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La Maison Saint-Gabriel… Un témoin des origines de Montréal

La Maison Saint-Gabriel…
Un témoin des origines de Montréal

 

Dans la partie sud-ouest de Montréal, à quelque trois milles de la Pointe-à-Callière, le voyageur Pehr Kalm note, en septembre 1749, la présence de « vastes prairies et de belles maisons de pierre qui, de loin, paraissent blanches ». L’une de ces maisons aperçues par le naturaliste suédois était certainement la maison de la ferme de Pointe-Saint-Charles mise en valeur par la Congrégation depuis 1662.

Le seul vestige de la vie rurale du 17e siècle

La Maison Saint-Gabriel achetée par Marguerite Bourgeoys en 1668, pour y accueillir les Filles du Roy.
Crédit photo : Collection Maison Saint-Gabriel – Pierre Guzzo, photographe

Cette maison, aujourd’hui appelée Maison Saint-Gabriel, est demeurée le seul vestige de la vie rurale du 17e siècle. Musée et site historique, la Maison Saint-Gabriel est reconnue comme l’un des plus beaux exemples de l’architecture traditionnelle québécoise. Cette grande maison en pierre des champs, une des plus anciennes de l’île de Montréal, a été construite par François Le Ber vraisemblablement au début des années 1660. Marguerite Bourgeoys, qui a obtenu de Sieur de Maisonneuve une concession à la Pointe-Saint-Charles, l’achète en 1668 avec les terres environnantes. La Maison Saint-Gabriel, alors appelée La Providence, devient le « quartier général » de la ferme des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame et le restera pendant plus de trois siècles.

La maison d’accueil des Filles du Roy

Les Filles du Roy dans la jardin de la Métairie
Crédit photo : Collection Maison Saint-Gabriel – Pierre Guzzo, photographe

De 1668 à 1673, la Maison Saint-Gabriel est aussi la maison d’accueil des Filles du Roy. Ces jeunes orphelines venues de France sont dotées par le roi Louis XIV pour venir s’installer en Nouvelle-France et « prendre mari ». En effet, vers 1660, dans la vallée du Saint-Laurent, il y a seulement une soixantaine de filles célibataires pour plus de sept cents hommes célibataires. Marguerite Bourgeoys installe les Filles du Roy à la Maison Saint-Gabriel. Elles arrivent avec un coffre pour tout bagage… sinon un simple baluchon. Le jour de leur mariage, elles reçoivent de l’intendant une dot de 50 livres, souvent remise « en denrées propres à leur ménage ». Jusqu’en 1673, quelque 850 Filles du Roy font la traversée. Dix ans plus tard, le nombre d’habitants de la Nouvelle-France a triplé et atteint près de 10 000 habitants.

Le « quartier général » de la ferme des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame

La ferme de La Providence est très productive. Selon les écrits de Pierre Boucher, on y cultive, en 1684, des céréales

La croix de chemin devant la Métairie de Marguerite Bourgeoys
Crédit photo : Collection Maison Saint-Gabriel – Pierre Guzzo, photographe

(blé, seigle, orge, avoine, sarrasin), des pois, du chanvre et du lin. Il mentionne les légumes suivants : navets, betteraves, carottes, panais, salsifis, choux, cardes, oignons, poireaux, chicorée, blé d’inde, citrouilles et melon. Parmi les herbes, il sup l’ail, la cive, le persil, la sarriette et le cerfeuil, la pimprenelle, l’hysope et la buglosse. On y récolte le foin bien sûr, puisque la ferme fait l’élevage des animaux. En 1681, l’officier recenseur détaille 22 bêtes à corne, 5 chevaux (il y en a 12 à Montréal et 78 en Nouvelle-France!) et 20 brebis.

En 1693, un incendie détruit en grande partie la maison. En 1698, elle est reconstruite sur ses fondations par le maître maçon Pierre Couturier.

Au 18e siècle, la ferme ne cesse de s’agrandir et atteint une superficie de 212 arpents (environ 70 hectares) au début du 19e siècle, étendue aujourd’hui qui pourrait égaler la superficie entre le pont Champlain et le pont Victoria. Les produits cultivés servent aux besoins de la Congrégation de Notre-Dame et de ses oeuvres, que ce soit en produits frais ou en conserves. Les soeurs font jusqu’à 40 000 pots de conserve par an. Les herbes médicinales sont récoltées et utilisées dans toutes sortes de préparations (onguents, tisanes, décoctions, etc.) souvent faites sur place.

De la ferme au musée patrimonial

Avec la construction du canal de Lachine en 1870, le visage de la Pointe-Saint-Charles change graduellement. Le quartier s’industrialise, se construit et se peuple. Les terres se morcellent. Les champs de la ferme disparaissent, puis c’est le tour des potagers. La ferme cesse ses activités en 1960. En 1965, la Maison Saint-Gabriel est restaurée et convertie en musée patrimonial en 1966. Son impressionnante collection de mobilier et d’objets anciens est replacée selon un inventaire datant de 1722.

La Maison Saint-Gabriel est une des rares fermes au Canada qui a eu le même propriétaire pendant plus de 300 ans. Aujourd’hui, le musée fait revivre son passé à travers sa magnifique collection permanente, ses archives et ses activités d’interprétation. Il met l’emphase sur la vie rurale au 17e siècle et sur l’histoire des Filles du Roy.

Un potager à la mode du 17e siècle

La cuisine avec son imposante cheminée et sa pierre d’eau
Crédit photo : Collection Maison Saint-Gabriel – Pierre Guzzo, photographe

La maison a conservé ses bordures de fleurs anciennes, ses splendides roses trémières et ses plants d’herbes aromatiques, médicinales et odorantes. En 2000, le musée a recréé, avec la collaboration de l’ethnobotaniste Daniel Fortin, du Centre de la nature de Laval et du Jardin botanique de Montréal, un potager à la mode du 17e siècle. Ce jardin met l’accent sur les espèces cultivées sous le Régime français, mais aussi sur les plantes indigènes. Il a été ouvert au public en 2001.

Ce jardin potager s’est embelli au fil des années et fait aujourd’hui l’objet de visites guidées. Il est au cœur d’une thématique agricole et horticulturale développée par la Maison Saint-Gabriel dans le cadre de sa programmation estivale. Une partie du site du musée est boisée. Plus d’une trentaine d’arbres, avec un sous-bois et un sentier de la poésie, font partie d’un circuit d’interprétation.

La mémoire de la nation

Dans la grange de pierre construite au 19e siècle, classée monument historique et restaurée en 1992, une salle d’exposition permet la présentation d’expositions temporaires. Celles-ci sont reliées à la thématique du musée. La grange abrite également une boutique, présentant des livres très variés sur l’histoire, l’horticulture et les Filles du Roy, mais aussi des produits du terroir et des objets traditionnels.

Le 28 avril 1992, le ministère de la Culture et des Communications du Québec a déclaré officiellement le site comme étant historique, ce qui fait un lieu unique et privilégié de sensibilisation à notre histoire et au patrimoine québécois, à partir du Régime français.

Une équipe au service du public

Propriété de la Congrégation de Notre-Dame, la Maison Saint-Gabriel est gérée par une corporation sans but lucratif, dirigée par un conseil d’administration composé de membres de l’Institut et des laïcs. Le personnel du musée est composé de dix personnes : quatre à temps complet et six à temps partiel. Des bénévoles viennent prêter main-forte durant la haute saison et lors d’activités spéciales.

Préservation des collections et informatisation de celles-ci

En plus d’assurer la mise en valeur du patrimoine, une attention particulière est accordée à la restauration et à la préservation des édifices et des collections : restauration d’artefacts, aménagement d’une réserve avec contrôle des conditions ambiantes. Depuis 1994, l’informatisation des collections a permis de verser les informations dans la base de données nationales du Réseau canadien d’information sur le patrimoine (RCIP). Plus de 18 000 objets de la collection ont été numérisés depuis 1998.

La mission éducative et culturelle du musée

Animation musicale dans le jardin de la Métairie
Crédit photo : Collection Maison Saint-Gabriel – Pierre Guzzo, photographe

La réalisation d’expositions thématiques, la diffusion de dossiers pédagogiques et la publication de divers documents écrits et audio-visuels constituent un autre volet de la mission éducative du musée. Celui-ci joue également un rôle important comme lieu touristique dans la région métropolitaine de Montréal.

De janvier à décembre, le musée accueille plus de 60 000 visiteurs : des touristes ainsi que des familles, groupes scolaires et autres, en provenance de Montréal, de la région métropolitaine, du Canada, des États-Unis et de l’Europe. Une visite commentée des lieux permet aux visiteurs de puiser aux sources de l’histoire, de communier à l’esprit des bâtisseurs du pays et de prendre contact avec l’héritage culturel, religieux et social de ceux et celles qui ont fait l’histoire.

Site Internet : www.maisonsaint-gabriel.qc.ca
Renseignements : 514 935-8136

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