Colloque commémoratif de la Première Guerre mondiale
Mobilisations, tensions, refus en 1914-1918,
le Québec dans la guerre
Résumés des communications
Tensions et mobilisations
Magda FAHRNI, professeure agrégée au Département d’histoire de l’université du Québec à Montréal (UQAM),
« La Première Guerre mondiale et l’intervention étatique au Québec : le cas des accidents du travail »
Au Canada comme ailleurs, la Première Guerre mondiale a pris des allures de guerre totale. En tant que colonie de la Grande-Bretagne, un des pays belligérants principaux, l’une des contributions principales du Canada pendant cette guerre était le travail industriel, l’approvisionnement de la Grande-Bretagne et de ses alliés en chars d’assaut, en obus et en munitions, mais aussi la confection d’uniformes militaires, de chaussures, de tentes de soldats, de couvertures en laine, de cigarettes et de friandises destinées aux forces armées. Parmi les centres canadiens de la production industrielle en temps de guerre, Montréal était au premier chef, avec ses énormes poudrières et usines, employant des milliers d’ouvriers et d’ouvrières. D’autres villes québécoises – Beloeil, Hull, Lachute, Québec, Lévis, Trois-Rivières, Shawinigan, Drummondville, Sherbrooke et Windsor Mills – ont contribué, elles aussi, à cette production industrielle. Les conditions de travail dans ces usines rapidement réaménagées pour les fins de la guerre étaient difficiles et il s’y est produit, notamment dans les usines de munitions et les fabriques d’explosifs, une augmentation dramatique du nombre d’accidents du travail. Pourtant, le gouvernement québécois n’a pas profité du moment de la guerre pour adopter une nouvelle législation; il s’est contenté plutôt de poursuivre l’inspection des manufactures et l’application de la Loi des accidents du travail de 1909. Cette intervention étatique somme toute modeste témoigne de l’idéologie libérale ambiante, profondément ancrée dans la culture québécoise et canadienne de l’époque.