Meaux (Seine et Marne)
Circuit culturel et mémoriel franco-québécois
Par Monique Pontault
Secrétaire générale, CFQLMC
Comme annoncé dans « Quoi de neuf », la visite, proposée par la section française de la CFQLMC, s’est déroulée à Meaux le 11 octobre 2014.
2014 : centenaire de la Première Guerre mondiale
Conformément au programme, la première étape a été le Mémorial de la Grande Guerre, sachant que de nombreux Canadiens français sont venus en France de 1914 à 1918 pour défendre notre pays. La ville de Meaux, implantée dans les méandres de la Marne, constitua avec ce fleuve un enjeu stratégique important. La ville fut menacée dès septembre 1914. La fameuse « Bataille de la Marne » (6-12 septembre 1918) remportée par l’armée française et ses alliés, sauva Paris de l’occupation allemande.
L’avant-guerre et le culte de l’armée en France
Inauguré le 11 novembre 2011, le mémorial a été construit au pied du monument américain commémoratif des batailles de la Marne de 1914 et de 1918. Il présente la plus importante collection d’Europe d’objets et de documents révélant les multiples aspects de cet événement : pièces d’artillerie, moyens de transports, vie quotidienne (reconstitution de tranchées, ustensiles, uniformes), etc. Certains thèmes, moins souvent explorés, méritent d’être soulignés comme le rôle des femmes et, en amont du conflit, la place occupée en France par l’idée de la revanche et le culte de l’armée. Les esprits étaient préparés à une guerre inéluctable par des caricatures, des chansonnettes et le ton de la presse dans sa grande majorité. On mesure mieux tout ce qui distinguait, en 1914, Français et Québécois dans leurs jugements et leurs comportements face à la guerre.
Le Brie, roi des fromages
Confrérie du Brie de Meaux : accueil inattendu aux visiteurs
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Gilbert Pilleul : l’appellation d’origine contrôlée ne trompe pas
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Marie-Ange Garrandeau : un goût exquis
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A l’entrée du musée, un accueil inattendu a offert aux visiteurs une autre facette de la ville, gastronomique cette fois. La confrérie du Brie de Meaux tenait son concours annuel, offrant tout un échantillonnage de ce fromage à pâte molle préparé au lait cru, moulé à la main et affiné au moins quatre semaines, selon une recette ancienne qui lui confère l’AOC (appellation d’origine contrôlée). Dans toute la ville, les restaurants proposent ce « roi des fromages » accompagné d’un Givry, vin de la côte chalonnaise à leur menu. De nombreuses étapes aux alentours permettent de visiter les fermes qui alimentent ces restaurants en Brie. Après la dégustation, le spectacle de l’intronisation de nouveaux « confrères » a prolongé cette ambiance festive.
Un collège, ancien couvent, haut lieu de mémoire
L’ancien couvent des Ursulines devenu lycée Henri-Moissan
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Le lycée Henri-Moissan où a étudié Gilbert Pilleul
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La visite du musée terminée, les visiteurs se sont dirigés rue des Ursulines pour s’arrêter devant un bâtiment qui accueille aujourd’hui les internes du lycée Henri-Moissan. Arrêt qui n’a rien de surprenant car ce bâtiment est un haut lieu de mémoire franco-québécois. C’est là, en effet, qu’Hélène Boullé, veuve de Samuel de Champlain, fonda, en 1648, un couvent d’Ursulines dont elle resta la supérieure jusqu’à sa mort, six ans plus tard, à l’âge de 56 ans. Une plaque commémorative rappelle cette page d’histoire. Pour l’anecdote, dans cet établissement ont étudié Georges Courteline et…. Gilbert Pilleul.
Nous nous sommes rendus ensuite à la cité épiscopale.
Bossuet et le Québec
Dans le chœur de la cathédrale Saint-Etienne est enterré l’ « Aigle de Meaux », Jacques-Bénigne Bossuet qui en fut l’évêque de 1681 à 1704. Il exprima son admiration pour Marie Guyart (Marie de l’Incarnation) en disant qu’elle était la « Thérèse de nos jours et du Nouveau Monde ». Il semblerait – mais il faudrait vérifier – qu’il ait aussi écrit qu’il fallait « faire de Québec une nouvelle Jérusalem ».
De g. à d. Gilbert Pilleul, Raymond Lor et Marie-Ange Garrandeau – À l’arrière, la cathédrale Saint-Étienne de Meaux
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Outre sa pierre tombale, on trouve également, à l’intérieur de la cathédrale, un monument érigé à sa mémoire, le représentant entouré de la princesse Henriette d’Angleterre, dont il prononça l’oraison funèbre passée à la postérité, le Grand Dauphin, dont il fut le précepteur, Turenne, maréchal de France protestant qui se convertit au catholicisme en 1668, sous son influence et Louise de La Vallière, maîtresse de Louis XIV, entrée au carmel sur les conseils de Bossuet.
Une ville, témoin du Grand Siècle
Après avoir admiré, dans la cour de l’évêché, le Vieux Chapitre des chanoines, datant du XIIIe siècle et relié à la cathédrale par une passerelle, le circuit mémoriel s’est terminé par le Palais épiscopal qui allie harmonieusement pierre de taille et brique. Edifié au XVIe siècle et remanié au XVIIe, il abrite aujourd’hui le musée Bossuet. Les portraits du célèbre évêque de Meaux tiennent une bonne place parmi la collection de peintures et de sculptures qui vont du XVIe au XXe siècle,
En fin de visite, il fut possible de jeter un petit coup d’œil, depuis la façade nord du Palais, au gracieux jardin Bossuet attribué à Le Nôtre.
Une visite culturelle et mémorielle
Mais le moment d’aller reprendre le train était – trop tôt – arrivé. Juste le temps de déguster une autre spécialité de la ville : sa bière, la bière de Meaux !
Cette petite escapade, à la fois mémorielle, culturelle et gastronomique, mérite sans aucun doute d’être signalée à des visiteurs québécois ou curieux des traces laissées par l’histoire commune franco-québécoise. Notons que l’office du tourisme propose une visite d’une journée avec pause déjeuner – gastronomique bien sûr !
NB : On trouvera page 173 et suivantes de l’ouvrage n°7 « Île de France », de la collection : « Ces villes et villages de France… berceau de l’Amérique française », la liste des pionniers partis de Meaux au temps de la Nouvelle-France. Liste établie en 2010 à partir de recherches locales et en archives départementales. Depuis, une plaque signalant le nom de Pierre Charron, pionnier parti en 1661, a été posée en 2011, venant compléter cette liste et confirmant que ce travail de recherche en généalogie peut toujours être poursuivi.