Colloque commémoratif de la Première Guerre mondiale
Mobilisations, tensions, refus en 1914-1918,
le Québec dans la guerre
Résumés des communications
Tensions et mobilisations
Jean-Philippe WARREN, professeur titulaire au Department of Sociology & Anthropology de Concordia University (Montréal),
« L’opposition des Canadiens français à la conscription : un pacifisme aux accents romains »
Au tournant du XXe siècle, les autorités catholiques n’avaient de cesse de rappeler la population canadienne-française à la nécessité de s’orienter selon les préceptes et principes dictés par le Saint-Siège. Il faut par conséquent mesurer aussi cette influence si l’on veut comprendre le sentiment isolationniste qui habitait les Canadiens français pendant la Grande Guerre. Directeur du quotidien le Devoir, qu’il avait fondé quatre ans plus tôt, Henri Bourassa illustre avec force cette influence romaine. Lui qui, dans un premier temps, avait articulé sa dénonciation de la Première Guerre mondiale sur la critique (entreprise depuis la guerre des Boers) de la participation du Canada aux guerres de l’Empire britannique, allait en effet peu à peu modifier sa position afin de prendre en compte les messages pontificaux en faveur de la paix, ce qui lui a permis d’évoluer vers ce que l’on peut appeler un pacifisme chrétien ou un neutralisme catholique. Or, cette position politique n’était pas facile à tenir, non seulement à cause du déferlement sur le pays d’une vague de patriotisme guerrier, mais aussi à cause de la faiblesse politique du Vatican, siège d’un gouvernement qui comptait désormais pour rien, ou presque rien, dans le nouvel équilibre mondial.