Une visite dans l’univers de Félix Leclerc à l’occasion
de son centième anniversaire de naissance
le dimanche 19 octobre 2014 à Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans
Par Gilles Durand et Jacques Fortin
Monument commémoratif de Daniel St-Martin, 2014
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La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) se joint à l’Association Québec-France et à trois de ses régionales, de même qu’à la Société historique de Québec pour commémorer le centième anniversaire de la naissance de Félix Leclerc, né le 2 août 2014 et décédé le 8 août 1988. L’activité [Voir le programme] se tient en après-midi du dimanche 19 octobre 2014 à Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans, dans le village où l’artiste passe les 20 dernières années de sa vie, plus précisément à l’Espace Félix-Leclerc, bâtiment en forme de grange et musée qui voit le jour par les soins de sa fille Nathalie.
Inscription, film et mots de bienvenue
De g. à d. André Breton et Paul Lacasse
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Jean-Marie Lebel
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Comme il faut s’y attendre, la demi-journée d’activité débute par l’inscription des 81 participants, mais elle est accompagnée de la présentation du film Félix en paroles et en chansons réalisé par son fils Francis. Dès 13 h 30, les présidents des associations, à qui l’initiative de commémoration est redevable, donnent le coup d’envoi, soit Paul Lacasse [photo 3] pour la régionale Rive-droite-de-Québec, André Breton pour la régionale Les Seigneuries-La Capitale, Anne DeBlois, pour la régionale de Québec, Jean-Marie Lebel [Photo 2], vice-président au nom du président André Dorval de la Société historique de Québec, et Denis Racine pour la CFQLMC, section Québec.
Les quatre conférenciers
Aurélien Boivin
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Gilles Perron
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André Gaulin
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De g. à d. Paul Lacasse et Pierre Jobin
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De 13 h 45 à 16 h défilent à la barre quatre conférenciers qui mettent leur expertise de chercheur et professeur ou leur contact étroit avec Félix Leclerc afin d’en présenter différents visages. Pour Aurélien Boivin [Voir texte de la causerie] [Photo 4], c’est le conteur talentueux qui retient son attention, pour Gilles Perron [Voir texte de la causerie] [Photo 5] ce sont les débuts de carrière prometteurs du chansonnier qu’il souligne, pour André Gaulin [Voir texte de la causerie] [Photo 6], auteur de deux textes sur l’artiste dans l‘Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, c’est le poète chantant qu’il met en valeur; enfin pour Pierre Jobin [Voir texte de la causerie] [Photo 7], agent de l’artiste pendant quinze ans, c’est l’homme libre qu’il retient, un artiste dont la carrière est une démonstration d’« exigence, persévérance, silence et travail », et qui sait reconnaître son agent comme un « ange gardien » empêchant de « tourner en rond ».
Mots de la fin et visites – exposition, sculpture, cimetière
De g. à d. André Poulin et Denis Racine
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C’est aux présidents de la CFQLMC, section Québec et de l’Association Québec-France, Denis Racine [Photo 8] et André Poulin, qu’il revient de clôturer la demi-journée. Tâche bien agréable, compte tenu du succès de cette activité de commémoration qui vise à rappeler l’héritage de Félix Leclerc. Même si tous peuvent s’approprier une partie de la réussite, Denis Racine souligne l’implication particulière d’Aurélien Boivin comme « courroie de transmission entre les conférenciers et les responsables de l’organisation de l’activité ». [Photo 8]
Avant de se laisser, les participants sont invités à visiter l’exposition intitulée La Vie, l’amour la mort, la sculpture commémorative, repère mémoriel imposant installé face à l’Espace Félix-Leclerc, et le cimetière de Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans où l’artiste est inhumé. Le coprésident de la CFQLMC, Denis Racine, profite de l’occasion pour déposer une gerbe de fleurs au pied du monument funéraire. [Photo 9]
Félix Leclerc : l’homme et l’héritage qu’il lègue
De g. à d. Anne DeBlois, André Breton, Denis Racine et Jacques Fortin
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Les conférenciers présentent à l’auditoire un artiste, à la fois conteur, chansonnier et poète, ajoutons poète chantant, et un personnage profondément humain, respectueux de son entourage, tout le contraire d’un homme infatué de lui-même. Félix Leclerc connaît le succès auprès du grand public français, qu’il sait émouvoir avec l’originalité du parler de ses ancêtres, mais aussi du public québécois, de même qu’auprès des écoles, mais il lui faut patienter pour être reconnu par l’institution littéraire. À ce chapitre, son talent de chansonnier ne pouvait l’aider, la chanson n’étant pas considérée comme un genre artistique à la fin des années 1940.
Félix Leclerc est un artiste bien de son temps, tant dans les trente premières années de sa carrière que dans les vingt dernières ou presque. Les contes qu’il rédige et qui trouvent un large public parmi les écoliers sont marqués du crédo « foi et patrie ». D’une attitude plutôt intimiste à ses débuts, il passe de plus en plus à une préoccupation pour la destinée des Québécois, pour leur plein épanouissement comme collectivité. Si l’artiste est marqué par son milieu, il n’en exerce pas moins aussi une influence considérable, entre autres sur les jeunes artistes en début de carrière.
Félix Leclerc laisse un héritage considérable, un héritage phare. Il demeure un guide pour les générations futures. Le 30 janvier 2014, il est désigné personnage historique du Québec par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. S’il connaît la notoriété de son vivant, l’artiste ne l’a pourtant pas recherchée. Il n’a jamais fait preuve de vanité. Son univers, c’est d’abord ses proches, sa famille immédiate dont le père, habitant La Tuque, fait partie de cette race des bâtisseurs, et ceux qu’il côtoie, son environnement, les saisons et les activités qu’elles commandent, sa production littéraire et artistique – davantage pour l’artiste ses écrits que ses chansons –, les défis posés par la réalisation de l’apport de Champlain en terre d’Amérique, exigeants mais surmontables. Si l’artiste est demeuré près de son public et l’a aimé, ce dernier lui a rendu la pareille. Lors d’un spectacle, Félix Leclerc reconnaît qu’il se sent aimé de son auditoire et que c’est le plus beau cadeau reçu au cours de sa carrière.