Kateri Tekakwitha et la Touraine
Par Françoise Deroy-Pineau
Tiré de Wikipedia |
Quel rapport peut-il bien y avoir entre une petite Amérindienne souffreteuse des bords du Saint-Laurent au XVIIe siècle et une paroisse de Touraine du XXIe siècle ?
A la suite de l’annonce par le pape Benoît XVI de la canonisation de la première sainte amérindienne[1], Kateri Tekakwitha, les paroissiens d’un regroupement de clochers autour de Château-la-Vallière, petite ville proche de Tours, organisent un voyage à Rome pour être présents à la cérémonie, le 21 octobre prochain. Ils y retrouveront beaucoup d’Amérindiens et de Canadiens.
Mais pourquoi donc cette paroisse regroupée de Touraine s’est-elle intéressée à la petite Amérindienne au point d’en porter le nom ? L’idée en revient à un prêtre, aux yeux grands ouverts sur la planète, qui, lors du regroupement, a proposé cette bienheureuse amérindienne comme patronne.
La bourgade natale de Kateri, Ossernenon, devenue aujourd’hui Auriesville[2], avait été le théâtre du sanglant martyre du frère jésuite René Goupil (15 mai 1608, St-Martin-du-Bois en Anjou – 29 septembre 1642) puis du père jésuite Isaac Jogues (Orléans, 10 janvier 1607 – 18 octobre 1646). Or René Goupil – lui-même médecin et chirurgien – était issu d’une famille angevine de médecins et de chirurgiens, si l’on en croit une très ancienne tradition familiale conservée par l’un de ses arrière-arrière-petit-neveux, René Goupil de Bouyer, demeurant dans l’un des villages de la paroisse Kateri Tekakwitha.
La jeune Kateri, née en 1656 à Ossernenon – où elle a passé la majeure partie de sa vie – avait été très impressionnée par le récit des martyrs des deux jésuites.
Par ailleurs et sans en avoir de preuve formelle, plusieurs pensent que la mère de Kateri, Algonquine, a été pensionnaire chez les Ursulines de Québec où elle aurait connu Marie de l’Incarnation (Tours, 1599 – Québec, 1672). On sait que les Ursulines de Québec ont accueilli des Amérindiennes (Algonquines et Montagnaises) dès leur arrivée à Québec en 1639.
Surnommée la «Lys des Agniers » (Mohawks en anglais), Kateri Tekakwitha est née d’un père Agnier et d’une mère Algonquine. Devenue très tôt orpheline, défigurée par la petite vérole et presque aveugle (son nom signifie « celle qui marche à tâtons »), elle refuse de se marier et demande à devenir chrétienne, attitude fort mal considérée par ses parents adoptifs qui la réduisent en véritable esclavage. Baptisée, elle rejoint finalement la mission jésuite de Kahnawake (près de Montréal) et y meurt le 17 avril 1680. Elle est enterrée dans un tombeau de marbre en l’église St-François-Xavier de Kahnawake et n’aura passé que trois ans au bord du Saint-Laurent. On lui attribue de nombreux miracles. Sa tombe est un lieu de pèlerinage. Plusieurs paroisses nord américaines portent son nom.
Kateri Tekakwitha est devenue une figure de référence très importante parmi les Amérindiens catholiques du nord-est de l’Amérique du Nord. Elle est honorée par une statue dans la basilique de Sainte-Anne de Beaupré, près de Québec. C’est un personnage du roman A Cry of Stone (2003) de l’écrivain catholique canadien Michael D. O’Brien, connu pour son best seller Père Elijah (Salvator 2008). Et, désormais, cette fille spirituelle de Marie de l’Incarnation, est chérie par de plus en plus de Tourangeaux et de Tourangelles.
Nos lecteurs trouveront toutes les informations pratiques sur ce voyage en consultant le site :
http://sites.google.com/site/pelerinagediocesetours/canonisation-kateri-tekak
[1] Le processus de sa canonisation a été amorcé en 1884. Pie XII a souligné l’héroïcité de ses vertus en 1943. Jean-Paul II l’a déclarée bienheureuse le 22 juin 1980 (en même temps que Marie de l’Incarnation). Benoît XVI a reconnu ses miracles en décembre 2011.
[2] Municipalité de Glen, état de New-York.