Entre poudrés et pouilleux.
Le jeu des apparences à Paris au XVIIe siècle. Récit historique
par Gilles Durand
Un ouvrage de Jacques Mathieu. Québec, Septentrion, 2008. 180 p.
Jacques Mathieu, Salon du livre de Blois,
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Le plus souvent, il est question de vie quotidienne, mais voilà que l’historien Jacques Mathieu, un spécialiste de l’histoire de la Nouvelle-France, innove. Il fait revivre la mémoire franco-québécoise par le biais de la vie intime d’un personnage moins connu, mais qui n’en conserve pas moins toute son importance. L’acteur principal du récit historique est le médecin et botaniste Jacques-Philippe Cornuty, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris, dont la curiosité est stimulée par la découverte du Nouveau Monde. Il met à profit la collaboration toute particulière de l’apothicaire Louis Hébert qui lui envoie de Québec des plantes pour rédiger le premier livre des plantes de la Nouvelle-France. Cornuty est aussi un grand allié de la famille Sevestre. Les Sevestre forment une grande famille d’éditeurs, imprimeurs et libraires parisiens depuis trois générations. Ils ont à leur crédit le récit de Champlain publié en 1632. En 1639, ils doivent s’exiler en Nouvelle-France, pour avoir fait paraître des ouvrages d’alchimie remettant en cause les idées acceptées. Par bonheur, Catherine Sevestre demeure à Paris et entre au service de son oncle qui poursuit l’entreprise paternelle. Elle épouse Jacques-Philippe et le pousse à remédier à deux de ses handicaps comme médecin et auteur, sa faible clientèle professionnelle et son peu de lecteurs. Esprit curieux, avide de nouvelles connaissances, Jacques-Philippe s’éloigne de l’école de la Faculté de médecine de Paris qui prône la guérison par les plantes pour se laisser tenter par l’approche des hommes de science de Montpellier qui croient en la vertu des minéraux. Malheureusement, une telle réorientation cause sa perte : il administre une potion d’antimoine à une patiente qui provoque son décès.
L’auteur, Jacques Mathieu, imagine à l’occasion des épisodes de la vie intime de Cornuty, mais toujours il s’appuie sur des documents d’époque et s’inspire du contexte réel de la vie parisienne du 17e siècle, souvent partagée entre monde de courtisans et monde de gueux. Ce petit ouvrage, un volume de 180 pages, mérite d’être lu. Les lecteurs y découvriront des côtés cachés de la mémoire franco-québécoise du grand siècle.
Septentrion : http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/Livre.asp?id=2637