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Une exposition inspirante à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec

Une exposition inspirante à la
Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec

 

 

par Martin Pelletier
Bibliothécaire-historien
Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec

 

Le grand inconvénient des livres nouveaux est
de nous empêcher de lire les anciens
Joseph Joubert

Témoins du passé, les livres rares de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale constituent un portrait unique d’une histoire riche en diversité. Depuis plus de deux cents ans, elle conserve des exemplaires rares ou anciens d’une grande valeur patrimoniale. L’exposition Les Trésors de la Bibliothèque vous offre quelques ouvrages remarquables issus des collections les plus anciennes de la Bibliothèque.

Paul Valéry disait que « les livres ont les mêmes ennemis que les hommes : le feu, l’humide, les bêtes, le temps et, leur propre contenu ». En deux siècles, les collections de la Bibliothèque ont subi de nombreuses épreuves. Le feu est de loin le plus grand ennemi de la Bibliothèque. En effet, il a sévi à trois reprises. D’abord, l’incendie de 1849 a causé la perte des quelque 22 000 volumes, celui de 1854 a entraîné une autre perte considérable, soit la moitié de la collection, qui comptait alors environ 17 000 documents et, finalement, celui de 1883 a détruit une grande partie de la collection, riche à ce moment-là de plus de 30 000 ouvrages.

De plus, de nombreux volumes ont été perdus lors des déménagements du Parlement durant la période du Canada-Uni, alors que l’on devait chaque fois transporter plusieurs caisses de livres qui, malheureusement, n’arrivaient pas toujours à bon port ou encore en bon état. Rappelons que le Parlement a siégé à Kingston de 1840 à 1844, à Montréal de 1844 à 1849, à Toronto de 1850 à 1851 et enfin, à Québec de 1852 à 1867. Cette année-là, la majorité des documents ont été transférés à Ottawa pour y former la nouvelle Bibliothèque du Parlement fédéral.

Les livres rares que possède encore la Bibliothèque témoignent du souci de conservation et de restauration dont ont fait preuve les bibliothécaires au fil des ans afin de faire durer le prestige de cette institution.

Ces livres sont conservés dans une chambre spéciale où la température et l’humidité sont contrôlées. Aucune photocopie et aucun prêt ne sont permis dans leur cas. Par contre, plusieurs de ces ouvrages ayant été numérisés, ils sont accessibles dans le catalogue de la Bibliothèque ou sur une borne informatique présente sur les lieux de l’exposition.

Les livres exposés ici proviennent de deux collections particulières : d’abord, la Collection Chauveau, puis la Collection spéciale. Intellectuel, poète et bibliophile, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1820-1890) s’est passionné pour les livres. Tout au long de sa vie, il a constitué une impressionnante collection privée, au cours de voyages en Europe et aux États-Unis, par des dons, des échanges, des achats lors d’encans ou encore par un réseau de contacts à l’étranger. Sa collection témoigne de la grande culture du personnage et de ses intérêts variés. Elle a été achetée à son décès en 1890 par la Bibliothèque. On y trouve des ouvrages publiés entre 1472 et 1890.

Quant à la Collection spéciale, elle est composée d’ouvrages acquis par la Bibliothèque au fil des ans et comprend des documents publiés entre 1500 et 2006. Parmi eux figurent des ouvrages signés par leur auteur ou des personnalités publiques, des grands formats ou encore des éditions spéciales.

Les livres rares nous permettent de retracer l’évolution de la pensée au sein de l’institution qu’est la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec. Ils brossent également le portrait des intérêts passés des députés et des bibliothécaires.

Certains titres démontrent bien le niveau de culture élevé qui caractérise la Bibliothèque depuis 1802. Nous n’avons qu’à penser à la 3e édition (1777-1779) de l’Encyclopédie, ou, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert, au Lex parliamentaria, ou Traité de la loi et coutume des parlements (1803), traduit par Joseph-François Perrault, au Modus tenedi parliamentum, or The Old manner of holding parliaments in England (1671). Nous présentons également une édition bien spéciale de la Magna Charta. En effet, notre exemplaire est abondamment annoté à la main : toutes les pages contiennent des notes, il ne reste aucun centimètre carré de libre. Ce sera aussi l’occasion pour vous d’admirer quelques ouvrages en langues autochtones, dont un magnifique manuscrit en huron. Et que dire de l’exemplaire du Théâtre des cités du monde, de Georg Braun, publié vers la fin du XVIe siècle, avec ses nombreuses cartes en couleurs. La Bibliothèque présente aussi deux des six incunables qu’elle possède, c’est-à-dire des ouvrages datant du début de l’imprimerie, qui ont donc été publiés avant 1500.

En cette année des célébrations du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, nous avons également choisi de présenter plusieurs ouvrages illustrant l’histoire de la ville. La fondation de Québec en 1608 par Samuel de Champlain marque le début d’une longue aventure française en Amérique. La France et le Québec partagent un passé commun. Une histoire commune qui est bien illustrée dans l’exposition par des ouvrages comme L’Amérique en plusieurs cartes nouvelles, et exactes, &c. en divers traitez de géographie, et d’histoire (1657) du célèbre cartographe français Nicolas Sanson (1600-1667), et par celui du jésuite François Du Creux (1596-1666), intitulé Historiae canadensis : sev, Novae-Franciae libri decem, ad annum usque Christi MDCLVI (1664). On ne peut passer sous silence la présence du Nouveau voyage d’un pais plus grand que l’Europe (1698) du père Louis Hennepin (1626-1705), envoyé en Nouvelle-France comme missionnaire par Louis XIV. Les visiteurs peuvent également voir une édition de l’ouvrage Histoire et description générale de la Nouvelle-France, avec le Journal historique d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionnale (1744) écrit par l’historien jésuite français Pierre-François-Xavier de Charlevoix (1682-1761). Les plaines d’Abraham sont un lieu de mémoire chargé d’histoire pour le Québec, la France et l’Angleterre. L’exposition Les Trésors de la Bibliothèque présente quelques ouvrages touchant de près ou de loin les événements qui s’y sont déroulés en 1759. Parmi eux, notons celui d’Étienne François, duc de Choiseul, Mémoire historique sur la négociation de la France & de l’Angleterre, depuis le 26 mars 1761 jusqu’au 20 septembre de la même année, avec les pièces justificatives (1761) et celui de Samuel Cooper, A sermon preached before His Excellency Thomas Pownall, Esq. : Captain-General and Governor in Chief, the Honourable His Majesty’s Council and House of Representatives of the Province of the Massachusetts-Bay in New-England, October 16th, 1759 : upon occasion of the success of His Majesty’s arms in the reduction of Quebec (1759).

La Bibliothèque de l’Assemblée nationale vous invite à venir visiter l’exposition Les Trésors de la Bibliothèque, qui sera présentée jusqu’au 27 février 2009. Vous aurez ainsi l’occasion de découvrir des ouvrages magnifiques en plus de visiter un lieu chargé d’histoire et de trésors. Page Web de l’exposition

Du lundi au vendredi, de 8h30 à 16h30

Adresse
Édifice Pamphile-Le May
1035, rue des Parlementaires (porte 30).
Québec (Qc)
418-643-4408

Pour obtenir davantage d’informations, on peut communiquer avec M. Martin Pelletier par courriel à l’adresse mpelletier@assnat.qc.ca

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