enseignement.

A travers les interventions et les débats qui se sont tenus au cours de cette journée, il est ainsi apparu que la coopération franco-québécoise est aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Elle doit faire face à la problématique de l’intégration de la jeunesse via la société civile ou par la coopération universitaire.

En conclusion aux travaux de ce colloque, Monsieur Jean Charest, Premier ministre du Québec et Monsieur Alain Juppé, Ministre des Affaires étrangères et européennes ont, à tour de rôle, pris la parole après que les co-présidents de la CFQLMC, André Dorval et Pierre-André Wiltzer, les ont accueillis à la tribune du colloque et présentés à un public nombreux venu les entendre.

 

Leur présence chaleureuse, leurs propos, ont permis de rappeler la traditionnelle fraternité liant le peuple québécois et le peuple français.

Il faut toutefois ajouter que pour continuer et maintenir la force qui a été celle de la coopération entre la France et le Québec durant 50 ans, il est essentiel que les autorités politiques soient mieux parties prenantes des projets mis en œuvre par les différents acteurs dans tous les domaines.

 

C’est avant tout par leur soutien, comme ce fut le cas à de nombreuses reprises par le passé, que la coopération franco-québécoise pourra continuer à jouer son rôle au service de nos intérêts communs et pour l’affirmation de nos valeurs partagées.

Table ronde et lancement sur les événements marquants des relations franco-québécoises au cours du dernier demi-siècle – 6 décembre 2011

Table ronde et lancement sur les événements
marquantsdes relations franco-québécoises
au cours du dernier demi-siècle

6 décembre 2011

 

par Gilles Durand

 

Robert Trudel, Marcel Masse, Denis Vaugeois

De g. à d. Robert Trudel, Marcel Masse,
Denis Vaugeois
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand

Le 6 décembre 2011, les Éditions MultiMondes et la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) avec le support de l’Association internationale des études québécoises (AIEQ) organisent une table ronde et lancent une publication sur les événements marquants des relations franco-québécoises au cours du dernier demi-siècle. La rencontre coïncide avec le 50e anniversaire de l’ouverture de la Délégation générale du Québec à Paris et de la création du ministère des Affaires culturelles, l’actuel ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. Plus de 65 personnes assistent à l’événement, tenu dans les locaux de l’AIEQ au cœur du Vieux-Québec. Robert Trudel, coordonnateur de la publication, agit comme modérateur de la soirée qui connaît un vif succès.

 

La table ronde sur les relations franco-québécoises au cours des années 1960


Le coup d’envoi de Marcel Masse

Marcel Masse, Denis Vaugeois

De g. à d. Marcel Masse, Denis Vaugeois
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand

Le premier exposé est donné par Marcel Masse sur la période des années 1960, période qu’il connaît à fond comme témoin et acteur, ayant été ministre dans les cabinets Johnson et Bertrand, en particulier aux Affaires intergouvernementales. La décennie connaît une grande effervescence dans les relations franco-québécoises, mais elle ne s’inscrit pas moins en continuité avec la période antérieure : apparition d’un nouveau moyen de transport, l’avion remplaçant le bateau, facilitant des déplacements rapides outre-Atlantique;  visite au Québec du président français, Vincent Auriol, en 1951; exposition française au Palais du commerce de Montréal en 1954, suivie d’une exposition du Québec dans la ville lumière; projet d’un bureau du Québec à Paris qui aboutit à l’inscription de crédits dans le budget 1958-1959 du gouvernement Maurice Duplessis pour l’ouverture d’une agence. En janvier 1960, Antonio Barrette reprend le flambeau, à la suite du décès de Maurice Duplessis et de Paul Sauvé, et annonce la mise à exécution du projet. Par la suite, les relations et la coopération s’intensifient, cette fois sous l’impulsion des chefs de gouvernement eux-mêmes, dont le général de Gaulle et le premier ministre Daniel Johnson.

Au chapitre des relations et de la coopération entre Québécois et Français au cours des années 1960, le conférencier souligne qu’on pense trop souvent mécanismes plutôt que résultats et qu’on s’attarde trop à la nature des échanges, leur diversité tout comme leur deux points forts, l’éducation et la culture. Les relations et la coopération devraient être étudiées davantage en termes de résultats. De plus, on a tendance à oublier qu’au niveau de leurs fondements, ce n’est pas d’abord et avant tout les profits qui les maintiennent sur leur trajectoire, mais un héritage partagé, une même langue, une même histoire et une même culture. Autrement, sur un plan strictement économique, mieux vaudrait se tourner vers le sud. C’est dans le but de rappeler aux Québécois et aux Français leurs liens inébranlables qu’il a fondé avec Henri Réthoré, en décembre 1996, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, un organisme voué à enrichir et à valoriser l’aventure commune vécue par les deux peuples. L’esprit et l’âme de la coopération des années 1960 ne sont plus les mêmes; il importe de les revivifier.

 

Denis Vaugeois prend la relève

Comme chef de cabinet du ministre Marcel Masse, entre autres, Denis Vaugeois est un acteur incontournable des années 1960, on ne peut mieux préparé à prendre la relève comme conférencier. De ces années de bouillonnement, il fait ressortir trois idées maîtresses. D’abord le contexte, une période marquée, il est vrai, par la facilité des déplacements de plus en plus grande, mais aussi par la décolonisation, par le désir des communautés de s’émanciper, de prendre en main leur destinée. Ensuite, le véritable moteur de la Révolution tranquille au Québec, ce n’est tant les hommes politiques – tout en reconnaissant la contribution marquante de certains d’entre eux tel Paul Gérin-Lajoie –, que la jeunesse, une jeunesse de plus en plus instruite et porteuse d’un besoin de changements, dont les occasions de traverser l’Atlantique se multiplient. L’Office franco-québécois pour la jeunesse, dont Jean-Paul L’Allier est le premier secrétaire de la section québécoise, contribue pour beaucoup aux changements qui s’opèrent. Enfin, c’est aussi une relation qui avec les années prend une physionomie différente : d’une approche « demandeur » elle devient davantage synonyme « d’échanges et de réciprocité ». En même temps, les domaines de coopération vont s’élargissant. Ils ne peuvent être mieux illustrés que dans le mandat de l’Agence de coopération culturelle et technique – l’ancêtre de l’Organisation internationale de la Francophonie. Celle-ci est chargée d’intensifier la coopération au sein de la Francophonie dans des champs aussi divers que l’éducation et la formation, les sciences et les techniques, l’agriculture, l’environnement, etc. Il ne faut pas oublier que, dans ses relations avec la France, le Québec bénéficie beaucoup du support de sa Délégation générale à Paris, qui sait préparer très habilement le terrain aux négociations. En conclusion de sa communication, le conférencier utilise quelques souvenirs et péripéties ayant entouré sa carrière pour illustrer le contexte et l’esprit de ces années dans les milieux politiques.

 

Le lancement d’une publication pour couronner le tout

Jean-Marc Gagnon

Jean-Marc Gagnon
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand

La dernière partie de la rencontre est consacrée à la publication Les textes marquants des relations franco-québécoises (1961-2011) [Titre non encore disponible sur le Web] et à son contenu. Jean-Marc Gagnon, l’éditeur, prend d’abord la parole pour mettre les auditeurs en appétit sur cette publication. Celle-ci couvre une période cruciale et se démarque tant par la mise en page que par l’illustration des textes. Le message livré par l’éditeur aux invités témoigne d’une maison d’édition capable de relever des défis à l’ère du numérique : l’ouvrage est aussi disponible sur support électronique.

Jean-Marc Gagnon, André Dorval

De g. à d. Jean-Marc Gagnon, André Dorval
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand

Le coprésident de la CFQLMC André Dorval, prend ensuite la parole pour remercier d’abord tous ceux qui supportent la Commission, le ministère des Relations internationales de même que les bénévoles engagés du milieu associatif. La présente publication en est le fruit. Elle témoigne à la fois de l’originalité de l’approche, tant dans le contenu que dans le mode de préparation. Jusqu’alors, la CFQLMC avait fait porter ses efforts sur des travaux d’inventaires et de publications sur la période de la Nouvelle-France. Sans abandonner ce type de projet, la Commission réunit en janvier 2011 quelques bénévoles : ceux-ci forment le noyau éditorial coordonné par Robert Trudel et appuyé dans ses travaux par une banque électronique de discours montée par Paul Bernier. Les volontaires se mettent à la tâche pour neuf mois, mais cette fois pour rappeler la mémoire du dernier demi-siècle. L’occasion ne peut être mieux choisie, celle du 50e anniversaire de la Délégation générale du Québec à Paris. La petite équipe identifie des conférences et des textes correspondant aux événements fondateurs et marquants de la période, les complète et les illustre par des recherches en bibliothèque et dans les archives. L’étape suivante consiste à s’entourer d’acteurs, de témoins et de spécialistes du domaine pour mettre les documents retenus en contexte. L’opération se révèle un succès, plus de 40 collaborateurs répondent à l’appel, dont l’empressement n’a d’égal que l’enthousiasme de l’équipe éditoriale initiale. Au terme de l’expérience, le coprésident, André Dorval, peut s’enorgueillir de présenter aux amis de la mémoire franco-québécoise une publication

Les textes marquants des relations franco-québécoises/Sous la direction de André Dorval, Gilles Durand, Gaston Harvey, Bertrand Juneau et Robert Trudel, Québec, Éditions MultiMondes, 2011, 228 pages

 

Emmanuel Gagnon

Emmanuel Gagnon
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand

à la fois riche de contenu pour la mémoire et source d’inspiration pour aller plus loin dans le futur, c’est-à-dire enregistrer sur support audio-vidéo les témoignages intégraux des acteurs et des témoins de la relation franco-québécoise au cours de toutes ces années de changements.

Le 50e anniversaire du ministère des Affaires culturelles

Le 50e anniversaire du ministère des Affaires culturelles

par Gilles Durand

 

La ministre de la CCCF, Christine St-Pierre, prononçant une allocution lors du dîner

La ministre de la CCCF, Christine St-Pierre,
prononçant une allocution lors du dîner

Crédit : Gilles Durand, CFQLMC

Le ministère des Affaires culturelles, appelé aujourd’hui ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, fête 50 ans d’existence en 2011. Pour commémorer l’événement, la Fédération Histoire Québec et la Société du patrimoine politique du Québec ont organisé un colloque à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec le 15 septembre 2011. Des présentations des conférenciers et des échanges suscités se dégagent deux thèmes principaux : un engagement en matière culturelle constant et de longue date envers tous les Québécois, embrassant tous les domaines, et un souci constant d’élargir les frontières du Québec à la grandeur de la francophonie, tout particulièrement dans la mère patrie considérée comme source d’inspiration, auditoire et appui.

 

 

L’action culturelle du Québec avant 1960

Le ministère des Affaires culturelles est créé en mars 1961, mais les préoccupations du Québec pour la culture sont bien antérieures. En matière de politique intérieure, par exemple, Athanase David, secrétaire provincial de 1919 à 1936, laisse un héritage imposant : bourses d’études pour spécialisation en France et contribution au fonctionnement d’un lieu d’accueil, la Maison des étudiants canadiens à Paris; mise sur pied d’écoles de beaux-arts à Québec et à Montréal; sauvegarde et mise en valeur du patrimoine par la Loi sur les monuments historiques et les œuvres d’art de 1922 et par la création d’une Commission des monuments historiques; construction d’un musée d’État dans lequel emménagent les archives; utilisation de temps d’antenne à la radio pour diffuser de l’information éducative et culturelle. Au départ de David, d’autres mesures suivent encore, telle la création de conservatoires de musique à Montréal en 1942 et à Québec en 1944, avec ajout de volets d’art dramatique dans les années 1950.

Côté politique extérieure, l’engagement du Québec remonte à 1882 avec la nomination d’Hector Fabre comme agent de la province à Paris. Fabre assure une présence assidue auprès des cercles intéressés au Québec. Avec beaucoup d’habileté, il fait de ses bureaux une plaque tournante pour Québécois et Français, en particulier les artistes et les écrivains : lieu de rencontre, centre de documentation et d’information, rédaction d’un journal Paris-Canada. À la suite de son décès en 1910, le Québec ne lui donne pas de successeur, laissant plutôt au milieu associatif la prise en charge de la relation franco-québécoise.

 

 

L’accélération de la Révolution tranquille

Le ton est donné. La Révolution tranquille des années 1960 donne un nouvel élan dans tous les domaines. L’équipe libérale de Jean Lesage encadre davantage l’action culturelle du gouvernement en créant un ministère en mars 1961. Le premier titulaire, Georges-Émile Lapalme, s’inspire de l’expérience française et d’André Malraux, qui a mis sur pied une telle structure deux ans plus tôt. En matière de politique intérieure, le Ministère se révèle, au cours des années, un outil indispensable aux mains de l’État québécois pour poursuivre le travail commencé, le revitaliser, le bonifier et l’élargir aux nouveaux défis qui se présentent : qualité de la langue parlée et écrite, préservation et valorisation du patrimoine paysager et immatériel, bibliothèques publiques accessibles à tous, dynamisation de la vie culturelle en région par la présence de bureaux de développement et par la recherche de partenariats avec les municipalités et les commissions scolaires; soutien accru aux différents intervenants culturels impliqués tant dans la création que dans la publication et la diffusion; transfert de responsabilités à des sociétés d’État dont le Conseil des arts et des lettres du Québec créé en 1992.

Après 1960, le rayonnement au sein de la Francophonie constitue le second volet de la politique du ministère des Affaires culturelles. Celui-ci prend charge de la mission culturelle de la Délégation générale du Québec à Paris qui ouvre ses portes en octobre 1961 sous le nom de Maison du Québec à Paris. Il déploie son action dans la ligne tracée par Hector Fabre : plaque tournante pour les Québécois et les Français à la recherche d’information, d’inspiration et d’un auditoire élargi dans le pays d’en face; bibliothèque qui prend le nom de Bibliothèque Gaston-Miron; publication sur Internet d’un bulletin d’information qui informe sur la tournée des artistes québécois, etc.; porte-parole des aspirations du Québec auprès du gouvernement français, qui appuie sa participation aux organismes de la Francophonie dans ses champs de compétence et qui supporte des mesures à l’échelle internationale protégeant la culture française des effets négatifs de la mondialisation. En 1967, le volet international de tous les engagements du Québec passe sous la responsabilité du ministère des Relations internationales et le ministère des Affaires culturelles poursuit son action en collaboration avec ce dernier.

 

Quelques publications pour en savoir davantage sur le rôle du ministère des Affaires culturelles

Pour la période antérieure à la Révolution tranquille :

Pour les cinquante années à compter de 1960

Marcel Masse donne le coup d’envoi avec le rôle de Georges-Émile Lapalme

Marcel Masse donne le coup d’envoi avec le rôle
de Georges-Émile Lapalme

Crédit : Gilles Durand, CFQLMC

 

Le cinquantième anniversaire de la Délégation générale du Québec à Paris fêté par Paris-Québec

Le cinquantième anniversaire
de la Délégation générale du Québec à Paris
fêté par Paris-Québec

 

Par Bernard Emont
Président de Paris-Québec

Pour la cinquième édition consécutive de sa célébration publique de la « fête nationale du Québec » à Paris, en partenariat avec la mairie du VIème arrondissement, Paris-Québec s’était mis au goût du jour. Le cinquantième anniversaire aura été sa principale source d’inspiration.

 

Tambours de la Nouvelle- France

Le 23 juin, entre 11h et 12h 30, on a retrouvé, autour d’un lever des couleurs, l’orchestre des « Tambours de la Nouvelle-France », qui nous a, comme de coutume, ravis de quelques airs et chansons du répertoire commun à la France et au Québec. Il ne comptait, cette année, pas moins de 12 musiciens, tous dans le traditionnel costume bleu, galonné d’argent. Mais ils alternèrent leurs effets avec des poèmes québécois, tous empruntés, pour l’occasion, aux poètes de la génération de l’Hexagone, qui ont marqué d’un véritable jaillissement poétique libérateur d’une parole et d’un inconscient collectif  longtemps tenus en bride, le début de la « Révolution tranquille » dans les années1960-62 : les Jean-Guy Pilon, Roland Giguère, Jacques Brault, Gaston Miron, Gatien Lapointe, Paul Chamberland et bien d’autres. Ces poèmes furent interprétés, en particulier par quelques jeunes, comme Paul Fraisse et Armando Parédès, et répartis selon la double tonalité qui fut celle de cette époque: refus global d’une société rétrograde et trop cléricalisée; ouverture libératrice à tous les souffles de la modernité; promesses d’un Québec nouveau « Un peuple ivre de vents et de femmes s’essaie à la nouveauté ».

La Compagnie québécoise des productions « Drôle de monde », de passage à Paris, devait renforcer cette tonalité par son jeu dramatique, en présentant deux extraits contrastés du spectacle qu’elle donnait alors à Aubervilliers –un ballet lugubre de corbeaux rivalisant de postures grotesques et agressives, auquel succéda un numéro de claquettes étourdissant, à l’image d’un Québec épanoui et libéré !

Après que l’orchestre des « Tambours » eut gagné, tout en continuant de ravir les passants du VIème de son aubade, les salons de la Mairie, on se retrouva autour d’un buffet offert par la Mairie, qui fut à nouveau agrémenté d’une prestation des Productions « Drôle de Monde » dans le style de la Comedia dell’arte.

 

Parcours coopérants des années De Gaulle

 

A 14h, dans le salon d’honneur de la Mairie, 50ème anniversaire de la Délégation du Québec à Paris oblige, avait lieu une table ronde sur le thème Parcours coopérants des années De Gaulle.

Elle réunissait cinq anciens coopérants français au Québec, des années De Gaulle, qui avaient accepté de témoigner de leur pratique d’une formule originale des accords Lesage De Gaulle : l’envoi massif, au Québec, de jeunes coopérants français estimés à 4500 entre 1967 et 1973. Ayant achevé leurs études universitaires, sans s’être encore acquittés des obligations du service national, ceux-ci ont pu  apporter, sous cette forme civile, une aide déterminante au Québec : notamment dans certains domaines clés du « rattrapage » entrepris alors par celui-ci, et pour lesquels les compétences faisaient défaut, comme les enseignements de niveau universitaire dans les nouvelles institutions d’enseignement supérieur, qui constitueront bientôt l’Université du Québec- fédération de campus dispersés à travers la Province.  Les jeunes choisissant de faire leur service sous cette forme étaient mobilisables dès le temps de leur incorporation et cette formule était peu coûteuse, les coopérants étaient payés selon le principe d’une indemnité universelle, ne dépassant guère le SMIG (Salaire minimun interprofessionnel garanti).

En dépit de certains abus, l’efficacité de cette aide est généralement reconnue, et elle a marqué de façon indélébile la vie des intéressés, soit qu’ils choisissent, pour une minorité, de rester au Québec (certains allant même jusqu’à s’y marier), soit que cette expérience apporte ou conforte un ancrage professionnel ou en fasse durablement des piliers de la coopération franco-québécoise. Ainsi en témoignèrent, avec le ton de la passion, parfois coloré d’anecdotes savoureuses, ces anciens coopérants qui ne sont pas inconnus des membres de France-Québec, représentants d’une population dont on mésestime le nombre : Jean-Michel Hercourt, Georges Poirier ou le président de Paris-Québec.

Le lendemain, 24 juin, le micro était à la musique : puisque 45 musiciens québécois, de l’orchestre amateur Omnigramme, partenaire d’une formation parisienne, devaient ravir les auditeurs du VIème et de Paris-Québec d’extraits d’œuvres classiques jouées avec une fougue que jamais ne venait démentir l’art. Ainsi se sont terminées deux journées mémorables, accompagnées par un public nombreux, qui prouvent qu’à côté des manifestations officielles de grande ampleur, les initiatives des acteurs sociaux conservent toute leur valeur.

La Délégation générale du Québec fêtée pour son 50e anniversaire par Michèle Marcadier

La Délégation générale du Québec
fêtée pour son 50e anniversaire

par Michèle Marcadier

 
La Délégation générale du Québec en France a su mobiliser toutes ses ressources pour célébrer dignement son 50° anniversaire.  L’année 2011 a été ponctuée d’événements multiples, témoignant par leur diversité, de la vivacité des relations France-Québec.

 

Les partenaires du Québec célèbrent la DGQ

Le réseau très dense des partenaires de la DGQ a été sollicité  pour participer à l’organisation des nombreux événements programmés.

Parmi les médias, citons France Culture qui a organisé en février dernier, le Rendez-vous québécois, présentant en direct sur ses ondes, un panorama de la création québécoise actuelle. Saluons également l’initiative de TV 5 Monde, qui a délocalisé au Québec son émission L’Invité, pour recevoir, des personnalités marquantes de la relation franco-québécoise. C’est également en partenariat avec la station de radio France Bleu, que la DGQ  a organisé le jeu-concours Le Québec en chansons  permettant aux auditeurs français de voter pour leurs chansons québécoises préférées. Enfin La revue France-Québec a édité, à l’occasion de cet anniversaire, un numéro spécial de sa revue, qui restera un document de référence pour tous les acteurs des relations entre les deux pays.

Ce partenariat a débordé le cadre des médias et c’est bien pour marquer le 50e anniversaire de la DGQ que le Sénat a ouvert ses portes au Québec en présentant témoignages, échanges, bilans et perspectives de 50 ans de mobilité jeunesse entre les deux pays. Autre initiative institutionnelle,  l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a rendu un  vibrant hommage, le 20 juin dernier, à l’homme engagé que fut Jean-Marc Léger, premier secrétaire général de l’Agence de Coopération culturelle et technique.

 

Partage d’expériences, partage de connaissances 

L’année 2011 aura été ponctuée de plusieurs conférences, échanges, regards croisés dont les thèmes sont autant de défis communs partagés : Les grands enjeux en matière de justice, L’avenir de la chanson francophone, L’égalité homme/femme, L’entreprenariat jeunesse, l’insertion scolaire et sociale, la lutte contre la maladie d’Alzheimer… Autant de rencontres, autant d’occasions  permettant de faire  le point sur la coopération franco-québécoise dans ces grands domaines de société.

Citons le colloque Le français et la montée des pays émergents tenu en juin et qui a réuni de grands intellectuels pour réfléchir à la place du français dans le rééquilibrage actuel des langues sur la scène internationale. Lançant la réflexion sur l’avenir du français, alors que les pays émergents s’apprêtent à remodeler l’échiquier linguistique mondial.

Le colloque organisé le 4 octobre, par la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs et portant sur la coopération franco-québécoise, hier, aujourd’hui et demain, qui fait l’objet d’un compte rendu particulier dans ce bulletin, a été un autre moment fort des événements organisés dans le cadre du 50° anniversaire.

50 ans de relations France-Québec à travers les archives

En organisant l’exposition 50 ans de relations France-Québec à travers les archives, la Délégation générale du Québec a voulu présenter de façon chronologique, l’évolution de la relation franco-québécoise.

De l’ouverture de la « Maison du Québec » le 5 octobre 1961, à la récente reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles, en passant par les impressionnantes célébrations, en France, du 400e anniversaire de la Ville de Québec, la DGQ a mis en scène les moments forts de la relation unique entre le Québec et la France.

Cette exposition a permis également de découvrir des documents d’archives exceptionnels, à caractère politique institutionnel ou culturel, provenant des collections de la Délégation ou des reportages mis à disposition par Radio-Canada.

 

Fête de la musique : Le Québec prend la Bastille !

Dans l’esprit de tous, le monde culturel demeure le lieu d’échanges privilégié entre les deux pays. Un des événements les plus importants qui aura été mis en scène au cours de cette année de commémoration aura été le concert organisé à la Bastille le 21 juin, lors la Fête de la Musique, et qui a réuni plusieurs artistes de la scène émergente québécoise

La programmation de cette année festive comprenait plusieurs autres manifestations culturelles, jeu concours, danse, théâtre tant à Paris qu’en province.

 

La voix lactée

La voix lactée, gare Saint Lazare, ligne 9
Crédit : Michèle Marcadier

La Voix lactée au cœur de Paris

 

Est-ce une coïncidence si c’est à proximité du quartier la Nouvelle France que fut dévoilée, le 4 octobre dernier, dans la station de métro Saint-Lazare à Paris, en présence du premier ministre, Jean Charest, et d’Henri de Raincourt, ministre chargé de la Coopération, une mosaïque créée par l’artiste québécoise Geneviève Cadieux.

L’œuvre intitulée La Voix lactée, figure une bouche posée sur le toit du Musée d’art contemporain de Montréal. Dans le métro parisien, cette bouche, qui symbolise la langue française, est complétée par un poème d’Anne Hébert positionné le long du couloir.

 

 

Le Québec est fêté dans les régions

Paris n’est pas la France et l’Association France-Québec a su mobiliser ses adhérents pour lancer, par l’intermédiaire de ses unités régionales, un concours de pavoisement de commerces aux couleurs du Québec, lors de la fête nationale.

C’est aussi grâce à la collaboration de l’Office franco-québécois pour la Jeunesse que plusieurs jeunes artistes québécois ont été en vedette, au cours de l’été, à la Maison du Québec à Saint-Malo dans le cadre des cinq Week-ends de la jeune scène québécoise.

Plusieurs autres manifestations ont jalonné cette année de commémoration et la rédaction invite ses lecteurs à consulter les pages du site de la Délégation générale du Québec consacrées à la programmation.

Deux publications à l’occasion du centenaire de la mort d’Hector Fabre en 1910

Deux publications à l’occasion du centenaire
de la mort d’Hector Fabre en 1910

 
Le centenaire de la mort du premier représentant du Québec à Paris en 2010 a donné lieu à un colloque à l’hôtel du Parlement à Québec les 16 et 17 septembre 2010 et à la préparation de deux ouvrages sur le sujet :
 
Pour le compte rendu du colloque, voir le bulletin Mémoires vives, no 31, décembre 2010, de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)

Les Ursulines de Québec renouvellent leur engagement envers la mémoire : Inauguration de l’exposition « Il était une fois… une maison » le 24 novembre 2011

Les Ursulines de Québec renouvellent leur engagement envers la mémoire :
Inauguration de l’exposition « Il était une fois… une maison »
le 24 novembre 2011

 
par Gilles Durand
 
Maison Madame-De La Peltrie

Maison Madame De La Peltrie
Crédit : MCCCF, 
Jean-François Rodrigue,
2007
Le 24 novembre 2011, la communauté des Ursulines de Québec a inauguré une nouvelle exposition « Il était une fois… une maison ». Celle-ci est présentée au premier plancher du Musée, jusque-là réservé à l’accueil et à l’administration. Comme son titre l’indique, elle vise à mettre en valeur la mémoire du bâtiment construit en 1836 et rehaussé en 1868 mais dont les racines plongent au 17e siècle, au moment où la communauté s’implante à Québec en 1639. Pour les invités présents à la cérémonie, l’événement constitue un double témoignage et le renouvellement d’un engagement envers la mémoire collective franco-québécoise.
 
 
Une mission ancienne qui s’adapte continuellement aux besoins grandissants de la population
 
L’exposition témoigne d’abord de l’ancienneté de cette communauté enseignante auprès des jeunes filles. Les trois premières religieuses arrivent dans le deuxième quart du 17e siècle, accompagnées de leur bienfaitrice et fondatrice temporelle du Monastère, Madame de La Peltrie décédée en 1671. Les objets en montre donnent la parole aux découvertes archéologiques : ils sont constitués d’artefacts, témoins des différentes occupations de l’édifice. Ils ont été trouvés lors de fouilles sur le site du Musée, sur lequel s’est déjà élevée la résidence de Madame de La Peltrie. L’exposition constitue aussi le rappel d’une mission qui répond continuellement aux besoins d’éducation d’une population grandissante. La Maison Madame-De La Peltrie, l’actuel Musée d’aujourd’hui, est reconstruite en 1836 pour accueillir plus d’élèves. Elle prend place en outre dans un ensemble de bâtiments que la communauté élève entre les 17e et 20e siècles. Le monastère des Ursulines-de-Québec forme un patrimoine qui s’est enrichi continuellement et que le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine a classé en mai 2011 parmi nos monuments historiques les plus précieux.
 
 
Le renouvellement d’un engagement à participer à l’enrichissement de la mémoire collective
 
Yves Laliberté, secrétaire général de la CFQLMC, accompagné de Christine Cheyrou, directrice du Musée, à l’occasion de l’inauguration

Yves Laliberté, secrétaire général
de la CFQLMC, accompagné de 
Christine Cheyrou, directrice
du Musée, à l’occasion
de l’inauguration
Crédit : Musée des Ursulines
de Québec
Jusqu’ici, seuls les deuxième et troisième planchers du Musée étaient destinés aux expositions. Désormais, le premier plancher sert également à la même fin, l’exposition « Il était une fois… une maison » y étant présentée. L’aire d’accueil et l’espace réservé à l’administration sont repositionnés dans le centre Marie-de-l’Incarnation construit en 1847. L’inauguration du 24 novembre dernier envoie le message d’une surface d’exposition agrandie. Par là, la communauté des Ursulines veut faire connaître plus largement son histoire. Elle désire que le grand public se sente encore davantage chez lui au Musée – même si l’accueil est une caractéristique proverbiale des Ursulines – et que l’expérience qu’il vivra en se familiarisant avec l’évolution du bâtiment et plus largement de l’ensemble conventuel, crée un intérêt pour y revenir souvent. D’ailleurs une nouvelle exposition permanente « L’Académie des demoiselles » est en montre aux deux étages supérieurs du Musée sur l’œuvre éducatrice des jeunes filles, mission première de la communauté.
 
La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) est fière d’avoir été associée, à titre de partenaire, à l’inauguration de l’exposition. La communauté des Ursulines constitue pour la Commission un partenaire incontournable pour enrichir la mémoire franco-québécoise sur l’héritage que nous partageons avec la France : la communauté est partie d’outre-Atlantique pour implanter une œuvre bien vivante, toujours en lien constant avec l’histoire, la langue et la culture que nous partageons avec le pays d’en face.

Romain Belleau, collaborateur au Fichier Origine depuis 2008, remporte le prix Jean-Gabriel Gigot

Romain Belleau, collaborateur au Fichier Origine depuis 2008,
remporte le prix Jean-Gabriel Gigot

 
par Marcel Fournier, AIG
Coordonnateur du Fichier Origine
 
 
Les Cahiers haut-marnais se consacrent à la publication de documents et de recherches touchant au département de la Haute-Marne. En 2011, les Cahiers, « aux fins de promouvoir la recherche historique, généalogique, archéologique, géographique, ethnographique et linguistique sur la Haute-Marne », ont décidé de créer le prix Jean-Gabriel Gigot, du nom d’un des fondateurs des Cahiers, et ancien directeur des Archives départementales. Le lauréat du prix rédige une étude publiée dans les Cahiers haut-marnais afin d’être connu du grand public.
 
Romain Belleau, un Québécois qui réside en France depuis plusieurs années, collaborateur du Fichier Origine, est le lauréat de ce premier prix dévoilé le 23 octobre 2011 à l’issue du Colloque organisé par les Cahiers dans les locaux des Archives départementales de la Haute-Marne à Chaumont. Le Journal de la Haute-Marne a rendu compte de ces événements, colloque et remise du prix, dans son édition du mardi 25 octobre dernier.
 
Le prix est doté d’une bourse totale de 2000 euros dont 1000 euros ont été remis en 2011 à Romain Belleau pour son projet de recherche sur l’immigration champenoise et haut-marnaise vers la Nouvelle-France. La deuxième partie de la bourse sera remise lors de la publication de son article dans les Cahiers haut-marnais en 2012.

Henri IV : Une mémoire à conserver

Henri IV : Une mémoire à conserver

 
par Gilles Durand
 
La Commission de toponymie du Québec s’apprête à réviser la décision déjà prise en 2009 de conserver l’odonyme Henri IV pour l’autoroute qui porte actuellement son nom. Celui-ci est attribué en 1955 à la route Henri-IV devenue en 1981 l’autoroute Henri-IV. Plusieurs raisons justifient le maintien du nom Autoroute Henri IV, en particulier la contribution incontournable du roi de France à la fondation de Québec par Champlain en 1608, et par là à l’enracinement permanent de la présence française en Amérique.
 
Tout comme en 2009, bon nombre d’individus s’opposent encore une fois au changement du nom actuel de l’autoroute, une des principales artères de la ville de Québec, pour Autoroute de la Bravoure. La Société historique de Québec et la Société de généalogie de Québec viennent de nouveau de prendre position publiquement. Parmi les motifs additionnels avancés pour le maintien du nom, mentionnons qu’il ne convient guère d’enrichir la mémoire des militaires qui nous ont défendus en diminuant celle du roi sans l’appui de qui la France n’aurait pu s’implanter initialement. Une telle modification convient d’autant moins que c’est le roi Henri IV qui a mis fin aux guerres internes de religion et pacifié la France de la fin du XVIIe siècle, se révélant aussi un artisan de la paix. De plus, plusieurs rappels font déjà état de l’engagement et de la générosité de nos soldats : dans la région de Montréal, la portion de l’autoroute 20, entre l’échangeur Turcot et Rivière-Beaudette, dénommée Autoroute du Souvenir; dans la région de Québec, 28 noms de rue en témoignent aussi.

Mélanges posthumes autour de l’œuvre de Conrad Laforte « M’amie, faites-moi un bouquet »

Mélanges posthumes autour de l’œuvre de Conrad Laforte
« M’amie, faites-moi un bouquet »

 
par Gilles Durand
 
M’amie, faites-moi un bouquet

Source : Presses de l’Université Laval

Les Presses de l’Université Laval en coédition avec les Éditions Charlevoix ont lancé tout récemment les Mélanges posthumes autour de l’œuvre de Conrad Laforte. Dix-neuf auteurs, parmi lesquels un ami intime et un collègue, mais tous des spécialistes du domaine, se partagent autant de textes regroupés en huit parties sous la direction de Jean-Nicolas De Surmont. Il n’en faut pas moins pour un chercheur, qui s’est démarqué comme bibliothécaire-archiviste devenu, par son travail assidu et engagé, spécialiste des contes et des chansons de tradition orale et professeur à l’Université Laval. La publication arrive à point, avec l’adoption, le 19 octobre 2011, de la Loi sur le patrimoine culturel : le patrimoine immatériel, savoirs, savoir-faire, contes, chansons, positionnés par rapport à leur objet matériel, et étudiés aussi en fonction de leur espace, compte parmi les nouveautés que la législation entend protéger et mettre en valeur.

 
 
Une contribution marquante au patrimoine immatériel
 
La publication laisse d’abord la plume à des collègues, amis et autres intéressés (chap. 1, 2, 3, 9) pour présenter l’enfance de Conrad Laforte et une carrière qui se déroule à l’Université Laval, aux Archives de folklore et en salle de cours, de même que sur le terrain. Conrad Laforte parcourt les régions avoisinantes pour recueillir, auprès d’informateurs riches de leurs expériences quotidiennes, des éléments de notre patrimoine immatériel, les inventorie et les fait connaître. Pour développer sa discipline,
 
il sait mettre à profit l’expertise d’un prédécesseur reconnu, Marius Barbeau, et de deux collègues déjà en poste dans son milieu de travail, Luc Lacoursière et Mgr Félix-Antoine Savard.
 
Le présent ouvrage entrouvre aussi la porte sur différentes dimensions du patrimoine immatériel. Parlant d’un des maîtres qui lui ont enseigné, Conrad Laforte tient le propos suivant – recueilli par Jean-Pierre Pichette :
Parmi les professeurs, j’ai eu Marius Barbeau. …C’était un grand savant… Il était original. Il arrivait dans le cours avec des choses comme, par exemple, le fromage de l’Île d’Orléans puis il nous faisait goûter à ça. Il nous mettait dans le sujet. Il apportait des exemples de toutes sortes… (p. 30-31).
 
Ainsi, les traditions de nature immatérielle ne peuvent être dissociées des objets matériels auxquels elles se rapportent, ni non plus de l’espace dans lequel elles se sont enracinées. Cette fois, c’est Serge Gauthier qui attire notre attention sur ce dernier aspect avec deux versions de la légende d’Alexis le Trotteur : dans Charlevoix, Alexis dépasse le cheval du seigneur Duggan (version de Marius Barbeau) – un territoire où le système seigneurial a eu cours – tandis qu’au Saguenay, région de colonisation, ce sont les deux chevaux de l’entrepreneur Price qu’il double (version de Conrad Laforte).
 
La préservation du patrimoine immatériel et sa mise en valeur demeurent exigeantes. Elles nécessitent d’abord une cueillette, non dans le bureau, mais sur le terrain, des aventures qui demandent de la ténacité, mais qui peuvent être largement récompensées. À l’époque, des modèles à suivre s’offrent aux folkloristes. Laissons cette fois Yvan Lepage (chap. 10) rapporter un texte de Carl Mailhot sur l’expérience de Félix-Antoine Savard et de Luc Lacoursière des Archives de folklore qui :
Vivaient sous la tente, à Sainte-Marie-sur-Mer, dans l’île de Shippagan, et recueillaient des contes et des chansons du folklore acadien. Celui qui était venu chercher du sirop pour la toux s’appelait Félix-Antoine Savard… Pour le docteur [Dominique] Gauthier, cette rencontre allait être déterminante. L’abbé Savard et Luc Lacoursière revinrent pendant douze étés consécutifs poursuivre leurs recherches dans la région… (p. 194)
 
Une fois recueillis, les contes et les légendes doivent être analysés soigneusement et classifiés. Dans le domaine de la classification, Conrad Laforte sait exceller au point d’établir un modèle à suivre pour la chanson folklorique, sans doute quelque peu en raison de sa formation initiale en bibliothéconomie à l’Université de Montréal, mais aussi par le fait de ses recherches assidues sur place au Québec et de ses déplacements pour établir des contacts avec les spécialistes de l’Hexagone et pour avoir accès à leurs ressources.
 
L’ouvrage donne enfin la parole à des spécialistes pour mettre en contexte les travaux et les publications de Conrad Laforte (chap. 4, 5, 6, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17), tant par rapport à ce qui se fait en Europe que de ce côté-ci de l’Atlantique.
 
 
De nouvelles connaissances qui enrichissent la mémoire de la relation franco-québécoise
 
L’apport de Conrad Laforte est d’autant plus important qu’il est reconnu internationalement. Le président de la Commission de la Société internationale d’ethnologie et de folklore déclare en 1988 :
Et si l’Université Laval est à la tête dans le domaine de la chanson folklorique, c’est grâce entre autres… à Conrad Laforte, qui, presque annuellement… publie un livre important sur la chanson francophone…N’oublions jamais que la Mecque des études sur la chanson francophone n’est ni Paris, ni Bruxelles, ni Genève, mais l’Université Laval à Québec (p. 20).
 
En fait, les Mélanges posthumes témoignent que le patrimoine immatériel du Québec entretient des liens indissociables avec la France et qu’il y plonge ses racines, même très loin dans le temps, dans la période du Moyen Âge. Il ne faut pas négliger pour autant la part de créativité des descendants de Champlain qui se sont enracinés en Amérique du Nord, au point même de devenir prêteurs, comme c’est le cas de Conrad Laforte, source d’inspiration pour les Français de la mère patrie impliqués dans la mise en valeur et la diffusion du patrimoine immatériel.
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