Les événements marquants des relations franco-québécoises
au Salon international du livre de Québec
tenu du 11 au 15 avril 2012
Par Gilles Durand
Des publications qui témoignent du contenu des échanges entre les panélistes
Denis Vaugeois et Marcel Masse
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand
Trois auteurs et l’éditeur des Textes marquants des relations franco-québécoises :
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Deux nouvelles publications
Le Salon international du livre de Québec, tenu au Centre des congrès du 11 au 15 avril 2012, donne lieu à la présentation de deux nouvelles publications : Canada-Québec 1534-2010 et Les textes marquants des relations franco-québécoises. La première, une refonte en profondeur de l’édition originale parue pour la première fois en 1968, se veut une histoire complète du Québec des origines à aujourd’hui, « une histoire vraie, solidement documentée, qui renvoie aux plus récents et aux meilleurs travaux historiques », comme l’écrivent les auteurs. La seconde couvre une période plus restreinte, les 50 dernières années des rapports entretenus par le Québec avec la France, mais elle n’en possède pas moins un grand intérêt, en raison de l’accent mis sur les textes évocateurs de cette relation de même que sur ses acteurs privilégiés.
Des acteurs témoins privilégiés
Pour attirer davantage l’attention des visiteurs sur ces deux ouvrages, les organisateurs du Salon du livre font appel à la formule table ronde. L’animatrice, Gisèle Gallichan, donne la parole à deux des auteurs des publications. D’un côté, Marcel Masse, ministre aux responsabilités variées, dont les Affaires intergouvernementales, cofondateur de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, engagé à l’heure actuelle dans des projets de mise en valeur de l’histoire des expériences communes vécues par les Québécois et les Français. De l’autre, Denis Vaugeois, ex-ministre de la Culture (Affaires culturelles à l’époque), haut-fonctionnaire au ministère des Affaires intergouvernementales à l’époque où Marcel Masse tient les rênes du ministère, historien émérite partageant maintenant son temps entre l’édition, la recherche et l’écriture. Les échanges sont pour les auditeurs sources de découvertes, parfois aussi de redécouvertes, de même que d’inspiration pour l’avenir des rapports du Québec avec la France.
Points de vue sur plus d’un demi-siècle de relations
Les temps forts des relations franco-québécoises au cours des 7 dernières décennies recouvrent une réalité multiforme. Entrent en cause des changements technologiques marqués dans le domaine des transports et des communications : ils mettent à la portée de tous un service par avion fréquent, régulier et rapide pour franchir l’Atlantique; ils permettent la diffusion de messages par satellite à travers le monde sans passer par des intermédiaires. La période correspond aussi à la révolution tranquille porteuse d’un courant nationaliste : celui-ci pousse les Québécois à produire des œuvres faisant preuve de créativité et de professionnalisme; il provoque une ouverture sur le monde, la mise sur pied et une participation accrue à des réseaux institutionnels, professionnels et personnels multipliant les regards croisés; il appelle par ricochet les gouvernements à se montrer plus interventionnistes. De leur côté, les hommes politiques québécois et français ne tardent pas à répondre à l’appel. Ils prennent le relais et donnent un second souffle à la révolution tranquille, entre autres par une volonté déterminée de partage : mise en oeuvre d’ententes bilatérales en matière d’éducation et de formation de la jeunesse, de langue française, de culture et de recherche scientifique, mise en place de législations d’affirmation et de mesures de soutien, création d’institutions de coordination et d’échanges culturels, etc. Toutes ces démarches ne sont pas sans être marquées à l’occasion par des moments forts, telle la visite du président français, le général Charles de Gaulle. Elles constituent aussi autant d’occasions pour les Québécois d’acquérir de l’expérience et de s’enrichir au point de devenir au plan international autant donateurs que demandeurs.
Si les 60 dernières années se caractérisent par la multiplication des échanges, elles n’en laissent pas moins apparaître une certaine tiédeur à l’heure actuelle. Les hommes politiques et les gouvernements ne sont pas seuls responsables de cette apathie grandissante, de dire Marcel Masse en conclusion de la table ronde. Les relations franco-québécoises sont une réalité propre, indépendamment du système politique dans lequel nous vivons. Aux Québécois et aux Français de prendre en main le bâton du pèlerin et de pousser les hommes d’État à leur donner un second souffle.